Par jmarti − Le 17 octobre 2019 − Source Le Saker Francophone
L’affaire est grave. Pour Emmanuel Macron, également connu sous le nom Jupiter, également connu comme Napoléon Bonaparte, certains « amalgames » pourraient mener à la « guerre civile ».
Il est donc temps de dénoncer les amalgames. Nous avons essayé d’en trouver plusieurs sortes, et de les classer et de les illustrer, pour mieux les dénoncer. Et les prévenir, du coup.
L’amalgame corruptif
Cet amalgame-là est peut-être le plus facile. Dès lors qu’un honnête responsable politique gagne bien sa vie, on va trouver quelque cynique, ou quelque fainéant, pour le traiter de corrompu.
Prenons un exemple parmi cent, le plus récent.
Quelle tristesse d’avoir vu madame Sylvie Goulard se faire recaler de « son » poste à la Commission Européenne.
Et pourtant, on n’avait pas manqué de nous signaler son très haut niveau de compétence. Et de probité…
À coup sûr, les parlementaires européens se sont laissés prendre : ils ont fait l’amalgame entre « être payé 12 000 € par mois à ne rien faire par un think-tank étranger », « on lui reprochait d’avoir touché trop d’argent sur son compte personnel, elle rembourse de son propre chef 45 000 €, reconnaissant par là les avoir indûment touchés », et « être corrompue ».
Ces grands mots, tout de suite. Pourtant, Jupiter le grand avait bien demandé la permission à Ursula, et Ursula avait dit « oui ».
Peut-être bien qu’on a atteint là les limites de la pensée complexe de notre grand dirigeant du nouveau monde, car là, en fin de compte il « ne comprend pas« .
Du coup, Jupiter ne sait pas quoi faire. Il a demandé à Ursula quel nouveau candidat proposer. Le peuple français n’a plus qu’à prier pour qu’en réponse elle ne cite pas un profil trop asservi aux intérêts allemands. En d’autres temps, on aurait appelé ça une haute trahison ; en nos temps éclairés, notre pensée printanière nous amène à qualifier cela d’amalgame.
On aurait pu citer d’autres exemples d’amalgames corruptifs, citons en vrac quelques noms, l’affaire Richard Ferrand, l’affaire Thierry Solère, l’affaire Jean-Claude Leclabart, l’affaire Buon Tan, l’affaire Romain Grau, l’affaire Véronique Avril, l’affaire Alain Tourret, l’affaire Claire O’Petit, l’affaire Ramlati Ali, l’affaire Mustapha Laabid, l’affaire Stéphanie Jannin, l’affaire Rugy, l’affaire Alstom, l’affaire de l’aéroport de Toulouse, l’affaire du journal le Monde, l’affaire Sandro Gozi, l’affaire Annick Girardin et Jean-François Vigneau, l’affaire Jean-Marie Girier, l’affaire Thierry Breton (vous savez, le remplaçant de Mme Goulard…). Attention aux amalgames : s’y prêter pourrait laisser à penser qu’on vit dans une république benallananière de l’ancien monde!
L’amalgame pollueur
Celui-là, il est vraiment pas juste : avec le temps qu’on passe à expliquer au populo qu’il pollue trop, voilà qu’au premier incident, il vient nous renvoyer la balle, et a l’outrecuidance de s’inquiéter pour sa santé.
On ne peut pas avoir la paix. On a voté la loi ESSOC, selon le principe que les gentils industriels ne polluent pas par plaisir, et que suivre des règles, c’est pourri. Cette loi a permis qu’une usine classée Seveso (comme Lubrizol) puisse drastiquement augmenter ses entreposages de produits toxiques sans étude ni instruction préalable : désormais, il suffit que le préfet gribouille vite fait un bout de papier. C’est ce qu’a fait le préfet de Rouen. Après, bon, pas de bol, désolés hein, les stocks chimiques ont brûlé. Nous, on l’a même pas fait exprès!
Mais vraiment, quand même, on aimerait avoir la paix, quoi. Dès l’incendie embrasé, à peine les premiers bidons toxiques étaient-ils en train d’exploser que le ministre de l’intérieur a immédiatement annoncé que c’était sans danger (« pas d’élément qui permette de penser qu’il y a un risque lié aux fumées« ). Bon, c’est vrai qu’on n’y peut rien s’ils ne comprennent pas la langue française : il peut rester un risque lié aux vents, aux polluants, aux produits toxiques. Mais pas aux fumées. Et puis bon, il suffit de revenir à Macron. Le seul vrai risque, c’est pas les fumées, c’est les amalgames.
Même les animaux sont contre le progrès. On leur explique que c’est sans danger, mais les poissons complotistes se rassemblent en masse à la surface de l’eau, sans bouger. Sûrement un coup de Poutine, ça. Après tout, les Russes dressaient bien des chiens pendant la guerre pour faire sauter des tanks.
Et même les policiers s’y mettent.
Enfin bref, voilà toute la population de Rouen qui crie au complot. On leur a pourtant bien expliqué que ce qui pollue, c’est leur véhicule diesel. Ça ne rentre pas. Pour eux, ce qui pollue, c’est des produits chimiques qui brûlent. Encore un amalgame bien triste.
C’est quand même terrible, les amalgames pollueurs. C’est comme ceux qui reprochent à Jupiter de tenir un double langage, dénonçant la gestion par le Brésil de la forêt amazonienne tout en encourageant le projet de la montagne d’or en Guyane, juste à côté (non, la Guyane n’est pas une île — il faudrait vraiment être illettré pour croire cela). Pas d’amalgames, on vous dit !
L’amalgame violent
Ça non plus, c’est vraiment pas bien.
Il y a tout un tas de complotistes pour déclarer que le pouvoir exécutif en France aurait volontairement déchaîné la violence policière contre les manifestants gilets jaunes du samedi.
Alors, tout de suite, les grands mots. Pour quelques mains et quelques yeux arrachés, et une paire de morts. Honnêtement, ça ne fait pas si mal de se faire arracher une main ou un œil, et on vit très bien sans. D’ailleurs, notre Jupiter suprême nous l’a dit, et il n’a même pas eu besoin de l’autorisation d’Ursula pour le dire — signe que là, il a bien tout compris — « il n’y a rien d’irréparable« . Ils vont donc repousser, ces yeux, et ces mains. Et les morts, tels Lazare, vont donc revenir, puisque le président l’a dit.
En plus, les gilets jaunes, c’est bien fait pour eux. Ils n’avaient qu’à traverser la rue et aller bosser, au lieu d’être là à rester au milieu et embêter le monde tous les samedis. C’est vraiment très bien que les policiers puissent les matraquer impunément.
Mais franchement, qui irait reprocher ensuite à nos bons députés LREM de s’en prendre à l’horrible répression chinoise contre les manifestations de Hong Kong? Ils sont tout à fait dans leur rôle. Déjà, en Chine, c’est presque sûr que les mains arrachées, c’est pas du tout réparable. C’est pas pareil qu’en France. Et puis, nous, on est la patrie des droits de l’homme. Donc, c’est pas pareil ; la preuve qu’on est exemplaire, c’est qu’on est pris comme exemple. Comparer la France et la Chine, c’est faire un amalgame. Encore un. CQFD.
Il est grand temps en effet de faire cesser tous ces amalgames, proférés par des cyniques et des fainéants. La guerre civile, ce sera leur faute. On vous aura prévenu.
Nous, limite, ce qu’on pourrait proposer, c’est de créer un crime d’amalgame. Après tout, de l’amalgame au complotisme, il n’y a vraiment qu’un pas. Et dans la start-up nation, les complotistes, on n’en veut pas.
José Martí, relu par Kira pour le Saker Francophone