Quelques réponses à quelques commentaires sur des articles récents


Par Batiushka – Le 26 juin 2022 – Source The Saker Blog

Erreurs

Je m’excuse pour les rares erreurs qui proviennent du fait que je n’ai pas vérifié le texte assez conscieusement. Par exemple, Kuleba est bien sûr le ministre ukrainien des Affaires étrangères, et non le ministre de l’Intérieur. Merci, chers lecteurs, pour toute correction factuelle !

Pourquoi la Révolution russe a-t-elle eu lieu, si tout allait si bien avant 1917 ?

Il n’y a jamais eu de Révolution. C’est un mythe de l’histoire occidentale/soviétique. Mais il y a eu une mutinerie de la classe dirigeante, en fait une révolte de l’élite déracinée, anglophone et francophone, ou aristocrate, contre la Russie. Ils avaient de grandes richesses et voulaient donc ce qui vient après – le pouvoir. Le peuple, à l’exception de la foule du pain et du cirque, n’a pas suivi, mais était trop faible et désorganisé pour résister. La mutinerie a été organisée, encouragée et aidée par des puissances étrangères, surtout par les Britanniques depuis leur ambassade dans la capitale de l’époque, Saint-Pétersbourg.

Les empires utilisent toujours les mêmes techniques. De même que les Romains avaient leurs États-clients et leurs proconsuls ou gouverneurs (à Jérusalem, c’était Ponce Pilate) et prenaient en otage les enfants de l’élite locale en les “éduquant” (= endoctrinement / occidentalisation) dans leurs capitales et villes principales, de même faisait la Grande-Bretagne impériale et, aujourd’hui, le font les États-Unis. La trahison locale va loin lorsque vous donnez à tous les traîtres de la capitale beaucoup de dollars (rappelez-vous comment ils ont fait voler des avions remplis de milliards de dollars vers Bagdad ?) et quelques infrastructures (comme dans un cas classique récent, Kiev en 2014). Cependant, ne blâmez pas entièrement les puissances étrangères – aucune puissance étrangère ne peut rien faire s’il n’y a pas de trahison locale. Mais vous pouvez toujours trouver des locaux qui vendront leur âme pour un tas de poteries/dollars.

Le nazisme

Bien que le 29 mars dernier, dans mon tout premier article pour The Saker, intitulé Que signifie le nazisme ?, j’ai expliqué ce qu’est le nazisme, la confusion persiste. En parlant du nazisme en Ukraine, la Fédération de Russie ne parle pas du nazisme en tant que phénomène ayant existé pendant douze ans sous le Troisième Reich et marqué, entre autres, par la persécution des Juifs. Le nazisme, et donc la dénazification, est quelque chose de bien plus grand, de bien plus ancien, de bien plus profond.

Le nazisme est l’idéologie millénaire de la supériorité (imaginaire) du monde occidental/occidentalisé, l’idéologie de la “race supérieure”. Il a commencé avec le premier Reich des Carolingiens de 800-1806, l’acte fondateur du “Moyen Âge” occidental. Et elle s’est répétée dans le deuxième Reich des militaristes prussiens de 1871 à 1918, bien avant le troisième Reich. Ainsi, nous pouvons également qualifier les Normands de nazis, les Croisés de nazis, les Conquistadors de nazis, les marchands britanniques en Inde de nazis. Le génocide largement britannique des Amérindiens était un acte nazi, tout comme le génocide belge des Congolais, comme le génocide japonais à Nankin, comme l’holocauste hitlérien des Slaves (30 millions), comme le génocide américain des Vietnamiens. Aujourd’hui, les États-Unis et leurs vassaux britanniques, européens, canadiens, australiens, etc., “l’Occident collectif”, sont le quatrième Reich.

Oui, il est vrai qu’au cours de l’histoire, probablement tous les pays, groupes ethniques, tribus ou clans ont, à un moment donné, attaqué un autre pays pour tenter de s’emparer de ses ressources. La différence essentielle ici, c’est que les attaques occidentales ne sont pas ponctuelles et motivées par la cupidité. Elles sont institutionnalisées, systématiques, justifiées dans le cadre d’une idéologie millénaire, et elles sont mondiales. Divers mots ont été utilisés pour justifier cette idéologie nazie, du catholicisme au protestantisme, de l’espagnol au britannique, de l’allemand à l’israélien, de la liberté à la démocratie, et de l’américain au Woke. C’est toujours la même chose, toujours le même banditisme maléfique et la même brutalité de la violence organisée derrière l’excuse. Le brûlot “Annuler la Russie” des années 2020 est tout aussi nazi que le brûlot d’Hitler des années 1930. C’est la même anti-culture de la même anti-civilisation. Quelle que soit l’étiquette que vous voulez lui donner, “occidental”, “nazi”, “européen”, “américain”, “éveillé”, c’est finalement le même satanisme.

C’est pourquoi le conflit en Ukraine, qui aurait pu si facilement rester une affaire purement locale dans le Donbass et se terminer en 2014, s’est étendu à l’ensemble de la Novorussie (l’est et le sud de l’“Ukraine”) et s’est répandu dans toute l’Europe orientale et occidentale. La tâche principale, voire la mission de la Russie, et beaucoup d’entre nous le savaient dès le début et y ont même cru toute leur vie, est de libérer l’Europe du “nazisme”, de “dénazifier” l’Europe. (La Chine peut négocier avec Taïwan, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et, assez facilement, l’Afrique ; la Russie peut négocier, assez facilement, avec l’Amérique latine. Quant aux USA et au Canada, comme Israël, il faudra les mettre en quarantaine, les isoler et les laisser pourrir jusqu’à ce qu’ils se décontaminent, comme des cadavres qui, avec le temps, ne laissent que des os blanchis.

Cette dénazification sera, je l’espère, principalement politique, économique et idéologique – mais elle pourrait aussi, dans certains cas, devoir être militaire, comme en Ukraine. C’est l’objet de l’opération Z. En écrivant ces mots, je participe très modestement à l’opération Z et vous, en lisant ces mots, vous participez aussi à l’opération Z. Z est la Grande Libération. Nous avons attendu ce moment toute notre vie, que nous l’ayons réalisé ou non.

Quelles sont les sources de l’article sur la Russie avant la “Révolution”, les mythes du passé et la troisième incarnation de la Russie depuis 1721 ?

Il y a peu de sources en anglais. C’est délibéré. Peu de choses ressemblant à la vérité sur la Russie sont écrites ou traduites – ce qui fait bien sûr partie de la censure systématique sur la Russie. La bibliographie ci-dessous ne représente que la partie émergée de l’iceberg, c’est pourquoi je la qualifierais plutôt de liste de lectures essentielles :

En russe :
  • Les journaux intimes de Nicolas II, en 3 volumes, éd. S. V. Mironenko, Moscou, 2013.
  • Alferiev E. E., Le Tsar Nicolas II comme homme de forte volonté, New York-Jordanville, 1983
  • Belousov P. (compilé), Le Tsar et la Russie, Otchij Dom, Moscou, 2017 (Contient des réimpressions de nombreux articles importants de Solonevich, Nekrasov, Obruchev, Obolensky, Pavlov, Tikhmenev, Stremoukhov, Zajtsev et d’autres).
  • Bokhanov A. N., Raspoutine, l’anatomie d’un mythe, Moscou, 2000.
  • Bokhanov A. N., Nicolas II, Moscou, Veche, 2008
  • Borisiuk A. A., L’histoire de la Russie qu’ils ont ordonné d’oublier, Moscou, Veche 2018 (2ème édition). (Faits statistiques)
  • Brazol B.L., Le règne du tsar Nicolas II en faits et chiffres (1894-1917), New York, 1959
  • Dolmatov V., Le souverain, vingt-trois marches plus haut, Dostoinstvo, Moscou 2015
  • Fomin S., Grégoire Raspoutine, une enquête, 9 volumes, Moscou, Forum, 2007-2015
  • Gubanov V. (compilé), Le Saint Tsar Nicolas II et les nouveaux martyrs russes, Stavros, Moscou, 2004
  • Kapkov K.G., Le monde spirituel de l’empereur Nicolas II et de sa famille, Moscou-Livadia, 2017
  • Kobylin V., Anatomie d’une trahison, les sources de la conspiration antimonarchiste, Saint-Pétersbourg, 1998 (réimpression)
  • Mirek A., L’empereur Nicolas II et le destin de la Russie orthodoxe, Éclairages spirituels, Moscou, 2013.
  • Mironova T., De sous le mensonge, Vesti, Saint-Pétersbourg, 2005.
  • Multatuli P.V., La politique étrangère de l’empereur Nicolas II (1894-1917), Moscou, 2012.
  • Multatuli P.V., Mythes et vérité sur l’empereur de Russie Nicolas II, Ekaterinbourg, 2013.
  • Multatuli P.V., Nicolas II, le chemin de croix, Smolin, Moscou, 2013
  • Multatuli P.V., L’empereur Nicolas II, l’homme et le monarque, et L’empereur Nicolas II le martyr, Veche, Moscou, 2018.
  • Multatuli P.V., L’empereur Nicolas II, la tragédie d’un souverain incompris, Smolin, Moscou, 2018.
  • Oldenburg S. S., Le règne de Nicolas II, Saint-Pétersbourg, Petropol, 1991 (réimpression).
  • Platonov O., Nicolas II, sa vie et son règne, Saint-Pétersbourg, 1999.
  • Platonov O., Nicolas II dans sa correspondance secrète, Algorithme, Moscou, 2005
  • Platonov O., Une vie pour le tsar, Rodnaya Strana, Moscou, 2015
  • Reshetnikov L., Retourner en Russie, Moscou, 2013
  • Chargounov Archiprêtre A., Les miracles des martyrs royaux, 2 Volumes, Moscou, 2000
  • Archiprêtre A. Chargounov, Le Tsar, Zlatoust, Moscou, 2013
  • Zhevakhov N.D., Mémoires, Saint Petersbourg, 2014
En anglais :
  • Den L., The Real Tsaritsa, Nabu Public Domain Reprints, sans date.
  • Maylunas A. et Mironenko S., A Lifelong Passion, Nicholas and Alexandra, Weidenfeld, London, 1996 (Leur correspondance)
  • Nekrasov G., Nicolas II en tant que commandant militaire, Sovereign Journal n° 5, Royal Russia, 2017.
  • Rogger H., Politiques juives et politique de droite dans la Russie impériale, Berkley, 1986.
  • Romanova Olga Alexandrovna, 25 Chapitres de ma vie, Librario, Kinloss, 2009 (réimpression)
  • Vorres I., La dernière grande-duchesse, Olga Alexandrovna, Charles Scribner’s Sons, New York, 1964
  • Wilton E. et Sokolov N., The Last Days of the Romanovs, General Books, Memphis, 2012 (réimpression)
En français :
  • Chavelsky G., J’ai Vécu La Fin de la Russie Impériale, Editions Singulières, Sète, 2011. (Une très bonne traduction et un portrait des traîtres entourant le tsar Nicolas, écrit par l’un d’entre eux).
  • Gilliard P., Le Tragique Destin de Nicolas II et de sa famille, Payot, Paris, 1929
  • Jacoby Jean, Le Tsar Nicolas II et la Révolution, Fayard, Paris, 1931
  • Joukoff Archiprêtre B. (compilé), Nicolas II, Le Dernier Empereur Orthodoxe, Villemoisson, 2015
  • Loupan V., Nicolas II, Le Saint Tsar, Syrtes, Paris, 2001

Qui suis-je ?

Je suis le recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe. J’ai servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. J’ai également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes. Voilà qui est dit.

Batiushka

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF