Par Brandon Smith – Le 12 octobre 2016 – Source alt-market.com
Les gens qui ont des doutes envers la narrative sur la stabilité économique mondiale n’ont tout simplement pas été attentifs ces derniers temps. Comme je l’ai souligné dans mon article avant le référendum du Brexit, Brexit: Évènement déclencheur global, un faux ou quelque chose d’autre?, l’histoire qui a été scriptée par les globalistes est celle des «échecs et des crimes» des mouvements conservateurs. J’avais prédis que le Brexit passerait sur la base de ces éléments de langage qui ont précédé le vote et sont utilisés par les financiers et les élites internationales.
La grande majorité des analystes dans le grand public et dans les médias alternatifs a refusé de reconnaître la possibilité qu’un Brexit réussi favorise réellement les globalistes, parce qu’il leur fournit un bouc émissaire parfait pour une crise financière qui cuit sur le gril depuis des années et est maintenant prête à éclater pour de vrai. Je trouve encore que beaucoup de gens n’osent pas considérer l’idée qu’une résurgence conservatrice réussie est en fait une partie du plan pour des institutions globalistes. Beaucoup soutiennent que les élites n’ont pas un tel contrôle omniprésent sur le système, ou que je leur attribue «trop de pouvoir et de capacité».
Je trouve cet argument un peu naïf, mais il est aussi intéressant, parce que beaucoup de gens qui prétendent que les élites ne possèdent pas une telle influence étaient également les mêmes personnes qui ont fait valoir avant le Brexit que les élites ne laisseraient «jamais passer» le référendum. Alors, ont-ils une influence importante, oui ou non? Ce genre de cécité sélective pour le jeu en cours empêche toute une série de personnes intelligentes de saisir la réalité.
Ces gens doivent finalement admettre pour eux-mêmes qu’ils avaient à moitié raison; les globalistes ne permettraient pas le passage du Brexit, SAUF un Brexit réussi allant réellement dans leur sens.
Dans mon analyse post-Brexit, je disais que le mème des conservateurs et des «populistes» maladroits et destructeurs continuerait avec l’élection aux États-Unis, et jusqu’à présent, il semblerait que ce soit exactement le cas. Dans de nombreux articles de presse, les globalistes nous disent ouvertement ce qui va se passer.
Je trouve que la même naïveté qui a été développée pendant la campagne du Brexit est également développée autour de la campagne de Trump. Trop de gens dans le mouvement de la liberté ne peuvent pas imaginer l’idée qu’une victoire Trump fait le jeu des élites. Pourtant, les élites utilisent les même mots en référence à la campagne Trump que ceux qu’ils utilisaient avant et après la Brexit.
Le dernier rapport de Bloomberg sur les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale présente de nombreux avertissements par les élites:
«L’économie mondiale a considérablement bénéficié de la mondialisation et du changement technologique», a dit un groupe consultatif du FMI dans un communiqué publié samedi après la réunion de Washington. «Cependant, les perspectives sont de plus en plus menacées par des politiques tournées vers l’intérieur, y compris le protectionnisme, et les réformes sont au point mort.»
Le FMI a mis en garde dans ses dernières perspectives économiques, sur le fait que la montée des tensions politiques dans les marchés ouverts et contre le libre-échange pourraient nuire à une reprise qui manque déjà d’un moteur de croissance.
Dans un reproche à ceux qui préconisent de tourner le dos au commerce, les membres du panel du FMI ont redoublé leur engagement à maintenir l’ouverture économique et à relancer le commerce mondial comme un moyen essentiel pour stimuler la croissance mondiale.
Le blog Barron a réitéré ses prédictions, insinuant que la perte de la foi dans le globalisme et les élites financières va conduire à la catastrophe.
Les dirigeants qui se sont retrouvés lors de la réunion annuelle du Fonds monétaire international / Banque mondiale n’ont pas mentionné Donald Trump par son nom cette semaine, mais ils ont mis en garde contre les mouvements anti-commerce libre et populistes alimentant la campagne présidentielle qui, comme le Brexit, pourraient encore ralentir la croissance économique déjà anémique.
[…] Les mouvements populistes ne tombent pas dans l’oreille de sourds, avec le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaeuble, notant lors d’un panel sur l’économie mondiale : « De plus en plus, les gens n’ont plus confiance en leurs élites. Ils ne font plus confiance à leurs dirigeants économiques, et ils ne font plus confiance à leurs dirigeants politiques.»
Les globalistes nous disent ce qui est sur le point de se produire.
Je continue à tenir la position que j’ai toujours eue – que Donald Trump va être ADMIS à la Maison Blanche, et que ce sera un prélude à la crise économique. La scène est définie pour le grand final de notre effondrement financier en cours. Le grand méchant derrière toute la catastrophe sera révélé, et on nous dira que le méchant, c’est nous.
Par «nous», je veux dire les mouvements conservateurs en général, auxquels les grands médias et les porte-parole globalistes se réfèrent de plus en plus souvent aujourd’hui comme étant les «populistes», ou peut-être les «déplorables». Ces gens qui pensent que cette forme de «conspiration» est trop tirée par les cheveux, car elle nécessite un niveau excessif de contrôle politique et économique, n’ont pas vraiment pensé à la situation.
- Fait : les banques centrales et les financiers internationaux ont déjà créé les conditions nécessaires à l’instabilité économique.
- Fait : ces mêmes élites ont permis d’éviter un effondrement immédiat au cours des huit dernières années, grâce à l’utilisation de mesures de relance monétaires, manipulant le marché et la perception du public.
- Fait : les élites peuvent facilement déclencher un effondrement immédiat si elles le souhaitent, en refusant tout simplement de soutenir le système plus longtemps.
- Fait : les élites ont présenté la capacité à étouffer les mouvements conservateurs dans le passé par le biais de l’interférence et de la cooptation (Tea Party).
- Fait : elles peuvent aussi donner aux mouvements conservateurs l’occasion de devenir leaders en renonçant à une partie de cette interférence.
La vérité est qu’à ce stade, les globalistes n’ont pas besoin d’un contrôle expansif ou complexe sur le système afin de provoquer une crise ou pour placer des conservateurs sur la sellette. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est un pas de côté pour laisser l’épave couler. Et, bien sûr, ils doivent se positionner comme les pronostiqueurs et les sauveurs, une fois que la crise aura frappé.
L’argument se pose également que «les gens ne mordraient jamais à l’appât», que les masses ne seront pas dupes de la cabale bancaire pour transformer en boucs émissaires les conservateurs, suite à un accident créé par les élites. On ne peut qu’espérer. Cependant, la possession concerne les neuf dixièmes de la loi dans l’esprit de beaucoup, et les médias ont déjà conditionné le public à l’idée que la simple présence de conservateurs anti-globalistes en position d’autorité politique aura un effet négatif sur la psychologie des marchés.
Bien sûr, cette notion repose sur l’admission de certaines vérités. Par exemple, les globalistes auraient à admettre que le système financier qu’ils ont maintenu à bout de bras est si fragile et frauduleux, qu’il dépend uniquement de la fausse perception du public et des fausses hypothèses des investisseurs. Afin de blâmer les conservateurs pour la destruction de l’économie mondiale, les élites devront dire la vérité sur la fragilité du système, avant de pouvoir mentir sur qui l’a cassé.
Cela n’a peut-être pas d’importance. Quand les gens font face à une calamité nationale ou internationale susceptible de les toucher personnellement, la pensée critique et la logique ont tendance à sortir par la fenêtre.
Il y a aussi le pouvoir de distraction pour occuper les esprits des masses lorsqu’une crise prend forme, et qu’est-ce qui pourrait être plus gênant que l’élection Trump vs Clinton aux États-Unis? Je dois dire que je ne crois pas avoir jamais été témoin ou avoir vu dans l’histoire, une élection plus psychotique que celle de 2016. C’est vraiment l’événement générant le plus de division depuis plus d’un siècle, et c’est la raison pour laquelle je le compare toujours au référendum du Brexit.
Le ton est très semblable, avec les citoyens sur le côté gauche du spectre politique requis de se rallier pour appuyer le globalisme, comme si c’était une condition préalable à la paix et à l’harmonie, alors que les citoyens sur le côté droit du spectre sont dépeints comme des barbares isolationnistes sortis des enfers et urinant dans le bol de punch, pour ruiner en partie la prospérité mondiale de tout le monde.
Les partisans du Brexit ont été peints comme vieillissants, égoïstes, potentiellement racistes et largués par l’évolution des temps. Les adversaires du Brexit ont été peints comme jeunes, instruits et victimisés par les générations plus âgées prenant pour eux tout de suite les avantages sociaux supposés et futurs du globalisme.
Les partisans de Trump sont étiquetés comme plutôt âgés, blancs pour la plupart, sans instruction et ayant peur de l’évolution du temps. Ils ne se sont juste pas rendu compte qu’on est en 2016. Les adversaires de Trump sont décrits comme une classe de niveau universitaire et bien éduquée, se battant pour empêcher l’arrivée au pouvoir d’un autre Hitler.
Au cours de la période précédant le référendum au Royaume-Uni, les sondages indiquaient une large marge en faveur de la foule anti-Brexit et la certitude de presque tout le monde était que le Brexit échouerait.
Le chef de file de l’élection américaine est également en proie à des sondages indiquant, dans la plupart des cas, une large victoire de Clinton sur Trump. Bien sûr, seul un idiot complet prendrait nombre de ces sondages au sérieux, à la lumière de ce qui est arrivé au cours du Brexit.
Durant la campagne du Brexit, on a été témoin de ce qui est apparu à certains comme un événement de type cygne noir, dont les pro-Brexit ne se relèveraient pas – le meurtre de la députée britannique Jo Cox. Presque tout le monde a affirmé que l’assassinat de Cox par un agresseur apparemment pro-Brexit signifiait que le Brexit était condamné (moi j’ai soutenu que l’assassinat serait oublié au bout d’une semaine et que le Brexit passerait de toute façon).
La campagne Trump a connu son propre événement de type cygne noir, avec la sortie d’un enregistrement vieux de onze ans, dans lequel on entend Trump faire des «remarques obscènes» au sujet des femmes. Il est surprenant pour moi de voir combien de conservateurs (s’appelant eux-mêmes libéraux) ont déclaré que la candidature de Trump était coulée en raison du scandale. Ces personnes sont dupes.
Encore une fois, je soutiens que cette vidéo de Trump sera oubliée dans une semaine et qu’elle n’aura aucune incidence sur l’élection. Ce n’est plus que du pain et des jeux. Au-delà du fait que vraiment, presque personne ne se soucie de ce que Trump a dit il y a une dizaine d’années, je soutiens que cette élection a déjà été décidée. Je soutiens que les globalistes veulent Trump au bureau ovale, tout comme ils voulaient le passage du Brexit. Je soutiens qu’ils ont besoin que les mouvements conservateurs aient l’impression d’avoir gagné, de sorte qu’ils puissent tirer le tapis sous nos pieds dans un proche avenir. Je soutiens que nous sommes pilotés.
Encore une fois, les élites nous disent ouvertement ce qui est sur le point de se produire. Ils nous disent que si les «populistes» (conservateurs) conquièrent le pouvoir politique, le système va effectivement s’effondrer. Dans quelle mesure cela va arriver, c’est difficile à dire, mais on peut penser que la situation sera assez désastreuse pour influencer les masses à reconsidérer l’idéal du globalisme comme une solution possible. Les élites sont friandes de la dialectique hégélienne et de la philosophie de «l’ordre à partir du chaos», après tout.
La seule façon de contrer ce mensonge en cours de diffusion est, pour les champions de la liberté, d’accepter d’abord l’idée que nos victoires politiques pourraient être finalement dénuées de sens et que nous ne sommes autorisés qu’à prendre en charge un navire déjà en train de couler. Alors seulement, nous pourrons nous éloigner d’un désastre financier exponentiel en nous éloignant de la narration.
Peut-être que je me trompe, et qu’en novembre nous verrons un spectacle lamentable de Trump et une victoire de Clinton. Mais si nous voyons une «surprenante» victoire électorale Trump, comme nous avons vu une surprenante victoire du Brexit, alors il sera peut être temps d’envisager que le situation n’est pas ce à quoi elle ressemble.
Brandon Smith
Note du traducteur Brandon en remet une couche sur le pouvoir des élites pour influencer les évènements avec comme objectif un gouvernement mondial, appelé tout à fait ouvertement par des gens comme Attali en France. Objectivement, on pourrait ajouter la politique d'intégration de l'UE, de l'OTAN, les traités trans-«tout ce que vous voulez et surtout ce que vous ne voulez pas». Même si nous ne les republions pas, vous pouvez aussi lire les analyses de dedefensa qui ont la vision d'une surpuissance qui se déconstruit du fait, précisément, de son incapacité à contrôler les évènements du fait de leur surpuissance, à peine à les influencer et là encore, il y a des arguments fort passionnants. A vous de vous faire votre idée. À la décharge des lecteurs, Brandon a du mal à préciser de quelles élites il parle. Il parle des globalistes, mais il existe aussi des élites centrées très fortement sur les USA et les objectifs à long terme de ces deux forces semblent diverger. C'est aussi sans compter ceux qui défendent tel ou tel petit pays du Moyen-Orient, qui ont un pied dans chaque camp, attendant probablement de savoir qui va l'emporter pour sauter dans la bonne barque, et bien d'autres influences encore comme les monarchies pétrolières.
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone
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