Taux de défaut de paiement des prêts automobiles
Par Peter Turchin − Le 22 octobre 2025 − Source Cliodynamica
Je travaille actuellement sur le prochain volet de la série consacrée à la situation structurelle et démographique des États-Unis. Il portera sur les tendances en matière de bien-être (et, à l’inverse, de paupérisation) et sera publié vendredi. Entre-temps, j’ai découvert un nouvel ensemble de données pouvant servir d’indicateur de paupérisation. Je ne l’avais jamais utilisé auparavant, mais il raconte une histoire intéressante qui mérite un petit article.
Les données proviennent de Fitch Ratings et concernent l’indice américain de défaut de paiement des prêts automobiles, qui suit la proportion de prêts automobiles dont les paiements sont en retard de 60 jours ou plus. L’indice suit séparément les clients ayant une bonne cote de crédit (prime) et ceux ayant une mauvaise cote de crédit (subprime).
Comme je m’intéresse aux tendances à long terme, j’ai annualisé les données mensuelles de Fitch Ratings (en calculant la moyenne sur des périodes de 12 mois).
Voir le résultat ci dessus.
Il y a deux caractéristiques intéressantes ici. Premièrement, les emprunteurs ayant une mauvaise cote de crédit, qui sont généralement des personnes défavorisées, ont de plus en plus de mal à rembourser leurs prêts automobiles. Deuxièmement, la tendance est soumise à des fluctuations importantes, avec des pics correspondant à peu près aux récessions aux États-Unis (à l’exception du pic de 1996-1997, qui était dû à une correction de la bulle du crédit automobile). Il est intéressant de noter qu’au départ, les pics dans le secteur prime étaient parallèles à ceux du secteur subprime, mais qu’avec le temps, ces fluctuations prime se sont atténuées. Je ne sais pas exactement pourquoi cela s’est produit, mais une explication possible est que les conditions économiques de ces deux secteurs ont de plus en plus divergé depuis 2000.
Quoi qu’il en soit, ces données confirment une fois de plus l’augmentation des inégalités économiques aux États-Unis et la paupérisation des Américains à faibles revenus. Certains d’entre vous, chers lecteurs, diront peut-être « mais c’est évident ! ». Cependant, mon expérience montre qu’il n’y a jamais trop de données.
Peter Turchin
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone