Par Dmitry Orlov – Le 13 mars24 – Source Club Orlov
L’influence de loin la plus importante sur l’histoire de la Khazarie a été le climat de l’Eurasie septentrionale et l’influence que ses changements ont exercée sur les tribus pastorales de la steppe eurasienne – la bande de prairies sèches qui s’étend du fleuve Dniepr à l’ouest jusqu’au lac Baïkal et au-delà à l’est. Au sud, cette vaste mer d’herbe est bordée par la Grande Muraille de Chine, des déserts, des montagnes et les mers Caspienne et Noire. Au nord, elle est bordée de forêts – taïga de conifères en Sibérie et forêts mixtes et à feuilles caduques plus à l’ouest. Qu’est-ce que ce vaste domaine et son climat ont à voir avec le destin d’une petite ville située sur une île minuscule dans la vallée de la basse Volga, dirigée pendant deux siècles par une mafia juive qui exerçait une forte influence sur la campagne environnante ? Eh bien, à peu près tout, il s’avère !
Une grande partie de l’Eurasie occidentale subit l’influence du Gulf Stream, qui transporte la chaleur et l’humidité de l’océan équatorial jusqu’à l’Arctique. Des systèmes dépressionnaires, chargés d’humidité, se forment dans l’Atlantique Nord et sont ensuite transportés sur l’Europe et plus à l’est par les vents dominants. Cet effet diminue avec la distance et disparaît lorsqu’il atteint la Mongolie. Son influence sur l’Europe occidentale est si prononcée qu’elle fait basculer le climat, faisant passer l’isotherme 0°C de janvier dans le sens longitudinal plutôt que latitudinal, à peu près au niveau de Berlin : à l’ouest de cette ligne, les agriculteurs sont assurés d’une croissance des plantes pendant environ dix mois par an ; à l’est, à peine cinq, avec la possibilité de geler aussi tard qu’en mai et aussi tôt qu’en août, ce qui fait de l’agriculture une activité plutôt incertaine.
Cette situation a contraint les agriculteurs à faire certains choix en matière de culture, en plantant du seigle, qui est assez têtu et qui continuera à pousser jusqu’à ce qu’il monte en graine. Si la période de végétation s’avère trop courte pour qu’il monte en graine, son herbe constitue un excellent fourrage. Une autre culture rustique est le chou, qui ne craint pas le gel s’il survient plus tard dans son cycle de croissance. Un autre encore est le navet, qui reprend sa croissance même après avoir été soumis à des températures aussi basses que -4ºC pendant une nuit ou deux. Il n’est pas surprenant que ces trois cultures aient été les principales cultures vivrières de la Russie médiévale, le seigle fournissant la plupart des hydrates de carbone et le chou mariné, ainsi que les oignons (qui poussent lorsque la température est supérieure à zéro) fournissant la vitamine C nécessaire pour prévenir le scorbut. Ces aliments sont encore aujourd’hui des produits de base en Russie : une grosse miche de pain de seigle d’excellente qualité coûte 72₽ (soit environ 0,80 USD) et de nombreuses familles continuent de cultiver et de mariner suffisamment de choux pour tenir jusqu’au printemps.
Note du Saker Francophone
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Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.
Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone