Par Einar Schlereth – Le 16 février 2015 – Source vineyardsaker.de
Pourquoi on n’arrête pas les putschistes? Parce qu’il y en aura d’autres qu’il faudra démasquer. ceux-là, Au moins, on les connaîT. élémentaire, non?
Pour commencer, toute la situation est encore confuse et vague. En partie parce que quelques complices sont encore recherchés, en partie parce que le gouvernement, naturellement, ne publie pas tout, et en partie encore parce que la nature même de toute cette histoire est vraiment confuse. L’affaire elle-même est facile à décrire dans ses grandes lignes. Il y a de nouveau eu un plan pour tenter de renverser et attaquer le gouvernement, mais il a été déjoué juste à temps. Quelques officiers de l’Armée de l’air avaient projeté d’attaquer, avec un avion militaire, quelques bâtiments importants de l’État, par exemple le palais présidentiel et des institutions proches de l’État, notamment une chaîne de télévision. Juste après – ou peut-être juste avant; les descriptions à ce propos varient encore – un célèbre général devait expliquer au public que l’armée vénézuélienne s’était dressée contre le mauvais gouvernement et avait pris le pouvoir.
Ce message devait à son tour être immédiatement diffusé dans le monde entier par les agences de presse internationales, d’une part pour donner une impression fausse sur les faits et d’autre part pour jeter le peuple dans le trouble. Le plan a été découvert par quelques jeunes officiers qui, comme toujours, en avaient eu connaissance. (Il faut partir du principe que cette information a un caractère plutôt rhétorique.) La situation actuelle est que certains participants à la tentative de putsch ont été arrêtés et qu’ils ont déjà livré quelques informations lors de leurs auditions. En outre, de nombreux éléments concrets de preuve ont été trouvés lors des arrestations et des perquisitions. Jusque là, c’est assez ennuyeux, d’autant que ce n’était pas du tout la première tentative de putsch et que celui-ci a été précédé depuis des mois par des préparations évidentes et sans ambiguïté. Mais l’affaire devient intéressante lorsqu’on regarde de plus près le contexte et les antécédents du coup.
Il y a déjà une première spécialité: assez peu de temps auparavant, l’ambassade d’Allemagne avait envoyé une circulaire aux nombreux Allemands qui vivent là-bas, leur conseillant de se préparer, de se procurer de l’argent liquide et de faire des réserves de nourriture, de bougies, de piles, d’allumettes, etc.
Questionnée à ce sujet, après que la tentative de putsch avait été éventée, l’ambassade allemande a déclaré vaguement que le Vénézuela était un grand pays et, en raison de ses conditions naturelles, qu’il fallait compter par exemple avec des tremblements de terre; c’est pourquoi on avait transmis des avertissements de routine. Le problème: la circulaire mentionnait très concrètement des changements politiques importants comme motif de préoccupation.
Mais d’autres amis des États-Unis, par exemple le Canada, sont impliqués. Ainsi, une femme de la police d’état canadienne a inspecté un aéroport de façon très minutieuse pour étudier la manière de le défendre en cas de troubles.
Entre-temps, il est de notoriété publique qu’au moins un officier de haut rang venait de recevoir de l’ambassade états-unienne un visa tout neuf de dix ans, pour le cas où quelque chose se passerait mal.
Les personnes au cœur des tentatives de coup d’État ne sont pas du tout des inconnus. Une des figures centrales est M. Borges, un chef de l’opposition, qui mérite qu’on aille regarder son curriculum vitae de plus près. Celui-ci est tout à fait classique pour un pro-US actif. Après des études dans une université jésuite privée du Vénézuela, il est parti pour les États-Unis, où il a obtenu un diplôme en néocon-ologie et en révolution-ologie (Boston, philosophie politique et sociale). Pour acquérir un bon outil on ne regarde pas à la dépense, et donc Borges a en plus étudié ensuite les sciences politiques et latino-américaines à Oxford. On remarquera la dernière université – remarquable pour quelqu’un venant d’Amérique latine.
La suite de sa carrière est toutefois caractérisée par un tout autre domaine d’intérêt, notamment le judiciaire. D’abord une émission sous le titre de Justice pour tous (pour une chaîne de télévision privée qui a joué un rôle lors du putsch contre Chávez en 2002) et plus tard l’entrée (et l’ascension rapide jusque au sommet– comme Merkel ?) dans le parti Justice d’abord. On reconnaît aisément que l’homme a été formé dès le début dans un but très précis et qu’il poursuit systématiquement la ligne du populisme avec le but à long terme de ramener le Vénézuela sous la domination des États-Unis, par tous les moyens, surtout des moyens contre-révolutionnaires et la tromperie.
Un autre criminel et personnage principal est le général General Oswaldo Hernandez Sanchez, qu’on a déjà connu dans d’autres tentatives de putsch, il y a environ un an, et qui pour cette raison était en détention à domicile. C’est lui qui, conformément au plan, devait informer le peuple mais aussi le monde, dans une action surprise concertée, de la fin du gouvernement démocratiquement élu de Maduro. Quelques agences occidentales et chaînes de télévision, comme AP par exemple, se tenaient déjà prêtes.
Une autre criminelle notoire a de nouveau mis ses mains sales dans le jeu : Patricia Poleo, une ex-politicienne (de l’opposition, évidemment) et journaliste, qui hait encore plus intimement Chávez et Maduro et qui s’agite encore plus que Borges. Mais comme la femme était impliquée dans de très vilaines affaires, elle était entre autres recherchée par la police dans le cadre d’un meurtre, elle agit dorénavant depuis Miami, aux États-Unis. Apparemment, en liaison avec des personnages obscurs de l’ambassade états-unienne, elle a aussi joué le rôle d’intermédiaire financier pour l’opération et point de convergence pour toutes sortes de gens impliqués.
Pourquoi ai-je écrit d’entrée que tout cela n’était pas du tout surprenant? D’une part parce que les Etats-Unis s’acharnent à renverser et à détruire le gouvernement et le mouvement populaire du Vénézuela. D’autre part parce que la tentative de putsch n’est que la cerise sur le gâteau d’une opération déjà très longue qui a paralysé l’approvisionnement en électricité et provoqué la pénurie d’articles indispensables à la vie quotidienne, qui a fait de l’agitation dans tout le pays, et encore d’autres actions du même genre. Particulièrement pernicieuse et infâme: l’immense pénurie de denrées alimentaires de base, qui étaient parfois empilées jusqu’au plafond dans des entrepôts et étaient retirées du marché, en application de la devise: Quand les estomacs crient famine, le peuple en colère occupe la rue et maudit le gouvernement. C’était sur cet arrière-fond que la tentative de putsch actuelle devait se produire.
Maintenant, certains peuvent se demander pourquoi le gouvernement n’a pas éliminé depuis longtemps tous ces agents, ces criminels et ces putschistes. Simple: parce que ça n’aurait aucun sens, ce serait même néfaste. Car il est certain que les États-Unis continueraient leurs tentatives, avec leurs énormes ressources, et le gouvernement devrait de nouveau découvrir ce qu’il sait déjà aujourd’hui, notamment qui sont les putschistes et comment ils agissent.
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone