Un nouveau fardeau sur les épaules de l’Allemagne

«...Mais comme les événements à Heidenau l'ont montré, c'est quelque chose de différent qui provoque l'anxiété. La culture et le mode de vie allemands pourraient être progressivement phagocytés par les nouveaux arrivants. Qui veut, et pourquoi, l'islamisation de l'Allemagne? Il est impossible pour la société allemande d'esquiver cette question.» Natalia Meden

Par Natalia Meden – Le 1er septembre 2015 – Source strategic-culture

Basé sur les sondages d’opinion, les immigrants et le flux de réfugiés sont les sujets les plus chauds dans l’esprit des gens, qui éclipsent d’autres questions, laissant même derrière la crise aiguë de la zone euro . C’est tout a fait logique.

Selon le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière, l’Allemagne attend de recevoir 800 000 demandes d’asile cette année seulement. «Nous allons nous en occuper», a-t-il dit avec sa manière militaire habituelle (il a servi comme ministre de la Défense, son père était l’un des fondateurs de la Bundeswehr). Il n’est jamais compliqué. Selon de Maizière, il est injuste que l’Allemagne doive recevoir 40% de tous les réfugiés qui arrivent en Europe cette année et près de quatre fois plus que le total de l’année dernière.

Mais les politiciens, renvoyant aux traditions européennes de la pensée humaniste, disent que huit-cent mille demandeurs d’asile représentent moins de un pour cent de la population allemande. Ils semblent oublier qu’il ne s’agit plus de compassion chrétienne. Il saute aux yeux que l’article qui mentionne l’héritage chrétien spécifique, qui constitue les fondations de l’Europe moderne, a été retiré du traité de Lisbonne.

Instantanément, les médias allemands ont lancé une campagne de propagande appelant à une attitude amicale envers les migrants. Les médias offrent des histoires sur les bons samaritains aidant les réfugiés. Une actrice qui distribue de de la nourriture, un acteur qui donne de l’argent pour construire un asile aux réfugiés, une personne qui propose une connexion Wi-Fi gratuite et un bénévole travaillant dans le centre d’accueil pour demandeurs d’asile… L’accès à internet est refusé dans la plupart des cas aux problèmes des réfugiés. Telle est la chose la plus surprenante. Ces informations sont gardées hors du discours public. Contrairement à d’autres cas, les Allemands n’ont pas la possibilité d’exprimer librement leur état d’esprit sur la question. D’une certaine manière, la politique et les actions du gouvernement ne sont pas soumises à la discussion. Une opinion personnelle sur le problème des migrants ne doit pas être partagée. L’attaque des migrants contre des policiers à Suhl n’a pas atteint les écrans radar des médias de masse. La règle actuelle de la rectitude politique interdit à cette histoire d’être mise en évidence par les médias.

Les histoires sentimentales sur la gentillesse et l’hospitalité envers les migrants allemands sont censées décrire les événements qui ont lieu dans le monde correct. Les choses sont différentes dans le monde parallèle – réel et incorrect – où les gens qui organisent les manifestations anti-migratoires sont accusés d’actions subversives. Le 23 août, les manifestations organisées dans Heidenau, Basse-Saxe, dans la partie orientale de l’Allemagne, ont frappé les médias. Dans ce cas, les manifestants ont obtenu une réponse rapide des autorités pour leur rappeler qu’ils violaient la loi et l’ordre – des choses tellement respectées en Allemagne. Officiellement, les événements ont été décrits comme une action organisée par les radicaux de droite avec l’aide des réseaux sociaux. Voici la conclusion : le gouvernement devrait allouer davantage de fonds pour l’espionnage sur internet afin de surveiller les activités des Allemands. La réaction des politiciens allemands est étonnamment unanime : ce qui est arrivé à Heidenau est inacceptable ; les actions de protestation anti-immigration étaient irresponsables, mauvaises, honteuses et scandaleuses, etc.

Le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice ont fait les déclarations les plus mémorables. Ils ont dit que la police va sévir durement contre les marginaux qui n’aiment pas les gens qui viennent d’autres pays. Ensuite, la présence policière autour de l’abri des migrants a été renforcée et une barrière de sécurité autour de l’abri a été érigée. La police a demandé à tous les passants de s’identifier. La ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen s’est distinguée en disant que l’armée va prendre une part active dans la résolution des problèmes liés à l’accueil les demandeurs d’asile. Les militaires ont mis en place de toute urgence des camps de tentes pour les réfugiés. Les Allemands autochtones apprécient le fait que – au moins temporairement – ils éviteront la présence des indésirables dans leur quartier. Ainsi l’armée renforce son influence sur la situation interne dans le pays. Elle le fait sans beaucoup attirer l’attention du public. Cela satisfait presque tout le monde. La ministre Ursula von der Leyen est de plus en plus populaire. Elle n’a besoin que de ça. Les rumeurs sont de plus en plus fortes, disant qu’elle sera parmi les candidats pour le poste de chancelier.

Comme d’habitude, l’opposition accuse le gouvernement. Il faut noter que ses reproches ne sont pas justifiés. Selon de Maizière, le pays ne va pas fermer la porte devant les réfugiés. Selon le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, le gouvernement a réussi à grappiller un milliard d’euros supplémentaires pour soutenir les demandeurs d’asile. L’objectif principal est d’aider les réfugiés à passer un hiver rigoureux en Allemagne.

Les Verts sont évidemment mécontents de la réticence du gouvernement à continuer de recevoir un million de réfugiés chaque année. Ils veulent libéraliser les règles sur l’octroi de l’asile politique et adopter une loi sur l’immigration qui est encore inexistante en Allemagne. Il y a quelque chose d’important à mentionner ici. Dans la plupart des cas, il est présumé que les réfugiés viennent en Allemagne pour une longue période, ou pour de bon, pour être plus précis. Ainsi, il faut non seulement un soutien financier, mais aussi l’apprentissage de la langue. Un architecte a financé une bibliothèque pour les nouveaux arrivants, quelqu’un a commencé à enseigner la langue, certaines personnes invitent les réfugiés chez elles pour une tasse de café. Martin Patzelt, un député de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a accueilli deux demandeurs d’asile dans sa maison. Sa femme leur donne des cours de langue. Tout a l’air propre. Inconsciemment, certaines personnes sont convaincues que la seule chose dont rêvent les demandeurs d’asile est de travailler et de gagner leur vie.

Selon Volker Bouffier, le ministre-président du Land allemand de Hesse, de retour en Albanie, un enseignant aura besoin de deux à trois ans pour gagner autant que ce qu’il gagne en Allemagne en trois à cinq mois. Il est pas aussi naïf pour oublier la différence dans le coût de la vie. Les entrepreneurs allemands voient clairement les perspectives de faire des profits avec une main-d’œuvre pas chère qui arrive au pays. Le dirigeant de EVONIK, fabricant de produits chimiques, estime que ceux auxquels l’asile politique n’a pas été accordé devraient se voir offrir des emplois en Allemagne. Je crois pouvoir dire que Ursula von der Leyen n’aurait pas d’objection à étoffer les rangs de son armée avec des gars courageux qui ont déjà démontré leurs prouesses en attaquant la frontière de la Macédoine ou l’Eurotunnel sous la Manche.

Peu importe ce que disent les politiciens, le nombre de personnes mécontentes des flux croissants de réfugiés est en hausse. Il y a environ un mois, il a été signalé que le soutien à l’idée de réduire le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 23 pour cent depuis le début de l’année. Les experts allemands qui ont tenté d’expliquer le phénomène ne sont pas totalement ouverts ni honnêtes. Par exemple, Juergen Falter, un spécialiste de la politique allemande, admet que les mécontents ne sont pas des parias ou des radicaux de droite, mais des citoyens plutôt ordinaires qui n’aiment pas le fait que de nombreux migrants qui entrent dans leur pays peuvent ne pas avoir les droits suffisants pour justifier le statut de demandeur d’asile.

Je ne crois pas que ce soit la cause réelle de la préoccupation des Allemands. Cela ne concerne pas le fardeau sur le budget ou, en d’autres termes, le fardeau assumé par les contribuables. Selon les estimations faites par le politicien allemand Sigmar Gabriel, cette année l’Allemagne dépensera trois milliards d’euros pour les réfugiés et les migrants. Certaines estimations disent que le chiffre pourrait être plus élevé. Mais comme les événements à Heidenau l’ont montré, c’est quelque chose de différent qui provoque l’anxiété. La culture et le mode de vie allemands pourraient être progressivement phagocytés par les nouveaux arrivants. Qui veut, et pourquoi, l’islamisation de l’Allemagne? Il est impossible pour la société allemande d’esquiver cette question.

Natalia Meden

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone.

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