Le contrecoup des sanctions à l’encontre de la Russie ne doit pas conduire à des sanctions à l’encontre de tout le monde


Par Moon of Alabama – Le 18 mars 2023

Il y a plus d’un an, j’avais prédit à tort que le contrecoup des sanctions pousserait l’Occident à accepter les exigences de la Russie.

Le contrecoup des sanctions poussera l’Occident à accepter les exigences de la Russie – 9 mars 2022

Les Anglo-Saxons ont empêché cela, du moins jusqu’à présent.

Mais certaines de mes prédictions se sont avérées exactes :

La première [carte] montre les pays qui ont interdit l’accès de leur espace aérien aux avions russes. La Russie, à son tour, a refusé son espace aérien aux opérateurs de ces pays. Cela va coûter cher aux compagnies aériennes américaines et européennes, car leurs temps de vol et leurs coûts à destination et en provenance de l’Asie, qui traversent généralement l’espace aérien russe, vont désormais augmenter. Les transporteurs des pays asiatiques pourront désormais facilement concurrencer les compagnies américaines et européennes sur ces liaisons.

C’est effectivement ce qui s’est passé. Les transporteurs américains ont perdu une grande partie de leur trafic vers l’Asie au profit des compagnies asiatiques, car leurs temps de vol sur ces routes sont désormais plus courts et leurs prix moins élevés.

Mais au lieu de demander au gouvernement américain d’annuler les sanctions, ce qui serait bon pour eux et leurs clients, ils demandent de sanctionner les transporteurs asiatiques.

Interdites d’accès à l’espace aérien russe, les compagnies aériennes américaines cherchent à restreindre leurs concurrents

Incapables de traverser l’espace aérien russe en raison de la guerre en Ukraine, les compagnies aériennes américaines intensifient leur campagne de lobbying au Capitole et à la Maison-Blanche pour faire face à ce qu’elles considèrent comme un problème croissant : elles perdent des clients au profit de concurrents étrangers qui peuvent transporter des passagers entre les États-Unis et l’Asie plus rapidement et à moindre coût.

La Russie a fermé son espace aérien aux compagnies aériennes américaines et européennes non pas à cause de la guerre en Ukraine, mais parce que les États-Unis et leurs mandataires de l’OTAN ont fermé leur espace aérien aux compagnies aériennes russes. Tromper le lecteur sur ce point, comme le fait le début de l’article du NYT, est un mauvais service à rendre au lecteur.

Les vols des compagnies aériennes américaines entre les États-Unis et l’Inde, qui traversaient auparavant la Sibérie, doivent désormais emprunter d’autres itinéraires :

Airlines for America a estimé la perte de part de marché annuelle des compagnies aériennes américaines à 2 milliards de dollars par an.

Mais pour le passager qui choisit la bonne compagnie aérienne, cela ne fait aucune différence :

Mercredi, le trajet aller-retour entre l’aéroport Kennedy de New York et l’aéroport Indira Gandhi de New Delhi coûtait environ 1 500 dollars et durait 13 heures et 40 minutes sur Air India, selon Travelocity. Le vol le plus comparable sur une compagnie américaine est celui d’American Airlines, qui coûte 1 740 dollars et dont la durée de vol est estimée à 14 heures et 55 minutes.

Le choix du consommateur est évident.

« Les compagnies aériennes étrangères qui utilisent l’espace aérien russe pour des vols à destination et en provenance des États-Unis acquièrent un avantage concurrentiel significatif par rapport aux transporteurs américains sur les principaux marchés, notamment la Chine et l’Inde« , peut-on lire dans la présentation datée du mois de février. « Cette situation est directement à l’avantage des compagnies aériennes étrangères et au détriment des États-Unis dans leur ensemble, avec moins de liaisons vers les marchés clés, moins d’emplois bien rémunérés dans les compagnies aériennes » et un ralentissement de l’économie globale.

….

Aujourd’hui, les compagnies aériennes pressent la Maison Blanche et le Congrès de résoudre le problème en soumettant les compagnies aériennes étrangères des pays qui ne sont pas encore interdits d’accès à l’espace aérien russe aux mêmes restrictions que celles appliquées aux compagnies aériennes américaines, les obligeant ainsi à emprunter les mêmes itinéraires que leurs concurrents américains.

L’administration Biden devrait « prendre des mesures pour s’assurer que les compagnies aériennes étrangères qui survolent la Russie ne partent pas, n’atterrissent pas ou ne transitent pas par les aéroports américains« , a déclaré Marli Collier, porte-parole d’Airlines for America.

La proposition semble avoir trouvé un écho auprès du ministère des transports, qui a récemment rédigé une ordonnance interdisant aux transporteurs chinois qui acheminent des passagers vers les États-Unis de traverser l’espace aérien russe, selon trois personnes qui ont été informées de l’ordonnance.

En fait, le département des transports, dirigé par l’imbécile de maire Pete Buttigieg, dit tout simplement : « Au diable le consommateur. Supprimez les bons choix qui s’offrent à eux« .

Air India et d’autres transporteurs asiatiques ne seront pas ravis de telles mesures. Ce n’est pas de leur faute s’ils peuvent encore traverser la Russie alors que les compagnies aériennes américaines ne le peuvent plus. Les gouvernements des pays auxquels les États-Unis imposeront de telles règles à leurs compagnies aériennes y verront une mesure tout à fait inamicale.

Rendre les vols plus chers pour tout le monde, comme le provoqueraient les mesures envisagées, nuirait également au tourisme et au commerce en général aux États-Unis.

Les auteurs du New York Times tentent ensuite d’argumenter qu’il s’agit d’une question de sécurité. Les citoyens américains à bord d’un vol d’Air India effectuant un atterrissage d’urgence en Russie pourraient être mis en danger d’une manière ou d’une autre. Les cas qu’ils utilisent pour argumenter cela sont absurdes :

En 2014, un avion de la Malaysia Airlines a été abattu au-dessus de l’Ukraine, tuant 298 personnes.

En 2021, un vol Ryanair reliant la Grèce à la Lituanie a été détourné vers la Biélorussie, proche allié du Kremlin, après que des responsables de ce pays eurent alerté les contrôleurs aériens d’une prétendue alerte à la bombe à bord de l’avion. Selon les procureurs américains, leur véritable objectif était d’arrêter un journaliste dissident qui était passager en inventant un faux problème de sécurité.

L’année dernière, la star américaine du basket-ball Brittney Griner a été arrêtée dans un aéroport près de Moscou, puis condamnée à neuf ans de prison pour avoir transporté dans ses bagages des cartouches d’huile de haschisch. Elle a été libérée en décembre.

Un vol au-dessus d’un champ de bataille actif en Ukraine, une question obscure au Belarus et une femme américaine qui a admis avoir introduit de la drogue en Russie ne sont pas des exemples de danger pour les passagers américains d’Air India au-dessus de la Russie. Même si ce vol devait atterrir en Russie, il n’y aurait aucun problème. La Russie n’est pas en guerre avec les États-Unis et les citoyens américains en Russie sont en sécurité.

Fermer l’espace aérien aux avions de ligne russes était tout simplement une idée stupide. Lors d’un appel bidon, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a admis à un faux Zelensky que les sanctions contre la Russie avaient échoué.

Les sanctions qui ne fonctionnent pas, voire qui provoquent des réactions négatives, devraient être levées immédiatement et ne pas être étendues à des sanctions visant tout le monde.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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