9 mai 2015 – Jour de la Victoire à Moscou : un tournant dans l’histoire de la Russie


The Saker

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Par Le Saker original – 9 Mai 2015 – Source thesaker.is

Aujourd’hui est vraiment un jour historique. Pour la première fois, l’Occident a boycotté la parade du Jour de la Victoire à Moscou, également pour la première fois, les forces chinoises ont défilé sur la belle place, (La Place Rouge est une erreur de traduction –  elle devrait être appelée La Belle Place comme en russe. Je crois que ces événements marquent un changement profondément symbolique et qui paraît parfaitement normal.

Le passé

Tout d’abord, la Russie et la Chine ont plus souffert de la Seconde Guerre mondiale que tout autre pays. Voyez vous-même:

WWII casualties

Maintenant, considérez les pertes subies par les pays qui boycottent et tout devient clair (la seule exception à cette règle est la Pologne, qui a perdu une énorme proportion de sa population). Le fait est que, malgré tous les films que Hollywood a produits sur la Seconde Guerre mondiale, les pays anglo ont subi très peu de victimes, comparé aux énormes pertes de la Russie (23 à 27 millions) et la Chine (15 millions). Pour plus de détails, voir ici et . Quant à l’Europe continentale, sa résistance aux nazis, bien que très réelle et héroïque, était l’exploit de quelques hommes courageux, pas une véritable résistance nationale (comme en Union soviétique, en Pologne ou en Yougoslavie). Mais il y a beaucoup plus que ces simples chiffres.

La vraie raison pour laquelle les pays US / Otan / UE ont boycotté les célébrations à Moscou n’est bien sûr pas leur contribution, très modeste, à la défaite de l’Allemagne nazie, mais leur soutien inconditionnel à l’Ukraine nazie : le pays-zombie qui considère Stepan Bandera comme un héros national, les escadrons de la mort OUN-UPA comme un mouvement de libération héroïque et l’armée russe qui a libéré l’Ukraine des nazis comme une armée d’occupation soviétique. [En revanche les troupes d’occupation alliées en Europe après 1945 étaient de généreux libérateurs, NdT]. C’est également un fait que les Anglo-saxons ont toujours partagé ce sentiment, et que les plans qu’ils avaient développés, à la fin de la guerre, pour anéantir l’URSS ont été considérés comme tout à fait légitimes.  J’ai déjà mentionné ce fait dans le passé, voici quelques-uns de ces plans :

Plan Totality (1945). Vingt cités soviétiques étaient vouées à une destruction totale lors d’une première frappe : Moscou, Gorki, Kuybyshev, Sverdlovsk, Novosibirsk, Omsk, Saratov, Kazan, Leningrad, Bakou, Tachkent, Chelyabinsk, Nizhny Tagil, Magnitogorsk, Molotov, Tbilissi, Stalinsk, Grozny, Irkoutsk, et Yaroslavl.

Operation Unthinkable (1945). Il s’agit d’une attaque surprise par 47 divisions britanniques et américaines dans la région de Dresde, au milieu des lignes soviétiques. Cela représente près de la moitié des quelque 100 divisions (environ 2,5 millions d’hommes) disponibles pour la coalition anglo-américano-canadienne à ce moment là. (…) L’essentiel de toute l’opération offensive aurait été menée par les forces américaines et britanniques, ainsi que par les forces polonaises et jusqu’à 100 000 soldats de la Wehrmacht, l’armée allemande.

Operation Dropshot (1949) . Cette mission prévoyait l’emploi de 300 bombes nucléaires et de 29 000 bombes hautement explosives contre 200 cibles dans 100 villes russes pour effacer 85% du potentiel industriel de l’Union soviétique, d’un seul coup. Entre 75 et 100 des 300 armes nucléaires, avaient été prévues pour détruire les avions de combat soviétique au sol.

Posez-vous cette question simple : pourquoi ces plans n’ont-ils jamais été mis en œuvre? La réponse est à la fois simple et évidente : parce que l’Occident craint l’Armée rouge. Et puisque l’Occident est terrifié par l’Armée rouge, à votre avis, que pensaient les hôtes occidentaux invités chaque fois qu’ils regardaient la parade du Jour de la Victoire à Moscou? Pensaient-ils à la façon dont l’armée soviétique a vaincu les nazis, ou à la façon dont l’armée russe les a tenus en échec ? Encore une fois, la réponse est évidente.

La réalité est que si les peuples de l’Ouest apprécient beaucoup la parade du Jour de la Victoire sur la Belle Place, ce n’est pas le cas des dirigeants occidentaux : non seulement les Anglo-saxons ont porté Hitler sur les fonds-baptismaux, mais ils l’ont soigneusement élevé et promu, ils ont toujours vu en lui leur fils de pute, celui qu’ils voulaient désespérément déchaîner contre l’Union soviétique. Leur plan a échoué, bien sûr, ce qui n’a fait qu’accroître leur russophobie (phobie dans le double sens de peur et de haine). Voir disparaître aujourd’hui les dirigeants occidentaux de cette commémoration est donc une très bonne chose et je souhaite personnellement qu’ils ne soient jamais plus invités (je sais, ils le seront, mais je ne le souhaite pas).

Le présent

L’Empire anglo-sioniste et la Russie sont en guerre. Bien sûr, la présence d’armes nucléaires des deux côtés en fait un type de guerre spécial. Celle-ci est à peu près à 80% une guerre de communication, à 15% une guerre économique et seulement à 5% une guerre militaire. Mais c’est néanmoins une guerre très réelle, du fait que son résultat va décider de l’avenir de la planète. Le Donbass ou l’Ukraine n’ont, bien sûr, strictement aucun intérêt pour l’Occident. Ce qui est vraiment en jeu ici est la survie de l’un des deux modèles suivants :

Modèle Impérial US unipolaire  Modèle russe multipolaire
Hégémonie mondiale Développement collaboratif
La Force prime le Droit (national et international) Le Règne de la Loi (nationale et internationale)
Modèle sociétal unique A chaque pays son modèle de société
Coalitions militaires à la demande Respect des lois internationales
Sécularisme et relativisme Rôle central des religions et des traditions
La violence militaire pour régler les problèmes La violence militaire en dernier ressort
Règne du 1% Règne des 99%
Monisme idéologique-Pensée unique Pluralisme idéologique
Suprématisme de l’Homme Blanc Multi-culturalisme

Russes et Américains sont tout à fait conscients de ce qui est en jeu et aucune des parties ne peut reculer. D’une part, si les États-Unis / Otan / UE l’emportent, ils auront réussi à briser les reins de la Russie et celle-ci sera rapidement soumise. Si cela se produit, tous les pays du BRICS suivront, y compris la Chine. D’autre part, si la Russie prévaut en Ukraine, alors la poigne des États-Unis sur l’UE sera vite affaiblie et disparaîtra probablement. Le monde entier verra que l’Empire de la démence est en ruine. Si cela se produit, l’ensemble du système financier international échappera au contrôle des Anglo-sionistes et liquidera le pétrodollar. Les conséquences d’un tel effondrement se feront sentir dans le monde entier.

Xi and Putin together on Vday

La présence de Xi Jinping au côté de Poutine en ce jour historique, la participation de l’armée chinoise dans le défilé et la présence de navires de la Marine de l’Armée populaire chinoise aux côtés de la Flotte russe en mer Noire, est un message direct et puissant au monde : dans cette lutte titanesque, la Chine lance tout son poids derrière la Russie.

[Notice : Remarquez sur la photo de Xi et Poutine qu'il y a un visage absolument crucial assis à côté du vétéran combattant de la guerre : il s'agit de Nursultan Nazarbaev, Président du Kazakhstan. Le rôle capital que cet homme a joué pour façonner le monde d'aujourd'hui n'a pas été reconnu, mais avec le temps je suis sûr qu'il le sera. Longtemps avant Poutine, c'est Nazarbaev qui a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher l'éclatement de l'Union soviétique, la création et le renforcement de la Communauté des États indépendants et la création de l'Union économique eurasienne. Je tiens à souligner que Poutine a, à plusieurs reprises, exprimé sa profonde admiration et sa gratitude envers Nazarbaev qu'il a explicitement désigné comme le père de la nouvelle Union eurasienne.]

Cette image est la nouvelle Russie – littéralement flanquée de ses deux alliés, la Chine et le Kazakhstan. Il est difficile d’estimer l’importance de cet événement : pour la première fois en 400 ans la Russie a finalement entièrement tourné son visage vers son écosphère naturelle – l’Est.

Beaucoup de langues et de cultures ont une expression qui dit essentiellement que vous reconnaissez vos vrais amis dans les moments difficiles. Je crois que cela est vrai. Ceci est encore plus vrai dans la politique internationale. Et si vous appliquez ce critère à l’histoire de la Russie, vous arrivez à une conclusion simple, mais inévitable : l’Occident n’a jamais été l’ami de la Russie (bien sûr, je parle de la classe dirigeante, et non pas les gens du commun!). En se tournant vers l’Asie, la Russie finalement rentre chez elle...

Les unités chinoises n’avaient encore jamais défilé sur la Belle Place. Les voir là, aujourd’hui, envoie également un message clair à l’Occident : nous sommes avec la Russie!

Chinese Forces in Moscow for Vday

Forces chinoises à Moscou pour le jour de la Victoire

PLA Navy in Novorosiisk

La marine chinoise à Novorossiik en mer Noire


Le futur

La parade du Jour de la Victoire, aujourd’hui à Moscou, marque un tournant dans l’histoire russe : désormais, pour la première fois, il y a un consensus en Russie, au lieu de chercher vers l’Ouest, la Russie doit regarder au Nord (Sibérie, l’Arctique), à l’Est (Asie) et au Sud (Amérique latine, Afrique). Il n’y aura cependant pas de grande rupture avec l’Occident, pendant que la Russie va continuer à espérer une décolonisation de l’Europe. Ce processus est déjà en germe en Grèce et en Hongrie, il frémit en Serbie, en France, en Italie et même en Allemagne. Le potentiel pour une décolonisation européenne est bel et bien là et la Russie ne devrait pas renoncer à l’Europe et ne le fera pas.

Une autre grande priorité de la Russie sera d’essayer de faciliter un rapprochement entre les deux autres poids lourds du BRICS : la Chine et l’Inde. Les tensions entre ces deux géants sont un risque inhérent pour tous les membres du BRICS et ne peuvent continuer.

La Russie va également essayer de renforcer son alliance informelle, mais toujours très réelle, avec l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Ce sont trois alliés naturels pour la Russie et tandis qu’il est encore trop tôt pour inclure l’Iran ou la Syrie dans les BRICS, ou dans la SCO, l’Organisation de coopération de Shanghai, où l’Iran a déjà un statut d’observateur, finalement cela devrait se faite bientôt. L’Iran pourrait aussi devenir le premier pays non-ex-soviétique à rejoindre l’Organisation du traité de sécurité collective.

Pourtant, le développement le plus important dans l’avenir sera l’approfondissement de la relation symbiotique entre la Chine et la Russie, celle que j’appelle l’Alliance stratégique Chine-Russie que Larchmonter445 a si brillamment analysée dans sa série d’articles 2014 : Le front Chine – Russie Nouvel ADN pour l’humanité? Tout en restant deux pays distincts, la Russie et la Chine vont former une entité économique, politique et militaire unique, entièrement intégrée et entièrement dépendante l’une de l’autre (Xi et Poutine viennent à nouveau de signer une série de méga-contrats entre les deux pays)

Sauf bien sûr, si une guerre à grande échelle éclate entre l’Empire de la démence et la Russie.

Je ne vois personnellement aucun espoir pour une solution pacifique de la guerre civile ukrainienne. Il n’y a rien qui pourrait être significativement négocié entre la Russie et le régime nazi à Kiev. D’ailleurs, tous les indicateurs et avertissements semblent d’accord sur le fait qu’une attaque ukraino-nazie sur la Novorussie est presque inévitable. À ce moment là, il n’y aura que deux résultats possibles : soit les Novorusses sont vaincus et la Russie doit intervenir ouvertement, soit les Ukraino-nazis sont vaincus et les Novorusses passeront à l’offensive pour libérer l’essentiel, voir la totalité, de la Novorussie et de la région de Donetsk. Je suis prudemment optimiste et mon sentiment est que les Ukraino-nazis seront vaincu pour la troisième fois. Quand cela arrivera, le régime de Kiev sera très proche de son effondrement.

Conclusion

Je ne me fais aucune illusion sur le fait que la fin de la Seconde Guerre mondiale aurait apporté le bonheur et la liberté à toute l’humanité, encore moins en Europe de l’Est. En réalité, elle a apporté un nombre incalculable d’horreurs et de souffrances pour de nombreux pays, notamment l’Allemagne. Je ne vois pas le Jour de la Victoire comme une célébration du communisme ou du régime soviétique, mais comme une victoire sur l’un des régimes les plus odieux dans l’histoire humaine. Cette victoire a été celle de tous les gens qui ont combattu contre les nazis, et non d’une idéologie ou d’un ordre politique spécifique. Mais, par la même occasion, je ne pense pas qu’il soit logique de nier que Staline et le Parti communiste de l’Union soviétique ont joué un rôle clé dans cette victoire. La notion que le peuple russe a prévalu en dépit de Staline n’a absolument aucun sens alors que ce dernier, et ses commandants, ont joué un rôle clé dans toutes les grandes batailles de cette guerre, tout comme Hitler et ses commandants l’ont fait de leur côté. Comme je l’ai dit avant, cette victoire appartient à tous ceux qui ont aidé à vaincre les nazis et qui comprend, sans distinction, Staline, ses commandants et le PCUS. Par conséquent, les bannières rouges appartiennent à cette parade.

Enfin, cette journée est aussi un jour de fête pour tous ceux qui, aujourd’hui, résistent encore au dernier véritable héritier du régime nazi – l’Empire anglo-sioniste, avec ses ambitions hégémoniques mondiales et ses guerres coloniales sans fin. Ainsi, ce jour est un jour de fête pour nous tous dans la communauté Saker, nos frères et sœurs (!), tous nos amis et alliés dans cette résistance globale à l’Empire de la démence.

Je vous félicite et vous souhaite une journée de la Victoire paisible et joyeuse !

Le Saker

PS: nous avons tous probablement notre photo emblématique favorite pour la Seconde guerre mondiale. voici la mienne :

Сергей Макарович Корольков

C’est un soldat russe, il s’appelle Sergei Makarovich Korolkov, il vient d’être capturé par une unité allemande et il est sur le point d’être exécuté. Je suis impressionné par son air de défiance calme, et de confiance en lui. Ceci symbolise pour moi la véritable arme ultime du peuple russe : une volonté inébranlable, même dans le visage de la défaite ou de la mort.

PPS: je vous conseille cet article  Être ou ne pas être Russe par Andre Vltchek.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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