Par Ugo Bardi – Le 9 mars 2017 – Source Cassandra Legacy
C’est vrai : les avions volent plus lentement de nos jours ! La vidéo ci-dessus montre que les voyages en avion sont aujourd’hui plus de 10% plus lents que dans les années 1960 et 1970, pour la même distance. Les compagnies aériennes, semble-t-il, ont passé leur « pic de vitesse » [Réference au Peak Oil, NdT] ces dernières décennies.
De toute évidence, aujourd’hui les compagnies aériennes ont optimisé la performance de leurs avions pour minimiser les coûts. Mais elles devaient certainement optimiser leurs pratiques commerciales avant même le pic et, en ce temps-là, les résultats obtenus ont dû être différents. Le changement a eu lieu quand elles ont commencé à utiliser les prix actuels du pétrole pour leurs modèles, et elles ont constaté qu’elles devaient ralentir. Vous voyez dans le graphique ci-dessous, ce qui est arrivé au marché pétrolier après 1970. (Prix du pétrole brut Brent, corrigé de l’inflation)
Il est remarquable de voir comment les choses changent. Vous souvenez-vous du battage publicitaire des années 1950 et 1960 ? Les gens qui s’opposaient à la construction d’avions commerciaux supersoniques étaient considérés comme s’opposant à la destinée manifeste de l’humanité. La vitesse devait augmenter, parce que cela avait toujours été le cas et la technologie devait nous fournir les moyens de continuer à nous déplacer plus rapidement.
La hausse des prix du pétrole a porté un coup fatal à cette attitude. Le Concorde supersonique était une erreur volante, mais il fut néanmoins construit (une manifestation de la Grandeur française). Heureusement, d’autres idées bizarres n’ont pas été réalisées, comme les vols suborbitaux qui auraient dû faire transiter des passagers de Paris à New York en moins d’une heure.
Si cette histoire nous dit quelque chose, c’est que dans la lutte entre le progrès technologique et l’épuisement du pétrole, l’épuisement du pétrole gagne. Les compagnies aériennes sont particulièrement avides de carburant et n’ont aucune alternative en terme de carburants liquides. Ainsi, malgré les technologies les meilleures, la seule façon pour elles de faire face à la hausse des prix du pétrole a été de ralentir les avions, c’était aussi simple que cela.
Même les avions plus lents, cependant, ont encore besoin de carburants liquides qui sont fabriqués à partir de pétrole. Nous pouvons revenir aux avions à hélices, pour une efficacité encore meilleure, mais le problème demeure : pas de pétrole, pas d’avions, du moins pas le genre d’avions qui permettent aux gens normaux de voler, ce qui, de nos jours, semble à une caractéristique évidente de notre vie. Mais, comme je l’ai déjà dit, les choses changent !
Note ajoutée après publication. Par curiosité, et aussi après quelques commentaires reçus pour ce post, je suis allé regarder la vitesse de croisière nominale de divers avions de passagers. Il semble qu’il n’y ait aucun changement détectable dans les valeurs rapportées pour des avions semblables, du Comète à l’Airbus A-350. Cependant, les horaires indiquent un ralentissement d’environ 12% dans le temps de vol. En partie, je pense qu’il faut tenir compte de l’encombrement des aéroports, mais aussi, en partie, du comportement de l’avion en vol ; il a peut être probablement ralenti un peu, au niveau de sa vitesse de croisière nominale, avec une petite amélioration sur l’efficacité du carburant.
Ugo Bardi
Traduit par Hervé, vérifié par Julie, relu par nadine pour le Saker Francophone