Le sommet de Starmer a donné naissance à une souris, mort-née.


Par Moon of Alabama – Le 3 février 2025

« Une montagne était en train d’accoucher, poussant d’immenses gémissements,

et sur terre, l’attente était très grande.

Mais elle a accouché d’une souris. C’est pour vous que cela a été écrit,

qui, tout en menaçant de grandes choses, n’accomplissez rien. »

La réunion de dimanche de certains dirigeants européens à Londres m’a rappelé cette fable d’Ésope.

Le sommet du Premier ministre Starmer, convoqué à la hâte, n’a rien donné :

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a demandé dimanche à ses homologues européens de renforcer leurs frontières et de peser de tout leur poids sur l’Ukraine, en annonçant les grandes lignes d’un plan visant à mettre fin à la guerre contre la Russie.

Starmer a déclaré qu’il avait travaillé avec la France et l’Ukraine sur un plan visant à mettre fin à la guerre et que le groupe de dirigeants – principalement européens – s’était mis d’accord sur quatre points.

Les mesures prises en faveur de la paix consisteraient à

  • maintenir l’aide à Kiev et la pression économique sur la Russie pour renforcer la position de l’Ukraine ;
  • s’assurer que l’Ukraine soit à la table des négociations et que tout accord de paix doit garantir sa souveraineté et sa sécurité ; et
  • continuer à armer l’Ukraine pour dissuader toute invasion future.
  • Enfin, Starmer a déclaré qu’ils mettraient en place une « coalition de volontaires » pour défendre l’Ukraine et garantir la paix.

« Tous les pays ne se sentiront pas en mesure de contribuer, mais cela ne signifie pas que nous devons rester les bras croisés », a-t-il déclaré. « Au contraire, les pays qui le souhaitent vont intensifier leur planification dès maintenant et de toute urgence. Le Royaume-Uni est prêt à apporter son soutien avec des troupes au sol et des avions dans les airs, en collaboration avec d’autres pays ».

Il est loin d’être certain que le président russe Vladimir Poutine acceptera un tel plan, qui, selon Starmer, nécessiterait un soutien ferme de la part des États-Unis. Il n’a pas précisé ce que cela signifiait, bien qu’il ait déclaré à la BBC, avant le sommet, qu’il y avait des « discussions intenses » pour obtenir une garantie de sécurité de la part des États-Unis.

« S’il doit y avoir un accord, s’il doit y avoir un arrêt des combats, alors cet accord doit être défendu, car la pire des issues est qu’il y ait une pause temporaire et que Poutine revienne », a déclaré Starmer.

Starmer a indiqué qu’il présenterait ultérieurement un plan plus formel aux États-Unis et qu’il travaillerait avec Trump.

Cette souris à laquelle la montagne a donné naissance est mort-née :

  • Trump a clairement indiqué que les États-Unis n’accepteraient pas de soutenir les forces européennes en Ukraine.
  • Zelenski, à moins d’être soumis à une pression accrue, n’acceptera pas de cessez-le-feu sans le soutien des États-Unis.
  • La Russie n’acceptera aucun cessez-le-feu temporaire. Elle veut une nouvelle architecture de sécurité permanente pour l’Europe et au-delà.
  • La Russie n’acceptera pas la présence de forces des pays de l’OTAN en Ukraine. Elle a déclenché la guerre pour empêcher que cela ne se produise.
  • La Russie n’acceptera pas que l’Ukraine soit réarmée. Son objectif déclaré est de « démilitariser » le pays.
  • La Russie est en train de gagner la guerre. Ni Starmer ni l’Europe n’ont les moyens de l’en empêcher.

Starmer et Macron retentent aujourd’hui la même chose qui avait échouée la semaine dernière lorsqu’ils s’étaient rendus en pèlerinage à Washington DC :

Macron, Meloni et Starmer font partie des dirigeants européens qui se sont entretenus avec Trump et Zelenskiy au cours du week-end, pour tenter de ramener les deux hommes à la table des négociations. Ils estiment que la voie est encore étroite pour relancer l’accord sur les minerais que les présidents avaient prévu de signer, ce qui donnerait au dirigeant américain un intérêt direct à dissuader toute nouvelle agression russe contre l’Ukraine.

Ils veulent toujours obtenir l’accord de Trump pour prolonger la guerre. Je doute que cette deuxième tentative soit plus fructueuse que la première.

On peut se demander comment Starmer et Macron ont autant perdu le sens des réalités pour vouloir tenter ce plan. L’une des raisons pourrait être qu’ils ont été conseillés par des « experts militaires » comme ceux-ci :

Malgré les efforts du président Volodymyr Zelensky, les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention d’offrir à l’Ukraine des garanties de sécurité ou de contribuer directement aux forces soutenant l’Ukraine après l’imposition d’un cessez-le-feu. Il incombe donc à l’Europe de planifier une telle force. Il s’agit d’une entreprise sérieuse. Les puissances européennes peuvent-elles mettre en place une telle force sans réduire la capacité de l’Europe à défendre les frontières de l’OTAN, alors que les États-Unis risquent de retirer leurs forces du continent ?

Si la longueur du front et l’importance des forces terrestres russes peuvent donner l’impression que la tâche est infaisable, nous pensons qu’elle est réalisable si les nations européennes sont prêtes à en assumer le coût. Avec l’équilibre des forces, l’investissement et le cadre politique adéquats, l’Europe pourrait générer un engagement crédible.

Une mission européenne en Ukraine n’a rien de fantaisiste.

Watling et Kofman, les auteurs de l’article ci-dessus, appellent au déploiement de trois (!) brigades européennes en Ukraine :

Compte tenu de la dégradation significative de la qualité des forces russes au cours des trois dernières années de combat, la force initiale déployée pourrait se limiter à trois brigades de combat ou à leurs équivalents.

Depuis le début de la guerre, les forces russes en Ukraine ont plus que doublé en taille. La Russie produit aujourd’hui plus de missiles et de drones que jamais. Ses soldats ont acquis une expérience précieuse. Comment peut-on considérer cela comme une « dégradation de la qualité des forces russes » ?

L’Ukraine elle-même a déployé une centaine de brigades dans la guerre et la Russie environ deux fois plus.

Je ne comprends pas comment trois brigades multinationales inexpérimentées venues d’Europe occidentale pourraient affecter cet équilibre de quelque manière que ce soit.

Existe-t-il un moyen d’orienter ces personnes vers une vision plus réaliste et plus saine du monde ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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