Israël, les manifestations et l’article 6 en deux temps – Partie I


“Les clowns à ma gauche, les jokers à ma droite…
Je suis ici, coincé au milieu avec vous”.
– Steeler Wheels


Par Tom Luongo – Le 10 mai 2024 – Source Gold Goats ‘N Guns

Avant de me pencher sur ce qui, à mon avis, se passe réellement avec les manifestations anti-israéliennes sur les campus universitaires, je tiens à ce qu’une chose soit très, très claire : Je ne suis pas du tout d’accord avec ce qu’Israël a fait en réponse à l’attentat du 7 octobre. Je ne suis pas non plus d’accord avec ce qu’a fait le Hamas. Le massacre en masse de civils, qu’ils soient musulmans, juifs, ukrainiens, russes, etc. est moralement répugnant.

Pas de “si” . Pas de “Et…” et certainement pas de “Mais…” .

Dans le même temps, je tiens à rappeler ce que j’ai écrit sur le blog Gold, Goats ‘n Guns à propos de la guerre en Ukraine en juin 2023 :

Les Britanniques en ont besoin parce que leur querelle séculaire avec la Russie ne peut tout simplement pas se terminer par un soupir en Ukraine.
Les États-Unis pensent qu’ils en ont besoin à cause du ridicule virus mental des grandes puissances qui nous a été transmis par nos “supérieurs” coloniaux.
Davos en a besoin parce qu’il n’est pas possible de contrôler totalement le monde s’il reste des grandes nations.
Si l’on se place du point de vue de ceux qui ont déclenché cette guerre, je vous laisse avec une dernière question.
Comment appelez-vous cent mille morts slaves se battant pour des terres marécageuses ?
Un bon début.

En 2017, nous avons discuté sans fin, lors des livestreams, de la façon dont les obsessions de Benjamin Netanyahou consistaient à faire des Juifs les boucs émissaires de tous les problèmes du monde. Il mettait tout le monde sur les nerfs en agissant comme s’il dirigeait le monde et pouvait faire danser tous les grands dirigeants du monde parce qu’il avait le soutien des grands et méchants États-Unis.

Vous remarquerez d’ailleurs le même comportement dans des pays comme la Lituanie, la Pologne et la France.

Il suffisait que le rideau soit tiré, que la protection des sionistes et du sionisme par nos médias soit supprimée, et la désignation de boucs émissaires pouvait commencer.

Les Nick Fuentes, etc. passeraient du jour au lendemain du statut de persona non grata à celui de courageux diseurs de vérité. Ou avons-nous oublié que des types comme Mike Enoch et Richard Spencer étaient de vrais nazis ?

Juste après le 7 octobre, j’ai averti tout le monde que Netanyahou opérait sous de faux prétextes, que les États-Unis répondraient toujours à ses ordres au pied levé.

Il serait aveuglé par la colère qui couvait parce que nos dirigeants envoyaient notre argent à l’étranger pour défendre ses crises de colère, alors qu’aucun argent n’était épargné pour nous à l’intérieur du pays. Et voilà que le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, est devenu l’homme le plus détesté des États-Unis pour sa défense acharnée d’Israël. Pendant des mois, j’ai dû supporter que les conservateurs du camp de Trump s’en prennent à Ron DeSantis en raison de son soutien à Israël, et pourtant, voilà que Trump réclame aujourd’hui la peine de mort pour ceux qui protestent contre Israël.

Je me demande si Sundance et consorts vont faire un mea culpa pour avoir participé à cette opération psychologique.

Cette colère face au massacre de civils pour des raisons géopolitiques cyniques est le moteur de certaines de ces manifestations, la partie organique. Il y a une vraie partie inorganique ou “astroturfée” dans ce mouvement populaire contre Israël.

À cette fin, je n’utilise pas le mot à la mode de “génocide” , car 40 000 personnes sur 3 millions, ce n’est PAS un génocide. C’est horrible, c’est barbare, mais ce n’est pas un génocide. Les génocides sont mécaniques, procéduraux. Ce qui se passe à Gaza n’est tout simplement pas cela.

Il s’agit d’une hyperbole destinée à susciter une réaction émotionnelle et à nous aspirer dans l’orbite psychologique de nos oppresseurs. N’oubliez pas, mesdames et messieurs, que la propagande est omniprésente de part et d’autre de ces conflits. Et ce n’est pas différent de ce qui s’est passé pendant les premiers jours de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Le fantôme de Kiev, ça vous dit quelque chose ? La Russie a des missiles “hypersoniques” ? Flash info, tous les missiles sont hypersoniques.

Ce n’est pas différent de l’histrionisme déployé lorsque quelqu’un a dit quelque chose d’un tant soit peu antijuif. On pouvait alors s’attendre à un appel des avocats de l’ADL. Nous avons vécu avec ces absurdités pendant des décennies.

Mais, s’il vous plaît, ne pensez pas une seconde qu’il s’agissait d’une sorte de preuve prima facie d’une Grande conspiration juive. Il y a beaucoup d’autres groupes qui sont tout aussi protégés qu’Israël.

Notez que je ne les énumère pas ici pour la subtilité rhétorique.

Je sais que le refrain habituel est : “Regardez qui nous n’avons pas le droit de critiquer, c’est lui qui vous gouverne” . Et je suis honnête, j’ai moi-même utilisé ce refrain dans le passé. Mais comme je crois que j’ai acquis une meilleure vision des choses, je pense que la meilleure observation est la suivante : “Regardez qui nous sommes autorisés à critiquer et vous saurez qui nos gouvernants veulent que nous haïssions” .

À ce stade, je pense que c’est le filtre le plus prédictif pour observer la Fenêtre d’Overton.

Ces deux groupes sont actuellement les États-Unis et Israël.

Nous reviendrons sur la question de la haine de la Russie plus tard dans le mois, lorsque Poutine s’attaquera à Zelenskyy.

Lorsque nous examinons attentivement les divisions sur cette question, nous constatons d’importantes distinctions. Nos campus universitaires vivent dans une réalité bien différente de la colère des gens du cœur du pays, qui, pour la plupart, soutiennent le droit d’Israël à équilibrer la balance pour le 7 Octobre. Leurs perspectives distinctes sont le moyen utilisé par les abuseurs narcissiques pour monter les deux groupes l’un contre l’autre à leur profit.

Dès que Soros et Davos ont transformé les manifestations sur les campus en la dernière version de BLM en 2020 ou d’Occupy Wall Street en 2008, nous avons assisté à un jeu classique de “diviser pour régner” de la part des suspects habituels, quelle que soit la justesse de la cause.

Aujourd’hui, les Américains indignés à juste titre par la violence du Hamas sont opposés aux étudiants indignés à juste titre par la réponse inacceptable d’Israël.

Il en résulte encore plus de divisions au sein d’une société qui continue de se diviser quasiment d’heure en heure.

Maintenant, posez-vous la question la plus importante : cui bono ? Qu’est-ce que l’on gagne ici et pourquoi ?

Netanyahou est soit un idiot utile, soit un acteur complice. La majorité israélienne (et américaine) qui soutient ses actions contre le Hamas a absolument été poussée à jouer le rôle d’idiot utile.

L’argent de Soros continue à être dépensé, je suppose.

Et je crois que cela a été fait de telle sorte qu’en fin de compte, tous les Juifs seraient les victimes du prochain pogrom… ou plus exactement, “du pogrom qui mettra fin à tous les pogroms” , à moins que quelque chose ne soit fait pour les réveiller et leur faire prendre conscience de la direction que prennent les choses.

C’est pourquoi j’ai été heureux de voir l’attaque de missiles de l’Iran envoyer le bon message aux bonnes personnes : les Israéliens qui suivaient aveuglément l’agression de Netanyahou sur des bases pseudo-religieuses et le faux sentiment de sécurité offert par l’alliance avec les États-Unis et les défenses antiaériennes israéliennes Iron Dome.

Dans le même temps, l’Iran s’est peut-être rendu compte à quel point il est surclassé par la technologie des missiles américains/israéliens lors de la riposte israélienne, qui n’était censée être qu’une riposte de rien du tout.

Sur ce front, nous nous trouvons donc dans une impasse, ce qui, à mon avis, est une bonne chose.

Encore une fois, la propagande que vous croyez en dit plus long sur vous que sur les personnes qui se lancent des missiles l’une contre l’autre.

Ces quatre missiles balistiques qui ont atteint le sol sont peut-être parmi les “ratés” les plus efficaces de l’histoire de l’humanité. Ils ont brisé l’illusion de la sécurité, ce qui a conduit un grand nombre d’Israéliens à courir vers l’aéroport pour se mettre à l’abri du danger.

Dans le même temps, les Iraniens ont été avertis que si Israël entamait une guerre contre l’Iran, ils auraient de gros, gros problèmes. Ne vous laissez pas entraîner dans le tourbillon de la technologie de l’armement en pensant qu’aucune de nos armes ne fonctionne. Nombre d’entre elles fonctionnent, et même très bien.

Cela dit, il est de notre devoir, voire de notre responsabilité, de faire abstraction de la réaction émotionnelle à la violence (ce qui est sacrément difficile à faire, je sais !) pour regarder au-delà du microcosme de la psychose sur le terrain et examiner cette satanée vue d’ensemble à travers laquelle opèrent les personnes qui ont fomenté ce conflit.

Il est évident que si l’on gratte un peu la surface de ces protestations, on peut voir la main de l’acteur extérieur avec son pouce sur la balance. Il y a une véritable indignation face à ce qu’Israël a fait à Gaza et à ce que Netanyahou doit encore accomplir.

Il y a aussi tout un tas de forces extérieures qui amplifient ce conflit et qui remontent à des décennies avant que les enfants qui protestent ne soient nés. Ou avons-nous oublié que les Soviétiques soutenaient l’OLP et que le Hamas a été créé par l’Occident (un peu comme ISIS) pour être le groupe palestinien avec lequel Israël était prêt à traiter ?

Tout compte fait, ces manifestations sont aussi organiques que les émeutes de BLM en 2020, le soulèvement ukrainien du Maïdan en 2014, les manifestations d’Occupy Wall Street (OWS) en 2008 et toutes les autres “révolutions de couleur” qui ont été tentées et/ou réussies au cours des quarante dernières années.

Ce qui revient à dire qu’à ce stade, malheureusement, elles ne le sont pas vraiment. Elles sont, stratégiquement, une arme dirigée vers un résultat particulier. Les manifestations d’OWS portaient à l’origine sur le racisme, puis ont été détournées sur le terrain (dédicace à Tim Pool) par des forces organisées pour marcher sur les banques.

Des tireurs d’élite se trouvaient sur les toits et tiraient sur les policiers comme sur les manifestants du Maïdan afin d’assurer le chaos et le renversement violent de Viktor Yanukovich. Et ils sont morts, et ils sont morts (dédicace à Roger Zelazny).

Pourquoi ces manifestations légitimes ont-elles été détournées ? Nous connaissons la réponse. Mon intérêt pour cette question a commencé avec ce tweet d’une personne que je respecte profondément mais qui, à mon avis, a perdu le fil de l’histoire.

Restitution de la discussion :

Tulsi Gabbard le 03/05/2024 : Ce qui se passe sur nos campus est le résultat de l’incapacité de nos dirigeants à affronter et à vaincre l’islamisme radical sur le champ de bataille idéologique. Dans mon livre, j’explique en détail comment l’islamisme est la plus grande menace pour notre pays libre, notre liberté, la paix et la civilisation. Vous pouvez en savoir plus sur mon livre ici –> http://TulsiGabbard.com

Patrick Henningsen le 03/05/2024 : L’une des choses les plus tristes de ces 7 derniers mois a été de voir @TulsiGabbard passer du statut de leader supposé du mouvement anti-guerre américain à celui de néocon à part entière, prônant des doctrines religieuses sectaires et impérialistes du défunt PNAC sur le “choc des civilisations” et, implicitement au moins, soutenant volontiers le génocide par Israël de la population palestinienne autochtone de #Gaza. En termes de chute morale, il est difficile de trouver un exemple plus frappant.Tout cela, sans parler des droits constitutionnels absolus de tous les étudiants qui manifestent dans notre pays pour protester contre le massacre et le génocide honteux d’Israël et de ses fournisseurs américains en Palestine. Ils ne sont pas “pro Hamas” , ils sont ANTI-TUERIE DE MASSE par le complexe militaro-industriel auquel Tulsi feignait de s’opposer. La cause des étudiants est aussi légitime que les millions de manifestants qui sont descendus en masse dans les rues et les campus pour s’opposer à la guerre du Vietnam il y a 55 ans. La question est la suivante : a-t-elle toujours été comme ça ou n’a-t-elle adopté que récemment la vision du monde de John Bolton en échange de la promesse d’un siège à la table du pouvoir ?

Tom Luongo le 04/05/2024 : Je suis désolé, mais je ne suis pas du tout d’accord sur ce point. Rien de ce qu’a dit Gabbard n’est faux. Ces manifestations font partie d’une autre tactique de révolution de couleur visant à saper les États-Unis sur le plan politique. Elles ne sont PAS organiques, pas plus que les émeutes de BLM ne l’étaient en 2016. Leur cause est juste, leurs motivations sont suspectes. Elles sont juste conçues pour faire ressortir la toute nouvelle haine de tout le monde à l’égard d’Israël. Je ne dis pas qu’Israël a raison ici. PAS DU TOUT. La campagne de Netanyahou contre Gaza est diabolique et cynique, mais elle fait également partie d’un plan plus large visant à transformer les “juifs” en boucs émissaires pour les problèmes du monde… une fois de plus. Il ne s’agit pas d’une simple opposition entre le bien et le mal que Patrick dépeint ou que Gabbard aborde dans son clip. Nous sommes censés être à l’avant-garde du commentaire politique et pourtant ce tweet et le reste des commentaires de personnes dont je respecte le travail montrent qu’elles sont tout aussi sensibles à la Matrice que n’importe qui d’autre. Bon sang, ils connaissent nos déclencheurs….

Vous savez pourquoi ils connaissent si bien nos déclencheurs ? C’est parce qu’ils les ont installés.

Comment se fait-il que les mêmes personnes qui ont dit des conneries sur OWS, ou qui ont vu la main de Vickie “Cookies” Nuland sur le Maïdan, ou l’organisation d’Antifa en black bloc pendant les émeutes de BLM, ou qui ont couvert les soulèvements du printemps arabe, ne peuvent pas voir la main lourde de ces mêmes personnes aujourd’hui parce que c’est Israël qui est dans le collimateur ?

Je laisse cela à votre interprétation. Mon opinion personnelle est que les critiques longtemps réprimées, et quelque peu justifiées, à l’encontre d’Israël ont maintenant été autorisées à se déchaîner à des fins géopolitiques plus larges.

C’est la première flambée de cette frustration qui s’est transformée en une colère juste, voire bien-pensante. Encore une fois, maintenant, apparemment, cela fait du bien de pouvoir enfin critiquer Israël.

Vous vous rappelez quand nous avons découvert que des connards anti-empire américain comme Caitlin Johnstone et Bernard de Moon of Alabama souhaitaient que des Américains meurent pendant le COVID pour nous réveiller sur les maux de notre système de santé privé ?

Non ? Moi, si. Et je ne leur ai toujours pas pardonné. Parce que cela m’a montré qui ils étaient vraiment, des idéologues engagés dans leurs programmes politiques plutôt que de véritables champions de la paix et de l’humanité.

Mon ami et collaborateur dans ce projet, Dexter White, m’a personnellement pris à partie lors d’un podcast de GGnG au début de la guerre en Ukraine parce qu’il estimait que je me rapprochais trop de la justification de l’initiation de la violence par la Russie dans ce pays. J’ai dû me pencher sur toute une série de théories chrétiennes de la guerre juste pour m’en sortir. Avec le recul, je ne pense pas avoir fait le meilleur travail possible.

Mon travail ici n’est pas de vous donner ce que vous voulez entendre, mais parfois ce que vous avez besoin d’entendre.

Les Palestiniens morts sont une tragédie. Mais il en sera de même pour les Juifs. Et si Netanyahou est acculé au pied du mur par des forces extérieures qui déchirent actuellement Israël, il provoquera précisément l’effusion de sang que nous voulons tous éviter.

Qui sont ces forces extérieures ? Davos. Pourquoi ? Parce qu’ils veulent que les États-Unis soient impliqués dans des guerres qui 1) nous ruinent économiquement et moralement et 2) justifient la fin de la politique des États-nations de l’autre côté du conflit mondial et leur confient la gouvernance mondiale par l’intermédiaire des Nations unies.

Et si Israël et certains Juifs et Arabes que la plupart des gens ont appris à haïr doivent être vaporisés dans le processus, eh bien, il y a toute cette histoire d’omelettes et d’œufs.

Ou bien n’avons-nous pas regardé Watchmen assez souvent pour comprendre la blague ?

La frustration et la colère sont faciles à vivre. Elles sont, comme nous le répètent sans cesse ces satanés films de la Guerre des étoiles, la voie du mal. Mon message à tous est donc simple : faites attention à ce que vous souhaitez.

Sinon, le prochain échange ne portera pas sur quelques milliers de morts, mais sur quelques centaines de millions.

Demain, je conclurai en expliquant comment je pense que ces manifestations sont utilisées à des fins constructives en ce qui concerne la loi sur les droits civils de 1965.

“Les fédéraux à ma gauche, les cocos à ma droite,
Je suis ici, coincé au milieu avec vous.”

Tom Luongo

Traduit par Zineb pour le Saker Francophone

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