L’Ukraine perd ses soldats, l’Europe son économie, tout cela pour rien


Par Moon of Alabama – Le 7 septembre 2022

Lorsque l’Ukraine a lancé sa « contre-offensive » sur Kherson le 29 août, cela m’a effaré et j’ai jugé qu’elle était vouée à l’échec :

Pour briser les lignes russes, renforcées maintenant, il aurait fallu plus de troupes que celles qui étaient disponibles. Je suis sûr que les militaires ukrainiens savaient que cette offensive allait échouer. Pour des raisons politiques, Zelenski leur a ordonné de la lancer quand même. Plus d’un millier de vies ukrainiennes et russes ont été perdues pour rien d’autre que des gros titres à sensation et des considérations politiques.

Plus de 3 000 Ukrainiens sont morts maintenant dans l’offensive de Kherson, sans que celle-ci ait fait de progrès significatifs. Des centaines de chars et de véhicules blindés ont été perdus. Une douzaine d’avions et d’hélicoptères ukrainiens ont été abattus. Tout ce matériel provenait de « l’Ouest », qui a maintenant vidé son stock d’armes soviétiques. Il n’y en aura plus de sitôt.

L’Ukraine a ainsi laissé passer sa chance de s’opposer à toute nouvelle action significative de la part de la Russie. Actions qui se produiront bientôt.

Mais ce qui me dérange vraiment, c’est le bilan humain de cette offensive.

Je n’ai jamais été en guerre. Mais j’ai suivi une formation d’officier militaire à temps plein pendant plusieurs années, ainsi que des périodes de réserve de plusieurs mois dans des bataillons de service actif. J’ai lu beaucoup de livres et regardé des dizaines de films sur les combats en première ligne pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale, en Corée, au Vietnam, en Afghanistan, etc. Si l’on réfléchit à ces événements et aux détails décrits dans les descriptions, on peut se faire une idée de ces conflits. Ensuite, il y a les calculs opérationnels, comme le nombre de tirs d’artillerie par kilomètre carré, la densité des troupes et le bilan de ces bombardements d’artillerie.

Les soldats ukrainiens n’ont jamais eu la moindre chance de résister à la puissance de l’armée russe. Pas la moindre. Cela était évident dès le début de la guerre. Il est illogique que le gouvernement ukrainien et ses partisans aient tenté de résister à cet assaut.

L’« Occident » aurait dû abandonner et faire les concessions que la Russie avait exigées. Il devra les faire de toute façon.

Le gouvernement ukrainien a étroitement contrôlé les médias et toute information provenant de la ligne de front. Nous n’avons eu que des rapports russes faisant état d’un grand nombre de victimes ukrainiennes. Certains doutent des chiffres donnés par les Russes. Moi, je n’en doute pas. Ils correspondent pour la plupart à ce que j’ai appris et à mes calculs.

Aujourd’hui, un journaliste du Washington Post a eu accès aux hôpitaux où les soldats ukrainiens blessés et impliqués dans cette « contre-attaque » tentent de se rétablir. Le rapport de John Hudson est sinistre, même s’il ne vient pas de la ligne de front et ne parle pas des scènes les plus graves :

Des soldats ukrainiens blessés révèlent le lourd tribut payé pour l’offensive de Kherson

Comme l’article est payant, je vais en citer de larges extraits :

Dans des chambres d’hôpital faiblement éclairées du sud de l’Ukraine, des soldats souffrant de membres sectionnés, de blessures par éclats d’obus, de mains mutilées et d’articulations brisées ont raconté les désavantages considérables auxquels leurs unités ont été confrontées dans les premiers jours d’une nouvelle offensive visant à expulser les forces russes de la ville stratégique de Kherson.

 

Les soldats ont déclaré qu’ils ne disposaient pas de l’artillerie nécessaire pour déloger les forces russes retranchées et ont décrit un écart technologique énorme avec leurs adversaires mieux équipés. Les entretiens ont fourni certains des premiers comptes rendus directs d’une poussée pour reprendre le territoire capturé qui est si sensible que les commandants militaires ukrainiens ont interdit aux journalistes de se rendre sur les lignes de front. …

 

« Nous perdions cinq personnes quand eux en perdait une« , a déclaré Ihor, un commandant de section de 30 ans qui s’est blessé au dos lorsque le char dans lequel il se trouvait s’est écrasé dans un fossé. …

 

Les drones russes Orlan filmaient les positions ukrainiennes à plus d’un kilomètre au-dessus de leurs têtes, ont-ils dit, une altitude qui signifie qu’ils n’entendaient même pas le bourdonnement de l’avion qui suivait leurs mouvements.

Les soldats ukrainiens blessés ont déclaré que les chars russes émergeaient de fortifications en ciment nouvellement construites pour faire exploser l’infanterie avec de l’artillerie de gros calibre. Les véhicules se repliaient ensuite sous les abris en béton, à l’abri des tirs de mortier et de roquettes.

 

Les systèmes radar de contre-batterie détectaient et localisaient automatiquement les Ukrainiens qui visaient les Russes avec des projectiles, déclenchant en réponse un barrage d’artillerie.

Les outils de piratage russes ont détourné les drones des opérateurs ukrainiens, qui ont vu leurs appareils dériver, impuissants, derrière les lignes ennemies. …

 

Oleksandr a déclaré que les tirs d’artillerie russes étaient incessants. « Ils nous frappaient tout le temps« , a-t-il dit. « Si nous tirons trois obus de mortiers, ils en tirent 20 en retour« .

 

Les soldats ukrainiens ont dit qu’ils devaient soigneusement rationner leur utilisation de munitions, mais que même lorsqu’ils tiraient, ils avaient du mal à atteindre les cibles. « Quand vous donnez les coordonnées, c’est censé être précis mais ça ne l’est pas« , a-t-il expliqué, précisant que son équipement datait de 1989. …

 

La guerre électronique russe constituait également une menace constante. Des soldats ont raconté qu’à la fin de leur service, ils allumaient leur téléphone pour appeler ou envoyer des SMS aux membres de leur famille – une décision qui attirait immédiatement les tirs d’artillerie russes.

 

« Lorsque nous allumons les téléphones portables ou la radio, ils peuvent reconnaître notre présence immédiatement« , a déclaré Denys. « Et là, les tirs commencent« . …

 

Les déclarations ukrainiennes de reprise de villages tels que Vysokopillya n’ont pas pu être confirmées, bien que les soldats interrogés aient déclaré avoir pu avancer dans certains villages précédemment contrôlés par les Russes. Ces soldats ont refusé de nommer ces villages, citant les instructions de leurs supérieurs.

 

Un groupe de journalistes du Washington Post qui s’est rendu lundi à moins de cinq kilomètres de Vysokopillya, dans le nord de Kherson, a été empêché d’entrer dans le village par les troupes ukrainiennes et n’a pas pu vérifier son statut. Un responsable local a déclaré que les forces ukrainiennes et russes se disputaient toujours le contrôle du village.

 

Il n’a pas été possible d’obtenir une image claire des pertes subies par l’Ukraine.

 

Denys, assis bien droit sur son lit d’hôpital, a déclaré que presque tous les membres de son unité de 120 personnes avaient été blessés, mais que seuls deux avaient été tués.

 

Un soldat de 25 ans soigné pour des blessures dues à des éclats d’obus a déclaré que, dans son unité de 100 soldats, sept ont été tués et 20 blessés. Ihor, le commandant du peloton, a déclaré que 16 des 32 hommes sous son commandement ont été blessés et qu’un a été tué.

 

Les soldats ukrainiens blessés ont été répartis dans différents hôpitaux du sud de l’Ukraine afin de libérer les principales installations médicales de la région de Kherson pour l’arrivée de nouveaux patients.

Les soldats de la deuxième tentative de « contre-offensive » au sud-est de Kharkiv connaîtront le même sort.

À mon avis, les pertes ukrainiennes ne sont pas cinq mais dix fois supérieures à celles du côté russe. Une attaque, en traversant une steppe ouverte, contre une force blindée technologiquement supérieure est une mission suicide.

Les soldats russes ne sont pas autorisés à porter des téléphones portables. Je ne comprends pas pourquoi les soldats ukrainiens sont autorisés à en avoir et à les utiliser. Veulent-ils se suicider ?

Le suicide est aussi le destin vers lequel les politiciens européens ont engagé leurs économies et leurs sociétés. Qui ne sait pas que l’on a besoin d’énergie, aussi bon marché que possible, pour fondre l’acier, l’aluminium et le verre ?

SGM World News @SGMWorldnews – 10:13 UTC – 7 Sep 2022

BREAKING : 40 PDG de producteurs européens de métaux ont écrit une lettre ouverte à Ursula von der Leyen et à la Commission européenne pour mettre en garde contre la « menace existentielle » à laquelle fait face l’industrie à cause de la flambée des prix de l’électricité.

Pas de fonderie d’acier, pas de taxes des fonderies d’acier et de leurs travailleurs. Pas de fonderie d’acier, pas de remboursement des crédits qui lui ont été accordés. Les grosses pertes bancaires qui arrivent maintenant vont provoquer une autre crise bancaire grave. Moins d’argent pour l’État signifie moins de retraites et de soins de santé.

C’est ruineux pour les États européens et leurs habitants. Pendant ce temps, les politiciens américains, les idéologues néoconservateurs et les financiers à l’origine du projet d’utiliser l’Ukraine contre la Russie sont morts de rire.

Tuomas Malinen @mtmalinen – 8:53 UTC – Sep 7, 2022

 

Je vous dis que la situation en #Europe est bien pire que ce que beaucoup comprennent.

 

Nous sommes essentiellement au bord d’une autre crise bancaire, d’un effondrement de notre base industrielle et de nos ménages, et donc au bord de l’effondrement de nos économies.

 

Nous sommes également totalement à la merci des autorités, et nous savons très peu ce qu’elles ont prévu.

Seront-ils capables d’arrêter la crise bancaire, une fois de plus ? Je ne sais pas, mais j’en doute. 🤷♂🤔

 

L’Allemagne est probablement dans la pire des situations. Le chancelier Olaf Scholz a réagi à l’opération militaire russe par une moralisation hystérique dépassant toute rationalité. Son gouvernement dépend des politiciens verts de son cabinet. Ce sont des crétins idéologues. L’Allemagne, gravement menacée par des pannes d’électricité, va maintenant mettre hors service trois centrales nucléaires en parfait état et redémarrer de vieilles centrales à charbon sales qui étaient censées être démantelées. En quoi est-ce vert ?

Voici comment le président de la Russie voit les choses :

L’Europe est sur le point de jeter dans la fournaise des sanctions les résultats qu’elle a obtenus dans le développement de ses capacités de production, de la qualité de vie de ses habitants et de la stabilité socio-économique, épuisant ainsi son potentiel, comme le veut Washington au nom de la fameuse unité euro-atlantique. En fait, cela revient à faire des sacrifices au nom de la préservation de la domination des États-Unis dans les affaires mondiales. …

 

La capacité concurrentielle des entreprises européennes est en déclin, car les responsables de l’UE eux-mêmes les coupent des matières premières essentielles et de l’énergie abordables, ainsi que des marchés commerciaux. Il ne sera pas surprenant qu’à terme, les niches actuellement occupées par les entreprises européennes, tant sur le continent que sur le marché mondial en général, soient reprises par leurs mécènes américains qui ne connaissent aucune limite ni hésitation lorsqu’il s’agit de poursuivre leurs intérêts et d’atteindre leurs objectifs.

Les prochaines élections fédérales en Allemagne auront lieu dans trois ans. On espère vraiment une sorte de coup d’État, mais je ne vois pas encore de mouvement dans ce sens.

Où sont les politiciens rationnels qui peuvent prendre la relève ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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