La trilogie du Parrain détaille comment le monde est réellement dirigé


Par Jay Dyer – Le 17 mars 2016 – Source Waking Times

The Godfather

Basé sur le roman de Mario Puzo du même nom, Le Parrain de Francis Ford Coppola est connu comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Bien que le troisième épisode ait reçu des notes critiques sensiblement inférieures, la trilogie dans son ensemble est digne d’être vue, mais pour JaysAnalysis, nous allons prendre un itinéraire différent. Non seulement la trilogie est une expérience esthétique agréable, mais à l’examen de la série de la fin, je fus surpris de voir autant de parallèles avec des complots réels, les assassinats, les magouilles et les programmes profonds de l’État sur lesquels j’ai fait des recherches lors de cette dernière décennie.

Le Parrain a recueilli de nombreux prix en 1972, dont celui du meilleur film et du meilleur acteur pour Marlon Brando en tant que Don Corleone, mais le vrai message de la trilogie est passé inaperçu à la plupart des gens – et ma thèse sur la trilogie est que c’est un excellent aperçu de la façon dont la gestion du monde se déroule. Non, le monde n’est pas géré par des mafiosi italiens, et il y a des familles beaucoup plus vieilles et avec beaucoup plus de poids que la famille Corleone du récit, mais les moyens, les méthodes et les machinations de la famille sont le reflet de la façon dont le monde est vraiment géré.

Le premier aperçu est l’intérêt de la famille dans le maintien de leur lignée génétique, de la tradition et de la culture à travers la préservation de leur lignée. Même si c’est une idée perdue pour la plupart des gens de nos jours dans notre nihilisme postmoderne, le Don et sa couvée ne sont pas intéressés par des étrangers. En fait, la mafia sicilienne a toujours exigé un homme fait, ce qui veut dire : quelqu’un qui est introduit dans le réseau familial, et qui est de sang italien (bien que ces idées puissent être devenues plus souples). Les familles immigrantes avaient appris depuis longtemps que la police locale et l’application de la loi étaient souvent corrompues et achetées, de sorte que le besoin de justice interne entre les groupes de personnes déplacées était naturel. Cette vision pragmatique se produit souvent dans le film, quand Michael, le plus jeune des Don et héritier de la famille, tente d’expliquer à sa femme américaine ahurie, Kay, l’importance de la famille.

Alors que les Corleone accèdent au pouvoir, il est crucial de comprendre que ce n’est pas par un travail honnête et difficile, mais le fruit de l’intelligence, de l’audace et la maîtrise de différents marchés noirs. Ne voulant pas entrer dans le commerce de la drogue, lors d’une réunion des patrons, Don Corleone refuse explicitement de pratiquer ce commerce, à moins que le cahier des charges précise de ne pas en vendre dans les quartiers italiens. Les patrons soutenaient que les noirs étaient assez fous pour laisser entrer la drogue dans leurs quartiers sans en saisir les conséquences. En d’autres termes, dans cette scène, Le Parrain montre que la prohibition, la criminalité et la fausse guerre contre la drogue, et sa litanie sans fin dans les programmes de l’État, sont sans valeur. L’interdiction des vices permet aux marchés noirs de contrôler ces transactions avec la complicité du gouvernement.

Bien que je ne préconise pas l’anarchisme ici, je suis en train d’illustrer l’état d’esprit de la population immigrée dépeint dans le film, et celle de leurs patrons mafieux. Si la police et le système judiciaire étaient notoirement corrompus, la justice ne pouvait être faite qu’en interne. Du point de vue des patrons, la guerre entre gangsters et flics ou mafieux et gangsters n’est pas différente de toute autre guerre entre une nation et une autre nation. En d’autres termes, les chefs de la mafia ont reconnu le point de vue qu’Augustin fit il y a longtemps : le gouvernement n’est très souvent qu’une autre bande organisée de voyous, qui légalisent le vol et la criminalité. Il est intéressant de noter que finalement, la famille Corleone est appelée avant les audiences du Congrès pour rendre compte de son fonctionnement, mais même en 1951, selon J. Edgar Hoover, la mafia a été explicitement déclarée comme n’existant pas (montrant la naïveté du public).

En s’étendant au-delà des limites de New York, les Corleone vont aller à Las Vegas, prévoyant l’avenir de l’économie montante des casinos comme étant une aubaine. Évinçant les chefs de la mafia juive rivale, les Corleone découvrent que tuer des flics n’est plus le moyen le plus rentable de parvenir à leurs fins, puisqu’il est nécessaire d’obtenir le vote d’un sénateur pour l’acquisition de certains casinos. Au lieu de cela, ils découvrent que le chantage, à l’aide du réseau de leurs bordels, est beaucoup plus utile grâce au vice d’un sénateur, Pat Geary, si corrompu et arrogant. Nous voyons ainsi progresser la famille au-delà de l’entreprise locale dans des entreprises nationales, alors qu’elle commence à utiliser le style des agences d’espionnage pour obtenir ses informations – un facteur clé dans leur ascension. En plus de cela, Michael Corleone a tué tous ses rivaux à ce stade, et devient rapidement le chef des patrons mafieux au fur et à mesure que les autres sont éliminés. Aussi perspicace est le lien profond entre la mafia et la montée de Las Vegas, capté magistralement par Coppola.

La montée de l’industrie des casinos et le jeu font que Michael va s’imposer à l’international. Dans Le Parrain II, Michael et son frère sont à Cuba, mangeant et buvant avec l’élite locale, comme le patron de la mafia Don Hyman Roth (Roth est-il symbolique de Meyer Lansky?) pendant que des offres sont en cours pour établir le rachat par Michael des opérations cubaines de Roth. La toile de fond de cette scène est l’utilisation de Cuba par l’élite corporative occidentale, pour des opérations de blanchiment d’argent qui ont été liées à des organisations mafieuses. United Fruit Company, les télécommunications et les casinos de Michael ont tous une mainmise dans des plans pour préparer Cuba à devenir une destination de vacances majeure. Au lieu de cela, l’affaire tombe à l’eau et Michael se retire, réalisant que la révolution de Castro va réussir. (Il faut également noter l’utilisation par la CIA d’exilés cubains comme une force paramilitaire soutenue par la drogue dans cette région au cours de cette période.) Bien que non mentionné directement, JFK s’était lié d’amitié avec plusieurs secteurs de la mafia, et pour la plupart des analystes de l’assassinat de JFK, il y a une connexion avec la mafia, puisque des exilés cubains ont été impliqués dans le complot.

D’un point de vue de l’État profond, le troisième volet est le plus révélateur. Dans Le Parrain III, Michael et la famille sont devenus des milliardaires et sont maintenant internationaux. Alors qu’il joue à l’échelle mondiale, il est intéressant de noter que Michael ne perd jamais de vue l’importance de la lignée du sang sur les affaires. Après avoir été trahi à plusieurs reprises, même par son propre sang, la sagesse de Michael veut que la lignée soit ce qui perdure. Bien que son fils soit maintenant comme la première version de lui-même, évitant l’entreprise familiale, Michael a accepté la dure réalité que le jeu nécessite, en s’occupant de concurrents mondiaux. En acceptant une haute distinction de la papauté, l’alliance stratégique de Michael avec le pape signifie que sa fondation (une façade) sera en mesure de négocier avec une des plus grandes transactions foncières dans le monde. A partir de ça, nous pouvons voir comment, à ce niveau, Michael a appris que jouer le jeu de Rockefeller, créer une fondation en franchise d’impôt et accepter les saintes médailles de l’archevêque est la meilleure façon de déjouer le système – en devenant le système.

L’aspect le plus révélateur est l’assassinat de Jean-Paul 1er – une scène frappante que j’avais oubliée et à laquelle je ne m’attendais pas. Ayant puisé profondément dans les subterfuges du monde catholique moi-même, la visualisation du Parrain III pour la dernière fois en tant qu’adolescent, fait que je n’étais évidemment pas au courant. Des années plus tard, il est évident que Puzzo et Coppola révèlent l’histoire réelle derrière la mort de Jean-Paul Ier en 1978.

Faisant un parallèle entre la mort dans une pièce que Michael et sa famille regardent dans un théâtre, et la tentative de meurtre de Michael, Michael apprend qu’il y aura un attentat contre le pape par la loge P2! La P2 est bien sûr la mafia italienne franc-maçonne, depuis longtemps soupçonnée d’être impliquée dans le scandale de la Banque du Vatican qui a été intimement lié à la mort de Roberto Calvi et Jean-Paul 1er. Considéré comme une théorie du complot, il y a beaucoup plus derrière tout ça, que ce qu’on veut bien nous dire concernant les décès rituels de Calvi et Jean-Paul I (après 33 jours en tant que pape – un nombre significatif pour les maçons), et une mention explicite des deux apparaît dans la conclusion de la trilogie. Il convient également de noter que les allusions sur les rituels d’initiation de la mafia exigent des serments de sang et un symbolisme qui ressemble à la maçonnerie.

Je l’ai écrit précédemment dans mon article Fatima et la fraude des banquiers :

Cela suggère que la cooptation du Vatican s’est faite beaucoup plus tôt que la conspiration de Vatican II, à laquelle adhèrent les catholiques les plus traditionnels. La position anti-russe trahit ainsi un biais anti-russe spécifique, qui se poursuit encore aujourd’hui, alors que les plus grosses banques mondiales de nos jours sont toujours mêlées à des scandales de la Banque du Vatican, rappelant la mort rituelle de Roberto Calvi et Jean-Paul 1er. Avec ce paramètre géopolitique à l’esprit, nous pouvons considérer Fatima dans ce milieu et ma thèse est la suivante : les puissances atlantistes occidentales avaient prévu la Première guerre mondiale et la seconde, et les révélations miraculeuses de Fatima ciblent spécifiquement la Russie, comme le méchant qui répandra ses erreurs sur le globe. Comme Sutton et Quigley le détaillent, le financement du communisme mondial et du fascisme a été assuré par des capitaux de l’Ouest.

Tout comme Michael Corleone le découvre (mais trop tard), alors même qu’il monte au pinacle de la richesse et de la puissance mondiale, il y a toujours d’autres mafiosi qui attendent dans les coulisses pour vous faire tomber. Alors que le magnifique personnage principal italien est assassiné dans la pièce qu’ils sont en train de regarder, il en va de même dans le récit, qui devient réel quand Michael quitte le théâtre pour assister à l’assassinat de sa propre fille. L’éclairage sombre et froid que Coppola a choisi pour la trilogie, résonne avec la réalité froide et sombre du monde déchu que nous habitons, où la richesse terrestre, le pouvoir et la vanité bientôt se fanent, et comme Michael, on se retrouve avec les larmes d’une repentance tardive.

Jay Dyer est l’auteur de l’excellent site d’analyse Jay’s analysis, où cet article a été initialement sélectionné

Traduit par Poolan Devi, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

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