Paille et poutre suite…
La neutralité n’est plus ce qu’elle était

Le 5 mars 2015 – Source Moon of Alabama

Quand la neutre OSCE blâme le mauvais camp en Ukraine

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a envoyé des observateurs militaires dans l’est de l’Ukraine. La mission est censée observer également les deux côtés du conflit, signaler les incidents et évaluer le degré de respect des accords conclus dans le cadre du cessez-le-feu de Minsk 2 par les deux armées.

Le rôle de l’OSCE est censé être neutre.

Mais son rapport quotidien du 4 mars à 18 heures, fait sérieusement douter de sa neutralité.

Dans une note inhabituellement longue de bas de page du rapport du 4 mars de la mission de l’OSCE, il est écrit:

*Restrictions d’accès subies par la SMM et liberté de mouvement:

La SMM (Special Monitoring Mission) est gênée dans l’exercice de ses fonctions de surveillance d’une part par des considérations de sécurité, notamment le manque d’informations sur la localisation des mines terrestres, et d’autre part par les restrictions imposées par des tiers.

La situation de la sécurité dans le Donbass est changeante et imprévisible et le cessez-le-feu ne tient pas partout. Pour cette raison, la SMM exige des garanties de sécurité de la RPD et de la RPL qu’on ne lui donne pas toujours. Lorsque ces garanties sont limitées à la fourniture d’escortes pour les déplacements, et que ces escortes ne sont pas fournies pour toutes les missions prévues ou arrivent en retard, cela représente aussi une restriction à la liberté de mouvement de la SMM.

La lecture de cette note laisse penser que seul le camp fédéraliste de l’Est composé des Républiques populaires du Donetsk et de Lougansk, freine le mouvement des observateurs. C’est le seul camp blâmé.

Mais attendez la suite:

En particulier au cours de la période considérée:

– A l’entrée du village de Novodimytriivka contrôlé par le gouvernement (à 51 km au nord-ouest de Donetsk), le commandant des Forces armées ukrainiennes a déclaré à la SMM qu’elle ne pouvait pas continuer à suivre le convoi qui partait de la ville contrôlée par le gouvernement de Selydove (à 43 km au nord-ouest de Donetsk), parce qu’il n’était pas autorisé à divulguer sa destination finale.

– Au sud-ouest du village de Bohoyavlenka contrôlé par le gouvernement (à 48 km sud-ouest de Donetsk), un commandant des Forces armées ukrainiennes a dit à la SMM qu’elle ne pouvait pas continuer à suivre le convoi.

– Dans l’agglomération de Klynove contrôlée par le gouvernement (à 64 km au nord-est de Donetsk), la SMM n’a pas pu continuer à suivre le convoi parce qu’un représentant des forces armées ukrainiennes lui a dit qu’elle n‘était pas autorisée à le faire.

– A l’entrée de Novoaidar (contrôlée par le gouvernement, 57 km au nord de Luhansk), le commandant des Forces armées ukrainiennes d’un convoi d’armes lourdes en provenance de Raihorodka, contrôlée par le gouvernement (34 km au nord-est de Lougansk), a déclaré à la SMM qu’elle ne pourrait pas continuer à suivre le convoi.

Un représentant des forces armées ukrainiennes a déclaré à la SMM qu’elle n’était pas autorisée à surveiller plus longtemps le déplacement d’un howitzer 152 mm automoteur de la ville contrôlée par le gouvernement de Stanytsia Luhanska (88 km au nord-est de Luhansk) vers le nord.

– A un checkpoint contrôlé par la RPD, au nord de Olenivka (22 km sud-ouest de Donetsk), la SMM a été retenue 20 minutes en attendant l’arrivée du commandant local de la RPD qui devait escorter la SMM à travers Olenivka jusqu’au dernier checkpoint contrôlé par la RPD, au sud de la ville.

– A un checkpoint contrôlé par les forces armées ukrainiennes, à 10 km au nord de Marioupol, la SMM a été retenue 35 minutes – et n’a pu continuer sa mission qu’après avoir contacté les autorités ukrainiennes.

Il y a eu un total de huit restrictions de mouvements. Six d’entre elles ont représenté de purs et simples refus de liberté de mouvement par le camp du gouvernement ukrainien. La septième était une interdiction temporaire de circulation par le camp du gouvernement ukrainien qui a été résolue après avoir communiqué avec des niveaux plus élevés du commandement ukrainien.

Un seul incident de restriction temporaire de circulation causé par l’armée fédéraliste a été signalé. Il a été résolu lorsque le commandant local est arrivé.

Le gouvernement ukrainien ne bloque pas seulement le mouvement des observateurs de l’OSCE. (Il bloque également le mouvement de simples Ukrainiens qui veulent ou doivent se déplacer entre les deux camps.)

Les restrictions à la liberté de mouvement de l’OSCE le 4 mars ont été dans sept cas sur huit causés par le gouvernement ukrainien. Pourquoi alors le paragraphe de tête du rapport présente-t-il les forces de la RPD et de la RPL comme celles qui entravent la liberté de circulation de l’OSCE?

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone

 

   Envoyer l'article en PDF