Par Barth Pang – Le 1er juin 2018
Crimes, massacres, génocides, c’est ce qu’on reproche à certaines nations occidentales d’avoir commis durant toute la période de la colonisation de l’Afrique. Il suffit juste de jeter un coup d’œil sur les archives pour se rendre compte que les Africains de l’époque ont été déshumanisés et même ravalés au rang de bêtes.
S’en est ensuite suivi la naissance et l’évolution des mouvements indépendantistes ayant à leurs têtes des représentants auprès de l’autorité coloniale. Tous ces dits mouvements avaient pour unique objectif d’arracher l’indépendance et cela qu’importe le prix.
Mais ceux qui se sont battus pour l’indépendance des actuels États africains, et plus précisément quelques leaders des mouvements anticolonialistes, ont-ils été différents de ceux qui les ont précédés comme dirigeants, les colons ? Sont-ils moins coupables que ces Blancs de qui ils ont obtenu « le prix de la liberté » presque au péril de leurs vies ? Ont-ils été moins cruels qu’eux ?
On aura du mal à répondre à ces questions, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils sont peut-être passés du rang de « Héros » à celui de « Tyrans ».
Si on consulte à ce jour les différents documents reprenant l’histoire de l’Afrique depuis l’arrivée des Blancs jusqu’à leur départ partiel, étant donné qu’après l’indépendance, ils ne se sont pas tous retirés définitivement en Europe, nous pouvons y lire que pas mal d’exactions ont été commises sur ce pauvre peuple indigène, surtout en Afrique centrale. Tel est le cas par exemple de l’actuelle République démocratique du Congo, qui, aux moments des faits, était une colonie belge, où les habitants se voyaient couper les mains s’ils ne rapportaient pas la quantité de caoutchouc exigée.
C’est en pensant à toutes ces atrocités que la lutte pour l’obtention de l’indépendance a été menée. Patrice Emery Lumumba, l’un des pionniers de l’indépendance du Congo belge, y a même fait allusion dans un discours : « nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres… ». Fort heureusement ce combat a abouti positivement.
Cela devait signifier que désormais le peuple noir de l’Afrique subsaharienne devait normalement se prendre en charge et vivre dans un amour fraternel en mémoire des leurs.
Mais ledit amour fraternel n’a peut-être pas vraiment été ressenti par les nouvelles autorités de certains pays africains fraîchement indépendants ni par une partie des populations dont ils étaient les dirigeants.
Parmi ces quelques pays il y a : la République du Mali, la République du Ghana et la République de Guinée, cette dernière étant connue sous le nom de Guinée Conakry.
Dans ces trois pays cités, les citoyens n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement et leur désaccord sur certains points et cela à travers des grandes manifestations.
Et leurs présidents, respectivement Modibo Keïta, Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré n’ont pas hésité à réprimer toutes ces manifestations par des moyens qui n’avaient vraiment rien de pacifique. Et les dégâts ont été considérables puisqu’il y eu des pertes en vies humaines.
Découvrons-en un peu plus sur ces trois personnalités.
1. Modibo Keïta
Premier président du Mali et père de l’indépendance de ce pays.
Comme il a été dit dans les lignes précédentes, il y a souvent eu des incompréhensions entre le peuple et la politique mise en œuvre par son gouvernement.
Impossible de dire qui avait tort ou raison, mais ce qui est sûr, ce président a dû devoir faire incarcérer ses opposants politiques et faire suspendre la cConstitution.
Pionner de l’indépendance du Ghana et père du panafricanisme.
Tout comme son ami Modibo Keïta, lui aussi a eu à exercer une répression sanglante sur ses opposants politiques. Il a fait censurer la presse.
Il a échappé à deux tentatives d’assassinats. Ces événements ont provoqués en lui une paranoïa qui l’a poussé à être de plus en plus méfiant envers son entourage et à être de plus en plus dur à travers son régime.
Le plus grand de ce trio. Presque comparable à Joseph Djougachvili alias Staline si on considère le nombre de camps qu’il a créé.
D’après Amnesty International, près de 50 000 personnes (chiffre à vérifier) auraient été assassinées sous le règne de Ahmed Sékou Touré dont quelques-unes après avoir subi des tortures.
Après sa chute, environ 1000 prisonniers politiques ont été libérés d’un camp appelé « camp de Boiro ».
Lui aussi, n’a pas eu pitié de ses opposants. Il s’en est pris même aux jeunes étudiants et mères qui réclamaient seulement plus de bien-être. Et contrairement au ghanéen Kwame Nkrumah et au malien Modibo Keïta, qui malgré les dérapages commis sous leurs règnes ont quand même, jusqu’à ce jour, droit à des hommages sous la forme de monuments, érigés en leur mémoire dans leurs pays respectifs, Ahmed Sékou Touré, pour sa part, reste encore le plus grand tyran que la Guinée-Conakry a connu depuis que ce pays existe. Pas plus tard qu’en janvier dernier, des Guinéens ont commémoré le massacre du 25 janvier 1971, jour où fut pendue une centaine de personnes.
À ce jour, nous dirons qu’on ignore toujours quelles sont les véritables causes qui ont poussé ces trois hommes à agir de la sorte envers leurs compatriotes, ceux pour qui ils avaient juré de se battre, ceux pour qui ils se sont battus contre les colons et ceux pour qui ils ont fait des promesses à Dieu.
Crise de folie, paranoïa, stress, peur de perdre le pouvoir à l’avantage des capitalistes, aux vues de leurs penchants communistes, Dieu seul sait qu’elles en sont vraiment les véritables causes.
D’après notre étude, les panafricanistes ont bien fini par devenir des tyrans, d’une certaine manière, et pour des causes qu’eux-mêmes ont jugées valables.
Barth Pang
Citoyen éclairé de République démocratique du Congo
Note du Saker Francophone Nous vous proposons une libre opinion et le regard d'un Africain sur l'histoire de son continent. Sur chaque continent, les gens s'interrogent sur leur propre passé, un devoir de mémoire salutaire.