Pourquoi le Washington Post parle-t-il d’un appel Trump-Poutine qui n’a pas eu lieu ?


Par Moon of Alabama – Le 11 novembre 2024

C’est curieux.

Le Washington Post a publié un article sur un appel téléphonique entre le président élu des États-Unis, Donald Trump, et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

Trump a parlé à Poutine, a dit au leader russe de ne pas aller de l’avant en Ukraine – Washington Post, 10 Nov. 2024

Le président élu Donald Trump s’est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine jeudi et a discuté de la guerre en Ukraine, selon des personnes au courant de cet appel.

Le président élu Donald Trump s’est entretenu jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, la première conversation téléphonique entre les deux hommes depuis que Trump a remporté l’élection, ont déclaré plusieurs personnes au fait de la situation.

Au cours de l’appel, que Trump a pris depuis sa station balnéaire en Floride, il a conseillé au président russe de ne pas intensifier la guerre en Ukraine et lui a rappelé la présence militaire étasunienne importante en Europe, a déclaré une personne familière de l’appel, qui, comme d’autres personnes interrogées pour cette histoire, a parlé sous le couvert de l’anonymat pour discuter d’un sujet sensible.

Selon le WaPo, le gouvernement ukrainien a été informé de l’appel.

Le Kremlin nie qu’un tel appel et une telle conversation aient eu lieu :

Le Kremlin dément un appel entre Poutine et Trump – AFP/MSN, 11 Nov. 2024

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rejeté les informations faisant état d’une conversation, les qualifiant d’« informations complètement fausses ».

Le Kremlin a démenti lundi une information des médias américains disant que le président russe Vladimir Poutine et le président élu américain Donald Trump auraient discuté par téléphone au sujet du conflit ukrainien.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes que cette information était « tout simplement fausse », niant qu’un appel téléphonique ait eu lieu.

Steven Cheung, le directeur de la communication de Trump, n’a pas confirmé l’échange, déclarant à l’AFP dans une déclaration écrite que « nous ne commentons pas les appels privés entre le président Trump et d’autres dirigeants du monde ».

La citation complète de Peskov, via RIA Novosti (en russe), confirme que l’AFP a vu juste (traduction automatique) :

« C’est l’exemple le plus évident de la qualité des informations qui sont maintenant publiées, parfois même dans des publications assez réputées. C’est complètement faux. C’est de la pure fiction. Il s’agit tout simplement de fausses informations », a-t-il déclaré aux journalistes, en réponse à une question correspondante.

L’Ukraine nie également avoir eu connaissance d’un appel :

KYIV (Reuters) – Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré dimanche que les informations selon lesquelles Kiev avait été informé à l’avance d’un appel téléphonique entre le président américain élu Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine étaient fausses.

Le Washington Post, citant des personnes au fait du dossier, a rapporté que Trump et Poutine s’étaient entretenus par téléphone jeudi et avaient discuté de la guerre en Ukraine. Kiev a été informée de l’appel et ne s’est pas opposée à la conversation.

« Les informations selon lesquelles l’Ukraine aurait été informée à l’avance de ce prétendu appel sont fausses. Ainsi, l’Ukraine n’a pas pu approuver ou s’opposer à cet appel », a déclaré à Reuters le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Heorhii Tykhyi.

Selon le Washington Post, l’appel téléphonique présumé a eu lieu le jeudi 7 novembre. Ce même jour, Poutine donnait une conférence au club de discussion Valdai. Au cours de la discussion, Poutine a affirmé qu’il n’avait pas encore parlé à Donald Trump :

Poutine a confirmé qu’il n’avait pas encore parlé à Trump au lendemain de sa victoire, mais il a indiqué qu’il décrocherait le téléphone si le président élu des États-Unis l’appelait.

Expliquant qu’il n’a pas téléphoné à Trump lui-même « parce que les dirigeants des pays occidentaux m’appelaient presque chaque semaine à un moment donné, puis ils ont soudainement cessé ». Poutine a ajouté : « Si l’un d’entre eux souhaite reprendre le contact, j’ai toujours dit et je tiens à le répéter : nous n’avons rien contre cela. »

À la question de savoir s’il était prêt à discuter avec Trump, même avant son investiture, Poutine a répondu que son administration était « prête, prête. »

Je doute que la campagne de Trump ait écouté Poutine en direct et ait décroché le téléphone pour l’appeler le jour même. Je crois donc le porte-parole du Kremlin – c’est-à-dire qu’aucun appel n’a eu lieu – et je considère le rapport du Washington Post comme un mensonge.

La source du Washington Post – « une personne au courant de cet appel » – est extrêmement vague. Les auteurs de l’article sont Ellen Nakashima, John Hudson et Josh Dawsey.

Ellen Nakashima est connue pour avoir « rapporté » telle ou telle absurdité sur le « Russigate », ce qui lui a valu, ainsi qu’à d’autres, un prix Pulitzer. Nous savons aujourd’hui que la prétendue influence russe dans l’élection de 2016 est un canular qui a été complètement démystifié.

Cela nous amène à nous poser des questions :

  • Qui a dit à Nakashima qu’un appel téléphonique entre Trump et Poutine avait eu lieu ?
  • Quel était l’objectif d’une telle affirmation ?

Pour l’instant, je ne parviens pas à trouver de réponses satisfaisantes à ces questions.

Je pense cependant que le motif est lié à cette partie du rapport du Post :

[Trump] « lui a rappelé la présence militaire considérable de Washington en Europe ».

Désolé, mais la présence américaine en Europe, qui compte actuellement quelque 50 000 soldats, dont 5 000 à 7 500 tout au plus sont des troupes de première ligne, n’est pas de nature à faire trembler le Kremlin.

C’est pourquoi :

  • Qui voudrait introduire la présence des troupes américaines en Europe dans une discussion sur l’Ukraine ?
  • Dans quel but ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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