Par Moon of Alabama – Le 11 septembre 2023
The Economist a publié une nouvelle interview du président ukrainien Vladimir Zelenski.
On y retrouve ses habituelles platitudes irréalistes sur le fait de ne pas mettre fin à la guerre tant que la Russie ne se sera pas complètement retirée. S’adressant à un média de langue anglaise, il n’a pas manqué de mentionner l’histoire toujours mal comprise du geste de Chamberlain à Munich :
Tapant bruyamment sur la table, M. Zelensky rejette catégoriquement l’idée d’un compromis avec Vladimir Poutine. La guerre se poursuivra « tant que la Russie restera sur le territoire ukrainien« , affirme-t-il. Un accord négocié ne serait pas permanent. Le président russe a l’habitude de créer des « conflits gelés » aux frontières de la Russie (en Géorgie, par exemple), non pas comme des fins en soi, mais parce que son objectif est de « restaurer l’Union soviétique« . Ceux qui choisissent de parler à l’homme du Kremlin se « trompent« , comme les dirigeants occidentaux qui ont signé un accord avec Adolf Hitler à Munich en 1938 pour le voir envahir la Tchécoslovaquie. « L’erreur n’est pas la diplomatie. L’erreur, c’est la diplomatie avec Poutine. Il ne négocie qu’avec lui-même« .
En 1938, Chamberlain n’a d’autre choix que de céder sur la Tchécoslovaquie. La Grande-Bretagne n’est pas prête pour la guerre et les régions que Hitler veut prendre à la Tchécoslovaquie sont indéniablement peuplées en grande partie d’Allemands :
Il soutient que les griefs des Allemands des Sudètes sont justifiés et pense que les intentions d’Hitler sont limitées.
Zelenski poursuit en menaçant, de manière peu reconnaissante, les pays qui ont fourni de l’aide à l’Ukraine mais qui pourraient vouloir réduire leurs pertes :
La réduction de l’aide à l’Ukraine ne fera que prolonger la guerre, selon M. Zelensky, et créera des risques pour l’Occident dans sa propre cour. Il est impossible de prédire comment les millions de réfugiés ukrainiens dans les pays européens réagiraient à l’abandon de leur pays. Les Ukrainiens se sont généralement « bien comportés » et sont « très reconnaissants » envers ceux qui les ont hébergés. Ils n’oublieront pas cette générosité. Mais ce ne serait pas une « bonne histoire » pour l’Europe si elle devait « pousser ces gens dans leurs retranchements« .
J’ai déjà vu de telles menaces de la part d’individus de bas rang de la frange fasciste de Bandera. Ils parlent du terrorisme qu’ils déclencheraient en Occident si celui-ci mettait fin à son soutien à l’Ukraine. Le fait que le président ukrainien renforce aujourd’hui ces menaces montre à quel point il s’est immergé dans cet état d’esprit.
Un article précédent de The Economist montre que l’Ukraine a déjà mis en place l’infrastructure nécessaire pour mener une campagne terroriste :
Dans l’Ukraine moderne, les assassinats remontent au moins à 2015, lorsque son service de sécurité intérieure (SBU) a créé un nouvel organe après que la Russie se soit emparée de la Crimée et de la région orientale du Donbass. La cinquième direction du contre-espionnage d’élite a d’abord été une force de sabotage en réponse à l’invasion. Elle s’est ensuite concentrée sur ce que l’on appelle par euphémisme le « wet work« .
Valentin Nalivaychenko, qui dirigeait le SBU à l’époque, explique que ce changement est intervenu lorsque les dirigeants ukrainiens de l’époque ont décidé que la politique d’emprisonnement des collaborateurs ne suffisait pas. Les prisons étaient pleines à craquer, mais personne n’était dissuadé. « Nous sommes arrivés à contrecœur à la conclusion qu’il fallait éliminer les terroristes », explique-t-il. Un ancien officier de la direction décrit la situation en des termes similaires. « Nous devions leur apporter la guerre. En 2015 et 2016, la direction a été associée à l’assassinat de commandants clés soutenus par la Russie dans le Donbass : Mikhail Tolstykh, alias « Givi », tué dans une attaque à la roquette ; Arsen Pavlov, alias « Motorola », explosé dans un ascenseur ; Alexander Zakharchenko, explosé dans un restaurant (photo). »
Selon des initiés du renseignement, la cinquième direction du SBU joue un rôle central dans les opérations de lutte contre la Russie.
De là à une guerre totale, il n’y a qu’un pas :
Entre-temps, une longue guerre d’usure signifierait une bifurcation pour l’Ukraine. Le pays perdrait encore plus de personnes, à la fois sur le front et en raison de l’émigration. Il faudrait une « économie totalement militarisée« . Le gouvernement devrait proposer cette perspective à ses citoyens, dit M. Zelensky, sans préciser comment ; un nouveau contrat social ne pourrait pas être la décision d’une seule personne. Près de 19 mois après le début de la guerre, le président se dit « moralement » prêt à passer à l’action. Mais il n’abordera l’idée avec son peuple que si la faiblesse aux yeux de ses bailleurs de fonds occidentaux devient une « tendance« . Ce moment est-il venu ? Non, pas encore, dit-il. « Dieu merci« .
Zelenski connaît-il un pays à l’économie totalement militarisée qui ait survécu ? Je n’en ai pas encore entendu parler.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour lui de mettre fin à la guerre. Mettre fin à la guerre n’est pas de son ressort. Mais l’Occident peut-il mettre fin à la guerre ?
Yves Smith se penche sur la question :
L’Occident a-t-il fermé toutes les portes de sortie de son projet Ukraine ?
Note du Saker Francophone
Traduction à paraitre jeudi
Il conclut qu’il est peu probable que la guerre prenne fin tant que des changements plus importants n’interviendront pas :
En d’autres termes, la voie vers une fin de partie passe par un changement de régime. Et les régimes faibles se trouvent tous à l’Ouest.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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