Journaliste, Renseignement, Stratégiste, Hacker.
Interview publiée le 30 Décembre sur la chaine Youtube Thinkerview
Après un 1er épisode commenté dans ce post sur l’économie, l’équipe de Thinkerview revient avec un opus sur la situation intérieure.
Trois élus :
- Hervé Brusini – France 2
- Pierre Conasa – Ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense
- Eric Filiol – Ex-DGSE
Comme dans le premier opus, si je me permets ces quelques remarques, c’est que la source est de grande qualité. L’ensemble est très au dessus des 20h de France 2 ou de TF1, et c’est un euphémisme. Je vous invite à suivre leur travail et même à revenir sur leurs précédentes vidéos.
Voici seulement quelques remarques au vol en écoutant les réponses mais aussi ce qui n’est pas dit ou pas repris.
7’35 – «Assad est un effroyable dictateur» : Étrange déclaration car Assad a été réélu avec 80% des voix. Comment alors peut-il être soutenu par son peuple, y compris les sunnites qui se sont réfugiés à 70% dans la zone contrôlée par l’armée légaliste ? Effroyable, mais alors la France, les États-Unis pour leur rôle en Libye ? Pierre Conesa décrit très bien la situation et se permet de taper sur l’Arabie saoudite, mais comment peut-il balayer Assad d’un revers de main ainsi que toute la complexité de la situation syrienne ? C’est du coup étonnamment pauvre pour un expert. Et personne ne relève… On ne peut que lui conseiller de suivre ce qui se passe en Syrie sur notre modeste blog 🙂
8’07 Brusini : Il est courageux d’être venu, il faut le noter. Il tente d’expliquer l’inexplicable et, s’il donne une vérité de son point de vue, se noie quand même dans son verre d’eau. C’est long et terrible pour la profession, mais vraiment courageux ou inconscient. Il croit peut être à ce qu’il dit. Peut être ignore-t-il tout simplement ce qui se passe sous la table ou ne veut-il pas y croire ?
12′ Filiol : Il balance la réalité sous le nez de Brusini : censure, manipulation, etc. provenant de l’Otan, qui de fait, contrôle notre armée, une bombe, quoi ! Sans que les autres ne bronchent… Enfin, l’interviewer essaie bien, mais Conesa évacue tranquillement la question. Visiblement, lui aussi a suivi la formation à l’Otan.
26′ Brusini : Dans les rédactions, tout le monde en est conscient… C’est Filiol qui vient à la rescousse pour expliquer le rôle des agences de com, la noyade des infos pertinentes (mais qui le fait alors ?). Pourquoi Brusini est-il incapable de cette lucidité ?
33’13 Brusini : Nous sommes préposés au discours de vérité. Cela n’a qu’une valeur relative, c’est comme on veut. Mais démissionne, mon gars, si tu ne te sens pas impliqué ! Dire un bout de vérité dans un océan de mensonges permet de cautionner ce théâtre pour cacher les vrais décideurs. Comment peut-il ne pas en avoir conscience ?
52′ Fiĺiol : Recul de la culture générale pour juger de la capacité à comprendre. Le niveau baisse à chaque génération. C’est un constat très pertinent que tous les parents peuvent faire en regardant le niveau demandé à leurs enfants, constat assumé par les élites visiblement. Dans une société où les classes moyennes sont condamnées à disparaître, c’est tout simplement que le plan se déroule tranquillement comme prévu.
1h07 Petite vidéo choc : Extrait qui déménage de Rampage 2 très centré
sur le contexte US et très discutable sur certains aspects certes.
Réactions : Conesa indique que oui nos démocraties tuent des millions de gens et acceptent l’inacceptable, mais il ne lui vient pas à l’idée que, précisément, c’est que nous ne sommes pas en démocratie. Il arrive même sans rire à dire que le Patriot Act ne viole pas le droit des Américains…
Filiol parle du terrorisme qui viendrait du Tea Party sans se demander s’il n’y a pas un lien avec le Patriot Act et les agissements de l’État américain…
Et Brusini, sans se démonter, explique que le problème de ce film est qu’il manque d’esprit critique alors que les gens qui pourraient apporter cette critique sont ostracisés par les médias, dont ceux de service public. Rien sur les accusations, rien sur cette fausse démocratie. Peut-être est-ce tout ce qu’il est possible de dire.
On sent qu’on est dans la zone grise entre nous qui n’avons qu’une petite audience et pouvons publier à volonté, mais sans moyen de vérification autre que de recouper les sources, et les médias grand public qui manipulent sans vergogne mais que plus personne n’écoute vraiment.
Pour finir et vous faire profiter de mon livre de chevet actuel, voici un extrait de l’introduction de la très belle édition Evergreen de L’Art de la Guerre de Sun Tzu. C’est Mo Tzu qui parle, un des rares à se dresser contre le climat amoral, déjà, pendant la période des Royaumes Combattants :
Quand un homme tue un innocent, […] il commet un crime […] Mais lorsque qu’il s’agit d’un meurtre commis en attaquant un pays, on n’y voit aucun mal ; on applaudit, on parle de justice. Peut-on ainsi savoir distinguer le bien du mal ? […]
Si un homme appelle noir ce qui est noir à petite échelle, mais blanc ce qui est noir à grande échelle, il n’est pas capable de distinguer le blanc du noir.
Il semble que depuis 400 av JC, le monde ait peu progressé, du moins les élites. On peut même se demander si M. Conesa a lu Sun Tzu, ce qui serait dommage s’il ne l’avait pas fait en tant qu’ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense. Ou alors, si j’étais perfide, je pourrais dire qu’il ne le connaît que trop bien.
Les commentaires sont l’œuvre d’Hervé pour le Saker Francophone
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