Par Moon of Alabama – Le 9 aout 2024
L’ancien président ukrainien, Volodomir Zelenski, a récemment tenu des propos ambivalents sur d’éventuels pourparlers de paix :
Volodymyr Zelensky a déclaré au journal Le Monde qu’il n’excluait pas d’organiser un référendum sur l’avenir des territoires ukrainiens pour mettre fin à la guerre, mais que « cela nécessitait la volonté du peuple ukrainien« .
…
Selon le président du pays, l’Ukraine ne devrait pas libérer tous ses territoires par « la force et les armes« , car cette option « nous coûte beaucoup de temps et de vies humaines« . Zelensky a ajouté : « Nous pouvons reprendre nos territoires par des moyens diplomatiques. »
Il s’agit là d’une autre déclaration novatrice du dirigeant ukrainien. Le 22 juillet, il déclarait dans une interview accordée à la BBC que l’Ukraine était prête à négocier la fin de la guerre avec la Russie, même si Vladimir Poutine dirigeait les négociations. Selon le président ukrainien, l’essentiel dans cette affaire est un véritable désir de paix dans des conditions conformes au droit international.
…
Il a ajouté que la phase « chaude » de la guerre pourrait se terminer avant la fin 2024, mais que le plan de paix doit être pleinement convenu avec les alliés de l’Ukraine « afin que personne ne joue avec ses propres initiatives pour mettre fin à la guerre« .
Il n’est pas certain que Zelenski veuille vraiment faire la paix. Lors de ses entretiens avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, il avait évoqué une théorie de la victoire sur la Russie. Comme l’a expliqué Orban (traduction automatique) :
Selon le Premier ministre hongrois Orban, Zelenski suppose en réalité que la Russie devra recourir à la mobilisation générale en milieu d’année prochaine. Et cela pourrait conduire à une déstabilisation interne de la Fédération de Russie.
Par conséquent, Zelensky est convaincu que le temps joue en faveur de l’Ukraine dans la guerre, comme l’a écrit Orban dans une lettre adressée aux dirigeants de l’UE après sa rencontre avec le président ukrainien. Une source dans les cercles diplomatiques a informé Strana de l’existence d’une telle lettre.
« En ce qui concerne l’issue de la guerre, le président ukrainien est convaincu que les forces armées russes seront contraintes de recourir à la mobilisation générale en milieu d’année prochaine, ce qui entraînera une déstabilisation interne. Il estime que les forces ukrainiennes sont stables, préparées et capables de maintenir leur efficacité au combat, même à long terme, si les livraisons d’armes occidentales se poursuivent. Il pense que le temps joue en faveur de l’Ukraine et non de la Russie« , peut-on lire dans la lettre.
En même temps, Orban note que l’évaluation de la situation par Poutine est diamétralement opposée. Le président russe pense que le temps joue en faveur de la Russie.
Je trouve la théorie de la victoire de Zelenski plutôt fantaisiste.
- La Russie aura besoin d’une mobilisation générale ?
- La mobilisation en Russie conduirait à la déstabilisation de la Russie ?
- Le gouvernement du président Poutine tomberait à cause de cela ?
- L’armée ukrainienne est en bonne forme ?
- Elle peut rester au combat encore longtemps ?
- L’Ukraine peut attendre la Russie ?
Je répondrais à chacune de ces questions par un « non » catégorique.
Cependant, Zelenski semble croire au moins à certaines de ces affirmations.
La question est revenue sur le tapis à la suite de la récente incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk. Il existe de nombreuses opinions sur les objectifs des dirigeants ukrainiens :
L’Ukraine n’a rien dit sur la mission ou ses objectifs. Les théories abondent, allant d’une tentative de s’emparer d’un territoire comme monnaie d’échange potentielle dans de futures négociations avec Moscou, à une tactique de diversion visant à alléger la pression sur les défenses tendues en Ukraine en éloignant les forces russes de la ligne de front.
Mais un analyste de Bloomberg avance une autre théorie ; l’attaque a été lancée pour déséquilibrer la Russie :
L’épisode a mis en évidence la fragilité des défenses frontalières russes, alors qu’un nombre croissant de ses soldats se battent en Ukraine. Il a remonté le moral des Ukrainiens.
Il a également ébranlé l’image soigneusement construite par le Kremlin de Poutine en tant que protecteur des Russes ordinaires.
Au lieu de cela, la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine s’étend de plus en plus à la Russie, où les habitants des régions frontalières vivent sous un risque constant de bombardement et où des drones frappent des installations industrielles clés.
Pour l’Ukraine, cela devrait renforcer l’argument de Kiev selon lequel les alliés américains et européens ne devraient pas craindre les menaces d’escalade du Kremlin et qu’elle devrait être autorisée à combattre Poutine de la manière qu’elle juge la plus appropriée pour accélérer la fin de la guerre.
L’auteur du résumé quotidien de Strana soupçonne un motif à peine différent (traduction automatique) :
Tout porte à croire que la véritable stratégie de Kiev est tout autre : mener une longue guerre dans l’espoir de déstabiliser la Fédération de Russie. Il s’agit ici de convaincre les partenaires occidentaux (y compris les plus sceptiques comme Trump) qu’il ne s’agit pas d’un rêve, mais d’un véritable calcul. Par conséquent, il ne faut pas pousser l’Ukraine à négocier, mais donner plus d’armes aux forces armées ukrainiennes et lever les restrictions sur les missiles.
L’offensive dans la région de Koursk est apparemment destinée à le prouver à l’Occident.
Dans une interview accordée hier soir, le chef du bureau du président ukrainien (et cerveau de Zelenski), Andrey Yermak, a semblé confirmer ce point de vue (vidéo).
Yermak ne voit actuellement aucun intérêt à des négociations directes avec la Russie. Il veut convaincre les partisans de l’Ukraine que celle-ci peut gagner :
À l’approche des élections présidentielles américaines, l’Ukraine collabore avec les partis Démocrate et Républicain pour les tenir informés de l’évolution de la situation en Ukraine.
C’est ce qu’a déclaré le chef du cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, dans une interview accordée à European Pravda, rapporte Ukrinform.
« Nous travaillons aujourd’hui à la fois avec des personnes de l’équipe du candidat Donald Trump, et – avant même l’investiture – avec la vice-présidente Kamala Harris, qui est déjà candidate du Parti démocrate. Il est très important pour nous que les deux états-majors, les deux candidats et ceux qui les entourent comprennent clairement ce qui se passe en Ukraine, qu’ils comprennent clairement la phase actuelle de la guerre et notre stratégie. Je pense qu’il est très important que les deux candidats aient un plan pour la victoire de l’Ukraine« , a-t-il déclaré.
Le plan de Kiev n’est pas de négocier, mais de prolonger la guerre et de convaincre l’Occident de continuer à la financer. Cela aurait pour avantage de transférer des milliards de dollars supplémentaires provenant de sources occidentales dans les différentes poches de Kiev, dont Zelenski et Yermak encaissent la plus grande partie.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.