Quoi de neuf à Idlib, la zone démilitarisée du nord de la Syrie ?


Par Stephen Lendman – Le 16 octobre 2018 – Son blog

À la mi-septembre, Poutine et Erdogan ont convenu de créer une zone démilitarisée de 15 à 20 km de large dans la province d’Idlib, le long de la frontière turque.

Les forces russes et turques contrôlent la zone, l’offensive pour libérer Idlib ayant été reportée au moins jusqu’à la fin de cette année, peut-être pas avant 2019.

Le retrait complet des terroristes soutenus par les États-Unis devait être achevé le 15 octobre, date limite manquée parce qu’al-Nusra et ses djihadistes alliés refusent de désarmer et de partir ; probablement à la demande de Washington, leur trésorier.

Selon AMN News, les militaires syriens « exigent des réponses concernant le (ou les) retrait(s) de la zone tampon désignée » :

« Le Haut Commandement de l’armée arabe syrienne est en pourparlers avec l’armée russe au sujet des prochaines mesures à prendre dans les provinces d’Idlib, d’Alep, de Lattaquié et de Hama » en réponse au non-respect de l’accord sur la zone tampon par des terroristes soutenus par les États-Unis.

Une source militaire syrienne a déclaré que les djihadistes d’Idlib continuent d’attaquer les forces gouvernementales et les civils, expliquant :

Ils « renforcent leurs positions, creusent de nouvelles tranchées et étendent leur réseau de tunnels souterrains », montrant ainsi qu’ils envisagent de rester.

Al-Nusra, l’Organisation des gardiens de la religion, qui lui est affiliée, et le Turkistan Islamic Party of Syria ont l’intention de rester sur leurs positions, y compris sur les hauteurs stratégiques et dans les zones voisines, en les utilisant comme plates-formes pour la poursuite des bombardements.

Idlib est le dernier bastion important tenu par les terroristes soutenus par les États-Unis en Syrie, contrôlé par des dizaines de milliers de djihadistes.

Lundi, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Moallem a déclaré que l’accord de zone démilitarisée d’Idlib serait intenable si al-Nusra et les autres djihadistes ne s’y conforment pas :

« Nous ne pouvons pas nous taire sur la poursuite de la situation actuelle à Idlib si le Front Nusra refuse de se conformer à cet accord », ajoute-t-il :

« Après la libération du territoire à l’Est de l’Euphrate, libérer Idlib du contrôle des terroristes est le prochain objectif », soulignant que la province sera rendue à la souveraineté syrienne. [Il semble pourtant que la priorité soit Idlib d’abord puis l’Est de l’Euphrate, NdT].

Si la zone démilitarisée russo-turque n’est pas mise en œuvre, Damas prendra d’autres options pour éliminer Al-Nusra et les autres terroristes à Idlib, déclare-t-il.

« À cause (des millions de) citoyens syriens à Idlib, et ce n’est pas leur faute, nous avons dit que la libération d’Idlib par la réconciliation est bien mieux que le bain de sang. Le soutien de la Syrie à l’accord de Sotchi (Moscou/Ankara) vient de son désir de ne pas verser de sang », explique al-Moallem.

En parlant du territoire occupé par les États-Unis dans le pays, il a souligné l’importance de le libérer de leur présence et de remettre la nation entière sous contrôle syrien.

« Nous considérons toujours la Turquie comme un État qui occupe nos territoires. Par conséquent, nos forces armées ne peuvent participer avec leurs forces à aucune opération à l’Est de l’Euphrate », souligne-t-il.

Le chef du centre de réconciliation russe en Syrie, Vladimir Savchenko, a accusé le régime de Trump du fait qu’al-Nusra et d’autres djihadistes ne se retirent pas de la zone démilitarisée d’Idlib :

En raison de l’« inaction » des États-Unis, ils ont « établi un contrôle sur une bande de 20 kilomètres sur la rive Est de l’Euphrate, entre les colonies de Hajin et al-Susa », ajoute-t-il :

Les forces américaines continuent de « simuler » la lutte contre les terroristes d’EI qu’elles soutiennent en réalité. Quelques jours plus tôt, ces terroristes avaient enlevé 700 civils lors d’une attaque contre un camp de réfugiés près d’Al-Bahrah, les prenant en otage comme boucliers humains.

Mardi, le général irakien Dia al-Wakil a fustigé Washington en déclarant que sa prétendue coalition soutient le fléau terroriste qu’il prétend combattre.

« Je ne pense pas que la coalition internationale (dirigée par les États-Unis) veuille mettre fin au terrorisme dans la région », a-t-il ajouté :

« Sous le prétexte de la ‘lutte contre le terrorisme’, les forces américaines restent et se renforcent ici. Derrière cela se cachent des objectifs économiques. Les Américains ont besoin de contrats de vente de pétrole et d’armes. »

EI et d’autres terroristes sont déployés là où les États-Unis veulent qu’ils soient utilisés. Leurs combattants sont « simplement transférés d’un point donné » à un autre, y compris d’un pays à l’autre.

« Nous avons vu comment les terroristes se déplaçaient dans toute la région sous les yeux de la coalition internationale », transportés par des hélicoptères du Pentagone. Cela se passe régulièrement.

EI « n’a pas été détruit, mais sera toujours utilisé dans les luttes politiques, en particulier dans un contexte d’instabilité au Moyen-Orient ». Il en va de même pour Al-Qaïda, sa branche al-Nusra et d’autres groupes terroristes.

De son côté, Jaberi Ansari, responsable du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré qu’un massacre à Idlib déclenché par al-Nusra et/ou d’autres terroristes serait une ligne rouge pour Téhéran.

Cela aurait « un coût humanitaire et moral grave, ainsi que des coûts politiques, ce qui est inacceptable », a-t-il dit ; sans plus de précisions sur la manière dont l’Iran pourrait réagir.

Stephen Lendman

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

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