Le modèle gagnant-gagnant du socialisme de marché chinois désarçonne les capitalistes occidentaux comme les communistes


Par Adam Garrie – Le 3 août 2018 – Source Eurasiafuture

Deng Xiaoping

L’argument le plus puissant en faveur de l’adoption d’un système de gouvernement est le succès et le potentiel d’un succès encore plus grand à l’avenir. C’est ce qu’a voulu dire le réformateur chinois Deng Xiaoping, qui a changé l’histoire lorsqu’il a déclaré : « Peu importe qu’un chat soit noir ou blanc tant qu’il attrape des souris. » L’adoption par Deng du socialisme de marché aux caractéristiques chinoises cherchait à intégrer les valeurs de ses prédécesseurs dans le futur en créant une révolution industrielle dans une économie principalement agraire qui, pendant la période initiale de Deng au pouvoir, affichait un taux de pauvreté de 88%.

Aujourd’hui, la Pensée de Xi Jinping du socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère cherche à faire passer un taux de pauvreté quasiment exclusivement rurale de 2% à 0% au cours des deux prochaines années tandis que la Chine vise à devenir une société modérément prospère pour tous ses citoyens dans la prochaine décennie. En outre, l’initiative Créer en Chine veut transformer l’économie du pays, d’une économie braquée sur une production efficace à une nouvelle, où la production est de plus en plus mécanisée et guidée par l’intelligence artificielle tandis que les entrepreneurs chinois sont encouragés à faire les prochains grands bonds en avant en matière d’innovation technologique, pharmaceutique et dans les transports, sur le sol chinois.

Fondamentalement, le socialisme de marché combine le penchant individuel pour l’innovation dans les secteurs utilitaire et du luxe, qui est associé au capitalisme, tout en régulant les entrées et les sorties de capitaux afin de réinvestir le produit de la richesse dans le peuple et l’infrastructure du pays. Le résultat est un modèle de développement interne gagnant-gagnant qui, depuis 1978, a aidé la Chine à sortir davantage de gens de la pauvreté dans le laps de temps le plus court de l’histoire moderne.

En dépit de cette réussite avérée, de nombreux idéologues, observateurs et universitaires en Occident ne parviennent pas à saisir les vérités simples qui sous-tendent le modèle de développement étanche et durable de la Chine. Les ultra-capitalistes occidentaux appellent encore la République populaire de Chine la « Chine rouge », tandis qu’on parle des Chinois comme des « Chinois communistes ». Cela laisse clairement entendre que la Chine est une société arriérée par rapport à l’Occident, où le centre régule totalement la vie économique, politique et sociale du pays. C’est dit malgré le fait que les Chinois sont aujourd’hui à la fois producteurs, consommateurs et inventeurs de nombreux articles de luxe révolutionnaires tandis que la société chinoise continue à se développer d’une manière qui fait passer les besoins du peuple avant ceux d’une classe corrompue d’oligarques ou de politiciens corrompus. L’application par la Chine de lois strictes qui interdisent la corruption dans de nombreux cas sous peine d’exécution capitale a aidé la société chinoise à devenir de plus en plus pacifique, libre et innovante.

Inversement, beaucoup d’Occidentaux de gauche ne peuvent pas comprendre que le développement logique d’une économie socialiste devrait être la richesse partagée qui vient de l’optimisme soutenu par le travail acharné et le patriotisme et, de même, un système où le travail acharné et le patriotisme ont conduit à l’épanouissement d’un esprit optimiste collectif que Xi Jinping appelle le Rêve chinois. Tous les systèmes politiques doivent évoluer pour correspondre aux besoins contemporains des gens et du monde qui façonne leurs vies. Deng Xiaoping l’avait clairement compris dans les années 1970, comme aujourd’hui Xi Jinping. La Pensée cherche à guider cet esprit d’évolution économique et politique dans le XXIe siècle. Il existe une tendance de nombreux communistes auto-proclamés dans les pays occidentaux à adopter l’attitude de l’ancien dirigeant albanais Enver Hoxha, célèbre pour avoir rompu les liens d’abord avec l’Union soviétique et plus tard avec la Chine parce que, à son goût, leur direction n’était pas suffisamment marxiste-léniniste.

Cette attitude a eu pour résultat que tandis que la Chine continuait à se développer et à prospérer à partir de la fin des années 1970, l’Albanie est restée pauvre. Pourtant Hoxha reste un héros pour beaucoup d’Occidentaux qui confondent l’ancien avec l’authentique. En réalité, à quoi sert un système politique s’il n’offre pas à la population d’aujourd’hui une vie meilleure qu’elle ne l’était hier ? La réponse évidente est qu’un tel système politique est un échec.

Par conséquent, alors que tant les capitalistes que les communistes auto-proclamés aux États-Unis et dans une grande partie de l’Europe recherchent des systèmes politiques qui correspondent à leur mentalité à somme nulle, la Chine poursuit avec un système qui offre le plus grand nombre de réussites au plus grand nombre. En fait, les déclarations tentant d’affirmer que la Chine est « plus communiste » ou « plus capitaliste » en 2018 sont totalement à côté du sujet. Tandis que ces gens se disputent pour savoir si le verre est à moitié plein ou à moitié vide, la réalité est que les dirigeants et les travailleurs chinois sont occupés à remplir le verre jusqu’en haut, ne laissant aucune place pour l’ambiguïté. Un système qui conserve les valeurs et les régulations socialistes mais qui permet l’expansion du marché pour répondre aux besoins de l’ère moderne est un système qui, selon les mots de Deng Xiaoping, continue à attraper les souris du proverbe.

Le modèle chinois visant à rechercher des partenariats gagnant-gagnant à l’étranger peut donc être décrit comme profondément informé par sa propre expérience de recherche d’un modèle gagnant-gagnant à l’échelle nationale.

Adam Garrie

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

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