Par Hervé − Le 5 juin 2022 − Le Saker Francophone
Pour bien combattre, il faut connaître ses ennemis. Comme tous les officiers russes et chinois qui vont certainement respecter cet adage de SunTzu, nous sommes aussi allé voir la dernière super production hollywoodienne. Si vous voulez vous faire votre propre idée, passez votre chemin, sinon il ne s’agit que de quelques remarques à la volée.
Le scénario
Les cœurs sensibles y trouveront leur compte. Sur l’intrigue amoureuse, la pauvre Jennifer Connelly, cinquantenaire, ne fait pas le poids face à une Kelly McGillis qui aura bousculé toute une génération d’adolescents. Par contre il faut reconnaitre à Tom Cruise des qualités physiques indéniables, il est passionné et ça se voit. La fraicheur amoureuse de Goose et de Meg Ryan s’est envolée comme les idéaux d’une Amérique rentière de son « glorieux » passé. Il y avait comme un parfum de nostalgie et de sapin.
Pour la partie géopolitique, il y a quand même quelques détails qui donnent à réfléchir.
Pourquoi ne pas avoir utilisé des F-35 pour mettre un scène la version marine du dernier bijoux technologique de Lockeed Martin ?
Il s’agissait de permettre aux acteurs de voler réellement et il fallait donc des biplaces ce que ne sont pas les F-35. Ça ne semblait pas si compliqué d’adapter le scénario à des monoplaces surtout que le fils de Goose est pilote pas navigateur.
Mon sentiment est que la Navy a voulu envoyer un message préférant laisser à la production des F-18 Super Hornet mis en service dans les années 90. Le F-35 continue d’avoir de gros soucis techniques et financiers dont on entend le bruissement dans les couloirs du Congrès.
On entend même plusieurs fois les officiers du film indiquer que les « bandits » ont l’avantage avec des avions de 5ème génération, très clairement un SU-57 russe. Ça aurait été le moment de montrer la supériorité du F-35. Sans doute un léger complexe à montrer sa force.
C’est dommage car l’usage du F-35 aurait pu susciter moultes mèmes un peu moqueurs sortis de l’imaginaire fertile des internautes.
Les bandits
Une nation ayant un usage illicite de l’uranium enrichi avec une étoile rouge sur les ailes de ses avions. Même si la Russie n’est pas nommée on voit bien l’idée, surtout que l’on a une scène avec un hélicoptère d’attaque lourd Mi-24. Seule la Corée du Nord pourrait faire illusion comme ennemi du fait de l’aspect polémique du nucléaire mais personne ne manquera de penser que c’est bien la Russie du méchant Poutine qui est visée.
Les missiles de croisière
On assiste à une scène d’attaque au sol de missiles de croisière Tomahawk pour neutraliser la base aérienne en protection du site sensible. Ces missiles sont les mêmes que ceux envoyés il y a 2/3 ans sur la Syrie en geste de représailles au méchant Bachar. Pour mémoire, la plupart avait été abattus ou désactivés par les défenses anti-aériennes syriennes et russes, pour la plus grande humiliation de l’US Navy.
Ce sont des missiles subsoniques largement dépassés technologiquement par le Kalibr russe supersonique. Les Russes en font d’ailleurs un usage massif en Ukraine sans que l’Occident puisse y faire quoi que ce soit, voyant les envois d’armes détruits de loin par l’armée russe.
On voit même un officier supérieur sur le porte-avion attendre l’impact des missiles sur le terrain d’aviation pour indiquer que le rubicon a été franchi. Si la Navy a validé le scénario, j’aurais un peu honte d’en faire partie, comme si la partie en défense n’avait pas installé de radar côtier pour voir la flottille américaine se balader sous son nez et des missiles partir. On va dire que c’est pour le suspense mais ça donne aussi à penser que les populations occidentales n’ont qu’une très petite idée de ce qu’est réellement une guerre moderne et que rien ne va être fait pour les éclairer.
Le blouson
A gauche, dans la version 2, on reconnaît le drapeau japonais dont un futur article donnera quelques éléments sur la soumission du japon à la politique agressive américaine dans le pacifique et en mer de Chine mais surtout juste à droite, celui de Taïwan. Le message a été bien reçu à Pekin.
Le dog fight
Le combat aérien rapproché pour les intimes. C’est vraiment sympa à regarder, les leurres infra-rouge sont bien mis en évidence, rien à redire mais il y a quelques détails qui prêtent à sourire.
Le vol d’un F-14 sur la base aérienne de protection, ayant échappé au bombardement, est plutôt bien vu, un joli clin d’œil au 1er film. Merci aux russes d’en avoir laissé 1 armé avec le plein, sans gardes et un bout de piste pour décoller.
Les nouveaux pilotes et les russes auraient du regarder le 1er Top Gun, ils auraient pu noter la petite manœuvre de Maverick avec les aéro-freins pour inverser l’avantage et passer derrière en prenant l’avantage.
On peut aussi imaginer que les russes n’ont pas prêtés 1 ou plusieurs Su-57 pour le film et les scènes de combat avec les avions ennemis, il s’agit donc d’images de synthèses et on peut d’ailleurs assister à un magnifique Cobra d’un pilote russe, ce qui ne lui sauvera pas la vie, faut pas exagérer quand même.
Mais quand même qu’un F-14 puisse abattre 3 Su-57, c’est limite même si c’est Tom Cruise qui pilote. D’un point de vue technique ces avions de 5ème génération, furtifs, ont pour principe de tirer de loin sans s’approcher. Dans la vraie vie, le F-14 n’aurait même pas vu venir la menace.
Les guerres du futur
A nouveau, le scénario ne donne pas une idée réaliste aux spectateurs occidentaux et pourrait laisser croire que l’aviation de l’OTAN pourrait s’engager en Ukraine sans trop de soucis à se faire.
Le sujet de la technologie est néanmoins évoqué au début du film ou Ed Harris, amiral, explique à Tom que les pilotes, c’est fini et que l’avenir est aux drones. Plus l’IA pour coordonner les radars, les missiles, la défense anti-aérienne. Rien dans ce film ne permet de se faire une idée des guerres à venir entre nations de 1er rang.
Hervé