Par Wayan – Le 28 août 2023 – Le Saker Francophone
Le sommet des BRICS
Qui fut l’événement géopolitique de cette semaine.
Il a déjà fait parler de lui il y a quelques semaines quand l’Afrique du Sud, un pays signataire de la charte de la Cour Pénal Internationale, s’est vue notifier par cette même cour son obligation d’arrêter Poutine s’il débarquait sur le sol sud-africain pour participer au sommet des BRICS :
« Alors que le président sud-africain refuse toujours de s’exprimer clairement sur le sujet, des documents rendus publics par la justice ont parlé pour lui. Étant signataire du Statut de Rome, l’Afrique du Sud serait dans l’obligation d’arrêter le chef du Kremlin s’il venait à se présenter sur son sol lors du sommet des BRICS.
Mais selon Cyril Ramaphosa, « la Russie a clairement indiqué qu’arrêter son président en exercice serait une déclaration de guerre. Et il ne serait pas cohérent, avec notre Constitution, de nous risquer à entrer en guerre » avec elle. Le chef de l’État sud-africain répondait dans ces documents à une requête du principal parti d’opposition du pays, qui tente de s’assurer que la justice suivra son cours si Vladimir Poutine se présente en personne. »
Les Etats-Unis avaient déjà mis la pression :
« L’Afrique du Sud a rendu furieux de nombreux pays, dont les États-Unis, lorsqu’elle a accueilli et participé à des exercices navals avec la Russie et la Chine en février, coïncidant avec le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine.
En mai, l’ambassadeur américain en Afrique du Sud, Reuben Brigety, a accusé le pays d’« armer » la Russie, le qualifiant de « fondamentalement inacceptable ». »
https://www.npr.org/2023/07/19/1188568761/russia-putin-south-africa-brics-summit
Finalement, pour éviter tout problème inutile :
« Après plusieurs mois de spéculation sur la venue ou non de Vladimir Poutine à Johannesburg, pour le sommet annuel des BRICS prévu fin août, le Kremlin a annoncé ce 19 juillet que le président russe participerait par visioconférence. Vladimir Poutine a décidé de participer au sommet des BRICS par visioconférence, ce sera une participation à part entière, a déclaré ce 19 juillet Dmitri Peskov à l’agence RIA Novosti. »
https://francais.rt.com/international/106365-brics-vladimir-poutine-sommet-johannesburg
Pour ceux qui veulent plus de détails sur l’affaire, DeDefensa en a fait un résumé :
« Finalement, la solution retenue satisfait l’Afrique du Sud : Poutine parlant en téléconférence, Lavrov menant la délégation russe. Il s’agit d’un canard boiteux bien entendu, où les Sud-Africains sont satisfaits d’avoir “sauvé” le sommet et les Occidentaux de l’avoir “compromis” par le sauvetage lui-même.
Certains commentateurs sont sévères, sinon très sévères. C’est le cas d’Andrew Korybko, qui juge que l’épisode a montré que l’association des BRICS n’est nullement une garantie d’exercice d’une pleine souveraineté (anti-occidentaliste) comme certains le croient et l’affirment. Il ne soupçonne nullement l’Afrique du Sud d’avoir manœuvré pour contrecarrer la venue de Poutine, mais de s’être montrée très maladroite dans l’exercice, aggravant les conditions de communication de cette affaire, la rendant très difficile à gérer, empêchant qu’elle se règle en secret »
https://www.dedefensa.org/article/un-brics-sans-poutine
Puis, une série d’articles ont cherché à semer la discorde entre les 5 membres du groupe sur un sujet qui doit fâcher les dirigeants occidentaux, l’élargissement des BRICS :
« L’Inde et le Brésil s’opposent à une tentative chinoise d’élargir rapidement le groupe BRICS de marchés émergents pour accroître son influence politique et contrer les États-Unis, ont déclaré des responsables connaissant le sujet.
Les pays ont soulevé des objections lors des pourparlers préparatoires d’un sommet à Johannesburg le mois prochain où le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud discuteront de l’élargissement potentiel du groupe pour inclure l’Indonésie et l’Arabie saoudite. La Chine a fait pression à plusieurs reprises pour une expansion lors de ces réunions, ont déclaré les responsables, qui ont demandé à ne pas être identifiés car les discussions sont privées. »
« La Chine envisage de faire pression pour que le bloc des BRICS devienne un rival à part entière du G7 lors de son prochain sommet en Afrique du Sud, a rapporté le Financial Times dimanche.
Selon des sources anonymes, Pékin se serait « heurté » à l’Inde au sujet de la perspective d’élargir la composition du groupe dans la période précédant l’événement, qui devrait avoir lieu à Johannesburg entre le 22 et le 24 août.
Le journal note qu’il n’y a pas d’accord entre Pékin et New Delhi sur la question de savoir si les BRICS – qui comprennent actuellement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – devraient être un club économique non aligné ou une force politique qui défie ouvertement l’Occident.
« Si nous élargissons les BRICS pour qu’ils représentent une part du PIB mondial similaire à celle du G7, notre voix collective dans le monde deviendra plus forte », a déclaré un fonctionnaire chinois anonyme au Financial Times. »
https://www.rt.com/news/581571-brics-expansion-china-india/
« Le ministère chinois des affaires étrangères a confirmé son intérêt pour un élargissement rapide, déclarant dans un communiqué que Pékin « soutient les progrès réalisés dans l’élargissement du nombre de membres et souhaite que d’autres partenaires partageant les mêmes idées rejoignent la « famille BRICS » à une date rapprochée ».
La Russie a déclaré que l’élargissement figurerait en bonne place à l’ordre du jour du prochain sommet des BRICS. Le président Vladimir Poutine n’y participera pas, car il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Le ministère indien des affaires étrangères n’a pas répondu à une demande de commentaire. Un représentant du gouvernement a déclaré à Reuters : « L’Inde émet des réserves quant à l’élargissement… Si cela doit se faire, cela doit se faire par consensus ».
L’Afrique du Sud, premier bénéficiaire de l’élargissement des BRICS en 2010, soutient désormais l’inclusion de nouveaux membres, bien que le président sud-africain Cyril Ramaphosa ait déclaré que la formule d’élargissement nécessitait « un examen plus approfondi et une meilleure compréhension ».
Le gouvernement brésilien soutiendra que tout élargissement devrait être progressif, maintenir l’équilibre régional et conserver les rôles prééminents des cinq membres permanents, ont déclaré à Reuters les sources à Brasilia. »
Quand une série articles simultanées se réfèrent tous à des sources anonymes, c’est un signe que ce n’est plus de l’info mais de la propagande.
Rapidement les dirigeant des pays concernés ont démenti ces « infos » :
« Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré mercredi qu’il soutenait le fait que davantage de pays rejoignent le groupe BRICS des grands pays en développement, qui comprend actuellement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. »
https://apnews.com/article/brazil-brics-membership-expansion-a3c625f54dc7034d61f3e9a7f91a9b13
« L’Inde a démenti jeudi qu’elle s’inquiétait de l’expansion proposée par les BRICS, une affirmation qui avait été rapportée en début de semaine par Reuters. Le Brésil s’est également prononcé en faveur de l’élargissement du bloc, réfutant ainsi le même rapport de l’agence de presse, qui qualifiait le pays de « principal obstacle » à la croissance du bloc. »
https://www.rt.com/india/580762-india-supports-brics-expansion/
Bhadrakumar, un diplomate indien, nous propose son analyse de cette manip :
« Les propos du ministre sud-africain des affaires étrangères, Naledi Pandor, à propos de l’article de Reuters sont tout à fait pertinents. Pandor a déclaré : “J’ai parlé à plusieurs collègues au sein du gouvernement et à l’extérieur, et tout le monde a été stupéfait par cette rumeur. Je pense que quelqu’un qui essaie de gâcher notre sommet crée toutes sortes d’histoires qui suggèrent qu’il ne sera pas couronné de succès. Le premier ministre indien n’a jamais dit qu’il ne participerait pas au sommet. Je suis en contact permanent avec le ministre des affaires étrangères Jaishankar. Il n’a jamais dit cela. Nos sherpas sont en contact et ils ne l’ont jamais dit. Nous avons donc tous essayé de chercher l’aiguille dans la botte de foin qui est à l’origine de cette rumeur“.
Il n’y a pas si longtemps, l’Occident se moquait des BRICS comme d’un papillon inefficace battant des ailes dans le vide d’un ordre mondial dominé par le G7. Mais l’”effet papillon” se fait sentir aujourd’hui dans la refonte de l’ordre mondial.
En termes simples, le flot torrentiel d’événements survenus l’année dernière autour de l’Ukraine a fait remonter à la surface la lutte existentielle de la Russie contre les États-Unis, ce qui a déclenché un changement tectonique dans le paysage international, dont l’un des aspects transformateurs est la montée du Sud global et son rôle de plus en plus important dans la politique internationale. »
https://lesakerfrancophone.fr/loccident-fait-de-la-paranoia-au-sujet-du-sommet-des-brics
Puis, à l’approche du sommet, les pays concernés ont commencé à exposer leurs attentes et l’élargissement du groupe sera bien au programme :
« Le président sud-africain est revenu sur l’un des principaux dossiers qui sera à l’ordre du jour de ce 15e sommet des Brics, à savoir la question de l’élargissement du groupe, avec une possible ouverture à d’autres pays : « Plus de vingt pays du monde entier ont formellement postulé pour rejoindre les Brics. Et l’Afrique du Sud soutient l’augmentation du nombre de membres. Une version élargie pourra représenter un groupe plus divers de nations, qui ont différents systèmes politiques, et qui partagent un désir commun d’établir un ordre mondial plus équilibré. » »
« C’est par leurs noms que le président chinois a énuméré les six nouveaux entrants, dont l’adhésion prendra effet à compter du 1er janvier 2024 : « Argentine, Égypte, Éthiopie, Arabie saoudite, Émirats arabes unies et Iran ». Une expansion sur laquelle le « club des cinq », qui pèse un quart de la richesse et 42% de la population mondiale, a dû se mettre d’accord. »
On remarquera que l’article de RFI reprend les arguments de dissension entre membres des BRICS alors qu’ils ont été démentis tant par le Brésil que par l’Inde, entretenant ainsi la désinformation sur une dissension entre pays des BRICS :
« La Chine, qui représente 70% du PIB du groupe, a fait pencher la balance en faveur d’une accélération d’un processus sur lequel l’Inde avait demandé un « consensus » préalable, et auquel le Brésil s’était montré plutôt réticent. »
Et présente la Chine comme si elle était le leader du groupe :
« Cet élargissement, la presse d’État chinoise en parle autant que s’il s’agissait d’un départ de mission spatiale dans le pays, car il traduit le poids de la diplomatie chinoise au sein du groupe. Les six nouveaux membres des Brics sont en effet des proches de Pékin, qui font partie du groupe d’amitié de l’initiative de développement globale et de sa principale composante, le Global South (Sud global), lancé par Xi Jinping à l’ONU en 2021. La Chine entend faire de ces « Brics+ » un concurrent du G7, ce qui est encore loin d’être le cas. À Pretoria, les pays du groupe ont rappelé leur position de « non alignés ». »
De son coté, Xi Jinping parle d’unité et de coopération entre les membres :
« Le président chinois Xi Jinping a déclaré lors de la réunion d’information que l’expansion des BRICS était historique et constituait un nouveau point de départ pour la coopération entre les membres du groupe. Elle démontre la détermination des pays des BRICS à s’unir et à coopérer avec d’autres pays en développement, répond aux attentes de la communauté internationale et sert les intérêts communs des marchés émergents et des pays en développement.
L’expansion insufflera également une nouvelle vitalité au mécanisme de coopération des BRICS, et renforcera davantage les forces pour la paix et le développement dans le monde, a déclaré M. Xi, notant que tant que les pays des BRICS s’unissent, beaucoup de choses peuvent être accomplies dans la coopération des BRICS, et un avenir prometteur attend les pays des BRICS. »
https://www.globaltimes.cn/page/202308/1296926.shtml
Quant à une éventuelle monnaie commune pour se libérer du commerce en dollar, elle n’est pas à l’ordre du jour :
« Les rumeurs selon lesquelles le groupe des puissances émergentes des BRICS devraient établir leur propre monnaie pour réduire leur dépendance à l’égard du dollar ne sont pas sérieusement envisagées et ne l’ont jamais été, a déclaré le ministre des Finances de l’Afrique du Sud.
« Personne n’a abordé la question d’une monnaie des BRICS, pas même lors de réunions informelles », a déclaré Enoch Godongwana dans une interview en marge du sommet annuel du bloc à Johannesburg jeudi. « La création d’une monnaie commune suppose la création d’une banque centrale, ce qui suppose une perte d’indépendance en matière de politique monétaire, et je pense qu’aucun pays n’est prêt à cela. » »
Ce ne sont pas les pays du sud de l’UE qui vont le contredire.
Après les grands projets et discours, retour à la réalité. Pour l’instant deux obstacles se profilent face aux BRICS : 1. La réaction du monde occidental et l’attitude à adopter face à cette réaction. 2. La relation entre deux des piliers fondateurs, la Chine et l’Inde.
Voyons quelques points de vue sur ce sujet. D’abord celui d’un indien, l’ancien ambassadeur Bhadrakumar :
« Ne vous y trompez pas : toute l’expérience d’institutions fortes et de gouvernance mondiale se trouve être l’expérience de l’Occident sur la base de valeurs communes et d’intérêts partagés. Ironiquement, cela explique aussi leur « mentalité de bloc ». Les BRICS, au contraire, manquent d’une telle cohésion et de la capacité de définir l’agenda mondial, ce que le G7 fait depuis des décennies. C’est pourquoi un pays comme l’Inde attendra toujours des BRICS, en tant que communauté, qu’ils visent non pas à détruire l’ordre mondial existant, mais à l’améliorer. L’Inde ne veut pas l’effondrement de la globalisation, des institutions et du droit international. En d’autres termes, l’Inde préfère créer, dans le cadre de l’ordre existant, des règles, des normes et des modes de coopération qui permettraient de préserver ses avantages et d’éliminer ses défauts.
Pour l’Inde, c’est à la fois une question de tactique et de stratégie. L’ordre fondé sur des règles qui prévaut donne à l’Inde un sentiment de sécurité et renforce la multipolarité en Asie. On croit à tort que l’Inde subit des pressions pour suivre le mouvement des États-Unis. Cela aurait pu être le cas auparavant, mais l’Inde d’aujourd’hui, sous la direction actuelle en particulier, élargit consciemment ses relations avec les États-Unis, dans un sens qu’elle considère comme étant dans son propre intérêt national. Il s’agit du résultat logique de la trajectoire politique indienne depuis les années 1990 et bénéficie d’un « consensus bipartisan » entre le parti au pouvoir et le principal parti d’opposition. C’est même devenu une tendance à long terme qui semble déjà irréversible.
Plusieurs facteurs entrent en jeu ici et l’un des principaux est, paradoxalement, la montée phénoménale de la Chine, le partenaire indien dans le cadre des BRICS, qui suscite des sentiments alarmistes dans le pays. Le partenariat avec les États-Unis est l’un des rares moyens par lesquels l’Inde espère aborder le paradigme de sécurité. Cela dit, les partenaires BRICS de l’Inde peuvent et doivent faire confiance à l’Inde pour continuer à mener une politique étrangère indépendante fondée sur ses intérêts nationaux. Il n’y a aucune raison de douter que l’Inde a confiance dans l’influence décisive des BRICS dans l’élaboration des principaux aspects de l’agenda mondial qui rendront le monde plus juste et plus stable. »
Puis celui de Korybko qui va dans le même sens :
« Les événements des dix-huit derniers mois, depuis le début de l’opération spéciale russe, ont convaincu l’Occident que la transition systémique mondiale vers la multipolarité est irréversible, ce qui explique pourquoi il est désormais disposé à envisager des réformes de ses modèles hégémoniques. Le chancelier allemand Olaf Scholz, l’ancienne directrice pour l’Europe et la Russie au Conseil national de sécurité des États-Unis Fiona Hill et le président des affaires mondiales de Goldman Sachs Jared Cohen l’ont tous suggéré le même jour à la mi-mai.
Ils estiment que l’Occident doit s’engager avec le Sud sur un pied d’égalité, ce qui nécessite de réduire certaines de ses pratiques d’exploitation les plus flagrantes afin de ne pas perdre davantage de cœurs et d’esprits au profit de l’Entente entre la Chine et la Russie. À cette fin, ils sont positivement enclins à accepter des changements graduels du système financier mondial tels que ceux que les responsables des BRICS ont confirmé avoir à l’esprit, mais ils répondront résolument à tout développement révolutionnaire qui risquerait d’accélérer radicalement cette transition.
En d’autres termes, les BRICS veulent “jouer la carte de la sécurité” parce que tous leurs membres, à l’exception de la Russie, entretiennent des relations d’interdépendance économique et financière complexes avec l’Occident, qui ne devrait pas réagir de manière excessive à leurs réformes au coup par coup puisque leurs propres décideurs politiques les considèrent désormais comme inévitables. Parmi ces quatre membres, deux écoles de pensée prédominent, représentées par la Chine et l’Inde, dont les différences de vision respectives ont été expliquées en détail ici.
En bref, la Chine veut accélérer l’internationalisation du yuan et intégrer les BRICS dans l’initiative “Belt & Road” (BRI), tandis que l’Inde veut donner la priorité aux monnaies nationales et maintenir les BRICS officiellement séparés de la BRI. Tous deux s’accordent à dire que les changements apportés au système financier mondial doivent être progressifs, afin d’éviter de provoquer une réaction excessive mutuellement préjudiciable de la part de l’Occident, avec lequel tous ces pays, à l’exception de la Russie, entretiennent des relations d’interdépendance complexes. »
https://www.dedefensa.org/article/les-brics-et-leurs-narrative
Mais, pour De Defensa, leurs analyses oublient un aspect principal du problème, l’attitude que l’Occident, en pleine crise existentielle, décidera d’adopter face à cet élargissement :
« Tout de même, les BRICS, notamment l’Inde et le Brésil, – auxquels il nous faut revenir, – ne sont certainement pas, et de loin, à ce niveau de bassesse et d’ignominieuse bêtise qui a saisi la Grande Nation comme une lèpre venue des bas-fonds de la bourgeoisie fardée et maquillée. Mais eux aussi se font d’incroyables illusions sur l’avenir d’un lien, – quel qu’il soit d’ailleurs, – avec les USA en cours de désintégration. C’est de ce point de vue que je ma place pour dire : ne tracez pas de plans sur la comète pour l’avenir des BRICS, dans ce sens, selon cette stratégie, non plutôt celle-là, etc.
La seule vertu des BRICS est qu’ils existent et que tout le monde se précipite. Ainsi est plantée une borne fondamentale qui témoigne, par sa seule existence, de l’effondrement du reste. L’Utilité des BRICS commence là et, en attendant, s’arrête là, – quoique, je l’avoue, et dans tous les cas de figure de simulacre, une entente entre le monde américaniste-occidentaliste et les BRICS pour réformer l’actuel système, est plus qu’une illusion, mais une fantasy de simulacre absolument grotesque quoiqu’hollywoodienne, – ou bien parce qu’hollywoodienne. On ne coopère pas avec les USA, on se soumet, – enfin, tout cela au passé puisque, revenant à nos moutons, nous actons, et les BRICS avec nous, de l’effondrement du monstre. »
https://www.dedefensa.org/article/mon-brics-a-brac-a-moi
Blakenship prend le cas concret de l’Argentine, un des nouveaux membres, pour donner un exemple du genre de difficultés que peut rencontrer un groupe aussi étendu que les BRICS :
« Il convient également de souligner que l’Argentine est confrontée à une élection présidentielle difficile en octobre de cette année. L’économiste d’extrême droite Javier Milei a remporté une élection primaire stupéfiante et affrontera le candidat de centre-gauche Massa, choquant les marchés et la société polie. Il a promis de rompre les relations commerciales avec la Chine et de réorienter l’Argentine vers le “monde civilisé“, ou “l’Occident“, comme il l’a dit, et de mettre en œuvre une politique économique radicale axée sur le marché, semblable à celle de l’ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet. Milei s’est également entretenu la semaine dernière avec des fonctionnaires du FMI, leur assurant qu’il était leur homme.
Enfin, nous savons que les BRICS ont officiellement invité six nouveaux membres, dont l’Argentine. Leur adhésion devrait être finalisée à partir de janvier 2024. Mais si Milei remporte l’élection présidentielle dans l’intervalle, il est presque certain que son pays sera soudainement retiré du bloc. Cela porterait préjudice à tous les membres du groupe et nuirait irrévocablement à l’image des BRICS. Pour le centre-gauche argentin, l’alignement sur l’Occident est une situation indésirable. Ils considèrent qu’il s’agit d’une décision imprudente, car la dette du FMI imposée au pays par Washington et leur ancien président, Mauricio Macri, sont essentiellement à l’origine des malheurs actuels de l’Argentine. »
Le poids du politiquement correct sur la pensée collective
La semaine dernière nous expliquions que les points de vue sont contrôlés par l’emprise d’un « politiquement correct », décidé et claironné par les médias, sur leurs lecteurs, auditeurs et spectateurs. C’est ce « politiquement correct » qui établit les lignes rouges à ne pas franchir dans l’argumentation socio-politique sous peine de rejet social. En langage psychologique ce « politiquement correct est appelé « pression sociale ». Elle touche tous ceux qui participent à la vie sociale, à tous les niveaux. Elle s’exerce autant au cours d’un diner entre amis que dans le débat politique public. Les médias, en gérant cette « pression sociale » influence directement la conscience collective et détermine ce qu’il est correct de dire et ce qui ne l’est pas.
Nous allons revenir sur un fait divers, vaguement abordé la semaine dernière, pour donner un exemple du poids et des conséquences de ce « politiquement correct ».
Nicolas Sarkozy, surement parce qu’il est en fin de carrière et n’a plus d’ambition politique à défendre, a osé briser ce politiquement correct au cours d’une interview au Figaro. Un entretien à accès payant, pas du tout commenté par le reste de la presse française mais qui a, bien sûr, attiré RT :
« Malgré les nombreux désaccords qu’il relève entre les deux pays, Nicolas Sarkozy a estimé que la France et la Russie doivent trouver un terrain d’entente. « Nous avons besoin d’eux et ils ont besoin de nous », plaide-t-il. Jugeant que « Poutine a eu tort » d’intervenir en Ukraine, Nicolas Sarkozy poursuit toutefois : « Une fois que l’on a dit cela, il faut avancer et trouver une voie de sortie. » « La Russie est voisine de l’Europe et le restera », insiste-t-il.
Revenant sur la posture adoptée par Emmanuel Macron sur le dossier ukrainien, Nicolas Sarkozy juge qu’il a été dans une bonne démarche mais qu’en raison de la pression des pays de l’Est et des Américains, il n’a pas pu maintenir le cap. Il prône « une solution acceptable » avec des compromis, sinon « cette poudrière pourrait avoir des conséquences redoutables ». Un retour de la Crimée dans le giron ukrainien est « illusoire », selon Sarkozy Lorsque Le Figaro l’interroge sur le jusqu’au-boutisme de cette guerre, Nicolas Sarkozy se questionne : « S’agit-il de récupérer le Donbass ? De reprendre la Crimée ? Ou bien d’aller jusqu’à Moscou ? » Au sujet de la péninsule de Crimée, il admet que la « majorité de la population s’est toujours sentie russe ». « Je pense que tout retour en arrière est illusoire », ajoute-t-il. Pour ce qui est des autres régions disputées entre Kiev et Moscou, l’ancien président français propose, en cas de conflit gelé et de non victoire d’un camp sur l’autre sur le terrain, « des référendums strictement encadrés par la communauté internationale ». L’Ukraine doit rester « un pays neutre » ».
https://francais.rt.com/international/106717-guerre-ukraine-relations-franco-russes-sarkozy
Si l’entretien lui-même n’a guère été commenté par les médias, les réactions qu’il a provoquées l’ont été. Une interview qui a déclenché « une tempête au cœur de l’été » selon France 24 :
« Les répliques n’ont pas tardé. Julien Bayou a ouvert le feu jeudi matin : « Un ancien président ne devrait pas dire ça », a estimé le député écologiste sur LCI, fustigeant une interview « lunaire » et « choquante ».
Nicolas Sarkozy commet « une faute terrible », mais « on le comprend mieux quand on sait qu’il est acheté par les Russes« , a-t-il ajouté, évoquant les liens entre Nicolas Sarkozy et une société d’assurance russe.
Un contrat à trois millions d’euros, objet depuis 2021 d’une enquête du parquet national financier pour « trafic d’influence » et « blanchiment de crime ou délit ». Une preuve de plus de « l’emprise des élites par la Russie » selon Julien Bayou, au même titre que les activités dans le pétrole de François Fillon et l’emprunt bancaire de Marine Le Pen.
Dans la majorité également, l’eurodéputée (Renew) Nathalie Loiseau a déploré sur X (ex-Twitter) « la dépendance d’une partie de la classe politique européenne aux vues de Vladimir Poutine« , tandis que son collègue belge Guy Verhofstadt se demande s’il faut « rire ou pleurer » des déclarations de Nicolas Sarkozy, emblématiques des « erreurs tragiques » vis-à-vis d’une Russie devenue « un État terroriste« .
« Logique criminelle«
L’analyse de Nicolas Sarkozy « illustre puissamment la confusion des élites françaises sur la Russie et affaiblit encore une fois la voix de notre nation en Europe. Pathétique », a déploré l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, allié du Parti socialiste…
Le pouvoir ukrainien n’en attend pas moins, rejetant toute velléité de référendum et blâmant la « logique criminelle » de Nicolas Sarkozy, qui « justifie la guerre d’agression » du Kremlin, ce qui équivaut à une « complicité directe« , selon Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. »
On se rappelle que l’adjoint de Stoltenberg, le chef de l’OTAN, avait été obligé de faire marche arrière quand il avait suggéré de trouver un compromis sur la fin de la guerre en échange de la Crimée et Stoltenberg lui-même, tout puissant qu’il est du haut de l’OTAN, s’était excusé.
On voit ainsi clairement qu’une des lignes rouges du « politiquement correct » est « on ne discute pas avec Poutine, on ne l’envisage même pas », « soit il capitule en rendant la Crimée soit on continue à le bouder et le considérer comme un criminel ». Sur un sujet comme l’Ukraine, et bien d’autres, il n’y a plus de débat d’opinion possible. Toute personne franchissant la ligne rouge est traitée de tous les noms, toute discussion sérieuse sur le sujet traitée de « capitulation devant Poutine », la Russie elle-même « d’Etat terroriste », une ambiance collective hystérique qui empêche d’envisager d’autres portes de sortie que la « capitulation de la Russie et le retour de la Crimée dans le giron de l’Ukraine ». Une porte de sortie totalement illusoire et inatteignable. Or les illusions n’ont jamais accouché de bonnes stratégies. Ce qui veut dire que les élites politiques française et européennes n’ont tout simplement aucun plan de sortie pour le bourbier ukrainien et que toute discussion réaliste sur un plan de sortie franchit directement les lignes du « politiquement correct » et est interdite. Cela serait donc aux Etats-Unis d’en trouver une, mais là-bas aussi le politiquement correct est très fort et la prochaine campagne électorale empêchera Biden de « parlementer avec Poutine ».
Sans parler de l’Ukraine elle-même où le principal conseiller de Zelenski parle comme un hystérique, reflet de l’état d’esprit actuel du gouvernement Zelenski :
« « La fantastique logique criminelle de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, dans laquelle il justifie les guerres expansionnistes de la Russie, expose une fois de plus l’une des raisons fondamentales de la guerre d’aujourd’hui. L’encouragement par les dirigeants des pays occidentaux des projets criminels de Poutine de s’emparer de terres étrangères en 2008 et en particulier en 2014 a contribué au début d’une agression à grande échelle en Europe et au massacre d’Ukrainiens », a écrit jeudi Mykhailo Podolyak sur Twitter.
« L’encouragement de Sarkozy est une complicité directe dans un crime de longue date. Les criminels ne peuvent pas être encouragés avec des phrases comme « la terre en échange de la paix ». Il n’y a pas de « nouveaux territoires de la Russie », il n’y a pas de droit de la Russie à des référendums, il n’y a pas de particularités culturelles ou linguistiques. On ne peut pas commercer avec des territoires étrangers parce que vous craignez quelqu’un ou parce que vous vous associez à des criminels « , a déclaré Podolyak.
Il a souligné que « la Crimée et le Donbass sont incontestablement des territoires ukrainiens. Et par conséquent, la seule façon d’arrêter véritablement la guerre est de rétablir le droit international sur ces territoires. Ce qui ne signifie qu’une chose : la Russie doit perdre« .
« Moins de provocations, moins de déclarations contradictoires, moins d’incitations au crime. On ne peut pas répéter ‘l’expérience Sarkozy’ en 2023, où il a sciemment participé à un complot criminel visant à annexer des territoires ukrainiens par la Russie, suivi de l’organisation d’un génocide massif et d’une guerre« , a-t-il ajouté. »
https://odessa-journal.com/mykhailo-podolyak-we-cannot-repeat-the-sarkozy-experience-in-2023
La logique veut donc que ce sera la Russie qui décidera de quand cette guerre prendra fin et à quelles conditions, puisque personne d’autre ne veut en parler. Si les occidentaux ne l’acceptent pas ce sera leurs problèmes. Ou alors ils devront attaquer pour que « la Russie perde ». Mais ce serait un acte de folie car cette année à bien montrer le sous équipement militaire de l’Occident face à la Russie. Pour la troisième fois en cent ans, cela n’aboutira qu’à une énième destruction de l’Europe. Les européens ont-ils un si fort instinct suicidaire ?
Mais ce simple constat d’une évidente logique est interdit de médias grand public, à cause du « politiquement correct », qui nous impose de considérer la Russie comme « un Etat terroriste » (on remarque au passage que de proférer une telle absurdité ne choque pas France 24, un média politiquement correct). Par contre dire comme Sarkozy « il faut avancer et trouver une voie de sortie », est très mal vu alors que c’est une simple évidence. Le « politiquement correct » actuel est donc la voie royale vers la catastrophe. Mais il est bien sur « politiquement incorrect » de le dire. Sauf sur les médias alternatifs étiquetés « complotistes pro-Poutine » par ce même « politiquement correct ».
Et, comme nous le disions aussi la semaine dernière, ce sont les puissances financières qui, au travers des médias et des « experts » qui s’y expriment, déterminent ce qui est politiquement correct et ce qui ne l’est pas. Or ces puissances financières bénéficient largement de la tension militaire en Europe :
« Les 50 principaux groupes de réflexion américains reçoivent plus d’un milliard de dollars du gouvernement et des entrepreneurs de la défense
Le complexe militaro-industriel finance des groupes de réflexion américains soi-disant neutres à hauteur de plus d’un milliard de dollars par an.
Les 50 meilleurs groupes de réflexion d’Amérique, classés par le Go To Think Tank Index de l’Université de Pennsylvanie, ont reçu plus d’un milliard de dollars du gouvernement américain et d’entreprises de défense. Les principaux bénéficiaires de ce financement étaient la RAND Corporation, le Center for a New American Security et la New America Foundation, selon l’analyse du Center for International Policy.
Les dons à ces groupes de réflexion provenaient de 68 sources différentes du gouvernement américain et des entrepreneurs de la défense, représentant au moins 600 dons distincts. Les cinq principaux donateurs de la défense aux groupes de réflexion américains étaient Northrop Grumman, Raytheon, Boeing, Lockheed Martina et Air Bus. »
« Aux États-Unis, les groupes de réflexion sont une ressource incontournable pour les médias à la recherche d’avis d’experts sur des questions urgentes de politique publique. Mais les groupes de réflexion ont souvent des positions bien arrêtées ; un nombre croissant de recherches a montré que leurs bailleurs de fonds peuvent influencer leur analyse et leurs commentaires. Cette influence peut inclure la censure – à la fois l’autocensure et la censure plus directe des travaux défavorables au bailleur de fonds – et des accords de rémunération pure et simple avec les bailleurs de fonds. Le résultat est un environnement où les intérêts des bailleurs de fonds les plus généreux peuvent dominer les débats politiques des groupes de réflexion.
L’un de ces débats concerne le niveau approprié d’implication militaire américaine dans l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis la décision illégale et désastreuse de Vladimir Poutine de lancer une invasion à grande échelle de l’Ukraine, les États-Unis ont approuvé des dépenses militaires d’environ 48,7 milliards de dollars. Malgré le risque très réel que l’escalade puisse conduire à une implication militaire directe des États-Unis dans la guerre, rares sont ceux qui pensent ces groupes de réflexion ont examiné de manière critique ce montant record d’assistance militaire américaine. »
https://quincyinst.org/report/defense-contractor-funded-think-tanks-dominate-ukraine-debate/
Korybko perçoit pourtant un début de changement dans cette pression sociale qui, face à la dure réalité, ne peut que s’incliner :
« Au cours des 18 derniers mois, on a expliqué aux Occidentaux à quel point les Ukrainiens étaient intrépides et optimistes, afin de convaincre les premiers de continuer à soutenir la décision de leurs dirigeants de financer les seconds, mais aujourd’hui, les médias dominants leur disent tout le contraire. Le Washington Post a écrit au début du mois que « la lenteur de la contre-offensive assombrit l’humeur en Ukraine« , suivi par The Economist qui a déclaré que « la lenteur de la contre-offensive ukrainienne aigrit l’humeur du public« .
Ces quatre mises à jour majeures ont été partagées au cours de la période de 10 jours qui s’est écoulée entre ces deux articles :
- Washington Post : « Les services de renseignement américains affirment que l’Ukraine ne parviendra pas à atteindre l’objectif principal de l’offensive. »
- CNN : « L’accent mis récemment par l’Ukraine sur la Crimée suscite le scepticisme de certains secteurs de l’administration Biden. »
- Washington Post : « L’Ukraine est à court d’options pour reprendre un territoire important«
- Financial Times : « Les États-Unis doutent de plus en plus que la contre-offensive ukrainienne puisse réussir rapidement«
L’impression que l’on retire de tout cela est qu’une nouvelle campagne d’information a commencé.
Comme nous l’expliquions dans cette récente analyse sur la façon dont « Une vicieuse partie de blâme se met en place après l’échec prévisible de la contre-offensive« , tout le monde se pointe maintenant du doigt, par désespoir, pour éviter d’assumer sa propre responsabilité dans ce désastre spectaculaire, ce qui a déclenché cette dernière tendance des médias. L’Occidental est désormais soit très confus s’il est un partisan inconditionnel de Kiev, soit justifié s’il s’est opposé au financement de la guerre par procuration menée par l’OTAN et la Russie en Ukraine…
Il s’agit d’une « opération de déprogrammation » visant à inverser l’effet que la propagande pro-ukrainienne/guerre et anti-paix/russe a eu sur les masses occidentales. L’objectif est de les conditionner à accepter le scénario des pourparlers de paix et le cessez-le-feu qui en résulterait s’ils étaient couronnés de succès. »
https://korybko.substack.com/p/western-media-is-nowadays-talking
Selon Korybko, les médias commencent donc à inverser la pression sociale pour que ce qui était considéré auparavant comme tabou, parler de négociations de paix avec Poutine, devienne admis et considéré comme nécessaire. S’ils en ont décidé ainsi, j’ai peu de doutes qu’ils arriveront à leur faim.
L’information médiatique n’est pas faite pour informer mais pour maintenir l’esprit de ceux qui s’y abreuve dans un consensus social favorable aux puissances financières. Car si une guerre d’attrition contre la Russie était favorable à leurs intérêts économiques, une guerre générale ne le serait pas. Sauf pour effacer des dettes qui commencent à devenir irremboursables…
L’Ukraine
Comme nous l’avons montré dans le chapitre précédent le politiquement correct empêche, pour l’instant, toute pensée pragmatique au sujet de l’Ukraine et maintient les dirigeants, ukrainiens et occidentaux, dans de dangereuses illusions. Commençons par ce que pense Joseph Borell de la Russie :
« La Russie est un « nain économique » et est analogue à « une station-service dont le propriétaire possède une bombe atomique ».
C’est ce qu’a déclaré dans une interview à El Pais le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell. Selon lui, la Russie n’est pas à la hauteur de la Chine, qui est un « véritable acteur géopolitique ». »
Après sa remarque disant « l’Europe est un jardin entouré d’une jungle », on connaissait sa vision caricaturale du monde, ce qui n’est pas de bonne augure pour un des plus haut diplomate de l’Union Européenne. Mais sa vision de la Russie est une illusion dangereuse car il fera partie des partisans d’une attaque directe contre la Russie, quand l’Ukraine sera définitivement vaincue. Sa remarque souligne d’ailleurs que sans la « bombe atomique » ce serait peut-être déjà fait.
Bien sur la Russie a répondu à une telle calomnie :
« Voir un nain à la place d’un ours : le regard biaisé des fonctionnaires occidentaux sur la Russie
Les 18 mois écoulés ont prouvé l’impossibilité de supprimer la Russie des marchés mondiaux, quelles que soient les déclarations faites dans différentes tribunes politiques. Ce n’est que dans un miroir déformant que l’on peut prendre un ours pour un nain et négliger le poids de la Russie dans l’économie mondiale.
Mais on peut supposer que la vraie raison, c’est que les fonctionnaires européens sont contrariés par leur propre amateurisme et par leurs erreurs stratégiques qui coûtent extrêmement cher à l’économie européenne et les rendent, avec leurs politiques, de moins en moins populaires auprès des citoyens de leurs pays.
Ne pas appeler un chat un chat n’est pas nouveau. Les tentatives de s’en prendre à la Russie de cette manière ne sont pas rares. Les sanctions illégitimes en sont un bon exemple. Plus encore, les fonctionnaires européens mettent en doute l’importance de la Russie dans l’économie mondiale. Il est significatif que les faits disent tout le contraire. Malgré des restrictions illégales, l’économie russe affiche d’excellents résultats. Selon la Banque mondiale, elle est passée à la cinquième place en termes de produit intérieur brut (PIB) compte tenu de la parité de pouvoir d’achat (place occupée par l’Allemagne auparavant). La production de biens et de services s’accélère avec succès. Selon les résultats de l’année dernière, la Russie a produit des biens et des services pour 2 300 milliards de dollars, ce qui correspond à la huitième place dans le classement de la Banque mondiale.
Contrairement aux prévisions les plus ambitieuses, le PIB russe est en hausse pour le quatrième mois consécutif. Selon les données de l’Institut de la Banque de développement de Russie, le PIB du pays a augmenté de 5,7% par rapport à la même période de l’année dernière et de 5,6% par rapport au mois précédent. Globalement, la croissance du PIB pour le premier semestre de l’année a été de 1,6% par rapport à la période allant de janvier à juin 2022.
Ces faits sont-ils connus de Monsieur Borrell ? Le chef de la diplomatie européenne lit-il la presse financière ? Par exemple, le Wall Street Journal affirme sans équivoque que les pays occidentaux, dans leur envie de mettre l’économie russe à genoux, ont essuyé une défaite. La Russie résout efficacement les défis de l’importation, de l’exportation, de la réorientation des canaux commerciaux et logistiques. Elle est numéro un mondial dans les exportations de céréales. De plus, pour les pays les plus nécessiteux, la Russie organise des livraisons gratuites. En outre, elle figure de façon constante parmi les trois principaux pays fournisseurs de pétrole et de gaz. Comme l’expérience des restrictions illégales l’a démontré, il est tout simplement irréaliste de supprimer la Russie des chaînes mondiales d’approvisionnement de produits de base, compte tenu de son rôle et de son importance. »
https://francais.rt.com/opinions/106795-voir-nain-place-d-ours-regard-biaise-russie
D’autres se réconfortent comme il peuvent avec leurs illusions :
« Pendant ce temps, pour les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, ces 18 mois de guerre ont été une aubaine stratégique, à un coût relativement faible (mis à part pour les Ukrainiens). L’antagoniste le plus téméraire de l’Occident a été secoué. L’OTAN s’est beaucoup renforcée avec l’arrivée de la Suède et de la Finlande. L’Allemagne s’est sevrée de la dépendance à l’énergie russe et, à bien des égards, a retrouvé son sens des valeurs. Les querelles de l’OTAN font la une des journaux, mais dans l’ensemble, cet été a été triomphal pour l’alliance. »
https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/07/18/ukraine-war-west-gloom/
« Les défenses antimines désespérées de la Russie pourraient se retourner contre elle
Parmi tous les obstacles auxquels est confrontée la contre-offensive acharnée de l’Ukraine, les mines antipersonnel et antivéhicule russes sont parmi les plus redoutables. Les routes d’attaque probables ont été jonchées d’un nombre incalculable d’explosifs, attendant d’être activés par l’avancée des véhicules ou des troupes ukrainiennes…
Mais une défense minée du front sud pourrait également limiter les troupes russes. Pour atteindre les objectifs de guerre déclarés à plusieurs reprises par le Kremlin, les unités russes devront à nouveau embarquer à partir de la ligne dite Surovikin, qui s’étend à travers le sud de l’Ukraine, du Dniepr à Donetsk. Les champs de mines, en particulier ceux posés à la hâte et au hasard, pourraient être une complication sérieuse.
« Les Russes ont tellement miné le sud qu’ils ne peuvent pas non plus avancer », a déclaré à Newsweek Mark Voyger, ancien conseiller spécial pour les affaires russes et eurasiennes du commandant de l’armée américaine en Europe, le général Ben Hodges. « Leurs forces vont se retrouver dans ces mêmes champs de mines qu’ils ont posés si lourdement, si massivement à travers le sud. »…
« Dans le sud, ils sont à peu près coincés dans cette ligne de contact », a-t-il ajouté. « Si vous voulez faire preuve d’initiative et de prouesses tactiques et de manœuvres, ce sera probablement à l’est. Je ne pense pas qu’ils aient été très responsables en cartographiant toutes les mines qu’ils ont posé. » »
https://www.newsweek.com/russia-mine-defenses-could-backfire-south-ukraine-1821294
On retrouve ici l’illusion/propagande classique, à la Borell, d’une Russie incapable, faible, avec des militaires incompétents. Pour toute personne qui n’est pas aveuglée par la propagande anti russe c’est évidemment faux, une illusion. Elle le montre tous les jours sur le terrain et en Russie même. Un de ces signes est que l’Occident ne peut pas suivre la production russe de munitions :
« L’effort déployé par l’administration Biden pour fournir à l’Ukraine les armes essentielles à son succès militaire contre la Russie a donné lieu à une accélération prometteuse de la production d’armes, y compris l’artillerie standard de l’OTAN, dont la production devrait bientôt atteindre le double de celle des États-Unis d’avant-guerre, soit 14 000 par mois.
Les enjeux de l’effort américain visant à bouleverser un système d’acquisition de défense sclérosé sont particulièrement élevés alors que Kiev tente de récupérer des territoires sous contrôle russe dans le cadre d’une contre-offensive lente dont le sort, selon les responsables américains, dépend désormais de la capacité de l’Occident à satisfaire l’étonnante demande de l’Ukraine en munitions d’artillerie.
Mais les experts du secteur mettent en garde contre les défis majeurs que représente le maintien d’une production élevée d’armes et d’équipements nécessaires non seulement pour aider l’Ukraine mais aussi pour assurer la sécurité des États-Unis dans d’éventuels conflits avec la Russie ou la Chine. Il s’agit notamment de surmonter la pénurie d’intrants clés, notamment le TNT, et de maintenir une capacité accrue dans un contexte de fluctuation des budgets et d’incertitude quant aux besoins militaires futurs. »
https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/08/19/artillery-ammunition-ukraine-pentagon/
Ce qui montre bien que Borell, le plus haut diplomate de l’UE, est dans l’illusion en pensant que, sans la bombe atomique, la Russie serait déjà vaincue.
Et bien sûr, l’illusionniste numéro un de cette tragédie :
« Lors d’un discours au parlement danois, Zelensky s’est déclaré lundi convaincu que la Russie perdrait la guerre. « Je suis sûr que nous gagnerons parce que la vérité est de notre côté », a-t-il déclaré.
« L’essentiel est ce que nous prouvons par notre victoire, par notre coopération… Ensemble, nous prouvons que la vie est une valeur, que les gens comptent. La liberté compte, l’Europe compte », a déclaré le président ukrainien dans son discours.
Le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Yuriy Ihnat, a également déclaré que cette livraison [des F16 promis par le Danemark] établirait leur supériorité dans les airs, ce qui est essentiel pour un « succès au sol ». »
Pourtant, comme le notait Korybko, dans ce tourbillon d’illusions et de bonne parole, quelques articles sont bien obligés de parler de la réelle situation sur le terrain :
« L’Ukraine semble être à court d’options dans une contre-offensive que les responsables avaient initialement présentée comme une opération cruciale de Kiev pour reprendre un territoire important aux forces d’occupation russes cette année.
Après plus de deux mois de combat, la contre-offensive montre des signes d’essoufflement. Les avancées de Kiev restent limitées à une poignée de villages, les troupes russes avancent dans le nord et un projet de formation de pilotes ukrainiens sur des F-16 de fabrication américaine est retardé.
L’incapacité de l’Ukraine à démontrer un succès décisif sur le champ de bataille alimente les craintes que le conflit ne devienne une impasse et que le soutien international ne s’érode. Un nouveau rapport classifié des renseignements américains prédit que la contre-offensive ne parviendra pas à atteindre Melitopol, une ville clé du sud-est du pays, cette année.
Pendant ce temps, l’opinion publique ukrainienne, fatiguée par la guerre, attend avec impatience que les dirigeants de Kiev obtiennent la victoire et, à Washington, les appels à réduire l’aide à l’Ukraine devraient être amplifiés à l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2024. »
https://www.washingtonpost.com/world/2023/08/20/ukraine-counteroffensive-analysis-war-russia/
Réalités de terrain que d’autres articles, prétendant le contraire, vont continuer à noyer dans le brouillard de guerre :
« L’Ukraine a déclaré que ses forces avaient repris le village d’Urozhaine aux troupes russes, donnant un coup de pouce important au président Volodymyr Zelensky plus de deux mois après le début de la contre-offensive de ses troupes.
Le village de l’oblast de Donetsk fait partie d’un groupe de petites agglomérations rurales que l’Ukraine a déclarées libérées depuis le début de l’effort visant à reconquérir le territoire occupé vers le 4 juin.
« Urozhaine a été libérée », tel est le message succinct sur Telegram de la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, qui a ajouté : « Nos défenseurs sont retranchés à la périphérie »….
« C’est une reconquête importante mais en termes très relatifs », a déclaré Nicolò Fasola, chercheur à l’Université de Bologne en Italie, dont les travaux se concentrent sur les stratégies militaires de la Russie, soulignant que la population d’avant-guerre n’était que d’environ 1 000 habitants.
« Il s’agit d’une victoire de propagande et d’information pour l’Ukraine dans la mesure où cela peut fournir à l’Occident un résultat tangible, en disant : ‘Nous allons bien, continuez à nous soutenir' », a-t-il déclaré à Newsweek. »
https://www.newsweek.com/russia-ukraine-urozhaine-counteroffensive-1820130
L’Afrique
En fin de semaine dernière la CEDEAO a, dans un sursaut de fierté, bandé ses muscles :
« L’opération militaire, à écouter le chef d’état-major du Ghana, est désormais décidée. Il affirme par exemple que les États membres vont mettre en place « une mission de soutien à la stabilisation ». « Nous allons accomplir notre tâche dans un chronogramme raisonnable », a-t-il ajouté, rapporte François Hume-Ferkatadji.
Dans la même veine, le commissaire chargé des affaires publiques de la Cédéao, Abdel Fatau Musah, a déclaré que « les vaillantes forces de l’Afrique de l’Ouest sont prêtes à répondre à l’appel du devoir » contre « l’inflexibilité des militaires au pouvoir ». Il explique que la force en attente a déjà assez d’hommes pour une opération, qu’elle possède des ressources propres, que le soutien financier des pays occidentaux n’est pas obligatoire, même si cette « aide serait bienvenue ». »
Tout en précisant qu’aucune date n’avait été fixée pour cette « opération militaire » dont le but affiché est de « rétablir la démocratie au Niger ».
Pourtant, au même moment au Sénégal, pays faisant partie de la CEDEAO et prêt à « rétablir la démocratie » au Niger :
« L’opposant politique sénégalais Ousmane Sonko a été radié des listes du fichier électoral, a-t-on appris de source officielle, ce mercredi 16 août. Cette radiation, contestée par son camp, pourrait empêcher M. Sonko d’être éligible, et donc d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024.
La presse sénégalaise parlait d’une radiation du fichier électoral de l’opposant politique Ousmane Sonko depuis plusieurs jours, et nous avons appris, ce mercredi, qu’une notification lui a bien été adressée suite à sa condamnation à deux ans de prison ferme le 1er juin pour « corruption de la jeunesse », dans l’affaire où une employée d’un salon de massage l’accusait de viols.
Selon les autorités, puisqu’il a été jugé par contumace, c’est-à-dire en son absence, la condamnation de M. Sonko est définitive, et donc son éligibilité saute. »
« Sénégal : toujours hospitalisé, l’opposant Ousmane Sonko a repris connaissance
Il avait été admis en réanimation dans la nuit du 16 au 17 août 2023 selon ses avocats et les autorités pénitentiaires. En grève de la faim depuis son incarcération le 31 juillet, il était déjà hospitalisé à Dakar depuis le 6 août et se trouvait dans un état de santé alarmant, selon ses proches. »
https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230817-sénégal-l-opposant-ousmane-sonko-a-été-admis-en-réanimation
Quant à l’actuel président du Nigéria, autre pays de la CEDEAO poussant à une action militaire contre le Niger, cette enquête montre qu’il n’est pas vraiment non plus un parangon de démocratie :
« Avant de mener la charge pour une intervention, le président de la CEDEAO [et président du Niger], Bola Tinubu, a passé des années à blanchir des millions pour des trafiquants d’héroïne à Chicago, et a depuis été pris dans de nombreux scandales de corruption…
L’un des hommes les plus riches du Nigeria, l’origine de la fortune de ce président entaché de scandales n’est pas claire.
Des documents examinés par The Grayzone révèlent que Tinubu est un asset américain de longue date qui a été désigné comme complice d’une vaste opération de trafic de drogue au cours de laquelle il a blanchi des millions pour le compte d’un parent trafiquant d’héroïne. »
En voyant ces exemples de « démocratie ouest-africaine », on peut comprendre que le peuple du Niger ne soit guère emballé à ce qu’on la lui impose militairement. D’ailleurs quand on voit les résultats de la « démocratie imposée militairement » par les Etats-Unis, en Afghanistan, en Irak, en Lybie ou en Syrie, on comprend encore mieux son manque flagrant d’enthousiasme.
Mais il le paye cher :
« Le poste frontière de Malanville, dans le nord du Bénin, est l’un des plus fréquentés d’Afrique de l’Ouest. Des camions transportant de la nourriture, de l’aide humanitaire et des matériaux industriels circulent habituellement librement vers le Niger voisin, l’un des pays les plus pauvres du monde.
Aujourd’hui, il est à l’arrêt.
Une file de milliers de camions s’étire sur 25 km depuis les rives boueuses du fleuve Niger qui marque la frontière. Les chauffeurs bloqués pendant des semaines suspendent leurs vêtements entre les camions. Loin des gardes-frontières, les petits commerçants empilent des marchandises sur des bateaux en bois pour traverser le fleuve battu par les pluies.
Cette situation est l’un des signes les plus évidents de l’impact des sanctions imposées par le bloc régional de la CEDEAO au Niger après le coup d’État militaire du 26 juillet.
Le blocus vise à faire pression sur la junte pour qu’elle rétablisse le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Ce faisant, il a fait grimper le prix des denrées alimentaires à l’intérieur du Niger, entravé l’industrie et menacé d’une pénurie de fournitures médicales, selon les agences d’aide, les fonctionnaires et les habitants. »
https://www.reuters.com/world/africa/food-aid-pile-up-nigers-border-sanctions-bite-2023-08-24/
A lundi prochain.
Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.
Ping : Toujours plus con.ne.s : « France Inter fait la promo d’ateliers visant à baisser son empreinte carbone. Laure, qui y participe, est très embêtée car elle doit diviser son empreinte par deux, malgré ses efforts : « je suis
Ping : Un précédent woke : le communisme messianique dans la Réforme protestante ; un essai de Murray Rothbard sur les anabaptistes, Munster et Thomas Münzer. Ici on voit la même inspiration derrière ce grand reset germano-crétin rassemblant Schwab, Ursu