Le 13 décembre 2016 – Source Moon of Alabama
C’est la première fois que j’assiste à un pareil assaut #de nouvelles mensongères. Tous les grands médias et toutes les agences semblent avoir perdu toute inhibition et ils présentent n’importe quelles rumeurs concernant la libération d’Alep-Est comme des faits.
Voyez cette annonce de la BBC en ouverture du journal :
Bataille d’Alep: selon l’ONU, 82 civils ont été abattus sur place
Les forces pro-gouvernementales syriennes ont pénétré dans des maisons d’Alep-Est et ont tué ceux qui étaient à l’intérieur, y compris des femmes et des enfants, selon l’ONU.
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a affirmé avoir des preuves fiables que dans quatre zones 82 civils avaient été abattus à vue.
Il n’y a pas de bureau des droits de l’homme de l’ONU, cela n’existe pas. La BBC veut parler du bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Le commissaire est le prince jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, un hachémite qui a fait ses études au Royaume-Uni et aux États-Unis et qui est un parent du roi dictateur jordanien. C’est intéressant de noter que la Jordanie est fortement impliquée dans le soutien des «rebelles» contre le gouvernement syrien.
- Le bureau n’a pas «dit» que «82 civils avaient été abattus», ni rien d’aussi monstrueux. Il a dit qu’il y avait des «sources» qui avaient «rapporté» que cela s’était produit. Voilà un extrait de son communiqué de presse aujourd’hui :
Selon de nombreuses sources, des dizaines de civils ont été abattus hier place al-Ahrar, dans le quartier d’Al-Kallaseh, ainsi qu’à Bustan al-Qasr, par les forces gouvernementales et leurs alliés, dont le groupe irakien al-Nujabaa.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH) a affirmé que «de nombreuses sources ont reçu des informations» de XYZ, sans révéler ni le nom des «sources» ni la provenance des soi-disant «informations» de XYZ.
Je trouve irresponsable que le HCDH mentionne des informations non vérifiées dans ses conférences de presse. Mais c’est encore plus irresponsable de la part de la BBC de titrer «L’ONU dit que…» en ouverture de bulletin d’information à propos de ces rumeurs, surtout sans apporter le moindre élément supplémentaire dans le reste de son «reportage».
Il y a aussi cette info récente sur les chats tués à Alep.
#Flash info – Activistes: Tous les chats résidents et de passage au dernier refuge d’Alep ont été tués dans une attaque au gaz du Hezbollah.
Le porte-parole du Haut-Commissariat a eu connaissance de cette nouvelle. Nous attendons maintenant le titre de la BBC : «L’ONU dit que le Hezbollah a gazé les derniers chats d’Alep.»
La BBC n’est pas la seule à sortir #de fausses nouvelles. En effet, il semble que les agences de presse recherchent la «sécurité du nombre» en rapportant toutes les mêmes sottises partout où elles le peuvent :
- Reuters – Alep pourrait tomber ‘à tout moment’, selon l’ONU des civils ont été tués
- AFP – Les forces syriennes ont tué dernièrement au moins 82 civils à Alep : ONU
- AP – Selon une agence de l’ONU, des dizaines d’enfants sont prisonniers d’un bâtiment en feu de l’aéroport d’Alep en Syrie
Là encore, l’ONU a seulement dit qu’elle avait connaissance de tels rapports. Elle ne les a pas vérifiés et ne s’en porte pas garante. Cela n’empêche pas les influentes organisations «humanitaires» habituelles, comme Amnesty International, de se joindre au chœur de ceux qui brodent sur le thème de «l’ONU a dit que…». Des milliers de sites d’information et de sites Web copient les faux rapports de l’agence et de la presse «humanitaire» et font en sorte de rendre la fausse nouvelle encore plus sensationnelle. La désinformation déraille complètement.
Mais il se passe aussi des merveilles à Alep.
Les vrais habitants et les vrais journalistes d’Alep disent que les connexions internet y sont lentes et instables. Mais les «militants» qui se trouvent sous un feu d’artillerie intense dans l’est semblent avoir des quantités de gigabits de bande passante fiable à leur disposition. C’est un miracle. Photos et vidéos dans des tweets comme celui-ci «sortent d’Alep» à chaque instant.
Bien sûr, une telle quantité de gigabits pourrait être utilisée à meilleur escient que pour des captures d’écran de vieux clips musicaux, mais personne n’est parfait, surtout lorsqu’il subit un feu d’artillerie lourde.
Les agences de presse et les médias grand public considèrent tous les tweets des «militants», les échanges sur la situation, les téléchargements vidéo et les diffusions en direct de Periscope comme la pure vérité sans même savoir d’où ça vient. Ces «militants» pourraient se trouver n’importe où sur terre et les journalistes n’ont aucun moyen de vérifier leur location.
Je suis inquiet pour la sécurité de toutes ces opérations d’information (pdf). Quand les «derniers militants d’Alep» tweetent que l’armée syrienne se rapproche d’eux, veulent-ils dire que les chars d’Assad s’approchent en vrombissant de Vauxhall Cross [le building du MI6, les services secrets britanniques, NdT]?
Mais tant que tout le monde répète les mensonges de ces «militants» sur «les événements sur le terrain», personne ne pourra être tenu pour responsable. «Nous nous sommes tous honnêtement trompés», est l’excuse habituelle, et elle passe comme une lettre à la poste.
Nous devrions essayer, partout où nous le pouvons, d’obliger ces journalistes à se comporter plus honnêtement.
Traduction : Marie Staels
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