Le vertige mortifère du marxisme culturel (I)


Par Patrice-Hans Perrier – Le 12 decembre 2017 – Source Carnets d’un promeneur

Salò o le 120 giornate di Sodoma HALL

Salò o le 120 giornate di sodoma – Un film culte de Pier Paolo Pasolini

Si la fuite en avant semble caractériser les errements de l’Occident, il faudrait bien prendre le temps d’en cerner les causes. Il semblerait que la faillite des idéologies de la gauche des Lumières coïncide avec la déréliction d’un néolibéralisme qui table de plus en plus sur la division sociale pour imposer sa loi. C’est dans ce contexte que l’on peut affirmer que les avatars du marxisme culturel ont fini par être récupérés par les marchés financiers. Les théories du genre deviennent les nouveaux évangiles d’un impérialisme planétaire plongé dans une mutation véritablement suicidaire.

L’Hégémonie culturelle ou le crépuscule du langage

Antonio Gramsci, idéologue marxiste hérétique, réalisant que la Révolution bolchévique n’est pas duplicable en Europe de l’Ouest, élabore une doctrine destinée à contrer l’hégémonie culturelle des classes dominantes. Gramsci sera condamné par le régime fasciste de Mussolini en raison de ses activités de militant communiste. Il profitera de sa longue incarcération (1928 – 1938) pour développer sa doctrine de l’hégémonie culturelle 1, tout en préconisant d’éduquer les masses prolétariennes afin de les aider à s’émanciper de la tutelle d’une culture bourgeoise supposément omnipotente. Cette approche stipule que l’hégémonie culturelle des classes supérieures fascine les dominés au point où les victimes finissent par adopter la vision du monde de leurs bourreaux. Les dominés sont colonisés de l’intérieur par la représentation symbolique imposée par la bourgeoisie qui s’en sert afin d’instituer les codes de sa morale. Par-delà les conventions bourgeoises, Gramsci dénonce l’effet de mimétisme induit par cette hégémonie culturelle qui empêche les dominés de penser par eux-mêmes et, partant, d’être en mesure de se doter d’une authentique pensée critique. Plusieurs des épigones des discours sur l’identité et le genre introduiront, par la suite, leur fil dans l’aiguille…

La Société du spectacle

Guy Debord, quelques décennies plus tard, prolonge la réflexion gramscienne en développant une pensée critique qui dénonce la mainmise de la société du spectacle sur la culture d’une société dépossédée des moindres parcelles de liberté subsistant dans le sillage de la révolution bourgeoise. Appuyant sa réflexion sur les prédicats gramsciens, le penseur situationniste estime que vouloir détruire la bourgeoisie afin de prendre sa place ne résoudra rien, précisant que « le mûrissement des forces productives ne peut garantir un tel pouvoir, même par le détour de la dépossession accrue qu’il entraîne. La saisie jacobine de l’État ne peut être son instrument ». 2 Ainsi donc, le prolétariat [et toutes ses déclinaisons sociologiques] sera toujours dépassé par ce fameux rapport de force qui permet à la bourgeoisie de s’accaparer le procès économique via sa maîtrise des codes culturels qui président aux fondations du langage.

Pier Paolo Pasolini reprendra cette idée de l’inféodation des cultures populaires à l’hégémonie culturelle bourgeoise [le concept d’hégémonie culturelle bourgeoise étant préférable à celui de culture bourgeoise stricto sensu] ; mais en précisant que les nouveaux rapports de production de la société postmoderne font en sorte de dissoudre tous les repères langagiers qui fondaient les anciennes sociétés. Pasolini va plus loin que les situationnistes en développant une pensée critique qui est presque anthropologique. Outre sa production cinématographique, ce créateur prolifique était un linguiste dans l’âme qui se passionnait pour les dialectes populaires de l’Italie d’avant-guerre. C’est par le truchement de la poésie que Pasolini s’intéresse à l’interprétation textuelle et au primat de la question linguistique en rapport avec l’identité. Une grande partie de la production cinématographique de ce créateur iconoclaste tente de dépoussiérer notre regard sur la spiritualité, l’érotisme ou les rapports en société. Cette pensée critique est pleine de contradictions et ne s’en prive pas au demeurant.

Pasolini a été influencé par la grille de lecture de Gramsci et il a, sans doute, potassé les thèses de l’École de Francfort. Toutefois, le principal intéressé n’a pas mis beaucoup de temps à réaliser que la libéralisation des mœurs caractéristique des années d’après-guerre allait contribuer à l’édification d’une société hédoniste pavant la voie au pire totalitarisme qui soit. Il ne coupe pas les cheveux en quatre lorsqu’il affirme que « … jamais aucun homme n’a dû être aussi normal et conformiste que le consommateur ; quant à l’hédonisme, il cache évidemment une décision de tout pré-ordonner avec une cruauté que l’histoire n’a jamais connue ». 3 Le cinéaste italien aura prophétisé l’avènement du métrosexuel des années 2000, consommateur décérébré et véritable parangon d’un narcissisme qui frôle l’abjection.

Trop heureux de pouvoir en découdre avec la morale bourgeoise, Pasolini s’attaque aux tabous familiaux à travers la mise-en-scène du film Teorema (1968), un opus hérétique qui semble être tributaire de la révolution sexuelle promue par Herbert Marcuse, Erich Fromm et les autres épigones de l’École de Francfort. Ce film prophétique annonce, avec plusieurs coups d’avance, cette intersexualité délétère prônée par l’actuel mouvement queer qui menace tous les fondements anthropologiques de la famille traditionnelle.

Poursuivant son combat contre la « morale bourgeoise et ses codes », il enfonce de nouvelles portes avec Salò o le 120 giornate di sodoma (1975). Il s’agit d’une ultime provocation qui sera, selon toutes vraisemblances, responsable de son assassinat quelques jours après la fin du montage. Mettant en scène le « grand cirque ordinaire » de la dépravation de l’oligarchie, Pasolini nous prévient que la dissolution des repères identitaires mène en droite ligne vers le totalitarisme le plus abject. Ce film particulièrement troublant complète le cycle pasolinien de la remise en cause des tabous d’une société chrétienne qui n’est déjà plus que l’ombre d’elle-même avec l’avènement de la société du spectacle de l’après-guerre. Salo ou les 120 Jours de Sodome annonce bel et bien l’avènement de notre actuelle société de l’indistinction. Curieuse coïncidence, le cinéaste Stanley Kubrick meurt d’une très improbable crise cardiaque à peine quelques jours après les dernières étapes du montage de Eyes Wide Shut (1999). Un autre opus s’attaquant à dépeindre les mœurs dépravées d’une certaine oligarchie.

Destruction de l’anthropos

Pasolini est un des derniers nostalgiques des sociétés préindustrielles, brossant à la manière d’un Henry David Thoreau ou d’un Jean Giono des fresques bucoliques qui nous permettront d’oublier l’état de notre servitude volontaire. Néomarxiste virulent, le principal intéressé déplore, malgré son propre conditionnement, la disparition d’une tradition catholique qui avait pu contribuer à façonner les innombrables linéaments de cette culture populaire assassinée par le monde de la consommation. C’est ici que l’analyse de l’hégémonie culturelle gramscienne frappe sur le mur des apories puisque [même] la bourgeoisie a fini par être dépassée par le process de la techni-cité triomphante de l’ère postmoderne.

La chaîne de montage des idées s’organise, désormais, via le prédicat de l’indistinction et d’un utilitarisme qui ne supporte aucune injonction humaniste. Le concept d’idéologie bourgeoise est une invention marxiste puisque la culture dominante appartient aux grandes lignées aristocratiques qui ne se sont jamais vraiment éteintes. La bourgeoisie issue du Quattrocento est comparable à une forme d’organisme parasite ayant phagocyté les codes d’une société tripartite (oratores – bellatores – laboratores) programmée pour disparaître alors que les échanges marchands deviennent la nouvelle raison d’être d’une cité dévoyée, livrée aux forces obscures de la finance spéculative. C’est le culte de la marchandise – adoubé par les tables maçonniques des Droits de l’homme – qui aura permis aux bourgeoisies compradores de capter la plus-value du labeur des classes populaires. La culture de la société de consommation – ou culture POP – a été chargée de transmettre les consignes d’usage dans le cadre d’une science du divertissement appelée à prendre la place des religions du Livre. Les bourgeoisies compradores ne sont que les gérants des concessions néocoloniales qui permettent à l’hyperclasse financière de liquider la cité traditionnelle de nos pères et de nos mères.

Pier Paolo Pasolini partage l’existentialisme d’Emmanuel Mounier et la pensée critique d’une Hannah Arendt 4 qui dépeignait le totalitarisme sous les traits d’un système qui prend le contrôle de toutes les sphères de la représentation afin d’imposer sa propre lecture de l’histoire à une humanité dépossédée de sa propre identité. Le totalitarisme n’est pas une forme contemporaine de tyrannie. Bien pire, il s’agit d’un système qui s’arroge tous les paramètres du politique en affirmant vouloir faire la promotion d’un homme nouveau. Cette vision prométhéenne du totalitarisme fait en sorte de détruire le libre-arbitre et d’instituer une novlangue à sa place.

Bien que Arendt a été tentée par le marxisme culturel, il demeure qu’elle a su en éviter les écueils puisque son œuvre restera, jusqu’à la fin, tributaire de la pensée du philosophe Martin Heidegger. Celui qui demeure, probablement, le plus grand philosophe du XXe siècle, n’a-t-il pas, bien avant Debord, anticipé que la technologie contemporaine allait s’affranchir de son rôle utilitaire pour devenir une force automotrice menaçant l’anthropos jusqu’au fond de ses racines constitutives ? Heidegger est le premier à comprendre que l’homme-machine 5 était appelé, à travers les aléas de l’impérialisme capitaliste, à se fondre dans le grand tout indifférencié de la raison techniciste. La table était mise pour que nous puissions attaquer le transhumanisme, cette idéologie totalitaire de la fin de l’humanité telle que nous la connaissons.

Le mythe prométhéen de l’homme nouveau

Walter Benjamin, penseur kabbaliste du marxisme culturel, a jeté les fondements d’une étude rigoureuse des méthodes de détournement et d’entrisme proposées afin de corrompre la culture bourgeoise occidentale. Il faut lire son opus majeur, intitulé « L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », pour comprendre l’importance capitale du rôle de Benjamin dans l’élaboration d’une proto-doctrine de la contreculture. L’astucieux idéologue réalise que pour mener le combat gramscien du détournement de l’hégémonie culturelle bourgeoise il faut s’approprier la machine de guerre de la culture de masse. C’est à partir de ce constat, repris à l’unisson par les épigones de l’École de Francfort, qu’il sera possible d’analyser en profondeur les codes et les dispositifs à l’œuvre au cœur de la Société du spectacle. Debord et son école du situationnisme – développant plus à fond les stratégies du lettrisme – préconisent aussi un détournement de la fonction culturelle afin de pervertir la machination des médias de masse et pour, en fin de processus, amener les consommateurs à prendre conscience de leur aliénation.

Déconstruire les codes

Tous les surgeons de l’Hégémonie culturelle marxiste – ou Marxisme culturel – se sont employés à phagocyter la culture populaire hollywoodienne afin de prendre d’assaut les marchés de l’art bourgeois avant d’accoucher d’une première version de la contreculture. Il faut bien comprendre le rôle de l’ingénierie culturelle marxiste, entre les années 1920 et 1960, si nous voulons être en mesure de saisir la profondeur du phénomène. Bien avant l’intervention gramscienne, les Bolchéviques avaient déjà saisi l’importance d’unir la propagande et la culture afin de pénétrer plus avant au cœur d’un inconscient collectif dont il fallait prendre le contrôle. Il s’agit du rôle joué par l’Agitprop à l’époque du constructivisme russe et du futurisme italien. Déjà, avant la Première Guerre mondiale, les Bolchéviques utilisaient les tracs, les affiches et d’autres moyens d’expression pour diffuser leurs propagandes au sein des masses. Certains artistes formés par les académies tsaristes ou issus d’écoles de pensée religieuses [subissant une mutation qui culminera par la formation de sectes carrément illuministes – voir le « Manifeste Réaliste » des frères Pevsner qui reprend la doxa de l’humanisme des Lumières] se sont, d’ailleurs, efforcés de développer une véritable grammaire plastique à partir de cette première forme de détournement de la culture populaire, au point de jeter les bases de ce qui allait devenir l’art contemporain postmoderne. L’astuce étant de comprendre que le détournement symbolique et l’utilisation de méthodes de propagande ont, sans doute, constitué les fondations d’une culture entièrement fabriquée en laboratoire. La fameuse culture POP américaine représente la phase finale de la grande expérimentation des néomarxistes et de leurs alliés du moment, les néo-freudiens.

La fascination comme mode d’apprentissage

C’est entre la crise de 1929 et le début des années 1950 que la propagande – dans son sens le plus machiavélique – sera magnifiée par tous les systèmes totalitaires qui ont été étudiés longuement par Arendt. L’État s’empare de la culture, délimite une grammaire symbolique et utilise la propagande comme instrument d’endoctrinement afin d’être en mesure de produire un conditionnement optimal des masses et, chemin faisant, de pouvoir dissoudre les linéaments des anciennes habitudes culturelles. Paradoxalement, tous les totalitarismes, de gauche comme de droite, se sont emparés de la méthodologie de l’Agitprop bolchévique. L’esthétique mise en valeur par le stalinisme et le nazisme est peut-être néoclassique, toutefois c’est la méthodologie développée par les Bolchéviques qui est reformulée de manière toujours plus performative. Les épigones des régimes totalitaires contemporains affirment vouloir rééduquer les masses afin que tous les codes de la pensée réactionnaire soient reformatés et que, in fine, l’homme nouveau prenne son envol. La solution finale est, d’abord et avant tout, une approche de la tabula rasa destinée à détruire les anciennes valeurs chrétiennes qui fondaient la doxa bourgeoise.

Hannah Arendt réinterprète le concept de Heidegger, à l’effet que l’Art soit, dans sa forme et sa force principielles, un processus de dévoilement dans un contexte où le créateur permet à la beauté ou à la connaissance d’émerger des forces du grand tout naturel. Arendt insiste à maintes reprises sur le fait que l’opinion citoyenne ne vaut rien si la cité n’offre pas des espaces d’authentiques dialogues, là où diverses perspectives peuvent s’affronter au gré de l’échange culturel. Il ne s’agit PAS d’échanger des commodités ou des pratiques culturelles, chose devenue monnaie courante dans nos sociétés postmodernes liquéfiées. L’espace public, qui n’a pas été confisqué par le Prince de la cité ou ses opposants, constitue un lieu de dévoilement qui favorise l’éclosion de nouvelles idées, la confrontation des opinions et permet que puisse se forger une authentique culture populaire. Contrairement à Arendt et Heidegger, les épigones de l’École de Francfort travailleront sur le DÉVOIEMENT comme méthode de subversion et d’inversion linguistique afin de pervertir les codes culturels et de lancer ce fameux mouvement de la contre-culture qui est devenu une véritable manufacture symbolique.

Arendt estime, du même coup, qu’une laïcité bien comprise permet de séparer le monde des affaires publiques du domaine des Dieux. Auteur d’une magnifique thèse de doctorat portant sur Saint-Augustin, Arendt s’est intéressée de très près à l’allégorie de la Cité terrestre en relation avec la Cité céleste à une époque où les nouveaux totalitarismes occidentaux ambitionnaient de faire sauter cette fameuse ligne de démarcation. Prolongeant la réflexion des anciens philosophes présocratiques, elle nous prévient qu’il est primordial de préserver l’intimité de nos foyers et de n’y jamais laisser entrer l’État. Malheureusement, les adeptes des théories du genre invitent l’État à faire irruption dans nos chambres à coucher histoire, justement, de nous protéger contre nous-même. Ces derniers ont bien compris l’importance du rôle de l’hégémonie pour ce qui est de gagner une guerre culturelle qu’ils entendent bien mener jusqu’à son terme et selon LEURS termes.

Le genre humain est en voie d’extinction

« Le marxisme culturel est une forme de marxisme qui analyse le rôle des médias, l’art, le théâtre, le cinéma et les institutions culturelles de la société en mettant de l’emphase sur les luttes de genres, de classes et d’ethnies. Formulé par l’école de Francfort et Herbert Marcuse, il aurait contribué à la montée de la rectitude politique en Occident. Il s’agit d’un moyen culturel et non révolutionnaire pour revendiquer l’abolition des classes et l’égalitarisme absolu. »

– Ancienne définition donnée par Wikipédia

C’est l’école de Francfort et ses épigones qui sont la source d’inspiration des gender studies ayant vu le jour au début des années 1970 sur certains campus universitaires américains. Il faudrait ajouter que l’école dite française – réunissant autour de Michel Foucault tout un aréopage de post-constructivistes forcenés – a posé quelques jalons décisifs au niveau des études culturelles et de cette postmodernité agissant comme un puissant dissolvant. Jean-François Lyotard célèbre la faillite du récit historique ou grand narrative. Il n’y a plus de consensus sémantique possible autour de la représentation du réel qui devient, par la force des choses, comparable à une myriade de récits téléologiques. Les mythes du progrès, des Lumières ou de la justice sociale sont battus en brèche au moyen d’un discours critique qui frise la démence et qui convient parfaitement au relativisme ambiant promu par les avocats du néolibéralisme.

Jean Baudrillard va encore plus loin lorsqu’il célèbre la destruction du réel. Son analyse, poussée dans ses derniers retranchements, stipule que dans le monde de la postmodernité chacun génère son positionnement social et identitaire en manipulant des signes qui font que l’empire des sens prend la place d’un réel qui est phagocyté au point de disparaitre. Lyotard parlait, même, d’une économie libidinale, sorte d’appendice d’un capitalisme n’étant plus capable de générer autre chose que du spectacle. Chacun étant responsable du discours portant sur SA propre représentation, le réel devient une affaire politique, policée. Et, partant, ce prurit néomarxiste constitue le limon sur lequel prendra forme la rectitude politique – nouvelle police de la pensée du XXIe siècle. Il fallait bien mener à terme ce projet de déconstruction des repères identitaires et des enjeux langagiers pour qu’en l’absence de consensus social, la nouvelle intelligentsia nous impose sa police de la pensée.

In fine, il n’y a pas qu’une théorie du genre, mais bien des théories du genre. La distinction entre sexe (la réalité biologique) et genre (la représentation culturelle) a pris forme dans le sillage des expérimentations cliniques et théoriques sur l’intersexualisme ou le transsexualisme ; c’est dans ce contexte que la mouvance queer fait irruption au sein du féminisme américain et des cultural studies au point de remettre en cause les canons de la représentation classique du genre humain. Outre les dérives du structuralisme français, il ne faudrait pas oublier que tout ce mouvement de déconstruction du langage et des repères identitaires procède d’une véritable alchimie kabbalistique destinée à « fracasser les vaisseaux » de la société occidentale considérée comme un égrégore qu’il convient de reprogrammer afin de préparer l’arrivée de l’homme nouveau ou messie de la fin des temps.

Nous reviendrons, dans la deuxième partie de cette analyse, sur la vision eschatologique et kabbalistique de Walter Benjamin, un penseur véritablement surprenant qui a été qualifié par ses pairs et ses amis de véritable « théologien de l’utopie marxiste » … Cette prochaine analyse ambitionne d’ouvrir des espaces dialogaux inattendus.

Patrice-Hans Perrier

Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les Affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. De fil en aiguille, il a acquis une maîtrise fine de l’analyse critique et un style littéraire qui se bonifie avec le temps. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar des Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs. Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant de passer au genre littéraire. De nouvelles avenues s’ouvriront bientôt et, d’ici là, vous pouvez le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com.

Notes

  1. Antonio Gramsci, « Lettres de prison » (1926-1934) Traduit de l’Italien par Hélène Albani, Christian Depuyper et Georges Saro. Paris, Éditions Gallimard, 1971, 622 pages. Collection Témoins.
  2. Guy Debord, « La Société du spectacle ». Paris, Éditions Gallimard, collection Folio, 23 janvier 1996
  3. Pier Paolo Pasolini, « Écrits corsaires – Scritti corsari », une compilation de lettres brûlantes mise en forme en 1975. 281 pages – ISBN : 978-2-0812-2662-3. Paris, Édité par Flammarion, 1976
  4. Hannah Arendt, « The Origins of Totalitarianism » 3 volumes, Harcourt Brace & Co., New York, 195
  5. Walter Benjamin, « L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique » (1939), traduit par Frédéric Joly, préface d’Antoine de Baecque. Paris, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot, 2013
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