Éclairage


Par James Howard Kunstler – Le 5 mars 2018 – Source kunstler.com

Batman is Poutin, Robin is Medvendev

Il doit être difficile pour les éditeurs du New York Times de se motiver jour après jour dans leurs efforts pour démarrer la troisième guerre mondiale. L’histoire d’aujourd’hui, La menace russe sur deux fronts rencontre le vide stratégique aux États-Unis, vise à continuer d’élever l’hystérie ambiante au sujet d’un différentiel qualitatif sur des missiles et la peur de l’ingérence russe dans les élections de 2018 à mi-mandat.

La vision du monde du New York Times commence à ressembler au scénario d’un Batman avec Vlad Poutine dans le rôle du Joker psychopathe caquetant qui doit être arrêté à tout prix ! Les généraux américains ont allumé la balise de signal de Batman, mais Donald Trump dans le rôle du sauveur masqué, se planque en tremblotant dans le splendide isolement de sa Bat Caverne au 1600 Penn Avenue, souffrant encore d’une de ses crises d’identité bipolaire sans fin. Pour l’amour de Dieu, hurle le NY Times, fais quelque chose ! Les Russes arrivent ! (Le chef de la police de Gotham City, Hillary Clinton a dit exactement cela la semaine dernière dans un Tweet !).

Je pense qu’ils ont mal compris le message récent de M. Poutine quand il a annoncé une nouvelle technologie de missile hypersonique qui, supposément, passerait au travers de n’importe quelle défense antimissile américaine imaginable. Le message actuel, pour les non-déficients mentaux surnageant encore dans cette idiocratie boiteuse qui se prétend république, était le suivant : La guerre nucléaire reste impensable, alors arrêtez de bien vouloir y penser.

L’autre position stratégique de M. Poutine est également dénaturée – en fait, pas même reconnue – dans l’explosion de la propagande du NYT lundi, à savoir décourager la politique de changement de régime des États-Unis, ici et là, partout sur la planète, créant une chaine d’États défaillants les uns après les autres. En tant que  patriote américain, je dois dire que ce sont deux propositions admirables. Est-il stupide d’ajouter que la guerre atomique ne profitera à personne ? Ou que le monde en a assez de l’ingérence militaire américaine dans les pays étrangers ?

Bien sûr, l’histoire usée de l’ingérence russe lors des élections de 2016 occupe toujours l’anneau central du cirque politique américain. L’histoire du jour du New York Times comprend une autre tentative maladroite d’établir des attentes selon lesquelles les élections de 2018 à mi-mandat seront piratées par la Russie, afin de maintenir l’hystérie au niveau code rouge. Comme d’habitude, la proposition suppose que le prétendu piratage de 2016 est à la fois prouvé et significatif alors que, depuis deux ans, il n’y a aucune preuve de piratage au delà d’une ferme de trolls sur Facebook, manifestement peuplée d’amateurs. (Et, en passant, comment cela se compare-t-il au renversement sous couverture en 2014 du président ukrainien Viktor Ianoukovitch ? Là, on peut parler d’ingérence).

[…] Dans des déclarations publiques ces dernières semaines, les principaux responsables du renseignement de M. Trump ont admis que le président n’avait pas encore discuté de stratégies avec eux pour empêcher les Russes d’intervenir dans les élections de mi-mandat cette année. M. Trump a exprimé de sérieux doutes quant à l’ingérence des Russes en 2016, contredisant les conclusions de ses responsables du renseignement.

Par inférence, le New York Times ne doute pas que l’élection de 2016 a été fatalement hackée pour vaincre son candidat préféré – bien qu’il y ait de nombreuses raisons de supposer que toute l’histoire d’« ingérence russe » ait été un produit psychologique mensonger fabriqué par la CIA de John O. Brennan. Il y a seulement quelques mois, le NY Times et les réseaux d’information criaient que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche (le général Flynn) avait été surpris en train de parler avec l’ambassadeur de Russie – comme si les ambassadeurs étrangers venaient pour d’autres raisons que garder ouverts les canaux de communication avec les responsables américains.

Ce qui se passe ici fait que la peur du Rouge des années 1920 et l’épisode McCarthy du début des années 50 ont l’air bien calmes en comparaison. Il est raisonnable de supposer que les responsables de n’importe quel pays étranger qui observent le spectacle lugubre qui se déroule ici concluront que les États-Unis ont perdu la tête. Quelqu’un s’il vous plaît pour nous emmener à la chambre d’hydrothérapie !

James Howard Kunstler

Too much magic : L'Amérique désenchantéePour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Liens

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