Un encerclement de Kharkiv tel qu’imaginé par des « sources »


Par Moon of Alabama – Le 21 mai 2024

Hier, The Economist a publié un article sur un prétendu plan russe d’encerclement partiel de Kharkiv :

Une Ukraine désespérée se bat pour défendre Kharkiv (archivé)

Je pense qu’il est peu probable qu’il s’agisse du plan russe :

Des plans militaires retrouvés, dont les détails ont été communiqués à The Economist, suggèrent que les Russes cherchent à voir s’ils peuvent encercler partiellement Kharkiv et faire pression sur les formations ukrainiennes à l’est du réservoir de Pechenihy. Une opération était censée se dérouler les 15 et 16 mai, mais elle a été avancée de près d’une semaine pour des raisons inconnues.

Selon les plans, les Russes avaient identifié deux axes d’attaque de part et d’autre du réservoir. La poussée sur l’axe ouest devait, en 72 heures, amener les troupes russes à portée d’artillerie de la ville de Kharkiv, au village de Borshchova. Elles ont été arrêtées par un groupe rapidement redéployé de la 92e brigade d’élite, qui les a repoussées à 10 km de leur objectif initial.

Sur l’axe de Vovchansk, plus à l’est, le plan russe prévoyait de combattre au-delà de la Maison du père d’Anna située sur le réservoir, jusqu’à la ville de Pechenihy. Les Russes ont d’abord rapidement mené à bien cette opération, balayant une zone qui aurait dû être protégée avec des champs de mines et de sérieuses fortifications d’ingénierie, mais qui ne l’était pas.

L’article inclut cette carte peu utile :

J’ai marqué la carte LiveUAmap de l’incursion russe à Kharkiv avec des flèches depuis la frontière jusqu’aux villages cités dans l’article de The Economist :

Borshchova se trouve à 15 kilomètres (~10 miles) de la frontière.

La ville de Pechenihy se trouve à l’ouest du réservoir et à une distance de 45 kilomètres de la frontière.

L’ensemble des forces russes utilisées pour l’incursion à Kharkiv ne dépasse pas une division, soit 12 à 15 000 hommes, dont la plupart sont en position arrière. Diverses vidéos de l’opération montrent que les forces de première ligne sont essentiellement composées d’infanterie avançant à pied. Il n’y a que quelques chars, s’il y en a, et aucun grand convoi de ravitaillement.

Je ne comprends pas comment de telles forces sont censées avancer (en 72 heures) de cinq kilomètres par jour vers Borshchova ou même de 15 kilomètres par jour vers Pechenihy.

Un tel mouvement nécessiterait au moins trois divisions avec un nombre décent de chars, une supériorité aérienne absolue et une logistique très mobile. Compte tenu de la prévalence des drones des deux côtés du champ de bataille, une telle opération aurait certainement entraîné des pertes élevées pour un gain tactique minime.

Ce serait totalement atypique de la façon dont les forces russes se battent actuellement. Tout est fait pour éviter les pertes russes. L’artillerie et les attaques aériennes sont utilisées pour détruire l’ennemi. Ce n’est qu’après cela que l’infanterie avance.

Je ne sais pas qui a élaboré les plans publiés par The Economist. Je ne sais pas non plus qui les a « récupérés » et « partagés« . Mais je suis à peu près certain qu’il ne s’agit pas d’un membre de l’armée russe, ni même d’une personne proche de celle-ci.

Il s’agit de désinformation dans le but probable de démontrer que les forces russes sont moins compétentes qu’elles ne le sont en réalité : « Regardez, ils avaient de si grands projets, mais ils n’ont réalisé que si peu de choses« .

Les lecteurs tombent-ils encore dans le panneau ? [Hélas oui, NdT]

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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