La revue de presse internationale pour la semaine du 2 au 8 juin 2025


Par Wayan – Le 8 juin 2025 – Le Saker Francophone

La guerre en Ukraine

En début de semaine, pour faire pression sur la Russie à la veille des « pourparlers de paix », l’Ukraine attaque une série d’aéroports en Russie et détruit 2 ponts au moment où des trains de passagers passaient dessous :

Des aérodromes militaires à travers la Russie ont été attaqués lors d’une série de frappes de drones kamikazes, a rapporté dimanche le ministère de la Défense du pays, imputant les incidents à Kiev. La plupart des frappes ont été repoussées avec succès, certaines entraînant des dégâts matériels, a-t-il ajouté. Plusieurs avions ont été endommagés et certains des auteurs des attaques sont en détention, a déclaré l’armée.

Des effondrements de ponts ont fait dérailler des trains dans deux régions russes, faisant au moins sept morts et plusieurs blessés.

Samedi soir, un pont est tombé devant un train en marche dans la région de Briansk, tuant sept personnes et en blessant 71 autres. Plusieurs heures plus tard, tôt dimanche, un pont ferroviaire s’est effondré sous un train de marchandises en mouvement dans la région de Koursk, blessant le chauffeur et deux de ses assistants. Le Comité d’enquête russe a déclaré que les deux incidents étaient des actes délibérés de sabotage.

Un complot terroriste ukrainien a été déjoué à Moscou, a affirmé le comité d’enquête russe.

Dans un communiqué publié vendredi, des responsables ont annoncé qu’ils avaient découvert des plans pour une attaque terroriste lors de la perquisition au domicile d’un homme déjà sous enquête pour “justification publique du terrorisme ».” Selon le comité d’enquête, les autorités ont saisi le téléphone portable du suspect lors d’une perquisition, qui contenait une conversation avec “un responsable des services spéciaux ukrainiens. » Ce dernier aurait chargé le suspect de récupérer un engin explosif dans une cache située dans une zone boisée à l’ouest de Moscou. ”Des enquêteurs du comité d’enquête [de Moscou], ainsi que des agents des forces de l’ordre, ont immédiatement inspecté l’emplacement spécifié dans le parc, où un engin explosif improvisé a été découvert et récupéré”, affirme le communiqué.

Puis le fameux Pont de Crimée est de nouveau pris pour cible :

Le service de sécurité d’Ukraine (SBU) a revendiqué ce mardi 3 juin une nouvelle attaque contre le pont de Crimée, qui relie la péninsule annexée par Moscou au territoire russe, et a déjà été visé à deux reprises par Kiev depuis l’invasion de 2022.

Pas certain que la Russie soit sensible à ce genre de pression. Cela risque plutôt de renforcer sa rage à ne rien accorder à l’Ukraine pendant ces négociations de paix qui, évidemment, n’aboutiront à rien tant les propositions de départ sont éloignées l’une de l’autre :

Le mémorandum de paix élaboré par la Russie et présenté à la délégation ukrainienne lors des pourparlers à Istanbul, en Turquie, appelle lundi Kiev à retirer ses troupes des anciens territoires ukrainiens qui ont rejoint la Russie et à confirmer son statut neutre et non nucléaire, selon le texte du document consulté par RT.

La proposition se compose de trois parties, qui comprennent les conditions d’un règlement global du conflit ukrainien, des étapes vers un cessez-le-feu et une feuille de route pour la paix qui comprend certaines mesures unilatérales de la Russie.

Le “règlement final  » du conflit nécessiterait la reconnaissance internationale des anciens territoires ukrainiens en tant que parties de la Russie. Les deux républiques du Donbass, ainsi que les régions de Kherson et de Zaporozhye, ont officiellement rejoint la Russie à la suite d’une série de référendums à l’automne 2022. La Crimée a voté pour rejoindre la Russie en 2014 à la suite du coup d’État armé du Maïdan soutenu par l’Occident à Kiev. L’Ukraine devrait également retirer toutes ses forces et tous ses groupes armés de ces territoires, indique le document.

Pas de surprises, la Russie ne faisant que répéter ce qu’elle demande depuis février 2022.

Le mémorandum préparé par l’Ukraine pour les pourparlers d’Istanbul avec la Russie rejette les principales demandes de Moscou pour la reconnaissance de nouvelles régions russes, la neutralité de Kiev et les limitations de la taille des forces armées ukrainiennes, a rapporté Reuters.

Reuters a rapporté dimanche que le document de Kiev n’inclut pas la reconnaissance de la Crimée, des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporozhye dans le cadre de la Russie. Selon l’Ukraine, la forme actuelle de la ligne de front devrait être le point de départ des négociations sur le territoire, a-t-il ajouté.

Kiev insiste également sur le fait qu’elle ne peut pas être forcée d’accepter la neutralité, affirmant que son éventuelle adhésion à l’OTAN ne devrait dépendre que d’un consensus au sein du bloc militaire dirigé par les États-Unis, a indiqué l’agence.

Des restrictions sur la taille des forces armées ukrainiennes auraient également été exclues dans le mémorandum de Kiev. Cependant, il appelle la Russie à payer des réparations et à utiliser les avoirs de Moscou gelés par l’Occident pour reconstruire l’Ukraine, a déclaré Reuters.

En bref, l’Ukraine rejette toutes les demandes russes. Il n’y a aucun point sur lequel démarrer une quelconque négociation.

La diplomatie ayant échoué, le conflit Russie/Ukraine va donc continuer sur le plan militaire jusqu’à la défaite totale d’une des parties. Or nous avons vu que la Russie mène le jeu sur le champ de bataille. La campagne d’été que la Russie prépare risque bien d’être décisive :

La semaine dernière, le New York Times a cité des responsables américains et ukrainiens affirmant que malgré le regain d’engagement diplomatique entre les deux parties, Moscou avait effectivement lancé une offensive estivale et progressait à son rythme le plus rapide depuis novembre 2024.

On estime que les forces russes capturent désormais en moyenne 14 kilomètres carrés par jour, soit deux fois plus qu’en avril. Une grande partie de ces progrès a eu lieu dans l’est de l’Ukraine, en particulier dans la région de Donetsk, dont environ 70% est maintenant sous contrôle russe et où les troupes russes continuent de pousser vers la ville stratégique de Pokrovsk.

Au cours du week-end, l’Ukraine a ordonné l’évacuation de 11 autres villages de sa région de Soumy, limitrophe de la Russie, craignant que Moscou ne se prépare à un nouvel assaut terrestre. Au total, 213 colonies de la région ont reçu l’ordre d’évacuer.

Avec des assauts d’infanterie soutenus par des motos, des scooters et des attaques aériennes, les forces russes ont capturé au moins 18 colonies ukrainiennes au cours de la dernière semaine de mai, selon Julian Röpcke, analyste de la défense au Bild. Cela représente environ 200 kilomètres carrés de territoire ukrainien.

L’intensification de la campagne coïncide avec la nomination par Poutine du colonel général Andrei Mordvichev au poste de commandant des forces terrestres russes.

Malgré l’échec des négociations, Poutine et Trump eurent une longue conversation téléphonique qui montre que les deux dirigeants comptent bien garder contact dans la tourmente :

Le président américain a précisé que leur appel a duré « une heure et quinze minutes ». Le Kremlin a, pour sa part, qualifié de « positive » et « productive » cette conversation téléphonique entre les deux dirigeants, ajoutant qu’ils avaient décidé de « rester en contact permanent ».

Trump a expliqué :

“Nous avons discuté de l’attaque contre les avions russes par l’Ukraine ainsi que de diverses autres attaques qui ont eu lieu des deux côtés”, a-t-il écrit, notant cependant que ce n’était “pas une conversation qui mènera à la paix immédiate.

Trump a ajouté que le président russe “a dit, et très fermement, qu’il devra répondre à la récente attaque contre les aérodromes.”

Poutine annonce haut et fort que :

Poutine a qualifié mercredi le sabotage ferroviaire dans les régions russes de Bryansk et de Koursk “sans aucun doute un acte terroriste “du” régime illégitime de Kiev“, qui, a-t-il déclaré,  » se transforme progressivement en une organisation terroriste.”

Ce qui augure d’un changement de méthode de la part du gouvernement russe.

Europe

L’Europe continue de s’armer. C’est au tour du Royaume Uni de lancer sa promesse :

Le Royaume-Uni investira 2 milliards de dollars dans de nouvelles usines d’armement dans le cadre d’une vaste stratégie de réarmement, a annoncé le secrétaire à la Défense John Healey.

Le plan comprend la construction d’au moins six nouvelles usines de munitions et d’explosifs et l’achat de plus de 7 000 armes à longue portée produites dans le pays, y compris des drones et des missiles. Healey s’est également engagé à porter les dépenses de défense à 3% du PIB d’ici 2034.

” Les leçons durement tirées de l’invasion illégale de l’Ukraine par [le président russe Vladimir] Poutine montrent qu’une armée n’est aussi forte que l’industrie qui la soutient », a déclaré Healey dans un communiqué publié samedi. « Nous renforçons la base industrielle du Royaume-Uni pour mieux dissuader nos adversaires et rendre le Royaume-Uni sûr chez lui et fort à l’étranger.”

Le Royaume-Uni construira jusqu’à 12 nouveaux sous-marins d’attaque, annoncera le Premier ministre alors que le gouvernement dévoilera son examen majeur de la défense lundi.

Sir Keir Starmer dira que jusqu’à 12 sous-marins nucléaires à armement conventionnel remplaceront la flotte actuelle du Royaume-Uni à partir de la fin des années 2030. Le Premier ministre devrait également confirmer que le Royaume-Uni dépensera 15 milliards de livres sterling pour son programme d’ogives nucléaires.

Et la cause de ce réarmement est clairement exprimée :

Le Royaume-Uni prévoit de mobiliser des milliards de livres pour renforcer sa base militaro-industrielle en prévision d’un conflit potentiel avec la Russie, a déclaré le secrétaire à la Défense John Healey.

La déclaration intervient avant la publication de l’Examen stratégique de la défense du gouvernement lundi. Selon la BBC, le rapport devrait présenter la Russie et la Chine comme des menaces majeures pour le Royaume-Uni.

Voyant cela Moscou et Pékin expriment leur point de vue :

L’ambassade de Russie a publié mardi une déclaration critiquant ce qu’elle a décrit comme « une nouvelle salve de rhétorique anti-russe ».

« La Russie ne représente aucune menace pour le Royaume-Uni et son peuple », indique le communiqué. « Nous n’avons aucune intention agressive et n’avons aucun projet d’attaquer la Grande-Bretagne. Cela ne nous intéresse pas et nous n’en avons pas besoin. »

L’ambassade de Chine à Londres a également critiqué le mémorandum de la défense britannique, affirmant mardi dans un communiqué que le document déformait délibérément la politique de défense de Pékin pour justifier l’expansion militaire britannique.

Le mémo décrit la Chine comme « un défi sophistiqué et persistant », citant sa modernisation militaire rapide, y compris un arsenal nucléaire élargi, et affirmant que Pékin utilisait probablement l’espionnage et les cyberattaques, et volait la propriété intellectuelle.

Mais entre promesses de réarmement et possibilité de le faire, s’étend le fossé du gros déficit budgétaire des pays européens :

Le ministère des Armées devra régler d’ici la fin de l’année pour 8 milliards d’euros d’équipements militaires déjà commandés mais pas encore payés. Symbole d’une France qui veut se réarmer mais n’en a pas les moyens.

C’est le grand défi industriel des années à venir. La France (comme l’ensemble de l’Europe) se réarme à vitesse grand V. Des annonces d’investissements privés et publics ont été faites depuis le début de l’année pour augmenter les capacités militaires françaises. Mais avec quel argent ? Les alertes des industriels de la défense se multiplient ces derniers temps. Selon eux, l’économie de guerre se fait à crédit, les commandes se font attendre et l’absence de visibilité inquiète.

Tout cela pendant que le débat sur la façon de réduire l’écrasant déficit budgétaire fait l’objet d’un débat houleux en France.

 Israël/Palestine

Il semble bien qu’Israël utilise la distribution d’aide alimentaire pour terroriser les affamés :

Ils étaient des milliers dès l’aube à attendre de quoi manger, dimanche 1er juin, aux abords de l’un des deux centres de GHF à Rafah, dans le sud de Gaza. Certains avaient marché toute la nuit depuis le centre de l’enclave, car les denrées entrent au compte-gouttes depuis le blocus instauré par Israël en mars 2025.

Tout à coup, selon des témoins et la défense civile palestinienne, l’armée israélienne a tiré avec ses drones et ses blindés. Plusieurs personnes sont mortes sur le coup, d’autres ont péri après leur transport à l’hôpital, rapportent ces mêmes témoins. Selon la Défense civile, au moins 31 personnes ont été tuées par des tirs israéliens, et il y aurait plus de 176 blessés.

Mais, selon Israël, tout cela n’est qu’illusion :

GHF a cependant affirmé, dans l’après-midi de dimanche, que les informations faisant état de dizaines de morts et blessés près de leurs centres de distribution d’aide dans le territoire palestinien étaient « fausses ». « Toute l’aide a été distribuée aujourd’hui sans incident », a affirmé un porte-parole de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) dans un communiqué. « Nous avons entendu dire que ces fausses informations avaient été activement fomentées par le Hamas. Elles sont fausses et fabriquées », a-t-il ajouté.

Pourtant, la Croix-Rouge confirme :

Un » afflux massif de victimes », dont beaucoup ont été blessées par balle ou par des éclats d’obus, a été reçu dans un hôpital de campagne de la Croix-Rouge dans le sud de Gaza, a indiqué l’organisation, à la suite d’informations controversées sur un incident près d’un centre de distribution d’aide à Rafah. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré que 21 personnes avaient été « déclarées mortes à leur arrivée », tandis que des femmes et des enfants figuraient parmi les 179 cas.

Et le fait que le même scénario se répète tous les jours laisse à penser qu’il est écrit par l’armée israélienne :

Au moins 27 Palestiniens ont été tués et des dizaines blessés mardi [3 juin] par des tirs israéliens près d’un site de distribution de nourriture dans le sud de Gaza, ont annoncé des responsables de la santé, au cours d’une troisième journée consécutive de chaos et d’effusion de sang pour gâcher l’opération d’aide.

Six Palestiniens ont été tués et plusieurs autres blessés par des tirs israéliens lors du dernier incident meurtrier [samedi 7 juin] près d’un centre de distribution d’aide dans le sud de Gaza, a annoncé l’agence de défense civile dirigée par le Hamas.

Une constatation confirmée par l’ONU :

Le chef des affaires humanitaires de l’ONU a estimé ce mercredi 4 juin que les dizaines de personnes tuées le 3 juin dans la bande de Gaza, alors qu’elles essayaient d’accéder à un centre de distribution de nourriture, sont le « résultat de choix délibérés » d’Israël. « Rien qu’hier, des dizaines de morts ont été constatées dans les hôpitaux après que les forces israéliennes ont annoncé avoir ouvert le feu. C’est le résultat d’une série de choix délibérés qui ont systématiquement privé deux millions de personnes des biens essentiels à leur survie », a écrit ce responsable de l’ONU, Tom Fletcher, dans un communiqué.

Après avoir favorisé la création du Hamas pour créer la division au sein de l’Autorité Palestinienne, Netanyahou réutilise sa vieille technique pour créer la division à Gaza :

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé qu’Israël armait des clans à Gaza qui, selon lui, sont opposés au Hamas.

Ses commentaires sont intervenus après que des médias israéliens aient cité des sources de la défense selon lesquelles Netanyahu avait autorisé la fourniture d’armes à un groupe particulier dans le sud de Gaza.

Plusieurs politiciens israéliens ont accusé Netanyahu de mettre en danger la sécurité israélienne.

« Qu’est-ce qui ne va pas avec ça ? » Netanyahu dit dans une courte vidéo qu’il a tweeté. « Cela ne fait que sauver la vie de soldats israéliens », poursuit – il – « et le faire connaître ne fait qu’aider le Hamas ».

Le groupe, que certains considèrent comme une milice ou un gang criminel, se présente comme une force d’opposition au Hamas. Il dit que son objectif est de protéger les camions apportant de l’aide à Gaza, mais les critiques disent qu’il fait le contraire et qu’il les pille.

Et pourtant, malgré tous les signes montrant qu’Israël perpétue un génocide contre le peuple palestinien :

Les États-Unis ont opposé mercredi leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui exigeait un « cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent » entre Israël et les militants du Hamas à Gaza et un accès sans entrave à l’aide dans toute l’enclave déchirée par la guerre. Les 14 autres pays du conseil ont voté en faveur du projet.

Ce qui montre bien que toutes les discussions pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, sous la médiation du Qatar, ne sont qu’un simple paravent de relation publique pour cacher au reste du monde le fait qu’Israël n’a aucune intention d’arrêter son annexion progressive de Gaza.

Il fallait oser et ils osent :

Les États-Unis ont annoncé des sanctions contre quatre juges de la Cour pénale internationale (CPI) pour ce qu’ils ont qualifié d ‘ “actions illégitimes et sans fondement” contre les États-Unis et Israël.

Dans un communiqué publié jeudi, le Secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que les nouvelles sanctions visaient les juges Solomy Balungi Bossa d’Ouganda, Luz del Carmen Ibanez Carranza du Pérou, Reine Adélaïde Sophie Alapini Gansou du Bénin et Beti Hohler de Slovénie pour leurs “actions illégitimes et sans fondement visant l’Amérique ou notre proche allié, Israël.”

Loin de subir des sanctions, Israël va même jusqu’à battre un record dans l’exportation d’armes :

« Israël a de nouveau atteint un sommet historique pour les exportations dans le domaine de la Défense en 2024 », a déclaré le ministère de la Défense israélien, qui supervise et approuve les exportations des industries d’armement israéliennes, dans un communiqué publié le 5 juin. La majorité des contrats signés (56,8 %) étaient des « méga-contrats » d’une valeur d’au moins 100 millions de dollars chacun, a détaillé le ministère, ajoutant que les « résultats opérationnels » dans la guerre contre le groupe palestinien Hamas dans la bande de Gaza avaient stimulé la demande.

En 2024, 12 % des exportations d’armement israéliennes sont allées aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Maroc. Cela alors que ces trois pays ne représentaient que 3 % l’année précédente.

La répartition des régions vers lesquelles les armes ont été exportées montre que les pays européens représentent plus de la moitié des exportations. L’Allemagne, par exemple, est un client important ces dernières années. Dans le détail, en plus des missiles et des roquettes, l’État hébreu vend des logiciels militaires, dans le domaine de la cybersécurité, de la surveillance et du renseignement. Elle exporte aussi de petites tourelles de chars, et son système de défense antiaérienne, pour intercepter des missiles.

Le gouvernement espagnol a annoncé, mercredi 4 juin, l’annulation d’un contrat à 287,5 millions d’euros qui avait été signé avec une entreprise israélienne en 2023.

Et puisqu’aucune limite n’est imposé au gouvernement israélien :

Israël a intensément bombardé la banlieue sud de la capitale libanaise tard jeudi, faisant fuir des milliers de personnes à la veille d’une fête musulmane et suscitant des accusations de hauts responsables libanais selon lesquelles Israël violait l’accord de cessez-le-feu.

Au moins 10 frappes ont touché la banlieue sud de Beyrouth – une zone tentaculaire connue sous le nom de Dahiyeh – dans une vague de bombardements qui a commencé environ 90 minutes après que l’armée israélienne a émis des ordres d’évacuation pour quatre sites de la région.

La guerre commerciale de Trump

A l’approche de la date limite qu’il a lui-même imposé, Trump pousse à accélérer les négociations :

L’administration Trump souhaite que les pays présentent leur meilleure offre sur les négociations commerciales d’ici mercredi, alors que les responsables cherchent à accélérer les pourparlers avec plusieurs partenaires avant une échéance auto-imposée dans seulement cinq semaines, selon un projet de lettre aux partenaires de négociation consulté par Reuters.

Le document suggère une urgence au sein de l’administration de conclure des accords dans des délais serrés. Alors que des responsables tels que le conseiller économique de la Maison Blanche Kevin Hassett ont promis à plusieurs reprises que plusieurs accords étaient en voie d’achèvement, jusqu’à présent, un seul accord a été conclu avec un partenaire commercial majeur des États-Unis : la Grande-Bretagne. Même ce pacte limité s’apparente davantage à un cadre de négociations en cours qu’à un accord final.

Et menace de nouveau :

Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi qu’il prévoyait d’augmenter les droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés de 25% à 50%, augmentant la pression sur les producteurs mondiaux d’acier et approfondissant sa guerre commerciale.

« Nous allons imposer une augmentation de 25%. Nous allons le faire passer de 25% à 50% – les droits de douane sur l’acier aux États-Unis d’Amérique, ce qui sécurisera encore plus l’industrie sidérurgique aux États-Unis », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement en Pennsylvanie.

Il a ensuite posté sur les réseaux sociaux que le tarif majoré s’appliquerait également aux produits en aluminium et qu’il entrerait en vigueur mercredi [4 juin].

Le Vietnam fait partie des pays qui prennent les menaces de Trump au sérieux :

Washington souhaite que les usines basées au Vietnam réduisent leur utilisation de matériaux et de composants en provenance de Chine et demande au pays de contrôler plus attentivement ses chaînes de production et d’approvisionnement, a déclaré l’une des personnes informées des pourparlers, sans préciser si des objectifs quantitatifs étaient inclus.

La liste fait partie d’une « annexe » à un texte-cadre préparé par les négociateurs américains, selon quatre personnes au courant du dossier.

Global Times révèle une des conditions dictées par les Etats-Unis pour que le Vietnam puisse négocier un accord commercial avec eux :

Les États-Unis ont envoyé une longue liste de « demandes difficiles » au Vietnam dans ses négociations tarifaires, y compris des demandes qui pourraient forcer le pays à « réduire sa dépendance » à l’égard des importations de produits industriels chinois, selon un récent rapport de Reuters, citant des sources proches du dossier. Cependant, ce n’est pas un cas isolé. Après que les États-Unis et le Royaume-Uni ont conclu un accord commercial en mai, des inquiétudes ont été soulevées quant au fait que l’accord pourrait être utilisé pour évincer les produits chinois des chaînes d’approvisionnement britanniques.

La guerre commerciale lancée par Trump a donc deux objectifs : un déclaré médiatiquement, MAGA, Make America Great Again et un autre caché dans les « annexes » des accords, MCPA, Make China Poor Again. Un projet un tantinet mégalomane.

Il faut savoir que cette stratégie de « containment » de la Chine ne date pas de Trump mais a commencé avec le « focus sur la région Pacifique » d’Obama. Trump ne fait que l’accélérer.

En attendant que la Chine devienne pauvre, les mesures de rétorsion qu’elle a prise face à son « containment » commencent à se faire sentir en Occident :

Plusieurs usines et lignes de production de fournisseurs automobiles européens ont déjà été fermées en raison des récents contrôles à l’exportation de la Chine, selon l’association européenne des fournisseurs automobiles CLEPA, le groupe avertissant de nouvelles pannes à mesure que les stocks s’épuisent.

Le ministère chinois du Commerce a imposé début avril des restrictions à l’exportation sur plusieurs éléments de terres rares et aimants largement utilisés dans les secteurs de l’automobile, de la défense et de l’énergie. Les restrictions sont intervenues dans le cadre d’une réponse à l’augmentation des droits de douane du président américain Donald Trump sur les produits de Pékin.

Certains des éléments des terres rares touchés sont des composants essentiels à la production de moteurs à combustion et de véhicules électriques.

Alors, continuerons-nous à jouer à « qui sera pauvre en premier » ou nous rallierons nous à la politique « win-win » proposée par la Chine ?

Ce n’est pas l’attitude ambivalente de Trump qui permettra de répondre à cette question. Celui-ci a appelé le président chinois Xi Jinping et le compte rendu de cette conversation le montre bien.

Comme souvent après une conversation directe avec un homologue, Trump se montre très content de la conversation et très aimable :

Donald Trump, qui a entamé un bras de fer commercial avec Pékin, a assuré que sa conversation d’environ une heure et demie jeudi 5 juin avec son homologue chinois Xi Jinping s’était conclue « de manière très positive ».

Le président américain a assuré dans un message sur son réseau Truth Social que ses équipes et celles du dirigeant chinois se rencontreraient « bientôt » pour discuter des droits de douane, à un endroit qui reste à définir, et a assuré qu’il ne « devrait plus y avoir de problèmes à l’avenir » sur l’accès aux terres rares chinoises, un point de friction important entre les deux superpuissances.

Donald Trump a par ailleurs annoncé que Xi Jinping l’avait « gentiment invité » à venir en Chine avec son épouse Melania, et qu’il avait, lui aussi, proposé au président chinois de venir le voir aux États-Unis.

Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, s’était dit dimanche « sûr » qu’une conversation au plus haut niveau entre les deux présidents pourrait « régler » la question des tensions commerciales

Alors, finalement tout va bien entre la Chine et les USA ? Et bien la version chinoise permet d’en douter :

Les deux hommes se sont entretenus « à la demande » de Donald Trump, a souligné l’agence de presse Chine Nouvelle dans un très bref article.

Le président chinois Xi Jinping a déclaré à Donald Trump qu’ils se devaient de « redresser la trajectoire ». « Pour redresser la trajectoire du grand navire des relations sino-américaines, il nous incombe d’en assurer fermement le gouvernail et d’en fixer clairement le cap, tout en écartant résolument toute interférence, voire toute tentative de sabotage. Cela est particulièrement crucial », a indiqué Xi Jinping, qui a déclaré être ouvert à une visite de Donald Trump en Chine, selon des propos rapportés par l’agence officielle Chine Nouvelle.

Le président chinois Xi Jinping a également exhorté les États-Unis à faire preuve de « prudence » sur la question de Taïwan, île que la Chine considère comme une partie de son territoire. « Les États-Unis doivent traiter la question de Taïwan avec prudence afin d’éviter que la petite minorité de séparatistes partisans d’une “indépendance de Taïwan” n’entraînent la Chine et les États-Unis dans une situation dangereuse de conflit et de confrontation », a indiqué le président chinois à son homologue américain, selon l’agence de presse Chine Nouvelle.

On sent bien l’exaspération monter du côté chinois, en contraste total avec l’optimisme étasunien. Un optimisme de façade qui pourrait servir à créer, pour le public étasunien, l’image d’un Trump faisant tous les efforts possibles pour répandre la paix et la richesse commerciale face à une Chine ne voulant rien céder et négociant de mauvaise foi. Le bon Etats-Unis et la mauvaise Chine.

Pourtant le vendredi 6 juin, confirmant ainsi l’optimisme de Trump, le gouvernement chinois fait un effort pour montrer sa bonne foi :

La Chine a accordé des licences d’exportation temporaires aux fournisseurs de terres rares des trois principaux constructeurs automobiles américains, ont déclaré deux sources proches du dossier, alors que des perturbations de la chaîne d’approvisionnement commencent à faire surface en raison des restrictions à l’exportation de Pékin sur ces matériaux. Au moins certaines des licences sont valables six mois, ont déclaré les deux sources, refusant d’être nommées car les informations ne sont pas publiques.

Alors que le même jour, le ministère du commerce étasunien décidait d’une nouvelle restriction commerciale contre la Chine :

Les États-Unis ont suspendu ces derniers jours les licences des fournisseurs d’équipements nucléaires à vendre aux centrales électriques chinoises, selon quatre personnes familières avec le sujet, alors que les deux pays s’engagent dans une guerre commerciale dommageable.

Les suspensions ont été envoyées aux entreprises par le département américain du Commerce, ont indiqué les personnes, et affectent les licences d’exportation pour les pièces et équipements utilisés avec les centrales nucléaires.

Les fournisseurs d’équipements nucléaires font partie d’un large éventail d’entreprises dont les ventes ont été restreintes au cours des deux dernières semaines alors que la guerre commerciale américano-chinoise est passée de la négociation des tarifs à la limitation des chaînes d’approvisionnement de l’autre.

Soit Trump est complètement erratique, pensant que ce genre d’attitude déstabilisante est le summum du « art of deal » dont il est si fier, soit des éléments de son administration sabotent délibérément ses efforts pour saboter sa présidence, comme ce fut le cas lors de sa première présidence. De plus en plus d’analystes sérieux penchent pour la seconde hypothèse.

Il semble d’ailleurs que les dirigeants chinois penchent aussi pour la seconde hypothèse, comme le montre ce rapport d’un échange entre un fonctionnaire étasunien et un fonctionnaire chinois à Shangaï :

Scott Walker, consul général du consulat des États-Unis à Shanghai, a déclaré à un rassemblement d’entreprises américaines visant à célébrer le 110e anniversaire de la Chambre de commerce américaine (AmCham) à Shanghai que les relations économiques américano-chinoises étaient déséquilibrées et non réciproques « depuis trop longtemps ». « Nous voulons mettre fin aux actions discriminatoires et aux représailles contre les entreprises américaines en Chine », a-t-il déclaré.

Dans un discours qui a suivi directement celui de Walker, Chen Jing, un responsable du Parti communiste de Shanghai qui est également président de l’Association du Peuple de Shanghai pour l’amitié avec les pays étrangers, a contré le point de vue de Walker.

« Je crois que le point de vue du consul général est un préjugé sans fondement et ne correspond pas à l’appel téléphonique entre nos chefs d’État hier soir« , a-t-il déclaré.

Les Russes aussi observent ce phénomène :

Moscou devrait prendre très au sérieux les informations selon lesquelles certains cercles aux États-Unis veulent voir la Russie détruite, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergey Ryabkov lors d’une conférence de presse à TASS consacrée au prochain Forum scientifique et d’experts internationaux 11th Primakov Readings à Moscou.

« Le fait que certains cercles aux États-Unis aient élaboré et élaborent toujours des plans pour aller vers l’éradication de la Russie en tant qu’État est également indéniable. Il suffit de suivre les discussions qui ont lieu, y compris sur les plateformes de science politique. Nous ne devons pas sous-estimer les conséquences d’un tel état d’esprit », a noté le sous-ministre.

Les négociations sur le nucléaire iranien

Le brouillard informationnel est tel qu’il semble que même les négociateurs eux-mêmes ne savent plus où ils en sont. Ou alors est-ce, là encore, une tactique pour mieux embrouiller l’adversaire.

Cette semaine c’est le magazine Axios qui lance son scoop :

Scoop : L’offre d’un accord nucléaire américain permet à l’Iran d’enrichir de l’uranium

La proposition d’accord nucléaire que les États-Unis ont présentée samedi à l’Iran autoriserait un enrichissement limité d’uranium de faible activité sur le sol iranien pendant une période à déterminer, a appris Axios, contredisant les déclarations publiques de hauts responsables.

L’envoyé de la Maison Blanche Steve Witkoff et le secrétaire d’État Marco Rubio avaient auparavant déclaré publiquement que les États-Unis ne permettraient pas à l’Iran d’enrichir de l’uranium et exigeraient le démantèlement complet des installations nucléaires iraniennes. Cette proposition secrète montre beaucoup plus de flexibilité sur ces deux sujets.

Un scoop immédiatement démenti par Trump lui-même, assorti des habituelles menaces :

Le président américain Donald Trump semble nier un rapport dans Axios selon lequel son administration poursuit un accord avec l’Iran qui autoriserait un enrichissement limité de l’uranium.

« L’AUTOPEN [C’est-à-dire Biden dans le langage trumpien] aurait dû empêcher l’Iran depuis longtemps de “s’enrichir ». En vertu de notre accord potentiel, NOUS N’AUTORISERONS AUCUN ENRICHISSEMENT D’URANIUM!,  » a écrit Trump sur sa plateforme Social Truth.

Dans un post ultérieur il se vante que l’armée américaine “stocke des armes à un rythme jamais vu auparavant par notre pays”. « J’espère cependant que nous n’aurons jamais à les utiliser ! » rajoute-t-il.

Alors que l’Iran l’a dit et le redit :

Téhéran affirme vouloir maîtriser la technologie nucléaire à des fins pacifiques et nie depuis longtemps les accusations des puissances occidentales selon lesquelles il cherche à développer des armes nucléaires.

« Dans cette proposition, la position des États-Unis sur l’enrichissement sur le sol iranien reste inchangée, et il n’y a pas d’explication claire concernant la levée des sanctions« , a déclaré le diplomate, qui a refusé d’être identifié en raison de la sensibilité de la question.

« Le président Trump a clairement indiqué que l’Iran ne pourrait jamais obtenir une bombe nucléaire. L’envoyé spécial Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et il est dans leur intérêt de l’accepter », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, dans un communiqué. « Par respect pour l’accord en cours, l’administration ne commentera pas les détails de la proposition aux médias. »

Comprenne qui pourra.

On remarquera au passage qu’aucune loi internationale n’empêche l’Iran de développer son nucléaire civil. Pour ce qui est de l’arme nucléaire, Israël a développé clandestinement des bombes nucléaires, estimé à 100 bombes, sans qu’aucune instance internationale ne dénonce ce pays. Visiblement l’égalité devant la loi n’est pas de mise à l’international.

Au cours de leur conversation téléphonique de mercredi, Trump et Poutine ont aussi abordé le sujet du nucléaire iranien :

Le président des États-Unis a accusé l’Iran de « traîner des pieds » dans les négociations et ajouté qu’il voulait « une réponse définitive dans un laps de temps très court ». Il a par ailleurs rapporté que Vladimir Poutine avait « laissé entendre » qu’il pourrait « participer » également à ces pourparlers qui se déroulent jusqu’ici entre Iraniens et Américains.

« J’ai dit au président Poutine que l’Iran ne pouvait pas se doter de l’arme nucléaire et je crois que nous sommes d’accord sur ce point », a écrit le Donald Trump, en jugeant que son homologue russe, qui entretient une relation étroite avec Téhéran, « pourrait peut-être jouer un rôle utile pour arriver à une rapide conclusion ».

Le Kremlin a défendu mardi le « droit » de l’Iran à développer son énergie nucléaire civile. La Russie, qui dispose officiellement du plus grand arsenal nucléaire au monde, hérité de l’URSS, et l’Iran se sont largement rapprochés depuis le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine en 2022.

Poutine, Trump et même le gouvernement iranien sont d’accord pour que l’Iran ne développe pas de bombes nucléaires. Un accord pourrait donc être rapidement conclu.

Mais, dans sa conversation avec Poutine, Trump, hypocritement, ne dit pas qu’il veut aussi que l’Iran abandonne son nucléaire civil. Pas dupe, Poutine lui rappelle « le droit de l’Iran à développer son nucléaire civil », lui suggérant ainsi que ce n’est pas l’Iran qui « traine les pieds » mais Trump qui est trop exigeant.

Khamenei, l’ayatollah iranien, enfonce encore le clou :

« L’enrichissement de l’uranium est la clé de notre programme nucléaire et les ennemis se sont concentrés sur l’enrichissement« , a déclaré Khamenei lors d’un discours télévisé marquant l’anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeiny.

« La proposition que les Américains ont présentée est à 100% contraire à nos intérêts … Les dirigeants grossiers et arrogants de l’Amérique exigent à plusieurs reprises que nous n’ayons pas de programme nucléaire. Qui êtes-vous pour décider si l’Iran doit enrichir ? », a-t-il ajouté.

Téhéran affirme vouloir maîtriser la technologie nucléaire à des fins pacifiques et nie depuis longtemps les accusations des puissances occidentales selon lesquelles il cherche à développer des armes nucléaires.

Afrique

Cette semaine, le Mali a subi une vague quotidienne d’attaques djihadistes, jusqu’à Tombouctou même :

le Jnim mène des attaques simultanées à Tombouctou et intensifie ses opérations dans le pays

Au Mali, après l’attaque du camp de Boulikessi (centre) qui a fait plusieurs dizaines de morts dimanche 1er juin, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a ciblé quatre sites à Tombouctou ce lundi matin.

Le Jnim, lié à al-Qaïda, affirme avoir ciblé ce mercredi [ 4 juin] à Mamaribougou «un rassemblement de l’armée malienne et de ses alliés russes», avec «un engin explosif» sur «un terrain d’entraînement». Une source sécuritaire malienne a confirmé cette attaque à RFI, sans fournir davantage de détails à ce stade.

Mercredi toujours, dans le nord, c’est le camp militaire de Tessit, région de Gao, qui a été pris par les jihadistes d’État islamique au Sahel, faisant une quarantaine de morts. L’armée malienne a quant à elle mené une série de frappes de drone dans la région de Kidal. Jeudi 5 juin au matin, une nouvelle attaque a été rapportée dans la région de Sikasso, dans le sud du pays.

L’armée malienne s’est retirée vendredi 6 juin d’un de ses principaux camps militaires dans le centre du pays, après deux attaques attribuées à des jihadistes ayant coûté la vie à des dizaines de soldats en quelques jours dans un contexte de recrudescence des violences au Sahel, selon des sources militaires et des autorités locales.

Là encore, certains dirigeants africains soupçonnent la France de soutenir clandestinement ces djihadistes :

Le président par intérim du Niger, Abdourahamane Tchiani, a accusé les puissances occidentales, en particulier la France, d’alimenter la violence terroriste dans le pays africain dans le but d’imposer un “nouveau modèle de gouvernance” contre la volonté du peuple nigérien.

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique RTN ce week-end, le général Tchiani a affirmé que “plusieurs complots” avaient été lancés contre le Niger depuis les pays voisins, dont le Nigeria et le Bénin, avec le soutien des gouvernements occidentaux expulsés après la prise de contrôle militaire de juillet 2023.

Il a déclaré que des agents soutenus par l’Occident ont tenu des réunions au Nigeria et dans le bassin du lac Tchad pour coordonner leurs efforts, y compris la contrebande d’armes aux groupes terroristes.

« La France a utilisé plusieurs moyens pour nous déstabiliser… la France a également infiltré tous les mouvements qui ont d’abord été appelés mouvements indépendantistes, puis, le mouvement djihadiste, et enfin, les mouvements terroristes”, a-t-il déclaré.

Il a déclaré que Paris avait établi des « cellules françaises » dans la région, l’une dirigée par Jean-Marie Bockel, l’envoyé personnel du président Emmanuel Macron pour l’Afrique, chargée de contrer “l’influence sahélienne ».”

Selon Tchiani, la soi-disant “cellule Sahel de l’Elysée” mobilise les services secrets français (DGSE), les diplomates et l’agence de la Francophonie, adossés à des “fonds illimités”, pour mener toutes les “opérations subversives” visant à déstabiliser l’Alliance des États du Sahel (AES). “Cette cellule Sahel aura également pour mission de tout faire par tous les moyens pour diaboliser les relations entre les États de l’AES et la Fédération de Russie”, a-t-il ajouté.

Non seulement la France mais l’Ukraine est aussi pointée du doigt par certains dirigeants africains, preuves à l’appui :

Des instructeurs militaires ukrainiens entraînent et arment des militants liés à Al-Qaïda au Mali, selon le média local Bamada. La découverte a été faite lors de récentes opérations des Forces armées maliennes (FAMa) à la suite de nouvelles attaques du groupe djihadiste Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM), a rapporté Bamada.

Des combattants du JNIM auraient attaqué des postes de sécurité à Sirakorola et Tanabougou, dans la région de Koulikoro, au sud-ouest du Mali, le 30 mai. Selon le média, les forces FAMa ont repoussé l’assaut, saisissant des armes, des documents et du matériel—quelques jours après avoir tendu une embuscade aux militants près de Djongue Bambara dans la région de Sofara, où ils ont été piégés alors qu’ils tentaient de fuir de l’autre côté de la rivière Sebedaga.

” Dans une voiture abandonnée par les assaillants, des soldats maliens ont trouvé un téléphone contenant des photos de documents des services de sécurité ukrainiens, ainsi qu’un drone portant une écriture ukrainienne », a déclaré Bamada dans un rapport publié plus tôt cette semaine.

“Une enquête préliminaire de l’armée malienne montre que les drones FPV ont été livrés au Mali via la Mauritanie par des instructeurs militaires ukrainiens liés aux combattants de l’Azawad. Il est fort probable que les Touaregs, à leur tour, partagent cet équipement avec le JNIM dans le cadre de leur alliance », a-t-il ajouté.

“Les documents indiquent que des agents ukrainiens ont coordonné des attaques terroristes contre FAMa près de Mopti, ont fourni des drones équipés de systèmes de livraison ukrainiens et ont même mené des attaques de drones sur des positions maliennes”, a rapporté le média.

L’Ukraine cherche-t-elle à toucher la Russie en touchant les russes de la compagnie Wagner travaillant avec l’armée malienne ? Ce qui expliquerait leur départ du pays, pour éviter que l’Ukraine continue de s’attaquer au Mali :

 La société militaire privée russe (PMC) Wagner Group a annoncé jeudi la fin de sa mission au Mali, affirmant que ses combattants avaient atteint leurs objectifs et rentraient chez eux.

“Pendant trois ans et demi, les” musiciens « se sont battus côte à côte avec le peuple malien contre le terrorisme », a déclaré Wagner, utilisant le nom informel de ses mercenaires. « Nous avons éliminé des milliers de militants et leurs commandants, qui terrorisaient la population civile depuis des années.”

Le groupe a ajouté qu’il avait aidé les patriotes maliens à construire “une armée forte et disciplinée capable de défendre ses terres”, et a affirmé que toutes les capitales régionales avaient été remises “sous le contrôle des autorités légitimes. « Wagner a déclaré que “la mission est terminée. Wagner PMC rentre à la maison.”

Chine

La Chine continue d’établir son « soft power » à l’international :

Des représentants de plus de 30 autres pays, du Pakistan et de l’Indonésie à la Biélorussie et à Cuba, ont signé la Convention portant création de l’Organisation internationale de Médiation à Hong Kong pour devenir membres fondateurs de l’organisation mondiale, à la suite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Lors d’une cérémonie, M. Wang a déclaré que la Chine préconisait depuis longtemps de gérer les différends dans un esprit de compréhension mutuelle et de recherche de consensus par le dialogue, tout en visant à fournir la “sagesse chinoise” pour résoudre les conflits entre les nations. ” La création de l’Organisation internationale de médiation aide à dépasser l’état d’esprit à somme nulle de « vous perdez et je gagne » », a-t-il déclaré. L’organe, dont le siège est à Hong Kong, vise à aider à promouvoir la résolution à l’amiable des différends internationaux et à établir des relations mondiales plus harmonieuses, a-t-il déclaré.

Pékin a présenté l’organisation comme la première organisation juridique intergouvernementale au monde pour le règlement des différends par la médiation, affirmant qu’il s’agira d’un mécanisme important pour la sauvegarde des principes de la Charte des Nations Unies.

La Chine aussi se plaint du double jeu de l’administration Trump :

Ces derniers jours, certains responsables et médias américains ont diffusé le récit selon lequel « les tensions entre les États-Unis et la Chine augmentent à nouveau » parce que la Chine « veut ralentir l’accord » avec les États-Unis. Le Wall Street Journal a également affirmé que « la trêve commerciale entre les États-Unis et la Chine risque de s’effondrer. » De telles tentatives de créer une pression publique sur la Chine par la manipulation médiatique sont, en elles-mêmes, une violation du consensus de Genève.

Lundi, le ministère chinois du Commerce a fermement rejeté ces affirmations sans fondement et a exhorté la partie américaine à travailler avec la Chine, à corriger immédiatement ses mauvaises actions et à sauvegarder conjointement le consensus atteint à Genève.

 

 

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