Par Brandon Smith − Le 6 mars 2019 − Source Alt-Market.com
Dans les mois précédant l’élection présidentielle de 2016, j’avais prédit une victoire à l’élection de Trump, mais j’ai essayé de tempérer les attentes par rapport à la réalité qu’il y avait de multiples scénarios exploitables par les globalistes qui pouvaient transformer l’exaltation conservatrice en confusion et en chaos. Juste après les élections, j’ai publié un article intitulé « L’ordre qui sort du chaos : La défaite de la gauche a un prix ». Dans cet article, j’avertissais que la gauche politique, face à l’échec, a pris l’habitude de doubler ou de tripler la mise et de devenir encore plus extrême dans sa rhétorique et ses politiques. J’ai également prévenu que cela pourrait influencer la droite politique à devenir plus extrême en réponse.
C’est le problème lorsque l’on tente d’expliquer le faux paradigme Gauche/Droite à des gens qui sont nouveaux avec ce concept. Oui, au sommet de la pyramide politique, tous les acteurs soutiennent essentiellement les mêmes politiques de centralisation et plus de pouvoir pour les élites. Mais, au bas de la pyramide, il y a de nombreuses et légitimes divisions entre les citoyens ordinaires. Les clivages sont réels, et non faux, et ce sont ces clivages que les élites cherchent à exploiter.
L’un des clivages dont nous allons probablement entendre parler beaucoup plus souvent au cours des deux prochaines années est le clivage entre les démocrates de la « vieille école » et les socialistes/communistes du nouveau « Green Deal ». Une autre division plus vitriolique est celle entre les conservateurs de bon sens et le culte socialiste pour « doubler la mise ».
Le récit qui se construit ici est fascinant mais dérangeant. Considérez le tableau exposé :
Les militants pour la souveraineté détrônent l’ancienne garde républicaine et prennent le contrôle du parti par le biais de Trump lors des élections de 2016 tout en poussant le « populisme » au premier plan des médias dominants. Ils supplantent la gauche de la justice sociale qui pensait avoir le monde dans la paume de la main. En réponse, la gauche devient encore plus folle ; à la recherche d’un sens dans un monde qui n’en veut évidemment pas, elle se rend compte que non seulement elle a poussé derrière le pire candidat possible en 2016 (Clinton), mais que son programme n’était pas « assez extrême ». Elle a maintenant l’intention non seulement de faire tomber Trump par tous les moyens nécessaires, mais aussi de démolir sa propre « vieille garde » et de reconstruire le parti démocrate en quelque chose d’ouvertement communiste (plutôt que d’être crypto-communiste).
Bien sûr, ce récit n’est pas la réalité. Trump n’a pas chassé les néo-conservateurs du parti républicain. En fait, les élites dirigent son administration aujourd’hui par l’intermédiaire d’agents globalistes comme Bolton, Pompeo, Ross et Mnuchin. L’administration Trump, bien que peut-être rebelle dans sa rhétorique, n’a rien fait pour « drainer le marais » à Washington DC. La gauche se rebelle contre un fantasme. Il n’y a pas eu de prise de pouvoir populiste sur le gouvernement américain ; il n’y a pas de défenseurs de la liberté, du libre marché et de la souveraineté individuelle à la Maison Blanche. C’était une arnaque.
Mais à qui profite cette arnaque ? Les globalistes, bien sûr, mais quel rôle joue ce « Green Deal » dans le projet ?
Je soupçonne que les gauchistes se retrouveront dans une position similaire à celle des conservateurs de la liberté au fur et à mesure que la « green new deal » sera imposée dans la conscience générale. Avec des « socialistes » comme Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez qui reçoivent plus d’attention du public et des médias que jamais, il est clair qu’il y a un agenda de l’establishment pour générer une excitation fabriquée sur les politiques socialiste/communiste. Pour être clair, la façon dont notre système fonctionne aujourd’hui est déjà assez socialiste, avec une grande ingérence du gouvernement dans presque tous les aspects des affaires et de la vie. Cependant, le nouveau pacte vert représente une approche marxiste à part entière du contrôle du gouvernement. Il s’agit essentiellement du communisme de niveau soviétique, reconditionné en socialisme environnemental.
Les démocrates sont sur le point d’avoir leur propre fausse révolution interne, que les élites ont l’intention de contrôler tout comme elles ont contrôlé la « prise de pouvoir » de Trump sur le parti républicain.
La gauche politique est plus vulnérable que jamais à ce type de transition. Comme indiqué plus haut, elle a le sentiment d’avoir perdu les élections de 2016 parce qu’elle a poussé un candidat de l’establishment avec des politiques qui n’étaient pas assez extrêmes, et certains d’entre ceux de la gauche croient encore à l’idée démystifiée que l’élection a été volée par des hackers russes. Mais, s’ils font campagne en 2020 sur une plateforme socialiste/communiste, ce sera le même vieil establishment élitiste qui en profitera. La vieille garde deviendra la nouvelle garde, tout comme la vieille garde est devenue la « nouvelle garde » quand Trump est entré en fonction.
Je vais essayer d’analyser la situation aussi clairement que possible…
Les tendances globalistes ont tendance à se répéter. Elles utilisent les mêmes stratégies à maintes reprises parce que ces stratégies ont fonctionné pour elles dans le passé. Comme je l’ai noté dans mon article « La guerre commerciale de Trump : un écran de fumée parfait pour un crash boursier », la présidence de Trump fait étrangement écho à celle de Herbert Hoover. Presque toutes les politiques de Trump, qu’il s’agisse de réductions importantes de l’impôt des sociétés, de programmes de dépenses d’infrastructure ou de tarifs commerciaux agressifs, rappellent la présidence de Hoover juste avant le début de la Grande dépression (la Réserve fédérale a, elle aussi, relevé les taux d’intérêt pour affaiblir le pays sur le plan économique pendant la présidence de Hoover, comme elle le fait actuellement pendant la période de Trump).
Hoover a été un président d’un seul mandat viré à cause de l’effondrement de l’économie. Il a ensuite été remplacé par Franklin D. Roosevelt, peut-être le chef communiste le plus ouvertement communiste que les États-Unis aient jamais eu. Le « New Deal » de Roosevelt a été le catalyseur de la plupart des grands programmes socialistes gouvernementaux pour les décennies à venir.
Je ne pense pas que ce soit une coïncidence si la présidence de Trump correspond étroitement à celle de Hoover. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence si la Réserve fédérale est en train de resserrer sa politique et de la transformer en faiblesse aujourd’hui (en réduisant son bilan de 65 milliards de dollars juste pour février) comme elle l’a fait pendant le mandat d’Hoover. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence si les États-Unis souffrent actuellement d’un vaste ralentissement économique des données fondamentales sur les marchés du logement, de l’automobile, du crédit, de la production et du commerce de détail. Et, je ne pense pas que ce soit une coïncidence si, alors que nous entrons dans la troisième année du premier (et peut-être du dernier) mandat de Trump, l’extrême gauche a soudainement proposé un programme très socialiste de « new deal » à partir des rangs de la gauche. Ce modèle est plutôt familier.
Certains pourraient prétendre que le nouveau pacte vert n’est qu’une farce et que le peuple américain ne soutiendrait jamais de telles mesures ni aucun candidat à la présidence qui les appliquerait. Et je serais d’accord si nous devions tenir des élections aujourd’hui. Après tout, Cortez est une adolescente en colère qui vient de découvrir Marx et Alinsky et qui a décidé de baser toute son identité sur les notes radicales de leurs manifestes. Mais, d’ici 2020, la situation pourrait être bien différente.
Si le projet globaliste est tel que je l’ai prédit, et qu’ils envisagent de mettre l’économie américaine en récession/dépression sous le règne de Trump, alors la peur publique qui s’ensuivrait pourrait se transformer en soutien à des mesures que les citoyens auraient pu initialement juger absurdes. Trump serait probablement renversé par un vote, même si le candidat démocrate est un socialiste pur jus, ou l’élection pourrait être truquée par les élites en faveur du candidat démocrate.
Lors du récent témoignage de Michael Cohen, l’ancien avocat de Trump a suggéré dans un étrange échange avec le Congrès que si Trump perdait les élections en 2020, la transition « ne serait jamais pacifique… ». Les médias de gauche ont déjà sauté sur ce commentaire et affirmé que les conservateurs soutiendraient Trump dans une sorte de coup d’État rétroactif violent si les démocrates gagnent aux prochaines élections.
En général, je trouve les expositions de gauchistes dans les médias si délirantes qu’elles sont douloureuses. Leur vision est tellement obscurcie par les préjugés et les fantasmes que beaucoup d’entre eux pourraient être pris pour des schizophrènes institutionnalisés. Ils voient des racistes et des fascistes sous tous les rochers et derrière tous les arbres, et ils justifient leur folie en créant des ennemis qui n’existent tout simplement pas. Cela dit, dans ce cas-ci, je suis d’accord avec leur évaluation.
Si la gauche s’appuie sur un nouveau programme, le pacte vert, et gagne en 2020, les conservateurs se révolteraient probablement violemment, et même si je sais que l’establishment élitiste chercherait à tirer profit d’une guerre civile aux États-Unis, et même si je sais que Trump est un joueur de flûte pour les globalistes, je ne saurais dénoncer une telle rébellion.
Le nouveau pacte vert serait si dévastateur pour l’économie américaine qu’il ne pourrait qu’entraîner une déstabilisation complète et, à terme, une extermination de masse. Les conséquences de ces politiques doivent être examinées de manière plus approfondie non seulement par les conservateurs, mais aussi par les gens de gauche qui ne sont pas encore tombés dans l’extrémisme. L’ordre du jour est effrayant.
Le soutien gouvernemental aux organismes sans but lucratif pour gérer les économies locales : Les partisans du pacte vert prétendent qu’ils se battront pour des économies plus localisées, mais leur type de « soutien » vise la coopération entre les organismes sans but lucratif et le gouvernement. Les organisations à but non lucratif sont parmi les organisations les plus corrompues en activité aux États-Unis. En outre, même si le fait de donner des incitations gouvernementales pour promouvoir le localisme ne semble pas être une mauvaise idée, le gouvernement ne devrait pas participer du tout à la gestion économique. Jusqu’où le gouvernement va-t-il aller pour s’assurer que les économies locales reçoivent la priorité ? Que se passera-t-il si les incitations ne suffisent pas et que la réglementation suit comme d’habitude ? Faire respecter le localisme, c’est comme faire respecter la charité. Si le localisme est appliqué, ce n’est pas du localisme. Il doit être volontaire.
100 % d’énergie propre d’ici 2030 : Il est intéressant de constater que cette politique correspond exactement au programme de développement durable de l’ONU pour 2030. D’abord et avant tout, il n’y a aucune preuve concrète que le carbone cause le réchauffement de la planète ou le « changement climatique », et certainement aucune preuve que le carbone d’origine humaine affecte l’environnement. Mais les plans de développement durable de l’ONU s’articulent autour de l’idée de la « pollution » par le carbone et de la taxation, tout comme le nouveau pacte vert. Avec un coût déclaré de 13 400 milliards de dollars pour se convertir à 100 % d’énergie renouvelable (une estimation extrêmement basse), l’argent pour tout payer doit venir de quelque part.
Les fonds proviendront du consommateur moyen et de la taxe sur le carburant, des taxes suffisamment élevées pour rendre la conduite d’un véhicule à essence prohibitive à long terme. Et bien sûr, la taxation du carbone de ce qui reste de l’industrie manufacturière et industrielle américaine, ce qui laisserait les États-Unis totalement non-compétitifs dans le commerce global. Cette partie du nouveau pacte vert plongerait littéralement les États-Unis dans le tiers-monde.
Programme de plein emploi : Nous avons vu les résultats des politiques de « plein emploi » dans les pays communistes dans le passé, et elles ne fonctionnent généralement pas très bien pour le citoyen moyen. La seule façon de mettre en œuvre de telles normes est une redistribution forcée de la richesse et des salaires beaucoup plus bas. Ce qui veut dire, une fois de plus, que le niveau de vie des Américains devrait être fortement réduit.
Il existe une liste plus longue de directives sur ce pacte vert que vous pouvez lire ici. Le diable est dans les détails et dans la façon dont ces mesures seraient réellement appliquées. Le niveau de contrôle et de participation de l’État dans les affaires et dans nos vies devrait être beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui, ce qui en dit long. Alors, comment cela pourrait-il se produire sans résistance massive ?
La seule façon pour une majorité d’Américains moyens d’appuyer ces vastes changements à notre culture et à notre système économique, c’est si nous sommes déjà au beau milieu d’une catastrophe financière et si nous avons l’impression de n’avoir plus rien à perdre. La décadence économique actuellement amorcée par la Fed à travers l’implosion délibérée de la « bulle de tout » qu’elle a créée au cours de la dernière décennie indique que cela pourrait très bien être le cas d’ici 2020. Ce que je veux dire, c’est que, tout comme j’avais prédit que Trump gagnerait en 2016, je prédis maintenant que Trump perdra en 2020 si les conditions économiques continuent de décliner.
L’establishment pourrait développer ce scénario de deux façons – premièrement, une tentative de Trump pour garder la Maison Blanche, appuyé par un soutien conservateur et une loi martiale anti-constitutionnelle. Deuxièmement, Trump se retire de son plein gré pour être remplacé par un démocrate animé par le fanatisme de ce pacte vert. La première option dépendrait du nombre de conservateurs qui réalisent que Trump est une opposition contrôlée et qui refusent de suivre le jeu théâtral.
Dans les deux cas, il n’y aura pas de transition pacifique. Des millions de conservateurs n’accepteraient pas l’institution des mesures de ce pacte vert. Ils se révolteraient contre lui, ainsi que contre la multitude d’autres politiques prévisibles que les socialistes mèneraient, du contrôle des armes à feu à l’augmentation des impôts dans tous les domaines de la vie. Une guerre interne serait inévitable. Peut-être même préférable. Le problème est de savoir si une rébellion conservatrice contre les socialistes derrière ce pacte vert serait une affaire de militants ou si elle serait manipulée comme une farce par les élites.
La solution ultime au problème serait que les conservateurs concentrent leurs efforts non pas sur les gauchistes, mais sur les globalistes qui tentent de tirer les ficelles des deux côtés de la fracture politique. Les globalistes sont la racine du cancer qui infecte notre civilisation, et ils doivent être éliminés.
Si cela n’est pas fait, le seul résultat que je vois dans cette situation serait une guerre civile insensée. Les globalistes s’efforceraient de contrôler les deux camps par le biais d’un leadership fantôche alors que nous sommes hyper-focalisés uniquement sur la gauche politique. Ce qui veut dire qu’ils pourraient contrôler qui gagne et qui perd.
Brandon Smith
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone