Par Wayan – Le 19 juin 2023 – Le Saker Francophone
Bonjour chers lecteurs et amis du Saker Francophone.
Je vous propose ici cette « revue de presse alternative » que j’envoie par courriel depuis quelques mois à des amis ouverts d’esprit mais n’ayant pas le temps, ni même l’occasion, de suivre les « médias alternatifs » et s’abreuvant, par habitude et réflexe, à la presse grand public.
Elle est destinée à des lecteurs que les médias grand public rendent craintifs face aux « théories complotistes », des lecteurs qui demandent des références et un maximum de sources officielles pour se rassurer. Elle évite l’émotionnel et s’efforce de garder une logique bien cartésienne pour ne pas effrayer des esprits à qui on a inculqué la peur de la « fake news ». Le but ultime de cette revue de presse est de démontrer au lecteur suffisamment curieux que la vision « alternative » de l’actualité internationale peut lui apporter une bien meilleure compréhension de l’état actuel du monde.
Vous avez surement des gens dans votre entourage qui correspondent à cette description. Vous pourriez donc, tous les lundis, au moment de sa parution, copiez/collez cette revue de presse et leur envoyer par courriel, ou simplement le lien, et participez au nécessaire réveil des esprits endormis par les médias grand public.
Course vers le précipice ?
Ceux qui suivent cette revue de presse depuis un moment doivent réaliser maintenant que le conflit Russie-Ukraine n’est qu’une bataille d’avant-garde dans une bataille plus profonde entre l’Occident d’un côté et le couple Russie/Chine de l’autre, le premier voulant garder son hégémonie politico-économique, les deux autres voulant changer le statu-quo géopolitique pour prendre leur place naturelle de grande puissance mondiale. Le gros problème dans cette situation étant que les protagonistes sont tous des puissances nucléaires dont l’arsenal combiné à largement la puissance nécessaire à une destruction quasi-totale de l’humanité.
Ne voyant toujours pas d’aboutissement décisif dans la guerre en Ukraine, d’un côté comme de l’autre, les esprits commencent à s’échauffer et les menaces, de moins en moins tacites, fusent.
Commençons par cet article du Washington Post, daté du 1er juin, expliquant que la faiblesse apparente de Poutine face au respect de ses « lignes blanches » pousse Biden à jouer avec le feu :
« Malgré les avertissements apocalyptiques du dirigeant russe, les États-Unis ont progressivement accepté d’élargir l’arsenal ukrainien avec des missiles Javelin et Stinger, des lance-roquettes HIMARS, des systèmes avancés de défense antimissile, des drones, des hélicoptères, des chars M1 Abrams et, bientôt, des avions de combat de quatrième génération.
Selon les responsables américains, l’une des principales raisons pour ne pas prendre au sérieux les menaces de Poutine est une dynamique qui s’est maintenue depuis les premiers jours de la guerre : le président russe n’a pas tenu ses promesses de punir l’Occident pour avoir fourni des armes à l’Ukraine. Son bluff a donné aux dirigeants américains et européens une certaine confiance dans le fait qu’ils peuvent continuer à le faire sans conséquences graves ; mais jusqu’à quel point reste l’une des incertitudes les plus dangereuses du conflit.
« La Russie a repoussé ses lignes blanches tant de fois en disant que certaines choses seraient inacceptables et en ne faisant rien quand elles se produisent », a déclaré Maxim Samorukov, un expert russe au Carnegie Endowment for International Peace. « Le problème est que nous ne connaissons pas la véritable ligne blanche. C’est dans la tête d’une personne, et ça peut changer d’un jour à l’autre. »
https://archive.is/RD9s4#selection-983.0-1481.354
Le 9 juin l’American Enterprise Institute, un Think tank prétendant œuvrer à la création d’un « monde plus libre et plus sûr » propose de livrer des armes nucléaires tactiques à l’Ukraine pour repousser un Poutine qu’ils imaginent « désespéré et erratique » :
« Poutine est désespéré et erratique. La destruction du barrage de Kakhovka est un avertissement que Poutine ne respecte aucune ligne blanche. Avec la contre-offensive ukrainienne en cours, la menace que la Russie puisse utiliser des armes nucléaires tactiques est de plus en plus probable….
Ce que Biden devrait plutôt faire, c’est dire clairement à la Russie que toute utilisation d’armes nucléaires de toute taille contre l’Ukraine conduira à la fourniture par les États-Unis des mêmes types d’armes nucléaires à l’Ukraine sans aucun contrôle sur où et comment l’Ukraine pourrait les utiliser. La mafia de la non-prolifération pourrait hurler d’indignation, mais l’Occident doit orienter sa politique nucléaire vers la réalité, et non vers un vœu pieux ou la façade vide d’un régime de traités auquel les États révisionnistes ne se soumettent plus. »
Le 9 juin, Poutine déclare que des armes nucléaires tactiques (à portée intermédiaire) seront déployées en Biélorussie en juillet :
« Le président biélorusse a affiché sa détermination à défendre le territoire biélorusse en cas d’attaque. Il se dit même prêt à recourir aux armements nucléaires tactiques que la Russie positionnera chez son allié au cours du mois de juillet. « Que Dieu m’épargne d’avoir à prendre la décision d’employer cette arme à notre époque. Mais si nous étions attaqués, je n’aurais aucune hésitation », a déclaré le 13 juin le président biélorusse lors d’un déplacement dans la région de Minsk. « Pourquoi cela [les armes nucléaires tactiques russes] est-il nécessaire ? Pour qu’aucune ordure ne foule de son pied le sol biélorusse, » a précisé Alexandre Loukachenko. Des propos rapportés par l’agence de presse nationale BelTA. »
La réaction occidentale à cette nouvelle est étrangement placide :
« L’OTAN ne voit aucun signe indiquant que la Russie a changé sa posture nucléaire, a déclaré jeudi le chef de l’alliance militaire, après que le président Alexandre Loukachenko a affirmé que la Biélorussie avait déjà reçu des armes nucléaires tactiques de Moscou.
« Nous surveillons bien sûr de près ce que fait la Russie. Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun changement dans la posture nucléaire qui nécessite des changements dans notre posture », a déclaré Stoltenberg aux journalistes avant de présider une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN au siège de l’alliance à Bruxelles. »
« Rien n’indique que la Russie se prépare à utiliser des armes nucléaires et les États-Unis ne voient aucune raison d’ajuster leur propre posture nucléaire, a déclaré vendredi le secrétaire d’État Antony Blinken aux journalistes. »
Puis le 13 juin, l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons fait une déclaration à l’ONU qui explique une telle réaction :
« Les États-Unis ont déployé environ 150 obus nucléaires sur des bases aériennes en Europe sans aucune déclaration officielle.
Cela a été rapporté par Alicia Sanders-Sacre, coordinatrice des politiques et de la recherche de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), lors d’un briefing de l’Association des correspondants aux Nations Unies (ACANU).
Sanders-Zacre a déclaré que des armes nucléaires américaines se trouvaient secrètement sur des bases aériennes en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Turquie et en Italie.
« Des experts indépendants estiment qu’il y a environ 150 ogives dans les bases aériennes américaines de ces pays », a-t-elle déclaré.
Le 12 juin, l’ICAN a publié un rapport sur les dépenses des pays en armes nucléaires. Selon le rapport, l’année dernière, la plus grande somme d’argent pour les armes nucléaires a été dépensée par les États-Unis – 43,7 milliards de dollars, la Russie a dépensé 9,6 milliards de dollars et la Chine 11,7 milliards de dollars. Au total, 82,9 milliards de dollars ont été dépensés pour les armes nucléaires dans le monde. »
https://globaleuronews.com/2023/06/13/ican-u-s-secretly-deploys-nuclear-weapons-in-europe/
Evidemment de telles déclarations excitent le camp adverse. Le 14 juin, dans les pages de RT, un intellectuel proche du pouvoir russe, le professeur Sergey Karaganov, président honoraire du Conseil de la politique étrangère et de défense de la Russie, propose que :
« La crédibilité de la dissuasion nucléaire doit être restaurée en abaissant le seuil acceptable d’utilisation des armes atomiques et en progressant prudemment mais rapidement sur l’échelle de la dissuasion-escalade. Les premières mesures ont déjà été prises par le biais de déclarations du président et d’autres dirigeants, en commençant à déployer des armes nucléaires et leurs vecteurs au Belarus et en augmentant l’efficacité au combat des forces de dissuasion stratégiques. Il y a pas mal de marches sur cette échelle. J’en compte environ deux douzaines. On pourrait même aller jusqu’à avertir nos compatriotes et toutes les personnes de bonne volonté de la nécessité de quitter leur domicile au cas où il serait à proximité des cibles d’éventuelles frappes nucléaires dans les pays qui soutiennent directement le régime de Kiev. L’ennemi doit savoir que nous sommes prêts à lancer une frappe de représailles préventive en réponse à son agression actuelle et passée, afin d’éviter de sombrer dans une guerre thermonucléaire mondiale. »
Korybko, petit analyste en bas de l’échelle, lui répond que cela risquerait plus de les enrager que de leur faire peur :
« Le deuxième argument contre la proposition de Karaganov est qu’il est irréaliste de prédire que seul un président américain fou réagirait à une attaque de la Russie contre “un groupe de cibles dans un certain nombre de pays (de l’OTAN), et encore moins avec des armes nucléaires. Les puissantes bureaucraties militaire, diplomatique et du renseignement des États-Unis (“l’État profond“) les forceraient à réagir de la sorte, de peur que l’absence de réaction n’enhardisse la Chine, l’Iran et la Corée du Nord à promouvoir militairement leurs propres intérêts aux dépens des États-Unis, peut-être même simultanément. »
Puis cet article de RT recensant les analystes russes en désaccord avec la proposition de Karaganov :
« Utiliser l’arme nucléaire pour sauver le monde, c’est comme utiliser une guillotine pour soigner un mal de tête : Des experts russes répondent à l’appel à une frappe nucléaire »
https://www.rt.com/russia/578218-experts-respond-to-call-for-atomic-strike/
Finalement, pour calmer le jeu, la porte-parole du Ministère des affaires étrangères russe a été obligé de faire une déclaration :
« La Russie ne pourrait potentiellement recourir aux armes nucléaires que si son existence même était mise en danger, a déclaré jeudi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
S’exprimant en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), auquel participent des délégués de plus de 100 pays, Zakharova a réitéré que Moscou considère ses armes nucléaires comme une mesure défensive de dernier recours.
« Les politiques de dissuasion nucléaire de la Russie sont de nature purement défensive, et l’utilisation hypothétique d’armes nucléaires est clairement limitée à des circonstances extraordinaires », a déclaré Zakharova.
Elle a expliqué que ceux-ci pourraient inclure une attaque contre la Russie ou ses alliés impliquant des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive, ou « une agression conventionnelle qui menace l’existence même de l’État ».
« Ce point fondamental reste inchangé », a-t-elle souligné. »
https://www.rt.com/russia/578071-moscow-conditions-nuclear-weapons-use/
Ukraine
Après une semaine de « contre-offensive » on constate que l’armée ukrainienne fait du sur place et en est réduit à transformer la prise de quelques hameaux vides en « victoires » :
« L’Ukraine a annoncé la reconquête de trois villages dans la région orientale de Donetsk, les premiers gains territoriaux obtenus à la suite des « actions de contre-offensive » évoquées la veille par le président Volodymyr Zelensky.
La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, a annoncé qu’une troisième petite localité, Makarivka, proche de Blagodatné, était tombée aux mains des troupes de Kiev. »
Comme d’habitude, la version de Moon of Alabama est beaucoup moins optimiste mais toujours bien documentée :
« Au cours du printemps et de l’été 2022, les forces russes ont détruit l’armée ukrainienne régulière d’avant-guerre. Elle a été remplacée par du matériel de l’ère soviétique provenant d’États d’Europe de l’Est et des conscrits ukrainiens. En début d’année, cette seconde armée a également été détruite.
Nous assistons actuellement à la démilitarisation de la troisième armée ukrainienne. » [celle montée avec des équipements de l’OTAN et des militaires rapidement formés].
https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-destruction-de-la-troisieme-armee-points-a-negocier
https://lesakerfrancophone.fr/echec-de-la-contre-attaque-ukrainienne
En attendant les fameux F-16 promis, les Etats-Unis vont encore envoyer tanks et munitions pour alimenter le champ de bataille :
« Les États-Unis vont fournir jusqu’à 325 millions de dollars d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, a déclaré un responsable américain de la défense à VOA.
Le paquet devrait inclure des véhicules blindés Stryker et Bradley qui peuvent remplacer ceux endommagés et détruits dans la contre-offensive ukrainienne actuellement en cours, selon deux responsables de la Défense, qui ont parlé à VOA sous couvert d’anonymat avant la sortie prévue du paquet mardi.
Les responsables ont déclaré que la dernière aide comprend également des munitions pour les systèmes nationaux avancés de missiles sol-air (NASAMS), ainsi que davantage de roquettes pour les systèmes ukrainiens de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS). »
https://www.voanews.com/a/us-providing-325-million-more-in-aid-for-ukraine-/7134105.html
Pareil pour l’Union Européenne :
« Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton a notamment en charge le secteur de la défense et l’aide militaire à l’Ukraine. Auprès du « Parisien », il affirme la volonté de l’Union européenne « d’accélérer les volumes et les cadences de production » de munitions et d’armes et confirme « qu’un million de munitions de gros calibre » devra être fourni « dans les douze mois qui viennent ». Il précise par ailleurs que la « trajectoire d’intégration accélérée » de l’Ukraine à l’UE, « tout en respectant les différentes étapes », lui « semble irréversible ».
Pour impressionner l’ennemi russe, l’OTAN a organisé en Europe, à partir de l’Allemagne, « le plus important exercice militaire des forces aériennes jamais réalisé » :
« L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) entame, lundi 12 juin, son plus important exercice de manœuvres aériennes, coordonné par l’Allemagne et destiné à montrer l’unité de ses membres face aux menaces potentielles, de la Russie notamment. L’exercice « Air Defender 23 » va se dérouler jusqu’au 23 juin et réunira quelque 250 avions militaires de 25 pays membres et partenaires de l’Otan, dont le Japon et la Suède, pays candidat à l’adhésion à l’Alliance.
Jusqu’à 10 000 personnes participeront à ces exercices destinés à renforcer l’interopérabilité et la protection contre les drones et missiles de croisière en cas d’attaque contre des villes, aéroports ou ports situés sur le territoire de l’Otan. L’exercice comprendra une formation opérationnelle et tactique, principalement en Allemagne, mais aussi en République tchèque, en Estonie et en Lettonie. »
https://www.observateurcontinental.fr/?module=news&action=view&id=4976
On notera au passage la présence du Japon dans cet exercice, confirmant ainsi l’extension de l’OTAN vers la zone pacifique que voudrait les Etats-Unis, et tant pis si Macron n’est pas emballé par cette idée.
L’Europe, qui finalement se retrouve au cœur de ce conflit OTAN-Russie, est prise dans un piège dont elle ne sait pas comment se défaire. L’ancien ambassadeur anglais, Alastair Crooke, propose comme solution un simple retour à une vision réaliste des choses :
« L’Union européenne s’est surinvestie dans le projet de guerre ukrainien et dans sa romance avec Zelensky. Au début de l’année, le discours occidental (et européen) était que l’offensive post-hivernale de l’Ukraine allait “briser” la Russie et donner un “coup de grâce” à la guerre. Les titres des médias dominants racontaient régulièrement l’histoire d’une Russie à bout de souffle. Aujourd’hui, cependant, le message de l’establishment a fait un virage à 180°. La Russie n’est pas “à bout de souffle” …
Deux médias anglo-américains très establishment au Royaume-Uni (dans lesquels les messages de l’establishment américain font souvent surface) ont finalement admis – avec amertume – que “les sanctions contre la Russie ont échoué“. Le Telegraph se lamente : elles “sont une plaisanterie” ; “la Russie était censée être déjà à terre”.
Tardivement, l’Europe se rend compte que les offensives ukrainiennes ne seront pas décisives, contrairement à ce que l’on pensait quelques semaines auparavant… »
https://lesakerfrancophone.fr/lue-surinvestit-dans-le-projet-de-guerre-ukrainien
Relation Chine-USA
Après la pression médiatique lancée par des « fonctionnaires anonymes » disant que la Chine comptait installer une base d’espionnage à Cuba, comme nous l’avons vu la semaine dernière, voilà de nouveau un « officier de haut niveau des renseignements anonyme » annonçant en exclusivité au média The Messenger que :
« Le gouvernement américain prépare des plans d’évacuation pour les citoyens américains vivant à Taïwan, ont indiqué trois sources à The Messenger.
Les préparatifs sont en cours depuis au moins six mois et « ils se sont intensifiés au cours des deux derniers mois environ », a déclaré un haut responsable du renseignement américain qui a parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter de ces préparatifs.
Le responsable a déclaré qu’un « niveau de tension accru » avait motivé les préparatifs. « Vous ne lirez rien dans les journaux », a-t-il déclaré à The Messenger. « Les militaires se renforcent. La Chine s’aligne sur la Russie à propos de l’Ukraine ». »
Evidemment, la réaction de la Chine ne se fait pas attendre :
« Le plan d’évacuation des citoyens américains sur l’île de Taïwan montre que les États-Unis ont calculé qu’ils abandonneraient l’île à tout moment après l’avoir transformée en « champ de mines » et en « dépôt de munitions » par des provocations continues et des ventes d’armes, a déclaré lundi Zhu Fenglian, porte-parole du bureau des affaires taïwanaises du Conseil des affaires d’État. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292569.shtml
Malgré cela, la visite de Blinken en Chine est maintenue, annoncée officiellement tant par les Etats- Unis que par la Chine.
Mais un article de Reuters douche d’avance toute attente trop optimiste :
« Les États-Unis ont minimisé mercredi les attentes de toute percée pendant le premier voyage d’un secrétaire d’État américain en Chine en cinq ans, après un appel tendu avec le ministre chinois des Affaires étrangères avant la visite d’Antony Blinken à Pékin, la semaine prochaine.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a exhorté les États-Unis à cesser de se mêler de leurs affaires et de nuire à leur sécurité lors d’un appel avec Blinken mercredi, et a déclaré qu’ils devraient respecter les préoccupations fondamentales de la Chine pour arrêter le déclin des relations entre les deux superpuissances, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. »
Voici comment CNN nous expose une première rencontre, ce dimanche, entre Blinken et le ministre des affaires étrangères chinois :
« Premier secrétaire d’État américain à se rendre en Chine en cinq ans, Blinken a tenu dimanche plus de 7 heures et demie d’entretiens « francs » et « constructifs » avec le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang, bien qu’ils n’aient pas semblé faire de progrès concrets sur des différends comme Taiwan, le commerce, les droits de l’homme et le fentanyl.
Tous deux ont exprimé le désir de stabiliser les liens malgré ce qu’un responsable américain a qualifié de « profonds » différends, et ont convenu que Qin se rendrait à Washington pour poursuivre la conversation, bien qu’aucune date n’ait été annoncée.
Blinken doit rencontrer lundi le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, mais tous les regards seront rivés sur sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, un engagement qui, selon des sources proches du dossier, était attendu mais n’a pas encore été confirmé par le Département d’État. »
https://edition.cnn.com/2023/06/17/politics/blinken-beijing-visit-expectations/index.html
Voici la version du Global Times, le média chinois en langue anglaise :
« Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé à Pékin le 18 juin pour entamer sa visite de deux jours en Chine. Dans l’après-midi du 18 juin, le conseiller d’État et ministre des affaires étrangères chinois, Qin Gang, a rencontré Blinken et a eu un long entretien franc, approfondi et constructif sur les relations globales entre la Chine et les États-Unis et sur d’autres questions importantes. Les deux parties sont parvenues à plusieurs consensus, notamment la mise en œuvre conjointe du consensus important atteint par les chefs d’État des deux pays à Bali, le maintien d’échanges de haut niveau et la poursuite de consultations approfondies sur les principes directeurs des relations sino-américaines. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292822.shtml
Global times nous apprend aussi que :
« Le premier ministre chinois Li Qiang a entamé dimanche un voyage de cinq jours en Allemagne et en France, deux grandes puissances européennes et principaux membres de l’UE. Le même jour, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé à Pékin pour une visite attendue de longue date par les États-Unis.
Il s’agit du premier voyage à l’étranger de Li depuis son entrée en fonction en mars en tant que premier ministre chinois. Les experts estiment que cela montre que la Chine attache une grande importance aux relations bilatérales avec les deux pays européens et aux liens stratégiques entre la Chine et l’Union européenne. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292798.shtml
Une rapide recherche sur Google nous montre qu’en dehors d’un article de Reuters, aucun média occidental ne parle de cette visite. :
« Li dirigera la délégation chinoise pour les consultations intergouvernementales avec l’Allemagne prévues le 20 juin et participera à un sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin.
La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne, mais dans un signe de tensions diplomatiques plus larges, Berlin a déclaré que Pékin était une menace croissante. »
https://www.reuters.com/world/chinas-premier-li-visit-germany-france-june-18-23-2023-06-15/
Même des médias francophones publics et européens, orientés vers l’international, comme France 24 et RFI parlent abondamment de la visite de Blinken en Chine sans dire un mot de la visite de Li en Europe, alors que Blinken et Li sont au même niveau diplomatique. Une censure par omission assez révélatrice.
Serbie/Kosovo
La tension entre serbes et kosovars s’est encore accentuée cette semaine :
« Les tensions entre Belgrade et Pristina sont de nouveau montées en flèche mercredi 14 juin après l’arrestation par la Serbie de trois policiers kosovars, les autorités kosovares qualifiant l’incident d’enlèvement et interdisant aux véhicules serbes de franchir la frontière.
Ce nouvel accès de fièvre entre les deux anciens ennemis survient après des semaines de tensions, durant lesquelles trente soldats de la Kfor, la force emmenée par l’Otan au Kosovo, ont été blessés en mai lors de heurts avec des manifestants serbes. »
Afrique du sud
L’Afrique du sud, pays des BRICS le plus facilement déstabilisable, qui va héberger le prochain sommet des BRICS, auquel Poutine devrait participer et qui refuse de livrer ce dernier à la Cour Internationale de Justice, est dans la ligne de mire des Etats-Unis. C’est RT qui annonce la nouvelle en premier :
« L’Afrique du Sud est consciente qu’elle est sur le point d’être punie par les États-Unis pour sa position non alignée dans le conflit russo-ukrainien, a déclaré à RT Govan Whittles, un journaliste sud-africain chevronné.
Whittles a déclaré que Pretoria avait pris au sérieux un avertissement de Stanlib Asset Management selon lequel le pays pourrait perdre jusqu’à 32,4 milliards de dollars de revenus d’exportation en raison de sa position non alignée sur le conflit ukrainien, « principalement parce qu’il fait suite à un avertissement similaire de la Banque de réserve sud-africaine. » concernant les impacts secondaires. »
https://www.rt.com/africa/577893-south-africa-ukraine-conflict-neutrality/
CBS News confirme l’info en précisant la forme que prend cette « punition » :
« Une poignée de législateurs américains des deux parties ont envoyé une lettre au secrétaire d’État Anthony Blinken, au conseiller à la sécurité nationale Jacob Sullivan et à l’envoyée commerciale américaine Katherine Tai appelant à ce que l’Afrique du Sud soit punie pour son soutien perçu à la Russie en pleine guerre en cours en Ukraine.
La lettre du 9 juin, obtenue par CBS News et rapportée pour la première fois par le New York Times, affirme qu’en dépit de sa position neutre déclarée sur la guerre en Ukraine, le gouvernement sud-africain a renforcé ses relations avec Moscou depuis que le président Vladimir Poutine a lancé l’offensive à grande échelle de la Russie, obligeant, selon les législateurs, les États-Unis à agir.
La lettre, signée par le sénateur Chris Coons (D) et le sénateur républicain Jim Risch, tous deux membres de la commission sénatoriale des relations étrangères, et approuvée par des membres des deux partis de la commission des affaires étrangères de la Chambre, indique qu’ils sont « sérieusement préoccupés par le fait qu’accueillir le Forum AGOA 2023 en Afrique du Sud servirait d’approbation » du « soutien du pays à la Russie et de la possible violation des lois américaines sur les sanctions ».
Les législateurs affirment que les actions récentes de l’Afrique du Sud remettent en question l’éligibilité du pays à bénéficier de l’AGOA, qui accorde un accès en franchise de droits au marché américain aux marchandises de certains pays d’Afrique subsaharienne, dont l’Afrique du Sud. L’AGOA stipule que les pays bénéficiaires ne doivent pas s’engager dans des activités qui compromettent la sécurité nationale ou les objectifs de politique étrangère des États-Unis.
L’Afrique du Sud, la plus grande économie du continent, a exporté pour environ 3 milliards de dollars de marchandises via l’AGOA vers les États-Unis en 2022. »
https://news.yahoo.com/u-lawmakers-want-south-africa-161116622.html?fr=sycsrp_catchall
Méthode habituelle pour un pays dans la ligne de mire, des infox commencent à circuler dans les médias grand public pour salir l’image du pays. Voici une dépêche de l’AFP daté du 13 juin 2023 :
« L’Afrique du Sud n’a jamais été touchée par les attentats islamistes. Sa démocratie vieille de trois décennies est solide et son système financier est respecté.
Pourtant, les experts affirment que la nation la plus industrialisée du continent est désormais un centre névralgique du financement djihadiste en Afrique.
« L’Afrique du Sud est un terrain de chasse ouvert », a déclaré à l’AFP Jasmine Opperman, spécialiste de la lutte contre le terrorisme basée à Pretoria.
Les financiers islamistes collectent de l’argent dans le pays et le transfèrent « entre les mains du terrorisme », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il était internationalement reconnu « que nous sommes désormais une plaque tournante ».
C’est un acte d’accusation sévère pour un pays qui, mis à part les alertes étranges émises par l’ambassade des États-Unis, s’enregistre à peine sur le radar des activités extrémistes dans le monde.
Pourtant, l’évaluation d’Opperman est largement partagée par les analystes à travers l’Afrique, l’Europe et les États-Unis. »
https://news.yahoo.com/south-africa-spotlight-over-terror-073345852.html?fr=sycsrp_catchall
Puis de mesquines vexations :
« Le personnel de sécurité du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et un groupe de presse en route vers l’Ukraine n’ont pas été autorisés à débarquer vendredi à l’aéroport Chopin de Varsovie en Pologne, ont indiqué des sources officielles.
Les services de protection présidentiels et des journalistes sud-africains devaient accompagner le président Ramaphosa en Ukraine puis en Russie dans le cadre de la mission africaine de maintien de la paix de sept nations en plus de l’Afrique du Sud : Comores, Zambie, Sénégal, Égypte, Congo et Ouganda.
Les autorités polonaises ont empêché la délégation sud-africaine de descendre de l’avion au motif que le personnel de sécurité du président n’avait pas les autorisations nécessaires pour introduire des armes dans le pays.
Selon Pieter du Toit, journaliste à bord de l’avion, les autorités polonaises ont finalement autorisé la délégation à quitter l’avion après plus de 24 heures sur le tarmac de Varsovie. »
Il faut noter que les autres délégations africaines se rendant à Kiev n’ont pas eu à subir ce genre de désagrément
L’Iran a construit son propre missile hypersonique
Tout comme pour la Corée du Nord, la pression internationale que subit l’Iran, et l’exemple de ce qu’on subit l’Irak, la Lybie et la Syrie, déclenchent un réflexe de protection qui pousse ces pays à se doter d’armes qui les mettent à l’abri d’une invasion trop facile :
« Le président iranien Ebrahim Raisi a assisté à une cérémonie de dévoilement du nouveau missile hypersonique « Fattah » (littéralement, « Conquérant ») de fabrication iranienne à Téhéran, au cours de laquelle il a déclaré :
« Aujourd’hui, nous avons le sentiment que la puissance de dissuasion a été formée.»
Il a ajouté : « Cette puissance est un point d’ancrage pour une sécurité et une paix durables pour les pays de la région. »
« Nous construisons des missiles pour ne pas subir d’agression de la part de nos ennemis, et pour que nos ennemis ne puissent même pas penser à un acte d’agression contre la République islamique », a déclaré M. Raisi, après les avertissements répétés d’Israël, qui se réserve le droit d’une attaque préventive sur le programme nucléaire présumé de l’Iran. « La puissance militaire, de défense et de missiles de l’Iran crée une dissuasion, bien sûr, elle crée une dissuasion non seulement contre l’invasion mais aussi contre l’idée d’une invasion. »
https://geopolitique-profonde.com/articles/iran-missiles-hypersoniques
Elijah Magnier, analyste spécialiste du Moyen Orient, voit l’aide de la Russie dans une avancée technologique aussi rapide :
« Dans une tournure imprévisible des événements, la Russie a asséné un coup calculé aux États-Unis et à Israël en armant l’Iran de missiles hypersoniques avancés, faisant de ce pays un instrument de choix. Les implications de cette manœuvre stratégique sont considérables et pourraient modifier l’équilibre des forces dans la région instable du Moyen-Orient. »
Etats-Unis
La mise en accusation d’un ancien président avec un très fort soutien populaire (bien supérieur à celui de Biden) pour des histoires de paperasserie est surtout le reflet des tensions politiques extrêmes qui déchirent ce pays. Et Trump compte bien utiliser ces tensions et cet acharnement médiatico/judiciaire contre lui, qui lui avaient tant servis pour sa première élection, pour se faire réélire. :
« « Mais une fois de plus, la campagne est centrée sur Trump. Finalement, il pourrait y avoir une méthode dans cette folie, puisque Trump cherche à faire juger cette affaire par le public.
» En effet, le jury ultime dans cette affaire pourrait s’avérer être le peuple américain. Les élections de 2024 pourraient devenir un référendum sur cette affaire. Je soutiens depuis longtemps que les présidents peuvent se gracier eux-mêmes, et Trump pourrait bien utiliser sa photo d’identité judiciaire comme affiche de campagne. »
Turley prend alors un ton grave, pour conclure son hypothèse. Il n’est pas question de se laisser emporter par la loufoquerie d’un tel bouffon. Il est question plus simplement de constater que cette loufoquerie contient ce qu’il faut de tragédie (tragédie-bouffe), car, en vérité, Trump mettra en jeu sa liberté, c’est-à-dire, à son âge, rien d’autre que sa vie, à jouer avec une accusation qui est sanctionnée par de très lourdes peines (10-20 ans de prison). Qu’importe : il a le peuple avec lui ! Personnage bouffe jusqu’au bout, après tout digne de la crise d’ivresse et d’effondrement qui emporte l’Amérique.
« Les sondages montrent que la majorité des Américains ont de sérieux doutes quant à l’indépendance et à l’intégrité du FBI. De nombreux électeurs sont sceptiques face à une nouvelle allégation criminelle juste avant une élection présidentielle.
» Trump fait maintenant face aux accusations criminelles les plus graves de sa carrière. S’il obtient gain de cause et que Trump n’est pas gracié par lui-même ou par l’un de ses concurrents républicains (ou même par un Joe Biden magnanime), il pourrait s’agir d’une menace mortelle. À 76 ans, il est peu probable que Trump survive à un séjour en prison, même si les peines maximales prévues par ces chefs d’accusation ne lui sont pas imposées.
» Il se rendra mardi, mais ce ne sera que le début d’un combat existentiel pour lui. »
https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2023-la-bataille-existentielle-de-trump
Le dernier sondage en date montre que cette analyse est exacte :
« Un nouveau sondage a montré que l’ancien président Donald Trump détient une avance considérable sur le président démocrate Joe Biden dans un match hypothétique pour l’élection présidentielle de 2024, malgré la récente inculpation fédérale du favori républicain liée à sa gestion de documents classifiés. Le nouveau sondage a été réalisé dans la semaine après que Trump a été inculpé par un grand jury. »
https://www.newsweek.com/donald-trump-defeats-joe-biden-post-indictment-poll-1807443
Pendant ce temps-là, et toujours loin du buzz médiatique, on apprend, au sénat étasunien, qu’en plus d’un témoignage de confiance, des enregistrements audios viennent confirmer l’histoire de corruption à 5 millions de $ de Joe et Hunter Biden :
« Le sénateur républicain de l’Iowa, Chuck Grassley, a révélé lundi lors d’un discours explosif au Sénat américain que l’exécutif de Burisma derrière un prétendu scandale concernant Biden aurait conservé 15 enregistrements audio de conversations entre lui et Hunter Biden et deux enregistrements de conversations entre lui et puis le vice-président Joe Biden en tant que « police d’assurance ».
Selon Grassley, les révélations sont une référence expurgée dans le formulaire FD-1023. Ce formulaire, que le FBI a tenté de cacher au comité de surveillance de la Chambre, résume les allégations d’une source humaine confidentielle « hautement crédible » selon lesquelles le vice-président de l’époque, Joe Biden, s’est livré à un stratagème de corruption criminelle de 5 millions de dollars avec un ressortissant étranger en échange d’une influence sur la politique américaine. les décisions. »
Il devient quand même de plus en plus difficile pour les médias grand public de cacher cette affaire sous le tapis. Un journal anglais grand public a donc pris le risque d’en faire un article, qui ne fut bien sûr relayé par aucun grand média étasunien :
« Cet informateur a affirmé que Zlochevsky avait versé 5 millions de dollars à chaque Biden pour mettre fin à une enquête en cours du procureur général ukrainien de l’époque, Viktor Shokin.
Une source proche de l’enquête républicaine a confirmé au DailyMail le contenu du document du FBI que les membres ont consulté à huis clos dans le cadre d’un SCIF (Sensitive Compartmented Information Facility).
Les procureurs ukrainiens avaient ouvert une enquête sur Burisma – une société dans laquelle Hunter a siégé au conseil d’administration pendant cinq ans – pour des allégations de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et de corruption en 2012.
Selon ces documents, les 5 millions de dollars versés étaient un “pot-de-vin” payé par Zlochevsky pour que Shokin soit licencié, ce qui a mis fin à l’enquête. »
https://lesakerfrancophone.fr/la-corruption-de-biden-pere-et-fils-commence-a-devenir-publique
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Face à l’extraordinaire succès populaire des shows Twitter de Carlson, son premier de la semaine dernière ayant finalement récolté 115 millions de « viewers », et le fait que ces déclarations soient de nature « subversives/complotistes/alternatives », Fox News, son ancien employeur qui vient de le virer, lui intime d’arrêter :
« L’avocat de Tucker Carlson a déclaré qu’il « ne sera réduit au silence par personne » après qu’il a été rapporté que Fox News avait envoyé à l’animateur une lettre lui demandant de cesser et de s’abstenir de présenter sa nouvelle émission sur Twitter.
« En insistant sur sa décision de programmation la plus catastrophique de l’histoire de l’industrie de l’information par câble, Fox exige maintenant que Tucker Carlson se taise jusqu’aux élections de 2024 », a déclaré l’avocat Harmeet Dhillon à Axios, qui a d’abord rapporté la lettre de Fox.
« Tucker ne sera réduit au silence par personne … Il est une voix singulièrement importante sur les questions d’intérêt public dans notre pays, et le restera. »
Axios a déclaré que cette lettre « ne pas publier », est envoyée car Fox continuerait de payer Carlson, dont le contrat court jusqu’à la fin de l’année prochaine. D’autres médias ont confirmé la lettre.
Les avocats de Carlson ont déclaré que Fox cherchait à nier le droit à la liberté d’expression de son premier amendement. »
https://www.theguardian.com/media/2023/jun/12/tucker-carlson-twitter-show-fox-cease-desist
Le CMI/l’Etat profond
La semaine dernière nous parlions de l’influence du CMI, le Complexe militaro-industriel, sur la politique du monde occidental. Le fameux « Etat Profond étasunien » est cette association entre l’industrie de l’armement et les fonctionnaires de la sécurité (Pentagone et agences de renseignements) qui manipulent les institutions au mieux de ses intérêts financiers et systémiques.
Comme nous l’explique Glenn Diesen, un des relais de cette influence est le « Think Tank » ou la « société de conseil », par exemple Mc Kinsey qui a l’influence que l’on sait sur le gouvernement Macron et l’Union Européenne :
« Aux États-Unis, les groupes de réflexion ont acquis une influence considérable sur les décideurs politiques et le public. Ils fournissent aux hommes politiques des rapports de recherche et des analyses sur lesquels ils fondent leurs décisions. Les groupes de réflexion servent également de salle d’attente pour les politiciens qui ne font plus partie du gouvernement, dans un système de portes tournantes, ce qui permet aux groupes de placer leurs propres “fellows” aux postes les plus élevés de Washington. Les groupes de réflexion fournissent également des analyses pour les auditions du Congrès et dominent dans les médias en tant que source d’opinions d’experts. Ils sont donc devenus un centre important du pouvoir politique.
Alors que le pouvoir des groupes de réflexion ne cesse de croître, la question se pose de savoir qui les finance et pourquoi. Aux États-Unis, les groupes de réflexion libéraux et conservateurs sont, dans leur grande majorité, financés par l’industrie de l’armement. Ce phénomène est lié à la puissance du complexe militaro-industriel américain. Par conséquent, même avec l’extrême polarisation politique à Washington, il existe un soutien bipartisan fiable à la guerre en tant que solution à la plupart des problèmes, car l’industrie mise sur les deux partis politiques. L’option de démilitarisation de la politique étrangère américaine et de réduction du budget militaire échappe donc de plus en plus au contrôle démocratique. Le président Dwight Eisenhower avait mis en garde contre l’influence envahissante du “complexe militaro-industriel” lors de son discours d’adieu en janvier 1961. Eisenhower a d’abord utilisé l’expression “complexe militaro-industriel-congressionnel”, mais l’a révisée pour éviter de faire honte au Congrès et de le provoquer.
Plusieurs enquêtes menées par le New York Times ont révélé que l’industrie des groupes de réflexion s’est considérablement développée au cours des dernières décennies et a corrompu la politique grâce à un modèle commercial qui vend l’accès et l’influence. Matthew Rojansky, directeur du Wilson Center, a tiré la sonnette d’alarme en avertissant que les think tanks « sont devenus des groupes de pression, ou même des lobbyistes, sous un autre nom », simplement en fonction des forces du marché, étant donné que « les partis politiques veulent des propagandistes loyaux, et non pas des universitaires tatillons et équivoques. Et les donateurs potentiels veulent des tireurs d’élite chevronnés pour tirer leurs balles politiques sur la bonne cible au bon moment ». Les groupes de réflexion sont ensuite devenus un symptôme de l’hypercapitalisme, dans lequel tous les aspects de la société sont devenus un appendice du marché. Aujourd’hui, même l’influence politique est régulée de cette manière et les groupes de réflexion en sont une composante importante.
Ces groupes de réflexion financés par l’armée ont également fait une entrée remarquée dans l’UE, où les ONG dépendent traditionnellement davantage du financement gouvernemental que leurs homologues américains. Toutefois, l’industrie de l’armement a fait des percées en raison de l’importance croissante des questions de sécurité et des questions militaires en Europe. Pendant les années du Russiagate, les groupes de réflexion affiliés à l’OTAN ont renforcé leur influence dans l’UE sous prétexte de contrer l’ingérence russe. M. Daly a souligné l’ironie de l’autorité accordée aux « groupes de réflexion atlantistes et de l’OTAN, qui font du lobbying pour des intérêts qui profitent des conflits, est une ironie amère pour un comité destiné à enquêter sur les ingérences étrangères dans les processus démocratiques de l’Union européenne et à y remédier ».
https://www.dedefensa.org/article/pouvoir-cache-mais-tellement-visible
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Voici, cette semaine, un exemple des conséquences de la pression du CMI sur les médias pour empêcher tout appel à la paix, car la paix est contraire à leurs intérêts financiers et carriéristes :
« Le 16 mai dernier, le New York Times a publié une pleine page de publicité signée par 15 experts américains de la sécurité nationale au sujet de la guerre en Ukraine. Intitulée « Les États-Unis devraient être une force pour la paix dans le monde. » Elle a été rédigée par le Eisenhower Media Network. »
C’est-à-dire que pour qu’un article signé par 15 experts en sécurité nationale puisse être publié dans le New York Times, ces experts doivent fouiller au fond de leur poche et payer le journal (environ 150.000$). J’imagine qu’ils ont dû d’abord le proposer simplement pour publication et que devant le refus du journal, ils ont été obligés de payer pour y avoir accès. Encore un exemple nous montrant que la pluralité de la presse n’est plus qu’un simple préjugé meublant nos esprits dépassés par la situation.
« La déclaration qualifie la guerre de « désastre absolu » et exhorte le président Joe Biden et le Congrès à « mettre fin rapidement à la guerre par la diplomatie, compte tenu notamment des dangers d’une escalade militaire qui pourrait devenir incontrôlable. »
Cet appel à la diplomatie lancé par d’anciens initiés sages et expérimentés – diplomates, officiers militaires et fonctionnaires civils américains – aurait été une intervention bienvenue au cours de n’importe lequel des 442 jours qu’a duré cette guerre…
Les experts qui ont signé la déclaration du New York Times ont rappelé qu’en 1997, 50 experts américains de haut niveau en politique étrangère avaient averti le président Bill Clinton que l’élargissement de l’OTAN était une « erreur politique de proportions historiques » et que, malheureusement, Clinton avait choisi d’ignorer cet avertissement. Biden, qui poursuit aujourd’hui sa propre erreur politique aux proportions historiques en prolongeant cette guerre, ferait bien de suivre les conseils des experts politiques actuels en aidant à forger un règlement diplomatique et en faisant des États-Unis une force pour la paix dans le monde. »
Mais tant que le CMI tiendra le pays et ses institutions dans sa main d’acier, cette dernière phrase restera un vœu pieux.
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Moon of Alabama met en lumière une autre technique de manipulation des consciences, utilisée par ceux qui veulent que la guerre en Ukraine se perpétue, l’astroturfing :
« L’astroturfing est une pratique qui consiste à dissimuler les sponsors d’un message ou d’une organisation (politique, publicitaire, religieuse ou de relations publiques, par exemple) pour faire croire qu’il provient de participants de base qui les soutiennent. Il s’agit d’une pratique visant à donner de la crédibilité aux déclarations ou aux organisations en dissimulant des informations sur les bailleurs de fonds de la source. »
https://lesakerfrancophone.fr/la-manipulation-de-lopinion-pour-plus-de-guerre-en-ukraine
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Etrange à première vue, voilà que les médias grand public, dont France 24, se fendent d’un article reconnaissant le niveau d’espionnage de la société civile, espionnage normalement interdit par la constitution, dénoncé par des lanceurs d’alerte comme Snowden et Assange qui le payent chèrement, et qui pourtant continue allègrement :
« Un rapport de la Direction américaine du renseignement national, rendu public lundi, reconnaît l’importance pour les espions américains des informations vendues par des marchands de données. Des ressources qui permettent d’établir un réseau de surveillance des Américains très intrusif. Peut-être même trop pour les espions eux-mêmes. »
Ha oui, les « marchands de données » sont devenus l’alibi total à l’espionnage de l’individu lambda.
« Les espions américains croulent sous les informations personnelles sur les Américains. Telle est la conclusion d’un rapport remis fin janvier à Avril Haines, directrice du renseignement national, et qui vient d’être déclassifié.
Ce document d’une cinquantaine de pages détaille le très vaste réseau de surveillance que les agences américaines de renseignement ont pu mettre en place grâce aux informations mises en vente par les marchands de données. »
On déclassifie rapidement un document qui permet de rendre légal la surveillance généralisée de la population puisque ce sont les « marchands de données » qui le font. Plus de non-respect de la constitution par les renseignements qui pourront maintenant justifier leur surveillance sans mandat d’un juge.
On entend souvent l’argument disant « je ne crains pas l’espionnage généralisé car je n’ai rien à cacher », considérant ainsi que ce n’est pas un danger pour la société. C’est oublier trop vite pourquoi nos ancêtres ont jugé bon d’installer des gardes fous dans la constitution. Parce que dès qu’une institution obtient trop de pouvoir, elle va rapidement en abuser, d’où contre-pouvoir et gardes fous indispensables, sinon c’est le totalitarisme qui s’installe automatiquement. Et là, il sera trop tard pour réagir.
Covid 19 et injections ARNm
Encore des procès en perspective, en Allemagne cette fois, intenté contre les labos ayant produit les injections ARNm anti-Covid :
« Ce procès pourrait bien être le premier d’une longue série, à en croire les cabinets d’avocats qui représentent la plaignante, Rogert & Ulbrich, de Düsseldorf, et Cäsar-Preller, installé à Wiesbaden. Ils affirment avoir plusieurs centaines de leurs clients qui souffrent des conséquences de la vaccination anti-Covid, des cas qu’ils comptent porter devant les tribunaux allemands. Les trois quarts des injections administrées aux Allemands étant fabriqués par BioNTech, cette firme sera en première ligne dans ce bras de fer judiciaire à venir. »
https://francais.rt.com/international/105859-biontech-vaccin-covid-justice-allemande
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De nouvelles recherches réellement indépendantes, c’est-à-dire non menées par les labos pharmaceutiques, montrent que :
« …Les injections répétées de vaccins COVID-19 affaiblissent le système immunitaire et pourraient exposer les personnes qui les ont reçues à des pathologies dangereuses comme le cancer.
Des doses répétées de vaccins COVID-19 Pfizer ou Moderna font monter les niveaux des anticorps IgG4, qui peuvent produire un effet protecteur. Mais les chercheurs affirment dans leur article qu’un faisceau d’éléments de plus en plus fourni indique que les “taux anormalement élevés” de cette sous-classe de l’hémoglobine expose en fait davantage le système immunitaire à la protéine spike COVID-19 présente dans les vaccins. »
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Le Pr P.E. Alexander, du Brownstone Institute a fait une recension d’études scientifiques et en a trouvé 167 montrant l’inutilité, voir même le coté néfaste, des masques sur le contrôle et la transmission de virus.
« Le Dr Alexander est titulaire d’un doctorat en médecine, avec une expérience en épidémiologie et en enseignement de l’épidémiologie clinique. Il a été professeur adjoint à l’Université McMaster en médecine fondée sur des données probantes et en méthodes de recherche ; il a été conseiller en synthèse de données probantes sur la pandémie de COVID auprès du centre OMS-PAHO à Washington, DC (2020) ainsi que conseiller principal en matière de politique sur la pandémie de COVID au sein des Health and Human Services (HHS) à Washington, DC….
Il n’est pas déraisonnable de conclure que les masques chirurgicaux et les masques en tissu, utilisés comme ils le sont actuellement (sans autres formes de dispositif de protection individuelle), n’ont aucun impact sur le contrôle de la transmission du virus Covid-19. Les données disponibles suggèrent que les masques faciaux peuvent être réellement nocifs. L’ensemble des données probantes indique que les masques faciaux sont largement inefficaces. »
Manipulation de l’information
Ce texte d’un analyste italien nous fait prendre conscience de l’importance d’une information équilibrée pour une saine démocratie :
« À l’ère de la mondialisation, une information correcte revêt une importance vitale car elle nous permet de connaître les dynamiques politiques, géopolitiques, sociales et culturelles qui affectent notre société et nous relient au monde entier, un monde qui semble toutefois avoir annulé les identités, le respect et la protection des pays individuels : chaque pays est contraint de s’adapter aux processus de cette mondialisation sans tenir compte de ses intérêts, de ses besoins et de ses potentialités. Il s’agit d’une réalité amplifiée dans laquelle un pays individuel a d’énormes difficultés à s’intégrer, aussi et surtout parce que ses citoyens sont privés des informations qui pourraient garantir la possibilité d’évaluer les choix politiques les plus avantageux pour eux-mêmes et pour la nation dans son ensemble. Je dirais que le principe de base de la démocratie réside précisément là, dans la capacité d’un peuple non seulement de pouvoir choisir mais de savoir choisir, c’est-à-dire de connaître les faits avec leurs implications conséquentes pour la compréhension réelle des propositions qui nous sont progressivement offertes par la politique, la politique qui devra ensuite nous représenter au Parlement et dans le gouvernement du pays.
Une bonne information de base et le désir de participer à une politique active peuvent donner au peuple les outils indispensables pour contrôler le travail de son gouvernement, mettant ainsi pleinement en œuvre ce que l’on appelle le « pouvoir de commandement », une prérogative fondamentale pour être considéré comme un peuple libre et autodéterminé. Dans cette perspective, l’importance d’une information correcte, pilier irremplaçable d’une conscience collective saine et responsable, apparaît fondamentale. »
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/06/07/information-libre-pensee-et-democratie.html
Et c’est justement la raison pour laquelle les médias grand public ont été pris en otage par les puissances militaro-financières.
Autre exemple de la manipulation des consciences, par une ONG comme Reporter sans frontières, cette fois :
« Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse 2023, publié le 3 mai dernier par Reporters sans frontières (RSF), l’Ukraine effectue un bond prodigieux de 27 places, passant de la 106e à la 79e position sur 180 pays étudiés. « Malgré la désorganisation des rédactions et les difficultés liées à la couverture d’un pays en guerre, ainsi que des restrictions de reportage, en général proportionnées à la situation, les journalistes bénéficient d’une plus grande liberté, explique l’association. La guerre et l’esprit d’union nationale ont réduit l’emprise des oligarques sur les médias et les pressions dues aux clivages. »
Ce conte de fées a étonné l’organisation américaine Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR). L’observatoire critique des médias rappelle (1) que, le 29 décembre dernier, le président Volodymyr Zelensky a signé une nouvelle loi qui, sous toute autre latitude, aurait épouvanté RSF et fait dévisser le pays au classement. Le texte octroie en effet au Conseil national de télévision et de radiodiffusion — l’organe de régulation des médias ukrainien — le pouvoir de sanctionner d’amende, de fermer, de révoquer les licences sans jugement ou de bloquer n’importe quel titre, antenne, média social ou plate-forme. Or les autorités contrôlent étroitement ce conseil puisque M. Zelensky en nomme quatre des huit membres et le Parlement quatre autres. »
https://www.monde-diplomatique.fr/2023/06/RIMBERT/65824
Bonne semaine à tous. A lundi prochain.