Par Brandon Smith − Le 12 juin 2019 − Source Alt-Market.com
Pendant de nombreuses années, j’ai examiné comment des guerres de toutes sortes ont été utilisées par l’élite monétaire pour distraire les masses et maintenir un certain niveau d’influence sur les systèmes sociaux et politiques. Mais la guerre n’est pas seulement un outil utile pour maintenir le statu quo. Certaines guerres, en particulier les guerres globales, sont souvent catalysées et exploitées par ceux qui ont un programme globaliste comme moyen de changer la façon dont les civilisations fonctionnent et pensent. Le but ? Influencer les masses à abandonner leur attachement à des concepts comme l’individualisme, le nationalisme, le libre marché et la souveraineté, et à embrasser le collectivisme et la centralisation totale.
Pour le dire vite, les idéaux que les globalistes détestent sont blâmés pour les guerres qu’ils aident à déclencher, puis ils présentent leurs systèmes centralisés comme une » solution « aux problèmes qu’ils ont créés. La situation de guerre commerciale ne sera pas différente.
L’enthousiasme du public pour la guerre commerciale est une ferveur artificiellement induite, perpétuée par des élites au sein du cabinet de l’administration Trump, notamment par Wilber Ross, agent bancaire Rothschild, Robert E. Lighthizer, membre du Council On Foreign Relations, Steve Mnuchin, membre de Goldman Sachs et Mike Pompeo, participant au Bilderberg. Elle témoigne d’une volonté manifeste d’exacerber les tensions globales. Mais pourquoi ?
Que vous soyez d’accord ou non avec les rationalisations derrière la guerre commerciale, le fait est que les seules personnes qui en bénéficieront en fin de compte sont celles qui luttent pour la globalisation.
Pour instaurer la centralisation à l’échelle globale, les élites ont besoin d’une crise globale que l’on peut imputer au nationalisme, au protectionnisme et à la dynamique du libre marché. Ils ont besoin d’une menace qui affectera et terrifiera des milliards de personnes qui exigeront l’intervention d’organisations internationales telles que le FMI et la BRI, ainsi que d’une justification pour introduire des actions globale de protection du système monétaire telles que l’introduction du système des DTS (droits de tirage spéciaux) en remplacement du dollar américain comme monnaie de réserve globale. Ils ont besoin de quelque chose de très semblable à une guerre globale. Dans ce cas, cependant, elle sera plus économique que cinétique.
Une guerre économique globale a le potentiel distinct de mettre en place tous les éléments d’une situation d’effondrement sans les graves dommages causés aux infrastructures vitales qui accompagnent inévitablement une guerre meurtrière. En raison des avantages que cette stratégie offre aux globalistes, j’ai prédit le résultat exact de la guerre commerciale dans mon article intitulé « World War III Will Be An Economic War« , publié en avril 2018. Voici les développements de la guerre commerciale jusqu’à présent qui appuient cette théorie….
Échec des pourparlers commerciaux : Les plans récents de négociations commerciales de haut niveau entre les États-Unis et la Chine sont bloqués (probablement à dessein) et, jusqu’à présent, il n’y a aucun plan annoncé pour relancer les négociations. Ainsi, toutes les hypothèses des cercles d’investissement des derniers mois selon lesquelles un accord commercial serait rapidement finalisé et porterait le Dow Jones à 30 000 points étaient manifestement le résultat d’un vœu pieux au pays des licornes.
Une hausse brutale des barrières douanières contre la Chine : L’annonce de l’Administration Trump d’une augmentation soudaine et rapide des barrières douanières ne m’a pas surpris, mais elle a certainement semblé choquer le monde économique des médias dominants. C’est probablement le cas à cause de l’interminable discussion depuis janvier au sujet d’un accord imminent qui est en train d’être négocié. D’un côté, on disait que la Chine se replierait parce qu’elle » ne pourrait pas survivre « sans exportations vers les marchés américains. Bien sûr, les États-Unis représentent 18% des exportations chinoises, ce qui représente une part importante du gâteau, mais ce n’est guère un coup mortel pour la Chine si la guerre commerciale se poursuit à long terme.
Le mot de l’autre côté était que Trump tomberait parce qu’il avait attaché le succès de son administration au succès du marché boursier, et qu’une guerre commerciale prolongée provoquerait invariablement le crash des actions. C’est en partie vrai….
Au cours de sa campagne présidentielle, M. Trump a insisté à juste titre sur le fait que la Réserve fédérale avait utilisé des mesures d’assouplissement quantitatif (QE) pour gonfler artificiellement la bulle boursière au cours des dernières années. Puis, après être entré à la Maison-Blanche, il a viré à 180° et a commencé à tweeter implacablement sur la façon dont les plus hauts des marchés boursiers étaient dus à son administration, pas à la Fed. Maintenant, cela peut sembler insensé jusqu’à ce que vous regardiez les élites occupant le cabinet de Trump, et alors tout commence à avoir un sens.
Les représailles de la Chine : La Chine a augmenté ses droits de douane sur les exportations américaines de 25% et a pratiquement mis fin à ses achats de produits agricoles américains, ce qui a un effet dévastateur sur les marges bénéficiaires des agriculteurs américains juste après les inondations massives dans le Midwest qui ont déjà nui aux perspectives de plantation. Toutefois, la Chine n’a pas encore publié de déclaration complète sur les mesures de rétorsion qu’elle entend prendre. Les options sur la table comprennent l’interdiction des exportations de métaux des terres rares vers les États-Unis, le ciblage des entreprises américaines comme Google, Qualcomm ou Apple avec des restrictions ou des interdictions de leurs opérations en Chine, comme les États-Unis l’ont fait avec Huawei, la vente de leurs avoirs considérables en bons du Trésor américain, ou la tactique la plus dommageable de toutes – abandonner le dollar américain comme monnaie de réserve globale pour les achats chinois, une perspective que je vais examiner prochainement.
Menaces sur les barrières douanières inattendues sur le Mexique : Une autre surprise est sorti de nulle part alors que Trump a ciblé le Mexique avec une augmentation de 5% des barrières douanières, devant passer à 25% dans les prochains mois si le Mexique n’endigue pas le flux d’immigrants illégaux aux États-Unis. Une telle mesure effacerait le « North American Trade Deal » qui doit être finalisé ce mois-ci si la situation ne se règle pas. Bien que Trump ait annoncé qu’un accord a été finalisé, je reste très sceptique. Comme nous l’avons vu avec les pourparlers commerciaux avec la Chine, toute discussion sur un » accord « devrait être prise circonspection, et je prévois que les tensions avec le Mexique reviendront d’ici quelques mois.
Le Mexique est le plus important partenaire commercial des États-Unis après la Chine et le Canada, et le troisième plus gros acheteur de biens américains. Une guerre commerciale avec le Mexique devrait être prise aussi au sérieux que la guerre commerciale avec la Chine.
Barrières douanières contre l’Inde : Les États-Unis mettent fin à leur statut commercial préférentiel avec l’Inde dans le cadre de la salve d’augmentation des barrières douanières, qui impose des droits de douane sur plus de 3 000 articles d’exportation différents qui étaient auparavant considérés comme étant en franchise de droits. L’Inde envisage maintenant d’éventuelles mesures de rétorsion et s’oriente depuis quelques années vers des liens économiques plus étroits avec la Chine. Ce mouvement pourrait les pousser dans le camp chinois. En passant, l’Inde et la Chine représentent ensemble environ un tiers de la population mondiale.
Barrières douanières contre l’Australie : Un allié clé dans la région du Pacifique, l’Australie, a été exempté des droits de douane sur les exportations d’acier et d’aluminium vers les États-Unis. Toutefois, l’administration Trump envisage de supprimer cette exemption, ce qui signifierait des droits de 10 % sur l’aluminium australien et des droits de 25 % sur l’acier australien. L’Australie ne représente qu’environ 6 % du marché américain de l’aluminium, mais les droits de douane pourraient être considérés comme une attaque contre un partenaire de longue date et comme une question de principe.
Trump offre un accord au Royaume-uni en cas de Brexit : J’ai prédit le résultat du vote pour le Brexit en 2016 en me basant sur une théorie – que ceux qui souhaitaient la globalisation se retiraient de l’ingérence réelle (par opposition à l’ingérence théâtrale) et permettaient aux « mouvements populistes » de prendre une place apparente dans l’arène politique. Pourquoi ? Pour qu’ils puissent ensuite faire s’effondrer la « bulle de tout » que les banques centrales ont créé, sur la tête de ces mêmes mouvements avant de les blâmer pour la catastrophe.
J’ai également prédit, sur la base de cette même théorie, que le Brexit aboutirait finalement à un scénario « sans accord », autrement dit un Brexit dur, dans lequel le Royaume-Uni quitterait l’UE sans un accord définitif sur le commerce futur. Jusqu’à présent, la théorie tient bon, avec Trump qui était de passage au Royaume-Uni, cherchant récemment à conclure un accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni si le Royaume-Uni se retire de l’UE. Cela place les deux plus grands mouvements « populistes » du monde en alliance directe, et si les deux se rejoignent économiquement, les livres d’histoire blâmeront sûrement leur protectionnisme commercial et leur nationalisme « ouvert » plutôt que les banques centrales qui ont causé l’instabilité financière en premier lieu.
Barrières douanières potentielles sur l’industrie automobile de l’UE : Cet événement plane sur les marchés comme un nuage noir depuis des mois, et avec l’accélération des dernières hausses des droits de douane en mai, on s’attend, cet été, à ce que Trump tire la sonnette d’alarme sur les exportations automobiles européennes [Allemande, NdT]. Le fait que Trump ait récemment courtisé le Royaume-Uni en tant que partenaire commercial étendu signale également l’imminence d’une guerre commerciale avec l’UE. Pour l’instant, de telles actions restent incertaines, mais le moment serait parfait pour les globalistes si l’UE devait entrer en conflit avec les États-Unis.
Le résultat de l’escalade commerciale sera la guerre économique globale
Si les États-Unis négociaient à partir d’une position de force économique, les barrières douanières pourraient être tout à fait logiques. Mais, comme la plupart des économistes alternatifs le savent bien, la force de l’économie américaine n’est rien de plus qu’une façade suspendue par un mince fil.
Les États-Unis ont besoin d’une vaste base manufacturière qui peut fournir des biens et des emplois directement au peuple américain afin de mener une guerre commerciale adéquate. Nous sommes beaucoup trop dépendants des importations étrangères et du secteur du commerce de détail. Cependant, les entreprises qui externalisent à l’étranger n’ont pas été incitées à ramener des emplois et des usines à l’étranger. Si Trump avait offert des réductions d’impôts des sociétés en échange d’un transfert de la production manufacturière sur les côtes américaines, cela aurait pu garantir la position des États-Unis en termes de barrières douanières, mais la guerre commerciale est menée à l’envers.
Nous entendons souvent dire que le consommateur américain est la plus grande ressource économique dont nous disposons et ce qui rend les marchés américains si attrayants pour les pays exportateurs étrangers. C’est la raison pour laquelle on nous a dit il y a un an que la Chine se plierait aux exigences américaines, ce qui, bien sûr, ne s’est pas produit. Le fait est que le marché de consommation américain est une fraude. La véritable ressource qui alimente notre secteur de la vente au détail est la dette ; la dette massive.
L’endettement des ménages américains n’a jamais été aussi élevé et un quart des Américains utilisent des cartes de crédit pour acheter des articles de première nécessité. Une grande partie du commerce de détail aux États-Unis repose sur l’expansion de la dette, et non sur la véritable richesse, et une fois que la dette dépassera la capacité des consommateurs de suivre le mouvement, le commerce de détail commencera à diminuer.
C’est probablement la raison pour laquelle, malgré l’augmentation des dépenses de crédit, l’ensemble des ventes au détail aux États-Unis diminuent en 2019. Si les consommateurs américains n’achètent pas plus de biens avec plus de crédit, où dépensent-ils leur argent ? La réponse probable est qu’ils s’endettent pour rembourser d’anciennes dettes. C’est exactement ce qui s’est produit juste avant le krach de 2008 et c’est encore le cas aujourd’hui.
Si le marché de consommation américain s’effondre, les exportateurs étrangers ne seront pas incités à capituler devant les exigences commerciales américaines.
Cela signifie que la guerre commerciale se poursuivra sans relâche. D’éventuelles opérations seront annoncées pour maintenir le public absorbé dans le chaos et pour éviter que les marchés boursiers ne chutent trop vite. Toutefois, comme nous l’avons vu avec la Chine, un accord commercial annoncé presque tous les mois pendant un an, ne garantit pas qu’un accord commercial sera mis en œuvre. Au fur et à mesure que cette situation traine en longueur, je m’attends à ce que le conflit entre les États-Unis et la Chine se transforme en un conflit global. Ce qui veut dire que les pays vont commencer à prendre parti.
Déjà, les États-Unis tracent des lignes de bataille en cherchant des alliances de guerre commerciale avec le Japon et la Corée du Sud. La question de savoir si cela porte ses fruits reste encore à déterminer. La longue querelle sanglante du Japon avec la Chine garantit presque que le Japon se rangera du côté des États-Unis dans une guerre économique, mais la Chine est l’un de leurs plus grands marchés d’exportation, et le conflit lui ferait du tort. La dépendance de la Corée du Sud à l’égard de la protection américaine contre la Corée du Nord fait également de leur participation un bon choix. Mais la plupart des autres pays s’éloignent des États-Unis depuis un certain temps.
La Russie et la Chine ont déjà conclu un pacte par le biais d’accords commerciaux bilatéraux. Certaines parties de l’Europe, dont l’Allemagne, ont tissé des liens économiques étroits avec la Chine au cours de la dernière décennie. J’ai beaucoup écrit sur cette relation en 2017 et j’ai prédit qu’en cas de crise économique globale, l’Allemagne et la Chine formeraient une alliance. Vladimir Poutine appelle une fois de plus ouvertement à l’abandon du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
La plus grande partie de l’Asie du Sud sera sans aucun doute du côté de la Chine, car ces nations sont si interdépendantes avec l’économie chinoise qu’il serait impensable de les séparer. L’Australie dépend aussi beaucoup de la Chine comme marché d’exportation, et comme les droits de douane américains empoisonnent le puits, je crois que les Australiens sont beaucoup plus susceptibles de se ranger du côté de la Chine que des États-Unis dans une guerre commerciale. L’Inde est incertaine, mais encore une fois, avec la menace des barrières douanières américaines et le facteur de la proximité de la frontière, l’Inde va probablement se joindre aux Chinois.
L’option nucléaire, l’arme qui mettra inévitablement fin à la guerre commerciale et à l’économie américaine, est la vente de leurs dollars américains par plusieurs pays comme monnaie de réserve globale. La perte du statut de réserve écraserait notre capacité de créer de la dette sans conséquences. C’est le seul pilier qui reste pour soutenir la puissance économique des États-Unis, et ne vous y trompez pas, les globalistes sont parfaitement positionnés pour tirer profit de cet événement. L’introduction d’un nouveau système monétaire global lié au panier de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI a été évoquée à maintes reprises par diverses élites, dont Mohamed El-Erian en 2017, qui a suggéré que le DTS pourrait être utilisé comme monnaie de réserve pour « combattre les dangers du nationalisme populiste ».
Le FMI s’est également montré très enthousiaste à l’égard de la technologie de la blockchain et des crypto-monnaies qu’il espère utiliser pour créer son propre système de monnaie numérique dans un proche avenir (il en a probablement déjà un). Une guerre commerciale globale est un scénario de rêve pour ceux qui veulent la globalisation, qui peuvent maintenant instituer une centralisation sans précédent comme « solution » tout en blâmant toutes les conséquences négatives sur la guerre, les événements fortuits et le zèle populiste.
Brandon Smith
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