Par Emmanuel Leroy − Mars 2019
Une délégation internationale composée d’une dizaine d’intellectuels dissidents a été invitée du 27 février au 6 mars 2019 par le gouvernement syrien pour une série de conférences à travers tout le pays ravagé par 8 années de guerre. De Damas à Alep, puis de Lattaquié à Soueïda en passant par Tartous et Hama, nous avons sillonné la Syrie meurtrie pour rendre hommage à ses martyrs et à son peuple qui ont su briser les vagues d’assaut des mercenaires takfiristes venus du monde entier, financés par les régimes corrompus des États du Golfe et armés par les gouvernements occidentaux et par Israël.
Cette visite faisait suite à l’Appel de Damas lancé à Paris le 20 janvier 2019 pour l’édification du Mouvement International pour la Souveraineté des Peuples. Ce mouvement a été constitué à l’initiative du docteur Adnan Azzam, intellectuel franco-syrien, et il est destiné à devenir le fer de lance d’un vaste mouvement international regroupant des milliers de résistants au Nouvel ordre mondial. La force du Système consistant à jouer sur les divisions ethniques, religieuses, politiques ou sociales pour se maintenir au sommet de la pyramide grâce à son pouvoir financier, le M.I.S.P entend lutter contre les germes de la division en favorisant la mise en relation des patriotes du monde entier, de Moscou à Caracas et de Paris à Damas pour unifier ce vaste mouvement de résistance en lutte contre l’hégémonie du système global. Cette action s’inscrit dans la continuité du colloque de Chisinau lancé en 2017 dans la capitale moldave et visant à constituer une alternative radicale aux sectateurs de Davos.
Pour la première fois depuis des décennies, l’occident agissant comme bras armé de l’idéologie mondialiste, a subi une lourde défaite dans la guerre de Syrie. Malgré les centaines de milliards de dollars injectés dans cette guerre par les États du Golfe, malgré les centaines de milliers de djihadistes takfiristes recrutés partout dans le monde, malgré les armes les plus modernes fournies aux terroristes avec le soutien des services de renseignement et de leurs forces spéciales, malgré le déluge de propagande et de mensonges déversé quotidiennement dans les médias serviles du Système, le peuple syrien avec l’aide de ses alliés, a réussi à stopper la plus formidable entreprise de déstabilisation jamais entreprise contre un pays souverain.
Cette victoire constitue un véritable renversement du monde et marque un coup d’arrêt dans la marche en avant du mondialisme qui semblait irrésistible avant ce basculement. Les hommes épris de liberté voient enfin la possibilité de renverser la pyramide du mensonge qui recouvre le monde depuis trop longtemps. Cette victoire militaire en Syrie, remportée au prix du sang, se double d’une révolte des peuples qui gagne la planète à travers la grande révolution des Gilets jaunes. Tout se passe comme si la mise en esclavage de l’humanité tout entière qui semblait inexorable, il y a peu de temps encore, était désormais enrayée grâce à la victoire du peuple syrien et à la prise de conscience des patriotes de tous les pays qui en revêtant le Gilet jaune, symbole de résistance à l’oppression, entendent mettre fin à la domination de l’oligarchie financière et de ses représentants politiques.
Les résistants au Nouvel ordre mondial doivent prendre conscience qu’une fenêtre de tir s’est ouverte depuis une dizaine d’année lorsque les tenants de l’idéologie anglo-saxonne se sont séparés en deux camps opposés à l’occasion de la crise de 2008. En substance, l’oligarchie mondiale est désormais engagée dans une lutte à mort entre partisans de la finance hors-sol dont la puissance financière est devenue telle qu’ils pensent être en mesure de s’affranchir de la nécessité de disposer d’un État puissant à sa botte pour faire progresser son agenda et partisans d’un capitalisme « enraciné » au sein d’un État souverain. Cette opposition s’est manifestée depuis 2016 par le combat sans merci que se livrent les partisans de monsieur Trump avec ceux de madame Clinton. De la même manière, le « Brexit » peut s’analyser comme une résultante de cet affrontement entre néo et archéo-mondialistes, entre ceux qui pensent que l’on peut toujours parvenir à la « gouvernance mondiale » par l’hégémonie incontestée d’une hyper-puissance comme les États-Unis l’ont été de 1991 à 2013 et ceux qui souhaitent parvenir au même but mais par la seule puissance de l’argent et de son pouvoir corrupteur.
La difficulté pour analyser ce phénomène résulte du fait que les lignes de fractures traversent l’ensemble des pays occidentaux, acteurs majeurs de la mondialisation, et qu’il s’agit en quelque sorte d’une espèce de nouvelle guerre de Sécession opposant au cœur même de l’oligarchie mondiale, deux stratégies antagonistes pour parvenir au même but. Les conséquences de cette opposition peuvent s’observer dans la difficulté qu’ont les élites européennes à suivre les directives de leurs mentors, désormais séparés en deux clans rivaux, notamment sur les dossiers sensibles des sanctions contre la Russie ou contre l’Iran. Monsieur Macron et son acolyte madame Merkel, tentent de jouer le tout pour le tout d’une fusion forcée de l’Allemagne et de la France pour essayer de sauver l’Union européenne d’un échec inéluctable et cela au service de la finance hors-sol, donc des archéo-mondialistes pour qui le maintien de la fiction européenne est un impératif absolu.
Dans tous les cas de figure, la victoire de Bachar El Assad en Syrie et la révolution des Gilets jaunes en France et dans les pays soumis à l’esclavage de la dette, préfigurent le grand basculement qui verra peut-être la libération des peuples écrasés depuis trop longtemps par la puissance destructrice de l’argent.