Attaques chimiques en Syrie : la Bolivie dénonce les mensonges des États-Unis


Le 7 avril 2017 – Source sayed7asan

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU après les frappes américaines contre la Syrie, 7 avril 2017 
Intervention de la Bolivie

Transcription :

Ambassadrice américaine aux Nations Unies, Nikky Haley [qui, durant son intervention, avait brandi des photos de l’attaque chimique attribuée au régime syrien]: – Nous allons maintenant écouter les déclarations des membres du Conseil [de sécurité] et nous commençons avec le représentant de la Bolivie.

Ambassadeur bolivien aux Nations Unies, Sacha Llorenti :

– Madame la Présidente, merci de me donner la parole et d’avoir convoqué cette rencontre publique du Conseil de Sécurité. Il est vital que non seulement les membres de notre organisation mais également le monde entier puissent voir (quelles sont) les positions des membres du Conseil de sécurité de manière totalement transparente, étant donnés les événements récents en Syrie.

La Bolivie a appelé à la convocation de cette réunion, préoccupée par les événements des dernières heures. Tandis que le Conseil de sécurité débattait les propositions quant à ce que serait le mécanisme d’enquête sur les horribles attaques chimiques dont toute l’humanité a pu témoigner, tandis que nous discutions des termes qui pourraient être utilisés dans la résolution, et tandis que les membres permanents et non-permanents avançaient des propositions pour le texte d’une telle résolution, les États-Unis, encore une fois, préparaient et lançaient une attaque unilatérale.

Les attaques de missile, bien sûr, sont une action unilatérale. Elles représentent une grave menace pour la paix et la sécurité internationales. Pourquoi ? Parce que durant les 70 dernières années, l’humanité a érigé une structure non seulement physique et institutionnelle mais également une structure légale. Elle a établi des instruments de droit international justement pour empêcher des situations où le plus puissant attaque le plus faible en toute impunité, afin d’assurer un équilibre dans le monde, et bien sûr pour éviter des violations très graves de la paix et de la sécurité internationales.

Nous considérons que c’est le devoir du Conseil de sécurité mais pas seulement, de l’ONU dans tous ses organismes, que de défendre le multilatéralisme. Nous sommes ici pour défendre le multilatéralisme.

Nous avons reconnu que cette Charte des Nations Unies doit être respectée. Et cette Charte interdit les actions unilatérales. Toute action doit être autorisée par le Conseil de sécurité, en accord avec la Charte. Permettez-moi d’en lire quelques articles afin que nous puissions nous le remémorer.

Le chapitre 24 déclare qu’afin de garantir une action prompte et effective de l’ONU, ses membres confèrent au Conseil de sécurité la responsabilité primordiale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et reconnaissent que dans l’exécution de ces tâches, sous cette responsabilité, le Conseil de sécurité agit en leur nom. Ce Conseil de sécurité, pas seulement les 15 membres qui sont assis à cette table, nous représentons les 193 pays de cette organisation, et à travers eux, nous représentons le peuple du monde. Et nous avons convenu que les actions unilatérales violent le droit international.

Tandis que nous débattions hier des projets de résolution, tandis que nous nous efforcions de trouver des alternatives et de parvenir à un consensus au sein du Conseil de sécurité, les États-Unis ont non seulement unilatéralement attaqué, mais tandis que nous débattions ici − exigeant la nécessité d’une enquête indépendante et impartiale, une enquête complète sur ces attaques − les États-Unis se sont érigés eux-mêmes en enquêteurs, en procureurs, en juges et en jury. Où est donc l’enquête qui nous permettrait d’établir de manière objective qui est responsable de l’attaque ? C’est une violation extrêmement sérieuse, extrêmement sérieuse du droit international.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que cela se produit. Nous pourrions rappeler bien des occurrences dans lesquelles diverses puissances, et pas seulement les États-Unis, ont agi unilatéralement et violé la Charte des Nations Unies. Mais le fait que cela se produise encore une fois ne signifie pas que l’ONU et ses membres doivent l’accepter.

En septembre 2013, les États-Unis ont également lancé des attaques contre la Syrie. Je peux rappeler ce qui a été dit par le Secrétaire général de l’ONU d’alors, Ban-Ki Moon, à cette occasion. Permettez-moi de lire cette citation en anglais, ce que le Secrétaire Général a dit, je cite : « Le Conseil de Sécurité a la responsabilité primordiale (du maintien) de la paix et de la sécurité. J’appelle à ce que tout soit géré dans le cadre de la Charte de l’ONU : l’usage de la force est légal seulement en cas d’auto-défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies, et lorsque le Conseil de sécurité approuve une telle action. » Fin de citation.

Ce fut la position du Secrétaire général d’alors qui contribua à éviter une action unilatérale dans une situation très semblable à celle d’aujourd’hui.

Cette attaque représente une menace pour la paix et la sécurité internationales car elle constitue une menace pour les processus politiques à Genève et à Astana. [Le sous-secrétaire] M. Feltman l’a très bien dit dans le message du Secrétariat général, il est vital d’éviter une escalade des tensions qui rompe avec les progrès réalisés dernièrement à Astana.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit. J’aimerais rappeler ce qui s’est passé dans ce Conseil de sécurité même il y a quelques années, précisément le 5 février 2003 lorsque le Secrétaire d’État américain d’alors est venu dans cette salle pour nous présenter, selon ses propres mots, des preuves concluantes de l’existence d’armes de destruction massive en Irak. [Il brandit la photo de Colin Powell et de sa prétendue fiole d’anthrax.] Je crois qu’il faut absolument qu’on se rappelle ces images qui viennent précisément de cette salle où nous sommes : on nous a assuré qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, et que c’était le motif de l’invasion. Et cette invasion a causé 1 million de morts. Et elle a entraîné toute une série d’atrocités dans cette région.

Pourrions-nous parler de Daech si cette invasion n’avait pas eu lieu ? Pourrions-nous parler de cette série d’horribles attaques (terroristes) dans divers endroits du monde si cette invasion illégale n’avait pas eu lieu ? Je crois qu’il est vital pour nous de se rappeler ce que l’histoire nous enseigne.

Pour l’Irak, les États-Unis avaient longuement enquêté et détenaient (prétendument) toutes les preuves nécessaires pour démontrer que l’Irak avait des armes de destruction massive. Mais elles n’ont jamais été trouvées. Elles n’ont jamais été trouvées.

Je souhaiterais répéter ce qu’a dit le Président Evo Morales ce matin, et je cite : « Je crois et je sens – et j’espère que je ne me trompe pas – que les armes chimiques en Syrie ne sont qu’une excuse pour une intervention militaire. Les actions unilatérales sont des actions impérialistes, et les États-Unis se moquent bien du droit international.  Ils l’ignorent lorsque cela les arrange. Les problèmes internationaux entre États doivent être résolus par le dialogue et non par les bombardements. C’est une menace contre la paix et la sécurité internationales. » Fin de citation.

Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr

Enregistrer

Enregistrer