Perdant – Perdant


« La Maison Blanche a entraîné tout l’Occident dans une direction et une vitesse de triomphalisme, d’arrogance et d’imbécillité « flagrante » telles qu’il n’y a pas de retour en arrière ou de revirement possible sans une défaite totale du récit officiel et la honte éternelle qui en découle. » – Hugo Dionisio


Par James Howard Kunstler – Le 3 février 2023 – Source Clusterfuck Nation

Le New York Times – accusé cette semaine d’être un pourvoyeur chronique de mensonges par rien de moins que son prétendu allié, la Columbia Journalism Review – vous ment à nouveau ce matin.

Selon des responsables américains et occidentaux, le nombre de soldats russes tués et blessés en Ukraine approche les 200 000, un symbole fort de l’échec de l’invasion du président V. Poutine.

Ce bobard est une diversion artistique de la réalité sur le terrain, à savoir que l’Ukraine est presque finie dans ce conflit tragique et idiot mis en scène par les génies derrière leur jouet, le président « Joe Biden ». D’ailleurs, ce n’est pas une coïncidence si l’Ukraine et « JB » tombent en même temps. Les deux organismes sont des symbiotes : une paire de parasites mutuels qui se nourrissent l’un de l’autre, s’échangent leurs exsudations toxiques, et deviennent de plus en plus délirants sur leur trajectoire vers un crash à la fin de l’hiver.

Le but de la guerre, vous vous en souvenez, est « d’affaiblir la Russie » (c’est ce qu’a déclaré le secrétaire d’État au ministère de la Défense, Lloyd Austin), voire de la réduire en petits morceaux géographiques à l’avantage de notre pays – c’est-à-dire la domination de l’Amérique dans les affaires mondiales, et en particulier la suprématie du dollar américain dans les règlements commerciaux mondiaux.

Jusqu’à présent, le résultat de la guerre a été à l’opposé de cet objectif. Les sanctions américaines ont renforcé la Russie en déplaçant ses exportations de pétrole vers des clients asiatiques plus fiables. L’exclusion de la Russie du système mondial de paiement SWIFT a incité les pays BRIC à mettre en place leur propre système alternatif de règlement des échanges. Le fait de couper la Russie du commerce avec la civilisation occidentale a stimulé le processus de remplacement des importations (c’est-à-dire que la Russie fabrique davantage de produits qu’elle achetait auparavant à l’Europe). La confiscation des avoirs off-shore en dollars de la Russie a alerté le reste du monde pour qu’il se débarrasse de ses avoirs en dollars (en particulier des bons du Trésor américain) avant de se faire agresser à son tour. Bien joué, Victoria Nuland, Tony Blinken et le reste de la bande de l’usine à génies de Foggy Bottom.

Tout cela soulève la question suivante : qui risque de s’effondrer en premier, les États-Unis ou la Russie ? Je vous recommande l’ouvrage fondamental de Dmitry Orlov, Reinventing Collapse : The Soviet Experience and American Prospects, Revised & Updated. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas prêté attention à ces trente dernières années, la Russie, constituée en Union soviétique, s’est effondrée en 1991. L’URSS était une expérience audacieuse fondée sur les effets néfastes particuliers et inédits de l’industrialisation, en particulier l’inégalité économique flagrante. Hélas, le remède proposé par Karl Marx était un système despotique consistant à prétendre que les individus n’avaient pas d’aspirations personnelles.

Ce modèle économique pourrait être réduit à l’aphorisme comique suivant : Nous prétendons travailler et ils prétendent nous payer. Ce modèle a échoué et l’URSS a glouglouté dans les égouts de l’histoire. La Russie est sortie de la poussière, amputée d’une grande partie de ses territoires eurasiens. Le processus a fait couler remarquablement peu de sang. Le livre de M. Orlov met en évidence certaines dispositions très intéressantes qui ont adouci l’atterrissage. Il n’y avait pas de propriété privée en URSS, si bien qu’au moment de son effondrement, personne n’a été expulsé ou forcé de quitter son logement. Très peu de personnes possédaient une voiture en URSS, de sorte que les centres-villes étaient encore intacts et que les gens pouvaient se déplacer en bus, en tramway et en train. Le système alimentaire avait été bâclé pendant des décennies par un collectivisme peu incitatif, mais les Russes avaient l’habitude de planter des jardins – même les citadins, qui avaient des parcelles en dehors de la ville – et cela leur a permis de tenir le coup pendant les années de difficultés avant que le pays ne parvienne à se réorganiser.

Comparez cela aux perspectives de l’Amérique. En cas de crise économique, les Américains verront leurs maisons saisies ou seront expulsés de leurs locations. Les États-Unis ont été tragiquement construits sur un modèle d’étalement suburbain qui sera inutile sans voitures et avec peu de transports publics. Les voitures, bien sûr, peuvent être saisies en cas de non-paiement des prêts contractés. Le système alimentaire américain est basé sur des snacks au fromage, des nuggets de poulet et des pizzas surgelées fabriqués au micro-ondes par des entreprises géantes. Ces produits ne peuvent pas être cultivés dans les jardins familiaux. De nombreux Américains ne savent même pas comment cultiver leurs propres aliments, ni ce qu’il faut en faire une fois qu’ils ont été récoltés.

Il y a une autre différence entre la chute de l’URSS et l’effondrement en cours aux États-Unis. Sous toutes les perversités économiques de la vie soviétique, la Russie avait encore une identité nationale et une culture cohérente. Les États-Unis ont jeté leur identité nationale sur la péniche à ordures de la « diversité, de l’équité et de l’inclusion », qui n’est en fait qu’une arnaque visant à extraire ce qui reste du stock décroissant de l’activité productive et à donner le butin à une foule de plaignants « intersectionnels » – par exemple, le nouveau plan grotesque de la ville de San Francisco visant à accorder des paiements de « réparation » de 5 millions de dollars aux habitants afro-américains de la ville, où l’esclavage n’a jamais existé.

Quant à la culture, considérez que les deux plus grands producteurs culturels de ce pays sont les industries de la pornographie et des jeux vidéo. Le commerce de la drogue n’est peut-être pas loin derrière, mais la plupart de ces activités se déroulent en dehors des circuits officiels, donc il est difficile de savoir. Voilà pour ce qu’on appelle les « arts ». Notre culture politique frise la dégénérescence totale, mais c’est trop évident pour qu’on s’y attarde, et les échecs de gestion généralisés de notre système politique sont une grande partie de ce qui nous abat – plus particulièrement l’incapacité à tenir les personnes au pouvoir responsables de leurs gaffes et turpitudes.

Cette situation pourrait changer, du moins un peu, lorsque la Chambre des représentants de l’opposition entamera des auditions sur une série de sujets inquiétants. En attendant, méfiez-vous des affirmations du New York Times et d’autres organes de propagande selon lesquelles notre projet ukrainien est en train de remporter une grande victoire, et que les opérations de racket de la famille Biden sont une théorie du complot de droite. Ces deux pièces de l’énigme connue sous le nom de réalité sont en train d’exploser au visage de notre pays. Il sera difficile de ne pas les remarquer.

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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