L’émergence historique du changement climatique, de l’égalité entre les sexes et de la lutte contre le racisme en tant que doctrines d’État 1
Par Denis G. Rancourt – Avril 2019 – Source Research Gate
Introduction / Résumé
L’influence des conditions géopolitiques et économiques globales sur le tissu des sociétés nationales et sur la psychologie individuelle est le plus souvent sous-estimée par les commentateurs civils, notamment en ce qui concerne les sociétés occidentales dites “libres et démocratiques”. Les militaires, en revanche, ne sous-estiment pas l’importance des facteurs commerciaux et économiques généraux sur le tissu même d’une société et sur la psychologie de ses citoyens, du moins dans les pays en développement ciblés. 2
Cet article a deux objectifs principaux.
Le premier est de démontrer dans quelle mesure le système financier global détermine la réalité nationale et régionale dans la vie et la sécurité des populations, y compris aux États-Unis et dans le monde occidental en général, en mettant l’accent sur les deux principales transformations de l’après-guerre, qui ont débuté en 1971, après l’annulation des accords de Bretton Woods, et en 1991, après la dissolution de l’Union soviétique.
Le second est de décrire le changement tectonique en cours qui a suivi la dissolution de l’Union soviétique en 1991 en des termes plus larges qu’on ne l’envisage habituellement, et comment ce changement motivé et coordonné a été chronologiquement accompagné par : une accélération spectaculaire de la “globalisation” commerciale et financière, et une campagne sans précédent d’ingénierie sociale des classes moyennes supérieures occidentales, visant à faciliter une exploitation opportuniste des nouvelles circonstances globales, par les États-Unis et l’élite globale, qui a abouti par contrecoup aux Gilets jaunes, au Brexit et à Trump… (Dans un sens, “les Russes l’ont fait.”)
Pour un “résumé des points clés” avec description des données socio-économiques à l’appui, voir la section Conclusion.
Globalisation de l’économie
Bretton Woods
Les architectes décisionnaires du système financier global de Bretton Woods d’après-guerre (après la Seconde Guerre mondiale) voulaient des conditions stables pour la croissance et la reconstruction du “monde libre” dirigé par les États-Unis, pour éviter les guerres et les manœuvres économiques déstabilisatrices entre États capitalistes occidentaux, et pour faciliter une intégration militaire et stratégique sous domination étasunienne tout en permettant une exploitation équitable du monde “en développement” et de ses alliés, sous contrôle étasunien.
Le système de Bretton Woods qui en a résulté comportait trois composantes opérationnelles3 4 :
- “Le dollar étasunien fonctionnait comme une monnaie globale virtuelle, conférant aux États-Unis de grands avantages par rapport aux autres puissances capitalistes. Ces avantages étaient limités, du moins en théorie, par la disposition selon laquelle le dollar étasunien pouvait être racheté en or au taux de 35 $ l’once” 4.
- Il existait des mécanismes pour assurer la balance commerciale, y compris le contrôle des taux de change. Aucun pays signataire ne pouvait accumuler un déficit ou un excédent excessif.
- La mobilité des capitaux (échappant à l’impôt) était limitée afin de préserver une certaine souveraineté économique nationale : “Keynes avait clairement indiqué que si la libre circulation des capitaux était autorisée, il ne serait pas possible d’établir le type de capitalisme régulé auquel le nouvel accord était destiné. La liberté des mouvements de capitaux, a-t-il insisté, est un élément essentiel de l’ancien système de laissez-faire et suppose qu’il est juste d’avoir une égalisation des taux d’intérêt dans toutes les parties du monde. … À mon avis, toute la gestion de l’économie nationale dépend de la liberté d’avoir le taux d’intérêt approprié sans tenir compte des taux en vigueur ailleurs dans le monde. Le contrôle des capitaux en est le corollaire” 4.
De toute évidence, les sanctions unilatérales contre les signataires (contre les membres du “monde libre” et leurs protectorats) n’étaient pas possibles.
Une faille prévue dans les accords de Bretton Woods était le “problème de l’ajustement asymétrique”3 :
Keynes (1942-1943), en particulier, était fermement convaincu que le principal problème de tous les systèmes monétaires internationaux était d’imposer un ajustement asymétrique de la balance des paiements aux pays déficitaires par rapport aux pays excédentaires : les premiers étaient contraints de s’ajuster, car ils ne disposaient généralement pas de financements extérieurs suffisants ou de réserves suffisantes pour gérer les crises, alors que les pays excédentaires ne subissaient pas de pressions similaires. L’obsession de Keynes pour cette question était, bien sûr, liée au fait que cette asymétrie génère un biais de contraction économique globale pendant les crises. (…) Le problème de l’ajustement asymétrique est donc resté une caractéristique du système conçu à Bretton Woods ainsi que du non-système qui lui a succédé.
En l’absence d’abus ou en présence de mesures correctives, ce problème intrinsèque ne menaçait pas la viabilité du système.
La période de Bretton Woods, de 1945 à 1971, a connu une croissance économique distribuée sans précédent, le développement d’une classe moyenne occidentale forte, le développement culturel, technologique et scientifique, la libération coloniale de l’Afrique et la création d’organes de négociation globaux efficaces tels que les Nations Unies, avec notamment plusieurs protocoles et conventions sur la prévention des guerres.
Les États-Unis annulent l’accord de Bretton Woods
Le système a trop bien fonctionné. Les États-Unis ont connu une détérioration croissante de leur prééminence en tant que principal pays en excédent commercial et prévoyaient des difficultés à honorer l’accord de rachat du dollar en or si la confiance dans le dollar étasunien devait s’affaiblir. Si les règles étaient maintenues, le “problème de l’ajustement asymétrique” pourrait devenir un problème pour les États-Unis eux-mêmes, qui seraient obligés soit de réduire leurs importantes dépenses militaires, soit de dévaster leur classe moyenne.
La première règle, écrite ou non, est que le patron peut changer les règles. “Le 15 août 1971, sans avertissement préalable aux dirigeants des autres grandes puissances capitalistes, le président étasunien Nixon annonça dans un discours télévisé à la nation, dimanche soir, que les États-Unis retiraient [unilatéralement] l’adossement du dollar à l’or”4.
Nick Beams l’a exprimé de la façon suivante4 :
En 1971, un groupe de personnalités de l’administration dirigé par Paul Volcker (qui deviendra plus tard président du Conseil de la Réserve fédérale étasunienne) a conclu que le financement des déficits étasnuniens avait “permis aux États-Unis d’effectuer de lourdes dépenses militaires à l’étranger et de prendre d’autres engagements extérieurs” et qu’un objectif important était “de libérer la politique étrangère des contraintes imposées par les faiblesses du système financier”. (…) En outre, les cercles dirigeants étasuniens étaient largement favorables à l’idée que si le système de contrôle des mouvements de capitaux était supprimé, les États-Unis seraient en mesure de maintenir leur position hégémonique en raison de leur poids dans l’économie globale. D’autres pays voudraient détenir des dollars en raison du rôle qu’il jouait dans le système monétaire international.
Découpler le dollar de l’or a libéré les États-Unis, leur permettant d’imprimer autant d’argent qu’ils le voulaient, et d’ignorer tout déficit commercial (ou “dette”) qu’ils pourraient accumuler, tant que le dollar garderait sa place comme monnaie de réserve globale de facto. Les mécanismes ont été brillamment expliqués par Michael Hudson dans son livre de 1972 « Super Imperialism: The Economic Strategy of American Empire ».
L’OPEP a vite compris. La soi-disant crise pétrolière des années 1970 a suivi de près la fin des accords de Bretton Woods. Fondamentalement, les principaux pays producteurs de pétrole ont augmenté le prix du pétrole en dollars étasuniens pour maintenir une valeur constante du pétrole basée sur l’or lorsque le dollar a été découplé de l’or, protégeant ainsi leur véritable pouvoir d’achat malgré des contrats pétroliers en dollars étasuniens.5
En excluant l’or lui-même, le pétrole est devenu le premier produit de base global à acquérir une valeur constante et significative, tant que l’OPEP pouvait contrôler son prix. Aucun autre produit de base essentiel légal [L’opium est illégal, NdT] (travail, agriculture…) n’a réussi cet exploit. Compte tenu de l’importance centrale du pétrole dans l’économie réelle, dans les opérations industrielles et domestiques 6, la demande pour le dollar étasunien allait rester élevée et le dollar étasunien conserverait sa prééminence, tant que les contrats pétroliers seraient obligés d’être libellés en dollars étasuniens.
C’est pourquoi il y a une présence militaire coercitive au Moyen-Orient, et c’est pourquoi Israël est devenu aussi lié aux États-Unis. Cela explique les guerres destructrices contre l’Irak et la Libye, deux pays producteurs de pétrole qui cherchaient à se libérer du dollar étasunien.
Les opioïdes sont un autre produit de base important à l’échelle globale qui a tendance à être valorisé à des prix en “or”. Les États-Unis ont un intérêt “existentiel” à ce que les opioïdes soient commercialisés en dollars étasuniens. Cela explique l’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis (« En 2015, l’Afghanistan a produit environ 66% de l’opium global »7) et le zèle avec lequel les États-Unis font respecter les brevets pharmaceutiques et le monopole des grands laboratoires pharmaceutiques. Cela explique la “guerre contre la drogue” menée par les États-Unis en Amérique latine.
Du point de vue d’un empire fondé sur la monnaie globale, la guerre des États-Unis en Afghanistan n’est ni une “erreur”, ni un “échec” : “Après 16 ans et 1 000 milliards de dollars dépensés, il n’y a pas de fin aux combats – mais l’intervention occidentale a fait de l’Afghanistan le premier véritable narco-État du monde”8.
De même, la “révolution verte” des cultures OGM brevetées aux États-Unis est un racket d’extorsion pour l’agriculture globale, dans lequel les semences, ainsi que les pesticides et herbicides qui y sont adaptés, sont achetés en dollars étasuniens.
Le matériel militaire étasunien vendu, comme toute mafia vend de la “protection” à tous les “alliés” sous l’égide des États-Unis, est l’ultime article surévalué dans le non système actuel. Acheter la technologie militaire russe est une transgression fatale ou quasi fatale, comme l’Arabie saoudite l’a récemment découvert avec un contrat pour des missiles S-400, qui a presque provoqué un changement de régime 9.
Par conséquent, depuis l’effondrement de Bretton Woods, les États-Unis ont été contraints de projeter avec vigilance leur puissance militaire sur tous les continents, avec des porte-avions et par des moyens secrets, afin d’imposer la monnaie globale qu’ils impriment. Il n’est pas rare pour les États-Unis d’expédier des conteneurs de fret remplis de vrais dollars imprimés pour établir la “démocratie” dans des États renversés comme l’Irak.
Les États-Unis ne peuvent pas être présents dans tous les villages et dans toutes les salles de réunion. Sans le dollar, ils ne sont pas les maîtres du monde. Cela explique presque tout, comme nous le verrons plus loin.
Le graphique le plus spectaculaire de l’importance économique globale du système de Bretton Woods et de son effondrement est celui-ci, qui montre le déséquilibre commercial des États-Unis (en pourcentage du PIB étasunien) de 1895 à 2015 :
Le déséquilibre passe de positif et stable à négatif, en 1971, et s’accroît fortement et de manière permanente jusqu’à ce jour. Nous notons également une forte augmentation de la pente négative à la dissolution de l’Union soviétique en 1991, qui est l’objet principal du présent article.
Impact sociétal associé à l’effondrement de Bretton Woods
La puissance étasunienne ne voulait pas que sa domination globale soit entravée par des contraintes économiques destinées à assurer la stabilité globale. Elle ne voulait pas être limitée dans ses dépenses militaires et elle voulait imprimer la monnaie qui serait imposée à l’échelle globale.
Les États-Unis ont exploité la “crise pétrolière” des années 1970 dans une propagande institutionnalisée (médias et experts académiques) pour justifier l’arrêt du développement de la classe moyenne qui a conduit à “la crise de la démocratie”10 et qui avait menacé son Vietnam et le projet de guerre perpétuelle.
Elle a également criminalisé et emprisonné l’élément radical du “ghetto” de la société afin de toxifier le terrain fertile qui avait produit Robert F. Williams, Malcolm X, les Black Panthers, et d’autres. Les ghettos urbains ne seraient plus jamais autorisés à être politisés de façon indépendante.
Ces mises en œuvre sont perceptibles dans les deux graphiques suivants des paramètres macro-économiques. Le premier montre les salaires horaires corrigés de l’inflation et la productivité étasunienne par heure travaillée, de 1948 à 2013 :
L’arrêt de la croissance des salaires des travailleurs est évident et se détache de l’augmentation de la productivité par heure travaillée, à la suite de l’annulation par les États-Unis des accords de Bretton Woods (1971).
Le deuxième graphique montre les taux d’incarcération aux États-Unis :
Après le démantèlement soudain du système de Bretton Woods (1971), le taux d’incarcération des hommes a quintuplé, atteignant près de 1 % de la population masculine. La dévastation pour ces communautés a connu un plateau vers l’année 1998. Les États-Unis ont le taux d’incarcération de leur population le plus élevé au monde.11
Ces changements post-Bretton-Woods se sont accompagnés d’une globalisation de la finance gérée par les États-Unis, qui a soutenu le dollar étasunien en tant que monnaie globale en augmentant l’interdépendance du commerce global et des relations d’endettement, et en faisant appel à l’élite globale3 :
Le mouvement de libéralisation des flux de capitaux a commencé avec les États-Unis en 1974, puis s’est étendu au reste du monde développé dans la seconde moitié des années 1970 et tout au long des années 1980, et s’est essentiellement achevé avec ces pays au début des années 1990. Cette tendance globale a été renforcée par la multiplication et l’expansion des centres financiers offshore. En tout état de cause, les règles du FMI continuent de permettre aux pays de réguler les flux de capitaux. La tentative du directeur général du FMI, avec l’appui (et la pression) des États-Unis, de modifier les statuts en 1997 pour imposer l’obligation de convertibilité du compte de capital aux membres du FMI a été rejetée. Les principales contraintes à la réglementation du compte de capital sont venues des accords de libre-échange, notamment ceux avec les États-Unis.
La globalisation post-Bretton-Woods n’a été ni le “libre-échange”, ni le “développement équilibré”. Elle est ancrée dans le contrôle étasunien de la monnaie globale de facto, et elle est prédatrice. Elle a finalement eu des conséquences palpables dans les sociétés occidentales, au-delà de la stagnation des salaires réels et des incarcérations à bas bruit, ainsi que l’apparent phénomène des sans-abris aux États-Unis et dans les villes canadiennes, qui s’est accéléré comme phénomène émergent dans les années 198012, associés à une récession occidentale majeure prévisible – la crise de 1982, due aux défauts de paiement des banques étasuniennes par les pays du tiers monde pour des emprunts prédateurs (voir les analyses de Michael Hudson). Pour un aperçu de l’ampleur et de la durée des effets globaux de la récession du début des années 1980, voir l’article de Wikipédia, « Récession du début des années 80 » (consulté le 28 février 2019).
Cette globalisation prédatrice post-Bretton-Woods a donné naissance à ce que l’on pourrait qualifier de “migration de globalisation”. Bien que, à notre connaissance, elle n’ait pas été liée auparavant en tant que telle, une signature macro-économique ou socio-géographique de la mise à mort par les États-Unis du système de Bretton Woods est l’augmentation spectaculaire de l’immigration légale aux États-Unis, à partir de 1971 environ13 :
Ainsi, nous voyons les États-Unis de l’après-guerre qui ont d’abord consolidé leur force en construisant le “monde libre” pour s’opposer aux blocs communistes, en utilisant des éléments de la théorie macro-économique de pointe (Bretton Woods), puis, en 1971, ont abandonné la coopération pour préserver leur statut de principal prédateur, ont supprimé la dissidence dans le pays, et ont poursuivi la répression militaire et la diffusion de l’exploitation par tout moyen, sauf dans les limites imposées par la guerre froide, de la monnaie globale et ce que l’on peut en faire.
C’est dans ce contexte, centré sur les États-Unis, que s’inscrit le prochain événement global qui a changé le monde : la chute de l’Union soviétique en 1991.
La chute de l’Union soviétique en 1991
Après la guerre longue, coûteuse et transformatrice de la Russie en Afghanistan14 contre les résistants djihadistes armés par la CIA, l’Union soviétique s’est dissoute le 26 décembre 1991, par la reconnaissance officielle de l’indépendance des anciennes républiques soviétiques. La chute de l’Union soviétique a été un événement global majeur, d’une importance comparable à celle des guerres globales qui l’ont précédée14. Ce graphique donne une perspective communiste globale de l’événement :
La réponse de la globalisation à la chute de l’Union soviétique
Il n’est généralement pas reconnu que la chute de l’Union soviétique en 1991 a accéléré la “globalisation” qui a restructuré les sociétés occidentales dans des degrés comparables à l’ampleur des changements survenus en période de guerre. Mais ce fait saute aux yeux à l’examen de nombreux paramètres globaux.
Les circonstances qui auraient dû conduire à une augmentation de la richesse globale distribuée grâce à une coopération militaire et économique intégrée avec les anciens ennemis de la guerre froide, issue de Bretton Woods, ont plutôt conduit à un déchaînement des États-Unis pour une exploitation et une domination sans restriction de régions jusqu’alors protégées.
Les États-Unis ont eu du mal à inventer assez vite des guerres pour faire respecter leur volonté et leur monnaie : une guerre renouvelée contre la drogue, la guerre du Golfe, les guerres pour “prévenir les génocides”, l’expansion de l’OTAN, la guerre contre le terrorisme, les guerres pour apporter la “démocratie” et les “droits de l’homme”, la guerre pour “protéger les routes commerciales”, etc.
Une “globalisation” financière agressive s’en est suivie. Les revenus de placement ont crevé tous les plafonds et les salaires de l’élite ont atteint des niveaux stratosphériques, en même temps que les ordres professionnels influents ciblés (enseignement et fonction publique) ont été vidés de leur indépendance professionnelle et que les structures de soutien de la classe ouvrière ont été décimées, dont leurs emplois. En revanche, les avocats et les médecins étaient élevés au plus haut niveau de service de l’entreprise.
L’accélération de la globalisation de facto s’observe dans le graphique des exportations globales plus les importations en pourcentage du PIB (produit intérieur brut): 15
On assiste ici à une première hausse après la dissolution du système de Bretton Woods, un plateau jusqu’à la chute de l’Union soviétique en 1991, suivie par l’accélération actuelle de la globalisation (forte pente positive).
L’accélération de la globalisation après 1991 est également documentée dans l’« Indice KOF de la globalisation » : 16
Ici, « la globalisation de facto mesure les flux et activités internationaux réels, la globalisation de jure mesure les politiques et conditions qui, en principe, permettent, facilitent et favorisent les flux et activités ».16
La Banque des Règlements Internationaux (BRI) décrit l’accélération de la globalisation après 1991 en ces termes :17
Les actifs et passifs financiers extérieurs ont grimpé en flèche, passant d’environ 36 % du PIB en 1960 à environ 400 % (293 000 milliards de dollars) en 2015. L’expansion rapide de l’ouverture financière à partir du milieu des années 1990 s’est concentrée dans les économies avancées. Par rapport au PIB, les positions extérieures des économies avancées et des économies de marché émergentes (EME) étaient à peu près égales jusqu’au début des années 1990. Depuis lors, les actifs et passifs financiers transfrontaliers des économies avancées ont bondi, passant d’environ 135 % à plus de 570% du PIB.
La globalisation post-Union soviétique, la globalisation accélérée post-1991, la nouvelle globalisation, est une ère de globalisation caractérisée par une position extérieure nette d’investissement (NIIP) largement négative des États-Unis, dans laquelle les États-Unis sont devenus le plus grand pays débiteur :18
Voir Wikipédia pour une définition de base du NIIP, et les références qui s’y trouvent.19
La globalisation post-Union soviétique (1991-), tout comme la globalisation post-Bretton-Woods (1971-) est marquée par l’amorce d’un flux important d’immigration aux États-Unis. Dans le graphique suivant, nous observons une forte augmentation progressive des changements décennaux du nombre d’immigrants aux USA, qui se produisent aux points de repère décennaux 1970 et 1990 :
Le changement décennal de la population immigrante des États-Unis est pratiquement nul jusqu’à la décennie 1970-1980, au cours de laquelle elle passe à près de 5 millions par décennie, reste pratiquement constante jusqu’en 1990, puis passe à plus de 10 millions par décennie en 1990-2000.
Ici, le “pourcentage d’immigrants” (ligne rouge) est la valeur à chaque fin de décennie. Les données annuelles recensent tous les immigrants (personnes non nées aux États-Unis), qu’ils soient légaux ou illégaux. Les valeurs pour 2010-2020 sont extrapolées linéairement à partir des données jusqu’en 2017. Source des données : MPI13
L’accélération de la globalisation après 1991 se reflète également dans le développement économique de la Chine. La Chine a été intégrée dans la globalisation capitaliste au tournant de 1991, comme le montre un graphique de son PIB :20
Il existe de nombreux documents sur les avantages pour les investisseurs et les élites qui s’en sont suivis. L’évolution de la valeur des fonds du California Public Employees’ Retirement System (CalPERS) entre 1988 et 2018 est un indicateur conservateur des bénéfices des placements :21
Ici, une pente moyenne positive de 10 milliards par an est maintenue après 1991. “Au 30 juin 2014, CalPERS gérait la plus grande caisse de retraite publique des États-Unis, avec un actif de 300,3 milliards de dollars” (Wikipédia).
L’indice boursier Dow Jones ajusté en fonction de l’inflation montre une hausse plus spectaculaire de la globalisation après 1991, dans l’un de ses principaux effets :22
Le décalage initial, immédiatement après 1991, peut s’expliquer par le fait que l’appareil militaire étasunien a tardé à se positionner et à être perçu comme “affirmé” face à la globalisation, dans l’ère post-soviétique. En ce qui concerne la crise du détroit de Taïwan de 1995, BBC News l’a exprimé ainsi : “Le rôle central des États-Unis a été le plus clairement démontré en 1996, lorsque la Chine a mené des essais de missiles provocateurs pour tenter d’influencer la première élection présidentielle directe de Taïwan. En réponse, le président étasunien Bill Clinton a ordonné le plus grand déploiement de la puissance militaire étasunienne en Asie depuis la guerre du Vietnam, envoyant des navires dans le détroit de Taïwan et un message clair à Pékin”.23
Toutefois, ce décalage initial peut être dû en grande partie au temps écoulé entre le paraphe de l’ébauche (octobre 1992) et l’établissement (1er janvier 1994) de l’énorme Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Il semble que la première tâche des États-Unis, après la chute de l’Union soviétique, ait été de fortifier le Mexique et le Canada dans la vaste intégration socio-économique qu’était l’ALENA. Les répercussions de l’ALENA sur la société canadienne ont été transformatrices.24
Effet de la globalisation post-Union soviétique sur la structure de classe sociale
La restructuration correspondante des classes en terme géographique qui s’est produite depuis la globalisation accélérée de l’après-1991 a été décrite à l’aide de la distribution croissance par centile de revenu, connue sous le nom de “graphique de l’éléphant”25 26 Christophe Guilluy a étudié en détail la géographie sociale des changements dans les États occidentaux. 27 Le graphique de l’“éléphant” de la croissance en pourcentage du revenu réel depuis 1988 (jusqu’à 2008, par exemple) par percentile du revenu global (en termes de répartition de la densité) montre un segment de pauvreté gelé, une augmentation de la classe moyenne dans les économies en développement (Chine), un déclin de la classe moyenne occidentale (“les déplorables ou sans-dents”) et une croissance disproportionnée des revenus des classes dirigeantes et des élites (“bobos”) comme ci-dessous :28
Le graphique de l’éléphant peut aussi être construit pour les années 1980 à 2016 et en utilisant une échelle logarithmique pour les percentiles des groupes à revenu élevé, qui ressemble à ceci :29
Ces “graphiques de l’éléphant” reflètent deux autres facettes principales qui caractérisent la nouvelle globalisation post-1991, au-delà des aspects grosse granularité du commerce global et de la mobilité financière signalés. Ce sont les deux faces d’une campagne de restructuration de classe qui a créé la division actuelle de la classe occidentale entre les “bobos” et les “déplorables ou sans dents”30, que le journaliste britannique David Goodhart appelle les “de quelque part” et les “de nulle part” : Explosion des salaires des élites et le démantèlement des systèmes indépendants et professionnels de soutien des classes populaires dans les nations occidentales.
Le décollage des “salaires de l’élite en plein essor” est bien documenté, par exemple dans le ratio revenus des PDG/travailleurs, qui correspond de près ou en corrélation avec les rendements des investissements globaux (voir Dow Jones Index, ci-dessus) :31
De même, les données jusqu’en l’an 2000 font état d’une nette augmentation des revenus des groupes de revenu du percentile supérieur au début des années 1990 pour le Canada et les États-Unis, mais ces auteurs n’ont pas établi de lien avec une accélération de la globalisation. 32
Caractéristiques émergentes de la nouvelle globalisation (post-soviétique)
Parmi les nouvelles caractéristiques de la nouvelle globalisation, mentionnons une prédation plus agressive des économies des pays alliés grâce à de nouveaux accords commerciaux massifs et à l’augmentation des méga-fusions d’investissements au-delà des frontières nationales.
En Amérique du Nord, il y a eu l’ALENA, l’Accord de libre-échange nord-américain. Il s’agissait d’un démantèlement total des souverainetés commerciales et des politiques sociales du Canada et du Mexique ; un accord d’entreprises et d’investisseurs entre les mains du partenaire étasunien dominant.
Au Canada, l’accord commercial de l’ALENA a contribué à démanteler la souveraineté des programmes sociaux, et ce, d’au moins deux façons.
Tout d’abord, les “dirigeants” et les intérêts des entreprises nationales qui bénéficient de la globalisation exercent sans relâche des pressions politiques pour le démantèlement :24
Depuis le début de l’ère du libre-échange, l’élite du monde des affaires du Canada soutient que les programmes sociaux canadiens devraient se conformer aux niveaux généralement inférieurs des États-Unis afin de maintenir leur compétitivité. Dès 1980, Laurent Thibault, qui deviendra plus tard président de l’Association des manufacturiers canadiens, s’adresse à un comité sénatorial : “C’est un simple fait que, lorsque nous demandons à nos industries d’être en concurrence avec l’industrie étasunienne[…] nous, au Canada, sommes évidemment forcés de créer les mêmes conditions au Canada qu’aux États-Unis, qu’il s’agisse du régime d’assurance-emploi, de l’indemnisation des accidentés du travail, du coût du gouvernement, du niveau de taxation, etc.
En effet, en avril 1989, quatre mois seulement après la mise en œuvre de l’ALÉCC , le gouvernement conservateur a dévoilé ce qu’on a appelé son “budget libre-échange”. Il comprenait des compressions de l’assurance-chômage, de la Sécurité de la vieillesse et des transferts fédéraux aux provinces pour les soins de santé et l’éducation. Cette tendance à la réduction des dépenses s’est poursuivie tout au long du mandat du gouvernement conservateur. Elle s’est accélérée après l’élection des libéraux en 1993 et a été particulièrement prononcée dans le budget décisif de 1995, qui prévoyait des compressions de 29 milliards de dollars canadiens sur trois ans. (p. 53)
Deuxièmement, le principe même de l’investissement de capitaux étranger est magique :24
Ken Traynor, de l’Association canadienne du droit de l’environnement, décrit l’impact social plus large de l’ALENA en ces termes : “La vieille question de savoir qui obtient quoi même lorsque l’efficacité économique globale a pu être améliorée mérite d’être examinée. Envisager de déplacer la fabrication de soutiens-gorge de Cambridge, en Ontario, à Juárez, à la frontière mexicaine. 8 $ l’heure payés aux femmes de Cambridge pour produire des soutiens-gorge vendus 20 $… Ces salaires sont dépensés dans les environs immédiats de leur domicile, sont taxés aux USA et l’entreprise génère également des taxes municipales locales. Avec l’ALENA et le transfert de la production vers les maquiladoras, seulement 2 $ des 64 $ économisés sur le salaire quotidien vont aux femmes du Mexique et presque aucune taxe municipale ou autre n’est versée au Mexique. Les 62 $ par jour par travailleur sont réaffectés à Exxon pour le carburant nécessaire au transport, aux entreprises de transport routier, aux courtiers et à l’entreprise elle-même, et le cercle des dépenses de ces personnes est très différent de celui des femmes employées précédemment. Et là où l’argent circule, c’est important”, conclut Traynor, “surtout pour les femmes dans cet exemple”. (p. 55)
Cette magie a été bien comprise par tous les grands théoriciens économiques classiques de l’ère industrielle, mais elle a été renversée dans la fausse logique de la globalisation financière post-Bretton-Woods et comme une vengeance dans la globalisation post-soviétique.33
En effet, cette vengeance est également perçue dans l’autre caractéristique importante qui émerge dans la nouvelle globalisation de l’ère post-soviétique de l’Union soviétique, à savoir ce qui suit.
La prédation étasunienne n’est plus basée uniquement sur la bande transporteuse d’extraction de richesse de l’impression de la monnaie globale imposée. De plus, les grandes banques étasuniennes (Wall Street) ont acheté le Parti Démocrate et (en plus de leur influence dans le système étasunien) ont ainsi acquis la liberté de créer de l’argent en cassant puis réparant et en arnaquant le système, tout en étant renflouées lorsque les plus audacieuses de ces méga-fraudes ont fait faillites, comme en 2008.33
Cette caractéristique émergente est bien illustrée par ce graphique du pourcentage du total des actifs bancaires appartenant aux dix plus grandes banques (USA) :34
Cette concentration phénoménale de l’actionnariat s’accompagne d’une forte incidence de faillites aux États-Unis, toutes structures judiciaires confondues :35
Plus concrètement, cette caractéristique émergente de la nouvelle globalisation correspond à une vague sans précédent de méga-fusions globales, ce qu’on appelle la “cinquième vague de fusions (1993-2000)”, dans l’histoire économique des fusions et acquisitions.36 L’avocat étasunien Martin Lipton décrit ainsi la cinquième vague :37
Cinquième période – 1993 à 2000. C’était l’époque des méga-accords. Elle s’est terminée avec l’éclatement de la bulle du millénaire et les grands scandales, comme celui d’Enron, qui ont donné naissance à la révolution de la gouvernance d’entreprise qui se poursuit aujourd’hui. Au cours de la cinquième vague, des sociétés d’une taille sans précédent et d’envergure globale ont été créées en partant de l’hypothèse que la taille compte, une conviction renforcée par les valorisations boursières de premier ordre des leaders du marché. Les cours élevés des actions ont simultanément encouragé les entreprises et fait pression entre elles pour qu’elles concluent des transactions afin de maintenir les importants volumes d’échange de titres. Une vision globale de la concurrence, dans laquelle les entreprises trouvent souvent qu’elles doivent être grandes pour être compétitives, et un environnement antitrust relativement restreint a conduit à des combinaisons impensables, telles que les fusions de Citibank et Travelers, Chrysler et Daimler Benz, Exxon et Mobil, Boeing et McDonnell Douglas, AOL et Time Warner, Vodafone et Mannesmann. De 342 milliards de dollars d’opérations en 1992, le volume global des fusions n’a cessé d’augmenter pour atteindre 3 300 milliards de dollars en 2000. Neuf des dix opérations les plus importantes de l’histoire ont eu lieu au cours de la période de trois ans 1998-2000, la dixième ayant eu lieu en 2006.
Ce graphique du volume des fusions par an (en milliers de milliards de dollars) vaut mille mots :38
Le début de la cinquième vague est attribué à la “déréglementation et à la globalisation”36, mais nous n’avons trouvé aucun analyste ou commentateur qui ait lié la cinquième vague de fusions (la nouvelle globalisation) à la chute de l’Union soviétique en 1991. Il nous semble que la chute de l’Union soviétique aura engendré un zèle pour les fusions déréglementées menées par les États-Unis car l’absence soudaine d’un bloc global concurrent soutenu par une superpuissance globale rendrait les juridictions capitalistes satellites (Canada, Europe…) particulièrement vulnérables.
En effet, les dommages causés au Mexique par la nouvelle globalisation (ALENA et investissements prédateurs) se reflètent de façon frappante dans la vague d’immigration illégale aux États-Unis après 1991 :39
Ici, le nombre d’immigrants sans papiers augmente au milieu des années 1990, passant d’une valeur de l’ordre de 1 à 3 millions à une valeur plateau d’environ 11 millions, à partir du milieu des années 2000.
L’après-Union soviétique : réduction du filet de sécurité sociale et conséquences humaines de la globalisation accrue
Il est difficile d’illustrer ledit “démantèlement des systèmes de soutien indépendants-professionnels et ouvriers dans les pays occidentaux” par un graphique unique d’un paramètre économique global, car les changements ont été fragmentés à travers plusieurs niveaux et régions de gouvernance et différentes juridictions territoriales (nation, état ou province, municipalité, conseil public). Les changements ont été variés et ont touché les institutions, les règlements, les lois, les structures de gouvernance et la culture de gestion.
Au Canada, les changements ont été vécus comme si, dans les environs de 1994 (l’ALENA est entré en vigueur le 1er janvier 1994), les élites gouvernementales, tous les dirigeants politiques élus et tous les membres influents des conseils d’administration des grandes sociétés publiques avaient appris que tout devait être révisé parce qu’il y avait trop de démocratie pour ce qui allait arriver.
En ce qui concerne la transformation sociale :40
Jusqu’en 1995, les provinces et les territoires recevaient des fonds pour leurs programmes sociaux dans le cadre du Régime d’assistance publique du Canada (RAPC), une politique adoptée en 1966 qui enchâssait des normes nationales pour les politiques d’aide sociale et garantissait des fonds fédéraux de contrepartie pour chaque dollar dépensé par les provinces dans les programmes de bien-être social, selon un concept fondamental du “besoin”.
En 1995, dans le cadre d’une stratégie de réduction de la dette, le gouvernement fédéral a modifié sa formule pour adopter un modèle de financement global, appelé Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS), qui regroupe le financement de la santé, de l’éducation et du bien-être social en un seul transfert global à chaque province, tout en réduisant les normes nationales et le montant du financement que chaque province pourrait recevoir.
Le nombre total de bénéficiaires de l’aide sociale est passé d’un peu plus de 3 millions en 1993 à 1,75 million en 2003 (…) en dépit d’une population croissante… (p. 37-38)
Le résultat final, illustré graphiquement, se voit avec le nombre de logements locatifs sociaux achevés par année :
Le nombre de mères seules avec enfants est passé d’environ 410 000 en 1990 à 530 000 en 1994. Le chiffre, après l’ALENA, de 550 000 mères seules, soit un tiers de plus qu’en 1990, alors que la pente de l’augmentation du nombre de pères seuls avec enfants est passée de 1 500 par année en 1976-1990 à 4 700 par année en 1990-2008 :41
Par conséquent, la vague de globalisation agressive qui a suivi la dissolution de l’Union soviétique en 1991 a peut-être exercé une pression sans précédent sur les familles avec enfants. La pression exercée sur les familles est corroborée par le fait qu’au Canada, le volume des litiges en droit de la famille et en protection de l’enfance devant les tribunaux a triplé, passant d’une valeur relativement faible de quasi-plateau dans les années 1980 à une valeur plus élevée dans les années 1990, puis à une valeur de quasi-plateau dans les années 2000 et 2010. C’est ce qui ressort tant des demandes d’aide et de requêtes reçues que des jugements rendus.42
En plus du domaine du droit de la famille, les bases de données sur les jugements des tribunaux au Canada montrent que le nombre de jugements rendus dans les années 1990 a triplé par année dans plusieurs grands domaines du droit : le droit criminel, la faillite, la santé, les contrats et la diffamation.
Une forte augmentation (trois fois plus importante entre 1993 et le début des années 2000) a également été constatée aux États-Unis, en termes de besoins juridiques des ménages à faibles revenus, comme l’indiquent plusieurs (neuf) enquêtes approfondies :43
À une exception près, les [neuf] études d’État récentes ont toutes révélé un niveau de besoins [juridiques] considérablement plus élevé que celui constaté dans l’étude ABA de 1994. L’étude ABA a révélé une moyenne annuelle de 1,1 besoin par ménage à faible revenu, tandis que les études récentes de l’État vont jusqu’à plus de trois besoins juridiques par ménage et par année, comme le montre le tableau 3. L’étude ABA représente donc le chiffre le plus bas disponible pour estimer le nombre de besoins juridiques des Étasuniens à faible revenu.
Note de bas de page : Les études ont révélé que la plupart des problèmes ont été vécus dans les domaines du logement (comme les expulsions, la forclusion et les conditions de logement dangereuses), de la consommation (comme le recouvrement de dettes, la faillite et les arnaques) et de la famille (comme le divorce, la violence familiale, la garde des enfants et les pensions alimentaires), ainsi que de l’emploi, des prestations gouvernementales et des problèmes régionaux et communautaires, et des soins de santé. Bien que la répartition des types de problèmes varie quelque peu d’un État à l’autre, les mêmes types de problèmes de base sont apparus dans les neuf États.
Note de bas de page : Une étude d’État récente a révélé que les besoins juridiques des personnes à faible revenu de l’État avaient en fait augmenté au cours de la décennie précédente. L’étude du Massachusetts de 2003 a documenté un niveau de besoins juridiques plus élevé que ce qui avait été constaté dans une étude d’État de 1993 utilisant une méthodologie similaire. L’étude a conclu que ces différences n’étaient pas attribuables à la méthodologie, mais plutôt à une augmentation des besoins depuis 1993.
Selon nous, l’augmentation des besoins et des litiges dans les années 1990, qui s’est produite dans plusieurs pays occidentaux, est la cause fondamentale de la soi-disant “crise de l’accès à la justice”, bien que les associations professionnelles et les commentateurs juridiques n’en parlent pas, et attribuent cette “crise” essentiellement aux coûts élevés des avocats. 44 45 46
On s’attend à ce que toute la gamme des conséquences de la globalisation sur les individus et les familles dans les sociétés occidentales aient été les suivantes : pénurie d’emplois, insécurité de l’emploi, perte de perspectives d’avancement, baisse des revenus, diminution du filet de sécurité de l’État, augmentation des coûts de logement, augmentation des frais de déplacement, et ainsi de suite.
Ces facteurs semblent également s’être traduits par des effets mesurables sur la santé individuelle, notamment le suicide, le surdosage d’opiacés et l’asthme, comme suit.
Les taux de tentatives de suicide et de mortalité par suicide sont fortement corrélés au faible statut économique des sociétés occidentales ; par exemple, dans la société québécoise (province canadienne).47 Les taux normalisés selon l’âge d’hospitalisations pour tentatives de suicide (pour 100 000 habitants) par sexe, au Québec, montrent de fortes augmentations significatives entre 1990-1993 et 1994-1997, supérieures à 30 %, pour les deux sexes :47
De 1990-1993 à 1994-1997, le taux de mortalité par suicide a également augmenté, et on observe d’importantes différences de statut économique dans les taux de suicide pour tous les groupes d’âge et les deux sexes.47
Le même type de tendance se produit aux États-Unis en ce qui concerne le suicide, par exemple en ce qui concerne les taux de visites aux urgences des hôpitaux :48
En ce qui concerne les tendances temporelles, les taux de tentatives de suicide et de blessures auto-infligées ont augmenté considérablement au cours de la période de 16 ans allant de 1993 à 2008 (P pour tendance <0,001). Le nombre annuel moyen de visites aux urgence pour tentative de suicide et blessure auto-infligée a plus que doublé, passant de 244 000 entre 1993-1996 à 538 000 entre 2005 et 2008 (figure 2), soit un ratio de 2,21 (95 % IC ; 2,02-2,40). […]
Cette augmentation des taux d’automutilation pour 1 000 habitants des États-Unis a été observée dans tous les principaux groupes démographiques. En comparant les taux de 1993-1996 à 2005-2008, les taux ont presque doublé pour les hommes (0,84 à 1,62) et les femmes (1,04 à 1,96). Des augmentations semblables ont été observées chez les patients âgés de 15 à 19 ans (2,57 à 4,53), de 30 à 49 ans (1,29 à 2,49) et de plus de 50 ans (0,11 à 0,90). De même, des augmentations ont été observées pour les blancs (0,94 à 1,82) et les noirs (1,14 à 2,10).
Cela confirme une étude précédente similaire, qui portait sur la période 1992-2001.49
Les statistiques sur les surdoses d’opioïdes montrent la même situation :50
Dans une base de données nationale représentative des visites aux urgences aux États-Unis, nous avons constaté que le taux de visites aux urgences pour surdose d’opiacés a quadruplé entre 1993 et 2010. […]
Entre 1993 et 2010, le taux national de visites aux urgences pour surdose d’opiacés est passé de 7 à 27 par 100 000 habitants (augmentation de 307 % ; tendance = 0,03) et de 19 à 63 par 100 000 consultations (augmentation de 235 % ; PTrend < 0,001-).
L’épidémiologie de l’asthme est également instructive. “L’asthme est l’une des maladies chroniques les plus courantes chez les enfants et les adultes”.51 On dit que nous sommes au milieu d’une épidémie globale d’asthme. En plus des facteurs génétiques, environnementaux et autres facteurs de causalité, il existe un lien avec le stress socio-économique : “Les enfants dont les soignants signalent des niveaux élevés de stress et qui ont de la difficulté à élever leurs enfants sont les plus à risque de souffrir d’asthme”.51
Une revue faisant autorité a écrit :52
La prévalence et l’incidence de l’asthme sont très élevées dans le monde occidental. Selon les Centers for Disease Control and Prevention, la prévalence de l’asthme chez les enfants étasuniens est passée de 3,6% en 1980 à 5,8% en 2003. L’asthme est la troisième cause d’hospitalisation chez les personnes âgées de moins de 18 ans aux États-Unis, dépassée seulement par la pneumonie et les blessures.
Au début des années 1990, le nombre de consultations ambulatoires pour asthme pour 1 000 enfants de 0 à 17 ans aux États-Unis est passé d’une valeur plateau d’environ 30 dans les années 1980 à des valeurs d’environ 60 dans les années 2000 (figure 3 ici53 et figure 3 ici54). Dans le même temps, aux alentours de 1993, le nombre de décès dûs à l’asthme attribués aux États-Unis, pour 100 000 habitants, a augmenté progressivement de 17 %, passant d’environ 48 à environ 56 (figure 4 ici 55).
Pour en revenir à l’ALENA au Canada, dans un autre exemple, les bourses d’études universitaires ont été réduites de façon spectaculaire dans la plus grande province canadienne de l’Ontario, au moment même où le PIB de la province a connu une croissance tout aussi spectaculaire.56
Ces coupes sociales qui ont suivi la dissolution de l’Union soviétique n’étaient pas simplement la conséquence d’un ajustement à un partenaire commercial plus compétitif. Elles semblaient être idéologiques, sans justification économique valable en termes de force, de stabilité et d’équité nationales. Par exemple, aux États-Unis, le président Bill Clinton (janvier 1993 à 2001) a supervisé une réduction massive du bien-être social, qui a produit le seul excédent budgétaire fédéral des États-Unis depuis la fin des accords de Bretton Woods, pendant une période de dépenses de défense relativement constantes :
A titre de comparaison, les dépenses de défense des États-Unis à l’époque de la globalisation ressemblent à ceci :
Suppression de l’indépendance professionnelle par la restructuration des institutions
Il n’y a pas que l’aide sociale qui a été réduite au Canada. D’importantes compressions et des changements structurels imposés ont été mis en œuvre dans l’enseignement public, dans le système de recherche-université et dans la fonction publique fédérale. La restructuration a considérablement réduit l’indépendance de la profession et la liberté académique dans ces secteurs.
Le premier ministre de l’Ontario, Mike Harris (1995-2002), a appliqué sa soi-disant “révolution du bon sens”, par laquelle il a réduit l’école primaire et l’école secondaire à des fermes de formation et d’obéissance en s’attaquant à la formation et au perfectionnement professionnel des enseignants. Les enseignants ont été réduits à des gardiens d’enfants surchargées de travail qui “dispensaient” un programme d’études plus centralisé et mieux orienté. La 13e année a été complètement éliminée, sans transition efficace au niveau universitaire. La tolérance des élèves aux présentations PowerPoint et aux contenus stériles a augmenté. Le niveau des études de premier cycle en Ontario ne s’est jamais rétabli.
Les universités elles-mêmes ont été restructurées par des coupes draconiennes et arbitraires. La Confédération ontarienne des associations de professeures et professeurs d’université (OCUFA) a déclaré ce qui suit :57
Le ministre des Finances de l’Ontario, Ernie Eves, a annoncé une réduction de 1 % du financement des universités – le montant total promis avec la Révolution du bon sens conservatrice pour la vie du gouvernement – dans son énoncé sur les 199 économies du 29 novembre 1995 dans ‘Fiscal and Economic Statement‘.
En réponse, par exemple, l’Université d’Ottawa a nommé un doyen des sciences qui n’était pas membre du corps professoral et qui menaçait d’éliminer des départements entiers afin d’obtenir une coopération pour une centralisation accrue et une réduction des ressources. Les départements indépendants, historiquement gérés par des comités de professeurs et d’étudiants, sont devenus centralisés et ont perdu le contrôle de leur budget de fonctionnement. De facto, les nouveaux membres du personnel ont été nommés par l’administration de l’université à la suite de la centralisation des “énoncés de mission” stratégiques, plutôt que d’être choisis par le département. Et ainsi de suite. L’effet net a été que les professeurs ont été davantage contraints de se limiter à “leurs” domaines de recherche et que les programmes d’études ont été davantage centralisés et réglementés. Les professeurs ont perdu la gestion des unités académiques. L’indépendance professionnelle et la liberté académique ont été considérablement réduites dans la nouvelle structure organisationnelle.
Parallèlement, le modèle de financement fédéral de la recherche universitaire a été remanié, passant d’une recherche indépendante dirigée par un chercheur principal à une recherche en partenariat avec l’industrie et à des alliances officielles de recherche de grande envergure. Les bureaux universitaires de coopération industrielle et contractuelle se sont multipliés, en même temps que les programmes d’études sont devenus des contenus insipides, livrés de manière standardisée et appuyés par des manuels scolaires. De moins en moins de professeurs permanents ont été embauchés et, dans la pratique, une fraction de moins en moins importante des professeurs de recherche peuvent adapter leur recherche pour compléter l’enseignement, s’écarter de la voie pédagogique ou trouver le temps de préparer des cours à partir de sources multiples et actualisées. Quoi qu’il en soit, les élèves, sortant des nouveaux lycées, ne voulaient plus être récompensés que pour leur obéissance.
À plus grande échelle, la nouvelle globalisation qui a suivi la chute de l’Union soviétique en 1991 et l’établissement de l’ALENA en 1994 s’est traduite, de 1993 à 2000, par d’importantes compressions des charges de programmes fédérales et de la main-d’œuvre du secteur public fédéral canadien :58
Les compressions dans les effectifs du gouvernement fédéral n’ont pas été uniformes. Elles ciblaient plutôt les gestionnaires sectoriels qui avaient une mémoire institutionnelle et une influence sur les politiques, les soi-disant sous-ministres adjoints (SMA) (“les plus hauts fonctionnaires nommés en vertu de la Loi sur l’emploi dans la fonction publique”). 59 Les SMA constituent la plus grande réserve de cadres supérieurs qui participent aux réunions du Comité exécutif des ministères gouvernementaux. Ce sont les fonctionnaires les plus influents après le sous-ministre et le sous-ministre délégué.
La plupart des analystes présentent les coupes dans les services sociaux comme nécessaires pour réduire le déficit public60 61, mais c’est fait en dehors du contexte global historique. Toutefois, les compressions réelles ont été précédées d’une refonte structurelle de la fonction publique, qui visait à harmoniser et à remanier l’appareil gouvernemental dans la nouvelle ère de l’ALENA. Le premier ministre Mulroney avait signé l’ALENA pour le Canada, puis il a démissionné et a confié à Kim Campbell la tâche de réduire et de transformer le gouvernement afin de mettre en œuvre l’ALENA. Elle a amorcé de façon dramatique et irréversible la transformation au cours des quatre mois de son seul mandat à titre de première ministre (juillet-octobre 1993), préparant ainsi l’appareil gouvernemental aux coupes réelles que le gouvernement libéral allait effectuer dans les services sociaux.
L’analyste Evert Lindquist décrit la transformation mise en œuvre à Campbell en ces termes :62
(…) un coup de théâtre qui a fait passer le nombre de ministres et de ministères de 32 à 23, et qui a touché des dizaines et des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux. Il s’agissait d’un remaniement complet et fondamental de la structure du gouvernement canadien, qui a eu une incidence non seulement sur la taille et le fonctionnement du Cabinet, mais aussi sur la taille et les portefeuilles d’une foule de ministères ainsi que d’autres portefeuilles. Prévue en secret avec le groupe de l’appareil gouvernemental du Bureau du Conseil privé, l’initiative de restructuration a reçu l’aval général des premiers ministres Brian Mulroney et Kim Campbell […].
Mais la restructuration de juin 1993, qui a été suivie des objectifs importants établis au début du processus de l’Examen des programmes de 1994-1995, a entraîné d’importants bouleversements pour les fonctionnaires de tous les niveaux – l’hypothèse de longue date selon laquelle la fonction publique canadienne pouvait offrir des emplois et des carrières à vie a disparu, puisque même des personnes très performantes ont été congédiées de leur poste, en affectation temporaire ou en attente de postes à combler dans ces nouveaux ministères (Lindquist et Paquet 2000). Cette rupture par rapport aux ententes de longue date a été renforcée au cours de la décennie suivante, les fonctionnaires étant de moins en moins protégés par les médias et davantage blâmés par les gouvernements et leurs ministres (Savoie 2003).
Il est également important de comprendre que la séquence en deux étapes n’était pas fortuite : les concepteurs de la restructuration de juin 1993 savaient que lorsqu’un nouveau gouvernement serait élu à la fin de 1993, il aurait à faire face de façon décisive au déficit et à la dette croissants du Canada et que des décisions politiques et programmatiques difficiles devraient être prises pour répondre aux besoins à court terme, par exemple pour renforcer la confiance des marchés financiers et repenser les politiques et programmes à long terme dans presque chaque secteur. La restructuration du gouvernement au niveau du Cabinet et des portefeuilles ministériels était considérée comme le moyen de repositionner le Cabinet et sa fonction publique pour prendre et mettre en œuvre ces décisions imminentes.
Selon nos termes, limités par l’ALENA, vous pouvez réduire les services sociaux plutôt que d’augmenter les impôts sur les sociétés et l’extraction des ressources, et réduire la participation démocratique ou le contrôle de la société, mais vous devez vous y conformer pour y parvenir : les fonctionnaires indépendants qui ont une culture institutionnelle de service au public et qui ont une certaine influence, doivent être mis au pas. Ce sont les SMA “difficiles à gérer” qui ont été licenciés.
En clair, les coupes sans précédent de 1993-2000 dans les “dépenses de programmes fédéraux” (programmes de soutien social) ont été particulièrement sévères et contraires à la souveraineté canadienne en matière de conception de programmes sociaux, en ce sens que des services ou programmes équivalents ne pouvaient être facilement récupérés plus tard, en raison des clauses du chapitre 11 “droits des investisseurs” de l’ALENA. En d’autres termes, les sociétés étrangères devraient être indemnisées pour les pertes de profits futures qui découleraient d’un éventuel rétablissement de la souveraineté, ce qui entraînerait des frais juridiques supplémentaires importants dans le litige lui-même (et avoir le potentiel d’être exposé en public).23 63
Déréglementation des secteurs de l’agriculture et de la santé publique après la globalisation post-soviétique
Suite aux pressions intenses exercées par l’industrie auprès des scientifiques et des politiciens étasuniens dans les années 1980, la culture institutionnelle gouvernementale de conformité de l’industrie et de déréglementation s’est accélérée au début des années 1990, ouvrant la voie à une invasion globale des cultures génétiquement modifiées (cultures OGM) par les marchés. 64 Ce phénomène américain a été suivi dans les pays occidentaux, après l’introduction du principe réglementaire de “l’équivalence substantielle” par l’Organisation des Nations Unies pour la coopération et le développement économiques (OCDE) en 1993, et approuvé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation globale de la santé (OMS) en 1996.65 Les scientifiques gouvernementaux, dont les principes étaient bien ancrés, ont opposé une forte résistance mais ces efforts ont été vains.66 La vente commerciale d’aliments génétiquement modifiés a débuté en 1994.
Avec une telle pression de l’industrie pour déréglementer, et compte tenu de la globalisation accélérée qui a suivi la fin de l’Union soviétique (après 1991), de nouveaux marchés ont été créés qui ont transformé les domaines de l’agriculture, de l’alimentation et de la santé publique. Cela s’est produit avec les cultures génétiquement modifiées, l’utilisation de pesticides et les vaccins. Ces trois marchés ont connu des poussées qui ont clairement commencé au début des années 1990.
En ce qui concerne les vaccins, la National Childhood Vaccine Injury Act (NCVIA) des États-Unis a été adoptée en 1986 et son National Vaccine Injury Compensation Program (NVICP) est devenu opérationnel en 1988. Le programme a protégé l’industrie des vaccins contre les poursuites en responsabilité. Il s’agit d’un programme national d’assurance-contentieux public à responsabilité limitée, avec son propre tribunal des réclamations. Depuis 1988, il a reçu plus de 20 000 demandes d’indemnisation et versé environ 4 milliards de dollars US à plus de 6 000 victimes déterminées de conséquences causées par un vaccin. Le risque moyen correspondant de conséquences négatives déterminée est d’environ 1 dose de vaccin sur 1 million.67
Roundup est un herbicide à base de glyphosate introduit par Monsanto en 1976. Néanmoins, l’utilisation accrue du glyphosate n’a commencé qu’en 1993, mais avant l’introduction des cultures OGM en 1996. Le glyphosate est utilisé en quantités massives, en particulier maintenant en combinaison avec des cultures OGM, qui sont modifiées pour être résistantes au glyphosate, et qui sont imposées globalement par les gestionnaires de prêts des fonds de développement étasuniens. La forte utilisation de l’herbicide a provoqué l’apparition de “super mauvaises herbes” résistantes au glyphosate, de sorte que l’on utilise encore plus de glyphosate qu’il n’en aurait fallu autrement. L’utilisation du glyphosate montre une signature typique de la globalisation post-Union soviétique, par sa chronologie et son augmentation décennale constante (ici “a.i.” signifie “principe actif”) :68 69
Le nombre de doses de vaccin contre la grippe saisonnière distribuées aux États-Unis est un autre exemple, montrant la signature typique de la globalisation post-Union soviétique :70
Le vaccin anti-grippal est, dans sa très grande majorité, le vaccin le plus distribué aux États-Unis, avec un taux moyen (1988-2018) de 3,3 problèmes par million de doses enregistrées par le NVICP.67
Le nombre de doses de vaccin livrées aux nourrissons de moins de 24 mois, par nourrisson aux États-Unis, montre également la signature typique de la globalisation post-soviétique. Elle a triplé entre les années antérieures aux années 1990 et 2005 (courbe noire) :71
Spectre de recrudescence des maladies chroniques après la globalisation post-soviétique
Les bases de données étasuniennes des Centers for Disease Control (CDC) et du Programme de surveillance, d’épidémiologie et de résultats finaux (SEER) de l’Institut national du cancer montrent qu’il existe un spectre de maladies chroniques, et certains cancers, dont les taux de mortalité et d’incidence sont caractérisés par une tendance temporelle typique de la globalisation post-Union soviétique. Ce spectre de maladies a connu des augmentations significatives et soutenues du taux d’occurrence, qui ont clairement commencé au début des années 1990. Le spectre comprend (et voir le cas de l’asthme, décrit ci-dessus en relation avec le stress familial) :
- décès par infections intestinales
- incidence du cancer de la thyroïde
- décès dû à la maladie de Parkinson
- prévalence du diabète
- l’autisme chez les enfants de différents groupes d’âge
- phobie, trouble anxieux, trouble panique
Un groupe de recherche très cité a attribué la cause à la toxicité du glyphosate, sur la base d’une corrélation documentée et de mécanismes biomoléculaires plausibles72 73 74 Voici deux exemples de leurs comparaisons graphiques, pour les infections intestinales et le cancer de la thyroïde :
Résumé de la nouvelle globalisation dans le monde post-soviétique
La chute de l’Union soviétique a été immédiatement suivie d’une globalisation accélérée dans laquelle les États-Unis ont dominé leurs “alliés” pour la suprématie de l’investissement, sont devenus plus prédateurs et ont laissé à leur classe financière plus de latitude que jamais depuis la Deuxième Guerre globale pour frauder.
Les nations européennes ont anticipé la menace et ont signé le Traité de Maastricht le 7 février 1992, qui a formé l’Union européenne et abouti à une monnaie unique pour la protection de l’Europe elle-même.
Les principales caractéristiques de la nouvelle globalisation ont été des fusions sans précédent dans les secteurs de la finance, de l’agroalimentaire, des produits pharmaceutiques et des technologies de l’information, des pactes de “libre-échange” agressifs axés sur les investisseurs, la montée en puissance de l’élite globale et de son entourage, la perte de sécurité socio-économique pour la classe moyenne occidentale, les répercussions négatives sur la santé publique (suicide, visites aux urgences, asthme), une indulgence croissante dans la réglementation des aliments et des médicaments, une augmentation simultanée des maladies et des affections chroniques (mort par infection intestinale) ; incidence du cancer de la thyroïde ; décès dus à la maladie de Parkinson ; prévalence du diabète ; autisme chez les enfants de différents groupes d’âge ; phobies, troubles anxieux, troubles paniques), intégration de la Chine dans la sphère financière capitaliste, balance commerciale négative accélérée et sans précédent des États-Unis, alignement des professionnels et intellectuels des services les plus qualifiés sur le modèle et les applications du nouveau globalisme, présence militaire globale accrue des États-Unis et de leurs campagnes unilatérales (d’abord l’OTAN, puis l’après 11 septembre).
Les campagnes de guerre de l’après-11 septembre ont protégé le dollar étasunien d’un abandon de son utilisation comme monnaie de réserve mondiale, mis en évidence la force et l’agressivité de l’armée étasunienne, détruit les nations en quête de souveraineté face à la domination étasunienne, assuré le commerce de l’opium, renforcé le contrôle du pétrole, contrarié l’intégration eurasienne, créé des substituts terroristes gérés par la CIA issus des dévastations de la guerre et créé une forte demande en matériel militaire étasunien.
Tout au long de ce chemin, il est important de garder à l’esprit que le privilège des États-Unis de pouvoir imprimer la monnaie globale est et demeure l’épine dorsale mécanique de l’empire global, depuis la fin du système de Bretton Woods en 1971. Le dollar étasunien conserve son statut grâce à la demande internationale pour le dollar étasunien, qui, à son tour, provient du contrôle des États-Unis sur les principaux produits de base qui ont la plus forte demande globale et les prix les plus élevés en dollars étasuniens. Ces “produits de base” qui renforcent le dollar comprennent : le pétrole et le gaz, l’opium, les dettes financières des nations (dont le service est assuré en dollars étasuniens), le choix d’une devise en dollars étasuniens pour garantir les économies et les investissements, et le matériel militaire étasunien. Récemment, les États-Unis ont proposé un loyer exorbitant (en dollars étasuniens) pour leurs bases militaires réparties dans le monde entier.75
Le pétrole et le gaz sont des points délicats, parce que la Russie, le Venezuela, la Chine… ont du pétrole, du gaz, du charbon… et parce que le secteur énergétique intérieur étasunien (pétrole et gaz de roche-mère) se développe trop vite, provoquant une surabondance, une baisse des prix de l’énergie et une baisse de la demande pour le dollar étasunien. Alors qu’un prix élevé du pétrole aide le schiste des États-Unis, il aide aussi les opposants globaux que sont le Venezuela, l’Iran et la Russie. Une “solution” est la destruction militaire ou financière (basée sur des “sanctions”) de tous les centres de production d’énergie que les États-Unis ne contrôlent pas, ce qui pourrait être la stratégie actuelle des États-Unis.
Dans tout cela, les classes moyennes et professionnelles occidentales doivent consentir (par accord ou inaction), être volontairement aveugles à ce qui se passe réellement, et garder “l’espoir” dans leurs politiciens et dans l’avenir. Les sections suivantes décrivent les vastes campagnes d’ingénierie sociale qui ont été créées à la suite de la chute de l’Union soviétique. Il n’est généralement pas apprécié que ces campagnes aient été massivement organisées et mises en œuvre immédiatement après la chute de l’Union soviétique. Ces campagnes ont mis en place une primauté de certaines préoccupations sociales, masquant ainsi la restructuration culturelle et sociale actuelle, pour les classes influentes qui peuvent se permettre de vivre dans cette illusion. Les préoccupations sociales choisies, cloisonnées et construites étaient : l’égalité entre les genre, l’antiracisme et l’environnementalisme global.
Globalisation socialement construite
Coopération de masse induite par une religion organisée
« Pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible. Il faut donc se choisir un maître, Dieu n’étant plus à la mode. » – Albert Camus, La Chute, 1956
Une religion retenue et soutenue par l’empire est un puissant véhicule pour diriger l’impulsion individuelle et l’image de soi, stabilisant ainsi l’empire contre la rébellion et la léthargie ouvrière.
Le nationalisme lui-même est une telle religion, mais il peut tomber en disgrâce dans une éthique de globalisation internationale au nom du plus grand bien. L’Empire romain avait le catholicisme romain, qui plus tard a infusé les puissances coloniales européennes. “Les dieux” qui surveillent la rectitude morale des citoyens ont souvent trouvé refuge dans les états et les empires.76
De telles considérations politiques ont été mises en évidence au début des années 1970, alors que les instabilités de la globalisation post-Bretton-Woods commençaient à se faire sentir. Le think-tank dit « Commission trilatérale » a été fondé par David Rockefeller en 1973 et son rapport le plus influent est “La crise de la démocratie”, publié en 197510. Le rapport est muet sur la catastrophe de la dissolution de Bretton Woods et la globalisation émergente, mais il exprime une préoccupation retrouvée pour la gestion des sociétés démocratiques. Les auteurs du rapport expliquent ainsi le besoin de “dieux” (pages 159-160) :
Ce qui fait défaut dans les sociétés démocratiques d’aujourd’hui, ce n’est donc pas le consensus sur les règles du jeu, mais le sens de l’objectif à atteindre en jouant le jeu. Dans le passé, les gens ont trouvé leur but dans la religion, dans le nationalisme et dans l’idéologie. Mais ni l’Église, ni l’État, ni une classe n’ont maintenant la loyauté des gens. Mais maintenant, ces trois dieux ont échoué. Nous avons été témoins de la dissipation de la religion, du flétrissement du nationalisme, du déclin, sinon de la fin, de l’idéologie de classe.
Dans un système politique non démocratique, les hauts dirigeants peuvent choisir un objectif unique ou un ensemble d’objectifs étroitement liés et, dans une certaine mesure, inciter ou contraindre les forces politiques et sociales à modifier leur comportement en fonction des priorités dictées par ces objectifs. Dans une démocratie, cependant, seule la confiance peut imposer un but par le haut ; elle ne naît pas non plus du verbiage des programmes des partis, des messages sur l’état de l’union ou des discours depuis un trône. Elle doit, au contraire, être le produit de la perception collective par les groupes importants de la société d’un défi majeur pour leur bien-être et de la perception par eux que ce défi les menace tous sur un pied d’égalité. Or, ces objectifs ont perdu de leur importance et ont même été remis en question ; les impératifs de la sécurité nationale ne sont plus évidents, l’opportunité de la croissance économique n’est plus incontestée.
La question se pose : qu’est-ce qui peut servir de religion dominante (ou d’ensemble de religions) qui soutiendra et stabilisera la prédation économique globale accrue des États-Unis dans le contexte unipolaire après la chute de l’Union soviétique, dans un monde globalisé fondé sur les “droits humains universels” depuis la fin de la Deuxième Guerre globale, où l’immigration multiculturelle est une réalité en matière de d’arrivage de main-d’œuvre ?
Les dispositifs et les illusions des “droits de l’homme” et de la “démocratie” ont bien fonctionné pendant des décennies, mais il est difficile de maintenir ces constructions dans un monde où la globalisation est plus agressive, plus étendue et visiblement appliquée avec plus de violence. De plus, la guerre froide n’est plus vraiment une menace unificatrice pour les populations occidentales.
Après avoir subi les attentats du 11 septembre 2001, déclenché la guerre contre l’Afghanistan et ouvert Guantanamo Bay le 6 mai 2002, les États-Unis ont retiré leur signature du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, signé en 1998, qui établissait quatre crimes internationaux fondamentaux : génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime d’agression.
L’empire cherche à détourner notre attention des crimes réels avec de vraies victimes – qu’il s’agisse de l’utilisation de munitions à l’uranium appauvri, de sanctions économiques, de dévastation par la dette ou de fuite des capitaux – et nous demande plutôt de regarder vers le ciel pour une menace (CO2) qui pourrait mettre fin à l’espèce humaine, rien de moins, si nous ne sommes pas suffisamment bons, actifs et coopératifs.
C’est, à notre avis, le processus qui a donné naissance à la “religion” du réchauffement climatique. Comme toute religion propre à un empire, elle doit être imposable, exploitable par un large éventail d’acteurs du pouvoir, et utile pour motiver des campagnes de restructuration massive. Le danger présumé doit être gigantesque, impliquant l’humanité et la planète elle-même, pour focaliser l’attention, et pour que l’investissement personnel dans la religion soit gratifiant.
Le chapitre suivant présente des données montrant que l’éthos actuel du réchauffement climatique a été créé artificiellement après la chute de l’Union soviétique en 1991, puis exploité par les financiers supranationaux au milieu des années 2000 pour créer un marché du carbone et une économie du carbone.
S’il y a le moindre doute quant à la possibilité que le paradigme du réchauffement de la planète soit en fait une “religion” d’État, justifiant même la guerre, les paroles de Noam Chomsky, prononcées de 1994 à 1996 et en 1999, méritent d’être soulignées :77
Par exemple, supposons que l’on découvre demain que l’effet de serre a été largement sous-estimé et que les effets catastrophiques vont se produire dans 10 ans, et non dans 100 ans. Eh bien, étant donné l’état des mouvements populaires que nous avons aujourd’hui, nous aurions probablement une prise de pouvoir fasciste, avec l’accord de tous, parce que ce serait la seule méthode de survie à laquelle on pourrait penser. Je serais même d’accord, parce qu’il n’y aurait pas d’autre alternative.
Après le chapitre sur le réchauffement de la planète, d’autres chapitres présenteront des données similaires sur l’égalité entre les sexes et la lutte contre le racisme, en tant qu’idéologies d’État. Si le lecteur trouve difficile de considérer que l’idéologie liée au genre et à l’antiracisme peut être une religion d’État de substitution, nous l’invitons à noter comment la Russie a, ces dernières années, expressément motivé l’élaboration de politiques, la ratification de lois nationales et le lobbying auprès des Nations Unies, pour consacrer les “valeurs familiales” et la préservation du rôle du genre, comme questions de souveraineté, de sécurité nationale, de stabilité sociale. Il est intéressant de noter que, parmi d’autres, des universitaires occidentaux spécialisés dans les études sur le genre soulignent cela à propos de la Russie.78
Émergence, capture, promotion et institutionnalisation du réchauffement climatique
Nous ne sommes pas les premiers à proposer l’idée que le réchauffement climatique soit une religion. Il semble que le premier ait été Alexander Cockburn, en 200779, bien qu’il ait été précédé par Michael Crichton sur l’environnementalisme, en 2003.80 Une recherche Google sur “la religion du réchauffement climatique” donne actuellement plus de dix mille résultats pertinents. Un exemple récent est celui-ci.81
Dans un article d’encyclopédie en 2017, Mike Hulme écrit :82
La résonance politique croissante du changement climatique s’explique en partie par la dissolution de l’Union soviétique entre 1989 et 1991. Les craintes de destruction de la guerre froide ont été dissipées par celles associées aux changements climatiques, ce qui a incité le théoricien de la culture Andrew Ross à l’époque à observer que “les craintes apocalyptiques de sécheresses généralisées et de fonte des glaces ont remplacé la menace nucléaire comme principale catastrophe météorologique redoutée”. (Ross 1991, 8)
C’est exact, comme on peut le constater dans le cadre des Nations Unies et comme l’illustrent les graphiques ci-dessous.
La structure juridique internationale de surveillance et de contrôle des émissions de CO2 a été créée immédiatement après la chute de l’Union soviétique en 1991 :83
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est un traité international sur l’environnement adopté le 9 mai 1992 et ouvert à la signature au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992. Elle est ensuite entrée en vigueur le 21 mars 1994, après sa ratification par un nombre suffisant de pays. L’objectif de la CCNUCC est de “stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute interférence anthropique dangereuse avec le système climatique”.
Le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro faisait partie intégrante de la réponse des Nations Unies (ONU) (États-Unis) à l’Union soviétique. Le texte officiel “Introduction” de l’ONU, présentant une série de conférences globales postérieures à 1991, y compris le Sommet de la Terre, indique :84
Tous ont été convoqués avec le ferme soutien de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui est actuellement la voix de 185 États membres, et avec la reconnaissance que la fin de la guerre froide offrait l’occasion – en fait, la nécessité – de revitaliser la coopération internationale en matière de développement. Tous s’attaquent à des problèmes d’une ampleur globale dont les États Membres ont reconnu qu’ils avaient dépassé leurs capacités individuelles de résolution et qui nécessitaient un effort international concerté. Tous reflètent le travail des États Membres et d’un nombre croissant d’autres acteurs du développement international, en particulier les organisations non gouvernementales (ONG). Tous ont activement recherché l’attention des médias, captant l’imagination de millions de personnes à travers le monde et améliorant considérablement la prise de conscience et la compréhension des problèmes dans le grand public. (non souligné dans l’original)
Parallèlement, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), préexistant (1988), a été chargé d’évaluer les données scientifiques relatives aux changements climatiques à l’usage spécifique de la CCNUCC.
Le soutien institutionnel formalisé au plus haut niveau, l’implication des secteurs de la société civile (ONG) et la couverture médiatique ont instantanément donné une forte impulsion au discours sur le réchauffement climatique, tant au niveau de l’activité scientifique que dans le domaine culturel et médiatique (voir graphiques ci-dessous).
Cette impulsion était artificielle, dans la mesure où la planète n’a pas soudainement connu un assaut de catastrophes climatiques et météorologiques soutenues en décembre 1991. Il n’y a pas eu de changement global du régime atmosphérique ou climatique en 1991. Il n’y a pas eu d’augmentation soudaine de la concentration atmosphérique de CO2 en 1991.
Sur ce dernier point, des mesures instrumentales de haute qualité du CO2 sont disponibles depuis les années 1950 :
De même, les climatologues n’ont pas, en 1991, commencé soudainement à utiliser des modèles climatiques pour simuler les effets de l’augmentation du CO2, ni à élaborer des modèles de circulation globale plus sophistiqués. Au contraire, la physique atmosphérique radiative et de transfert de chaleur et les modèles de circulation globale de la planète étaient aussi avancés qu’aujourd’hui, dès les années 1960, et étaient utilisés pour faire essentiellement les mêmes prévisions des effets du CO2 qu’aujourd’hui. 85
En 1967, d’éminents climatologues théoriques, Manabe et Wetherald ont calculé une augmentation de 2 ° Celsius de la température moyenne près de la surface du globe à partir d’un doublement de la concentration atmosphérique de CO286. Les médias sont restés silencieux.
De tels calculs de la sensibilité de la température de surface au CO2 et à d’autres facteurs sont rapidement devenus un domaine scientifique mature, qui a été examiné par Ramanathan et Coakley en 1978. À l’époque, comme aujourd’hui : “La principale faiblesse des modèles actuels est leur incapacité à simuler le mécanisme de rétroaction entre la température de surface et la couverture nuageuse.” Les questions et l’état des connaissances étaient essentiellement les mêmes qu’aujourd’hui : “L’examen résume également les résultats du modèle de convexité radiative pour la sensibilité de la température de surface aux perturbations dans (1) les concentrations des traces de constituants optiquement actifs majeurs et mineurs, (2) les aérosols et (3) la quantité de nuages”87.
Le couplage des systèmes océanique et atmosphérique a été inclus dans les modèles de circulation globale en 196988. En 1980, des simulations détaillées du réchauffement de la surface terrestre à résolution spatiale ont été produites. Par exemple, Manabe et Stouffer ont signalé un réchauffement hivernal de l’ordre de 6 à 18 °C pour l’océan Arctique et ses environs, avec en passant un quadruplement de la concentration de CO2 (leur figure 16)89. Personne ne s’enthousiasme pour une fin du monde, même pas quand les nouveaux venus James Hansen et ses collègues du NASA Institute for Space Studies concluent en termes plus alarmistes dans leur article publié dans la revue Science90 en 1981 :
Le réchauffement de la planète prévu pour le siècle prochain est d’une ampleur presque sans précédent. Sur la base des calculs de notre modèle, nous l’estimons à environ 2,5°C pour un scénario à faible croissance énergétique et un mélange de combustibles non fossiles et fossiles. Cela dépasserait la température pendant la période altithermique (il y a 6 000 ans) et la période interglaciaire précédente (Eemienne), il y a 125 000 ans (53), et approcherait la chaleur du Mésozoïque, l’âge des dinosaures.
De même, les scientifiques du climat et de l’environnement ne se sont pas précipités pour faire des recherches sur la possible fin du monde induite par le CO2. Ce foisonnement pour concentrer la recherche scientifique vers ce domaine ne s’est produit qu’après la nouveau trouvaille de la CCNUCC afin de “stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute interférence anthropique dangereuse avec le système climatique”, et après le battage médiatique entourant le Sommet de la Terre, qui a vu le jour après la période soviétique. L’apparition de ce foisonnement est visible dans nos résultats de recherche sur Google Scholar :
Ce graphique montre le nombre d’articles scientifiques avec l’expression exacte “changement climatique” (orange), “réchauffement climatique” (rouge) ou “âge glaciaire” (bleu), chacun divisé par le nombre d’articles avec “climat”, exprimé en pourcentages, en bandes décennales, de 1960 à nos jours. 100 % correspond à environ un million d’articles par décennie.
En 2000-2010, 68 % des articles scientifiques avec “climat” contenait les termes “réchauffement climatique”, ce qui est un nombre étonnamment élevé qui n’aurait jamais été atteint par une organisation spontanée de la vérité par la recherche scientifique sans influence politique, à notre avis.
Un tel degré de polarisation de la recherche scientifique, selon nous, a été produit par deux mécanismes : l’alignement des objectifs des organismes publics de financement scientifique sur ceux de la CCNUCC, et l’attrait du sujet par les médias et la société civile. Un grand nombre de scientifiques, à leur tour, et leurs associations professionnelles, ont également contribué à l’élaboration des politiques publiques et aux commentaires des médias, ce qui constitue une boucle de rétroaction positive pour l’acceptation culturelle du sujet.
Une autre étude de cas sur l’amplification de la rétroaction science-société peut être réalisée sur la saga scientifique de l’« hiver nucléaire » des années 1980. Dans la saga de l’hiver nucléaire, la culture populaire a suscité un intérêt apocalyptique et effrayant à l’époque de la guerre froide, en utilisant les mêmes modèles de circulation globale développés depuis les années 1960 pour simuler les conséquences climatiques d’une grande guerre nucléaire. En 1983, Turco et al. ont publié la prédiction de leur “hiver nucléaire” dans l’influente revue scientifique Science, ce qui a conduit à une vague décennale de travaux scientifiques91.
A l’époque, la prévision du refroidissement global après une guerre nucléaire semblait plus digne d’une attention accrue que la prévision d’un refroidissement permanent lent dû à l’activité industrielle. La différence avec l’épisode continu du “réchauffement climatique” est que “l’hiver nucléaire” n’avait pas le soutien de l’ONU ou des intérêts financiers et globaux des États-Unis. Néanmoins, cette rétroaction a été qualitativement la même, et a produit un début instantané d’activité scientifique significative, qui s’est atténuée au début de la frénésie du “réchauffement planétaire” et n’a jamais atteint des proportions stratosphériques (jeu de mots non intentionnel) :
Ce graphique montre le nombre d’articles scientifiques portant l’expression exacte “hiver nucléaire” (bleu) ou “refroidissement global” (rouge), chacun divisé par le nombre d’articles avec “climat”, exprimé en pourcentages, en bandes décennales, de 1960 à nos jours. Le thème “refroidissement global” est présenté à titre de comparaison. 1 % correspond à environ dix mille articles par décennie.
Le sociologue Brian Martin a analysé le degré de politisation de la science des prévisions hivernales nucléaires92. En 1990, Turco et al. ont passé en revue le domaine des prévisions d’hiver nucléaire et ont quelque peu atténué leur prévision initiale93, mais il restait un “consensus scientifique” selon lequel une grande guerre nucléaire entraînerait un refroidissement de 10 °C94.
Le début rapide de la recherche scientifique sur le “réchauffement planétaire”, à partir de la chute de l’Union soviétique en 1991 (au-dessus du tableau des données de Google-Scholar), est également considéré, à peu près la même année, comme un phénomène sociétal plus large dans les données de tous les livres publiés, de fiction ou non ; comme on le voit dans notre recherche par phrase d’occurrences dans Google Books “1960 à 2008, en anglais américain”, en utilisant Ngram Viewer :
Ce graphique montre le pourcentage de livres (par an) dans lesquels les expressions “réchauffement climatique”, “changement climatique”, “cap and trade / plafonnement et échange”, “Convention-cadre sur les changements climatiques”, “GIEC”, ou “taxe carbone” apparaissent. Certains des pourcentages sont multipliés, comme indiqué, pour faciliter la visualisation. Une fourchette de lissage d’un an a été appliquée.
Ensuite, nous ajoutons les expressions “hiver nucléaire”, “guerre froide”, “refroidissement global” et “ère glaciaire” pour comparaison (et supprimons certaines expressions pour plus de clarté) :
On voit que les termes “ère glaciaire” et “hiver nucléaire” étaient plus préoccupants ou intéressants que “réchauffement planétaire” et “changement climatique” jusqu’à la fin des années 80. Au milieu des années 2000, le “réchauffement climatique” est devenu plus préoccupant ou intéressant que la “guerre froide”.
En 2008, le “réchauffement climatique” était dix fois plus préoccupant ou intéressant que l’“hiver nucléaire” à son apogée pendant la guerre froide. C’est phénoménal si l’on considère l’imagerie associée à une guerre nucléaire globale, la mémoire de Nagasaki et d’Hiroshima, la force des mouvements de la société civile pour réduire le risque de guerre nucléaire, et l’histoire de l’attention des médias pour les négociations et les protocoles de réduction des armements.
La préoccupation ou l’intérêt de la société pour le “réchauffement climatique” peut également être mesuré par les données de fréquence des phrases dans les scénarios (ou dans les sous-titres générées) de tous les films et émissions de télévision. Pour cela, nous appliquons Bookworm, développé à l’Observatoire culturel par Benjamin Schmidt et ses collaborateurs. Voici le résultat pour les expressions “réchauffement climatique” et “changement climatique”, de 1960 à 2015 :
L’algorithme a été passé sur tous les 84 000 textes de films et d’émissions de télévision. Nous avons appliqué un lissage d’un an. A son apogée, l’expression “réchauffement climatique” était présente dans 2% des scénarios de tous les films et émissions de télévision (sur une base annuelle). A titre de comparaison, l’expressions “sans-abri” a atteint une valeur maximale de 5% après 2007. L’expression “guerre froide” a atteint une valeur maximale de 1,25 % dans la même période de 1960 à 2015 (aux environs de 2001). L’“hiver nucléaire” ne dépassa jamais 0,2 % (aux alentours de 1980).
En résumé, toutes les données examinées montrent que le “réchauffement climatique” est soudainement devenu “quelque chose”, tant dans la culture générale que dans la communauté scientifique, lorsque la CCNUCC et le Sommet de la Terre l’ont déclaré. La CCNUCC et le Sommet de la Terre ont été organisés immédiatement après la chute de l’Union soviétique.
Cette soudaine “prise de conscience” d’une fin imminente de l’espèce humaine due à l’augmentation du CO2 atmosphérique s’est produite à cette époque tardive, même si pratiquement toutes les sciences pertinentes et leurs prédictions (avec les mêmes limites qu’aujourd’hui) avaient déjà été réalisées et communiquées à la fin des années 1960 par certains des mêmes climatologues en pointe dans les mêmes laboratoires de climatologie théorique, tels que Syukuro Manabe et Richard Wetherald. D’autres prévisions de catastrophes dignes d’intérêt médiatique issues de la climatologie théorique, telles que “l’hiver nucléaire” et l’émergence de la prochaine ère glaciaire, n’ont jamais atteint les sommets du mème du “réchauffement planétaire” parce qu’elles n’étaient pas soutenues par les intérêts de l’ONU et des États-Unis dans la globalisation ; même si le risque de conflit nucléaire était objectivement plus élevé en période d’instabilité globale comme pendant celle de la chute de l’URSS dans les années 1990.
La ruée vers le commerce du carbone du milieu des années 2000
En plus de montrer un début de préoccupation pour le “réchauffement climatique” au début des années 1990, les données des publications universitaires (Google Scholar), tous les livres publiés (Ngram), et les films et la télévision (Bookworm) montrent également une nouvelle augmentation importante des préoccupations ou intérêts pour le “réchauffement climatique” au milieu des années 2000 (voir graphiques ci-dessus).
Ces augmentations du milieu des années 2000 sont synchrones avec l’acceptation quasi monochromatique par les médias grand public du réchauffement climatique comme un enjeu réel et vital pour l’humanité. L’étude des principaux quotidiens à travers le monde montre une augmentation importante et discontinue de la couverture médiatique du réchauffement de la planète ou du changement climatique entre les années 2005 et 2006. L’augmentation brutale par étapes est généralement quatre fois plus importante que le pourcentage de couverture du changement climatique par un journal (de 0,29 % en 2001-2005 à 1,26 % en 2006-2009, en moyenne, sur une base annuelle), et se produit simultanément dans les 27 pays étudiés, sur tous les continents : voir Figure 1 et Tableau 3 de l’article de Schmidt et al95.
Voici le graphique pour les données australiennes, tirées de l’étude de Schmidt et al :
Que ces ruptures dans la couverture médiatique soient si importantes, si soudaines et simultanées dans tous les pays n’est pas un phénomène facile à expliquer, du moins pas en termes de modèles habituels de médias indépendants qui prennent des décisions dignes d’intérêt sur la base de l’intérêt a priori authentique des lecteurs.
Il n’y a pas eu de calamités climatiques globales en 2005-2006. Un autre rapport du GIEC n’aurait pas pu créer seul cet intérêt. Cela n’a jamais été le cas pour de tels rapports. L’ancien vice-président (démocrate) étasunien Al Gore a sorti son documentaire « Une vérité qui dérange » en 2006, mais nous voyons cela comme faisant partie de l’explosion médiatique, et non comme un facteur causal.
Dans la recherche d’une cause réelle de la transition de la couverture médiatique, il faut tenir compte des informations sur les liens avec les marchés financiers globaux, comme le fait que « Generation Investment Management LLP (Generation IM) est une société de gestion de placements durables, fondée en 2004. Elle a été co-fondé par l’ancien vice-président étasunien Al Gore et David Blood, directeur de Goldman Sachs Asset Management ».96
En ce qui concerne la finance, la fréquence de l’expression « cap and trade » augmente fortement après 2005 dans les résultats Ngram de l’extraction de mots dans Google Books, comme le montre l’un des graphiques ci-dessus. Une augmentation soudaine en 2005-2006 de la fréquence de l’expression « cap and trade » est également observée dans notre recherche dans la base de données Google Scholar d’articles universitaires, tant dans les textes des articles que dans les titres des articles :
Ce graphique montre le nombre d’articles scientifiques portant l’expression exacte « cap and trade », dans les textes d’articles (en bleu) ou dans les titres d’articles (en rouge), chacun divisé par le nombre d’articles portant la mention “climat”, exprimé en pourcentages, en demi-décade allant de 1980 à nos jours. Les données “titres” sont multipliées par 30 pour faciliter la visualisation. Les données pour 2015-2019 ont été obtenues en extrapolant les données pour 2015-2018, c’est-à-dire en multipliant le nombre pour 2015-2018 par 1,25. 1 % correspond à environ cinq mille articles par demi-décennie.
“Cap and trade“ devient un sujet important dans tous les livres et articles universitaires en même temps (2005-2006) qu’il y a une augmentation spectaculaire et sans précédent de la couverture médiatique autour du “changement climatique” ou du “réchauffement global”.
David F. Noble, historien des sciences et de la technologie de renom, était très conscient de l’explosion médiatique du milieu des années 2000 au Canada et aux États-Unis. Dans un important article publié sur un blog en 2007, Noble a écrit :97
Ce potentiel de profit tiré du changement climatique a attiré l’attention des banquiers d’affaires, dont certains étaient des participants clés du PCA en raison de leurs liens avec les conseils d’administration du Pew Center et de l’Environmental Defense. Goldman Sachs est devenu le leader du peloton ; avec sa propriété de centrales électriques par l’intermédiaire de Cogentrix et de clients comme BP et Shell, l’entreprise de Wall Street était très attentive aux opportunités. En 2004, l’entreprise a commencé à explorer les possibilités d’ « Animateur de marché » et l’année suivante, elle a créé son Center for Environmental Markets, en annonçant que “Goldman Sachs cherchera activement des occasions d’animer le marché et de créer des oportunités d’investissements sur les marchés environnementaux” ; elle a indiqué que le Centre entreprendrait des recherches pour élaborer des politiques publiques visant l’établissement de marchés sur les changements climatiques, notamment la conception et la promotion de solutions réglementaires visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La société a également indiqué que Goldman Sachs “prendrait l’initiative d’identifier les opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables” ; cette année-là, la banque d’investissement a acquis Horizon Wind Energy, investi dans le photovoltaïque avec Sun Edison, obtenu un financement pour Northeast Biofuels, et acheté une participation dans logen Corporation, qui a été l’un des premiers à transformer en éthanol la paille, le maïs et le millet. L’entreprise s’est également consacrée à “agir en tant qu’animateur de marché pour l’échange de droits d’émission” de CO2 (et de SO2) ainsi que dans des domaines tels que les “dérivés météorologiques”, les “crédits autour des énergie renouvelable” et autres “produits liés au climat”. « Nous croyons », a proclamé Goldman Sachs, « que la gestion des risques et des possibilités découlant des changements climatiques et de leur réglementation sera particulièrement importante et attirera de plus en plus l’attention des participants aux marchés financiers ».
Parmi ces participants aux marchés des capitaux, il y avait l’ancien vice-président étasunien Al Gore. […]
Au début de l’année 2007, la campagne des multinationales avait considérablement intensifié son activité, avec la création de plusieurs nouvelles organisations. Le Natural Resources Defense Council, le World Resources Institute et la banque d’investissement de Lehman Brothers, dont le directeur général Theodore Roosevelt IV a présidé le conseil d’administration du Pew Center et allait bientôt présider le nouveau Global Center on Climate Change de Lehman, ont également rejoint USCAP. Comme Newsweek l’a maintenant noté (12 mars 2007). “Wall Street vit un changement climatique”, avec la reconnaissance du fait que “la façon d’obtenir du pognon ‘vert’, c’est d’aller vers lui.”
Par conséquent, nous interprétons la transition du milieu des années 2000 dans le domaine du “changement climatique” – considéré comme ayant eu lieu dans un éventail de médias universitaires et populaires et dans les initiatives législatives nationales (voir 95) – comme ayant été causée par des financiers globaux, basés aux États-Unis et liés au Parti Démocrate. Nous postulons que ces leaders de la finance d’élite ont une influence considérable, directement et indirectement, sur les politiques éditoriales des principaux médias d’information, en particulier les principaux médias d’avant-garde aux États-Unis et dans les économies alliées ou influencées des États-Unis. Les scientifiques ont suivi la tendance du financement et de la popularité.
En conclusion, si la globalisation qui a suivi la chute du monde de Bretton Woods et la globalisation accélérée qui a suivi la chute de l’Union soviétique étaient motivées par l’ambition hégémonique des États-Unis, cette ambition semble s’être récemment alignée sur l’opportunisme des banques d’investissement étasuniennes au-delà de la Federal Reserve, du moins sous les Démocrates, avec des conséquences catastrophiques pour les communautés locales du monde en développement98. De plus, une nouvelle “matière première” globale (le carbone) échangée en dollars étasuniens, sous le contrôle des institutions financières globales, est une matière première de plus (avec le pétrole, l’opium, le matériel militaire et la dette) pour garantir le dollar étasunien comme monnaie de réserve globale.
L’émergence de l’égalité des sexes et de l’antiracisme en tant que doctrines d’État dans l’ère post-Soviétique
Le réchauffement global de la planète est une religion d’État puissante qui a isolé les préoccupations et les investissements émotionnels individuels de la violence de la globalisation et de l’exploitation des classes, y compris la destruction réelle de l’environnement dans l’environnement immédiat de nombreuses communautés, pour en faire un danger diffus dont chacun, et donc personne, est responsable. Elle sert à apaiser les consciences des collaborateurs de la classe des professionnels et des individus de la classe moyenne qui sont vulnérables à la culpabilité par privilège.
Le premier signe d’une révolution religieuse contre le réchauffement climatique en tant qu’idéologie d’État dominante est le mouvement des Gilets jaunes qui s’est déclenché en France en 2018 et qui est fondamentalement une révolte de classe (déplorables/sans dents contre bobos/élites) qui se reflète aussi dans le vote du Brexit et le phénomène électoral Trump99. Même l’ancien premier ministre canadien Stephen Harper, qui a supervisé la montée du conflit de classe au Canada, a remarqué et offre maintenant une non-solution de conservatisme mieux géré, sans s’attaquer à l’inégalité du pouvoir de classe, à la globalisation ou au problème américain.
Deux autres religions d’État dignes d’être étudiées, nées après la chute de l’Union soviétique, ont atteint des extrêmes extraordinaires, et subissent les contrecoups des déplorables. Ces deux autres religions d’État sont l’égalité entre les sexes et l’antiracisme, en tant que doctrines cloisonnées, sans limites et, de facto, aveugles aux classes.
La montée de l’égalité entre les sexes et de l’antiracisme après la chute de l’Union soviétique en tant que doctrines d’État a suivi une voie similaire à celle de la montée du réchauffement climatique : La création de conférences globales des Nations Unies, l’adhésion du secteur universitaire, les changements législatifs et institutionnels nationaux, la promotion des grands médias et l’assimilation culturelle guidée par des leaders d’opinion.
Conférence globale sur les droits de l’homme, 1993
Dans le cas de l’égalité des sexes et de la lutte contre le racisme, dans le cadre de la conférence globale des Nations Unies, cela a pris la forme de la Conférence globale sur les droits de l’homme, tenue à Vienne du 14 au 25 juin 1993. Elle s’inscrivait dans la foulée des conférences globales parrainées par l’ONU qui ont été organisées immédiatement après la chute de l’Union soviétique, “reconnaissant que la fin de la guerre froide offrait l’occasion, voire la nécessité, de revitaliser la coopération internationale en matière de développement. (…) Tous ont activement recherché l’attention des médias, captant l’imagination de millions de personnes à travers le monde (…)”.84
La conférence de 1993 était la deuxième conférence globale des Nations Unies sur les droits de l’homme. La première avait eu lieu en 1968. Le principal résultat de la conférence a été la “Déclaration et le Programme d’action de Vienne” (DPAV), qui a été adopté par consensus par les 171 États présents, dont les États-Unis. “En date d’aujourd’hui, tous les pays, à l’exception de la Somalie et des États-Unis d’Amérique, ont ratifié la Convention”100. Pas plus tard qu’en juin 2017, un débat général global et un rapport d’étape sur la DPAV étaient organisés par l’ONU101.
La DPAV est un document surprenant. D’une part, elle réaffirme à juste titre l’importance des droits de l’homme universels et donne des garanties explicites quant aux droits fondamentaux effectifs des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des personnes déplacées, des travailleurs migrants, des minorités, des personnes extrêmement pauvres et des victimes de crimes de masse et de crimes de guerre, alors que d’autre part, elle s’écarte sensiblement du code antérieur en matière de droits humains universels102.
Ces écarts à l’ancien code des droits de l’homme favorisent la globalisation et la mise en œuvre de cadres conduisant à des doctrines étatiques douteuses. Nous soulignons cinq de ces écarts qui sont bien en vue dans la DPAV.
Premièrement, l’article 31 du chapitre I de la DPAV : 102
31. La Conférence globale sur les droits de l’homme demande aux États de s’abstenir de toute mesure unilatérale non conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies qui crée des obstacles aux relations commerciales entre États et entrave la pleine réalisation des droits de l’homme énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, en particulier le droit de chacun à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être, notamment en matière alimentaire, médicale, sociale et de logement. La Conférence globale sur les droits de l’homme affirme que la nourriture ne doit pas être utilisée comme un outil de pression politique.
Cela peut être interprété comme condamnant l’utilisation de soi-disant “sanctions” unilatérales ou de blocus commerciaux comme armes politiques ou militaires, mais il n’utilise pas les mots “sanction” ou “blocus”, et il n’est pas clair que le but de la section est d’empêcher les blocus commerciaux par ces États suffisamment puissants pour appliquer ces blocus. D’autre part, l’article 31 a une tournure nettement favorable au “libre-échange”, où “toute mesure unilatérale qui crée des obstacles aux relations commerciales entre États”, comme les mesures nationales de protection mises en œuvre par les États démocratiques, est présumée “[entraver] la pleine réalisation des droits de la personne, en particulier le droit de chacun à un niveau de vie adéquat pour sa santé et son bien-être…”
C’est apparemment la première fois qu’une déclaration et un programme d’action de l’ONU largement acceptés associent l’atteinte d’un “niveau de vie” de base à l’absence de “tout obstacle aux relations commerciales”, sans proposer aucune mesure pour produire ou permettre un développement là où le développement est nécessaire. De cette façon, la DPAV ancre la globalisation du commerce dans la réalisation de la réduction de la pauvreté dans le monde, à un niveau conceptuel fondamental. S’opposer au “libre-échange”, c’est s’opposer aux droits de l’homme. L’influence des États-Unis dans le texte final est palpable.
Deuxièmement, l’article 38 du chapitre I de la DPAV : 102
38. La Conférence globale sur les droits de l’homme reconnaît le rôle important des organisations non gouvernementales dans la promotion de tous les droits de l’homme et dans les activités humanitaires aux niveaux national, régional et international. Les organisations non gouvernementales devraient être libres de mener leurs activités dans le domaine des droits de l’homme, sans ingérence, dans le cadre du droit national et de la Déclaration universelle des droits de l’homme[…].
C’était la première fois que des organisations non gouvernementales (ONG) se voyaient attribuer une portée globale et des droits internationaux dans une déclaration des Nations Unies largement acceptée. C’est remarquable parce que les ONG sont des agences non gouvernementales, qu’elles ne sont pas directement responsables devant les structures étatiques démocratiques et qu’elles sont facilement influencées par de grands soi-disant philanthropes liés à des États puissants.
Des exemples de ces philanthropes, connus pour financer massivement les ONG et les groupes de réflexion associés, sont les “empires caritatifs” passés et présents de John D. Rockefeller, George Soros, Bill Gates…, qui visent généralement maintenant à promouvoir les objectifs des Nations Unies en matière de santé, démocratie et développement (bonne gouvernance, accès aux médicaments et accès à la technologie). Par exemple, après la chute de l’Union soviétique, le financement de conseils économiques gratuits à la Russie n’a pas manqué.
De nos jours, peu de gens nieraient que les ONG peuvent être de puissants vecteurs d’ingérence, de déstabilisation, de légitimation indue, de propagande de guerre et de changement de régime, et qu’elles sont souvent entachées d’ambitions géopolitiques. Ce vecteur est soutenu statutairement par la DPAV, qui, en tant qu’initiative de l’ONU, aurait dû préserver la souveraineté de l’État et la responsabilité internationale.
Troisièmement, l’article 20 du chapitre II de la DPAV : 102
20. La Conférence globale sur les droits de l’homme exhorte tous les gouvernements à prendre des mesures immédiates et à élaborer des politiques énergiques pour prévenir et combattre toutes les formes et manifestations de racisme, de xénophobie ou d’intolérance qui y sont associées, si nécessaire en adoptant une législation appropriée, notamment des mesures pénales, et en créant des institutions nationales pour combattre ces phénomènes. (non souligné dans l’original)
C’est une évolution étonnante. Rien de tel n’est présent dans les principales déclarations ou pactes antérieurs de l’ONU. Le texte exhorte les États à adopter des dispositions législatives pénales contre la “phobie”, l’“intolérance” et “toutes les formes” de racisme. Cette incitation est contraire au droit international de longue date qui interdit la criminalisation de la diffamation et qui prévoit des conditions strictes contre les violations par l’État des opinions, croyances et expressions individuelles.103
L’article 20 ne fait pas de distinction entre le racisme d’expression et les actes racistes à l’égard des victimes, ni entre l’intolérance des attitudes et le déni effectif des droits des victimes. Elle encourage les États à criminaliser l’expression offensante elle-même, créant ainsi un climat de suspicion contre la communication même qui est nécessaire pour résoudre les tensions raciales réelles dans les communautés.
Le sous-chapitre II.B.1 de la DPAV est intitulé “Racisme, discrimination raciale, xénophobie et autres formes d’intolérance”, mais le sous-chapitre et la DPAV tout entière sont silencieux sur le fait que les tensions raciales sont stimulées par des pressions économiques et une agression organisée et manipulée par des acteurs puissants. Ainsi, l’article 20, dans le contexte de la DPAV, déplace le problème des causes aux symptômes et cherche à irradier les symptômes sans s’attaquer aux causes, d’une manière qui empêche les gens de résoudre potentiellement les conflits par une expression authentique des sentiments et des émotions.
L’article 20 est le germe de l’application pénale du politiquement correct par l’État. C’est un instrument d’acceptation des lois du “discours de haine”, qui sont des lois pathologiques qui réduisent violemment au silence l’expression individuelle authentique, déversant ainsi de l’huile sur tout feu de tension raciale.
Quatrièmement, l’article 39 du chapitre II de la DPAV : 102
39. La Conférence globale sur les droits de l’homme demande instamment l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qu’elles soient cachées ou manifestes. L’Organisation des Nations Unies devrait encourager tous les États à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes d’ici l’an 2000. …] (non souligné dans l’original)
Ceci se trouve dans le sous-chapitre II.B.3 de la DPAV intitulé “L’égalité de statut et les droits humains des femmes”. Cette DPAV était la première trace écrite où l’ONU consacrait expressément le droit des femmes en tant qu’espèce de droits humains. Il met beaucoup l’accent sur les droits des femmes, tout au long du texte.
Les droits examinés dans la DPAV présentaient un certain déséquilibre entre les sexes dans leur couverture. Par exemple, la DPAV contient cinq fois l’expression “fille”, mais ne mentionne pas le “garçon” comme soldat, esclave ou objet sexuel. Le document rompt avec la pratique consistant à éviter une hiérarchie des droits entre les sexes et invite à des initiatives politiques générales et à l’“éducation” par l’État comme mesure corrective.
Enfin, les articles 81 et 82 du chapitre II de la DPAV : 102
81. La Conférence globale sur les droits de l’homme recommande aux États d’élaborer des programmes et des stratégies spécifiques pour assurer la plus large éducation aux droits de l’homme et la diffusion de l’information, en tenant particulièrement compte des besoins des femmes en matière de droits fondamentaux.
82. Les gouvernements, avec l’aide des organisations intergouvernementales, des institutions nationales et des organisations non gouvernementales, devraient promouvoir une sensibilisation accrue aux droits de l’homme et à la tolérance mutuelle. La proclamation pendant une décennie par les Nations Unies pour l’éducation aux droits de l’homme afin de promouvoir, d’encourager et de cibler ces activités éducatives devrait être envisagée.
Ces articles se trouvent dans le sous-chapitre II.D de la DPAV intitulé “L’éducation aux droits de l’homme”. Ainsi, la conférence demande aux États de mettre en œuvre des programmes spécifiques d’éducation aux droits de l’homme. Selon notre avis, comme les États sont les principaux fournisseurs et catalyseurs des violations des droits de l’homme, cette disposition est fallacieuse et a été adoptée pour des motifs cachés. Les pays occidentaux ont réagi en créant davantage de programmes d’éducation de “justice sociale”.
Les nouveaux plans et intentions lancés à l’échelle globale dans le cadre de la DPAV ont été poursuivis vigoureusement et continuellement, avec peu de résultats sur le terrain, pourrait-on ajouter, et sans méthode pour quantifier les progrès réels. Il suffit d’examiner les atrocités massives les plus récentes commises dans la guerre par procuration de l’Occident pour détruire la Syrie, sous le faux prétexte d’attaquer les mercenaires djihadistes qui étaient financés et soutenus logistiquement et militairement par l’Occident, Israël et leurs alliés régionaux104 105 106. Autre exemple : les attaques génocidaires continues au Yémen, qui ont fait appel à un blocus sans pitié et des bombardements militaires permanents. De même, les droits humains fondamentaux des filles et des femmes sont difficiles à trouver en Arabie saoudite ou dans les réserves autochtones canadiennes où l’eau est toxique, près de 30 ans après la publication de la DPAV.
Néanmoins, la réalité n’a pas découragé les prétendues bonnes intentions. Dans un exemple récent, Femmes ONU a été créée en 2010. Elle est “l’entité des Nations Unies dédiée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes “107. Selon ses propres termes, elle énumère ses “principaux partenaires” :108
Femmes ONU est reconnaissante à tous nos partenaires commerciaux et philanthropiques pour leur soutien à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
Certains de nos partenaires sont Bill & Melinda Gates Foundation, Elizabeth Arden, Ford Foundation, Open Society Foundation, Procter & Gamble, PROYA Cosmetics Co. Ltd, Rockefeller Foundation, The Coca-Cola Company, Unilever et Zonta International Foundation.
L’égalité entre les sexes ne manque pas d’intérêt de la part de l’élite des partisans de la globalisation et du commerce en dollars étasuniens. Que faut-il de plus pour prouver que la vie des femmes s’améliore grâce à la bonne volonté des investisseurs et des commerçants étasuniens ? Il ne manque pas non plus de collaborateurs de service pour habiller l’illusion que des dispositifs comme Femmes ONU font progresser les droits humains dans le monde.
Les mots qui blessent
Le secteur universitaire occidental a adopté les nouvelles orientations de la DPAV. Parallèlement à la Conférence globale sur les droits de l’homme, des universitaires du droit ont écrit et publié en 1993 un ouvrage très (trop) influent intitulé : “Des mots qui blessent : Théorie critique de la race, discours agressif et le premier amendement / Words that Wound: Critical Race Theory, Assaultive Speech, and the First Amendment”109. C’est ainsi qu’est né le vaste nouveau domaine d’étude académique connu sous le nom de « théorie critique de la race », ou du moins son front d’argumentation juridique.
“Les mots qui blessent” a été incisivement critiqué par Henry Louis Gates Jr110, mais cela n’a pas ralenti l’enthousiasme pour ses nouvelles propositions radicales qui ont démoli l’adage “les bâtons et la pierre peuvent casser mes os mais les mots ne me feront jamais de mal”. Les auteurs de “Les mots qui blessent” ont largement gagné, car de plus en plus de lois et de codes de conduite font respecter le politiquement correct, et de nombreuses nations occidentales considèrent le “déni” des versions de l’histoire approuvées par l’État comme des infractions pénales qui sont systématiquement poursuivies.
Il ne s’agit pas seulement de la question du nombre de Juifs qui ont été assassinés pendant l’holocauste nazi. Plusieurs experts influents ont sérieusement appelé à emprisonner les “négationnistes du climat”, en tant que criminels contre l’humanité111 112. Argumenter contre la doctrine étatique revient à commettre le nouveau crime de “discours de haine”. Un “crime haineux” était autrefois un crime motivé par la haine, comme on peut le constater dans les paroles de l’accusé. Maintenant, les mots eux-mêmes sont le crime qui met régulièrement en mouvement l’appareil pénal de l’État. 103 113
Études universitaires sur le genre et théorie critique de la race
Le début des années 1990 a vu l’émergence de la troisième vague féministe, dans lequel le féminisme académique (institutionnalisé) s’est repositionné dans le nouveau contexte de la « théorie critique de la race » du monde post-soviétique. Les départements d’“études sur les femmes” des universités sont devenus en grande partie des départements d’“études sur le genre”114, et tout le monde a pris conscience de l’« intersectionnalité » (“la façon complexe et cumulative dont les effets de formes multiples de discrimination – comme le racisme, le sexisme et le classisme – se combinent, se chevauchent ou se croisent, surtout dans les expériences des individus ou groupes marginalisés”, Merriam-Webster).
De plus en plus de programmes d’études se sont imprégnés de « théorie critique de la race », et il y eu de plus en plus de programmes d’études sur la justice sociale et le genre. Les départements de sciences sociales, d’histoire, de géographie et d’anglais ne pouvaient pas en rester là et passer pour “démodés”. Tout le monde devait vérifier ses privilèges. Le fardeau des étudiants (jugés opprimés) pour combattre leur propre oppression est devenu un fardeau injuste que l’État doit assumer115.
Les statistiques sur l’extraction des expressions dans les livres montrent ces tendances dans la culture académique, tout comme elles illustrent la perception qu’ont les auteurs de la nouvelle globalisation de l’après-Union soviétique. Premièrement, le graphique suivant montre les indicateurs de la globalisation et les préoccupations sociétales connexes.
Ce graphique montre les fréquences d’occurrences d’expressions pour le corpus “1960 à 2008, American English” de Google Books, en utilisant Ngram Viewer. Le graphique montre le pourcentage de livres (par an) dans lesquels les expressions “violence domestique”, “population carcérale”, “viols”, “libre-échange”, “sans-abri”, “nouvel ordre mondial” et “ALENA” apparaissent. Certains des pourcentages sont multipliés, comme indiqué, pour faciliter la visualisation. Une fourchette de lissage d’un an a été appliquée.
Nous voyons ici que les termes “nouvel ordre mondial” et “ALENA” ont connu de profonds changements chronologiquement liés à la chute de l’Union soviétique en 1991. L’expression “libre-échange” a une forte augmentation de pente en 1990, et sa fréquence maximale d’utilisation se produit juste après la chute de l’Union soviétique, mais c’est par ailleurs un terme généralement répandu pendant toute la période 1960 à 2008. L’expression “sans-abri” commence son ascension à partir d’une valeur de fond stable dans les années 1980, lorsque le phénomène réel de l’itinérance urbaine s’est répandu dans le monde occidental (voir ci-dessus)13. L’expression “violence familiale” commence à avoir une fréquence significative au début des années 1980, passe par une forte pente positive entre 1986 et 1992, avant de subir une forte augmentation vers une valeur élevée, qui est en phase avec la hausse du terme “ALENA”.
Les termes “population carcérale” et “viol” apparaissent comme signatures d’une globalisation agressive. Ils ont tous deux connu une augmentation progressive après l’annulation unilatérale du système de Bretton Woods par les États-Unis en 1971, et ils ont tous les deux connu une augmentation progressive supplémentaire à la suite de la chute de l’Union soviétique en 1991. Il en va de même pour l’expression “agression sexuelle” (non illustrée). Cela suggère l’idée que les préoccupations ou l’attention de la société à l’égard des crimes sexuels et de la criminalité augmentent avec les effets négatifs croissants de la globalisation prédatrice de l’investissement (voir la partie I, ci-dessus, pour ces effets négatifs).
De même, la fréquence des phrases de certains des grands sujets pertinents pour la DPAV peut être examinée pour voir s’il y a des changements dans le temps. Ces fréquences d’expression montrent des variations graduelles et étendues tandis que d’autres sujets montrent des transitions chronologiquement fortes associées à la DPAV et à la chute de l’Union soviétique, comme suit.
Par exemple, ce graphique montre le pourcentage de livres (par année) dans lesquels les expressions “racisme”, “féminisme” et “études sur les femmes” apparaissent :
Deux des pourcentages sont multipliés, comme indiqué, pour faciliter la visualisation. Une fourchette de lissage de trois ans a été appliquée.
Ici, le “féminisme” et les “études sur les femmes” augmentent après 1970, puis de nouveau dans les années 1980, mais aucun changement de comportement ou de signature ne peut être attribué aux changements de 1991 en géopolitique.
Cependant, de nouveaux sujets plus spécifiquement liés à la DPAV ou engendrés à l’échelle globale en partie par la DPAV montrent une augmentation marquée et systématique de la fréquence de leurs expressions après la chute de l’Union soviétique :
Ce graphique montre les fréquences d’occurrences de phrases pour le corpus “1960 à 2008, American English” de Google Books, en utilisant Ngram Viewer. Le graphique montre le pourcentage de livres (par an) dans lesquels les expressions “globalisation”, « théorie critique de la race », “intersectionnalité”, “études de genre”, “politiquement correct” et “discours de haine” sont utilisées. Certains des pourcentages sont multipliés, comme indiqué, pour faciliter la visualisation. Une fourchette de lissage d’un an a été appliquée. La gamme en années va de 1970 à 2008, puisque les fréquences sont pratiquement nulles dans la gamme de 1960 à 1970.
Ici, l’apparition, vers 1990, de toutes ces expressions est frappante et coïncide avec l’apparition de l’expression “globalisation”. Fondamentalement, ces termes ou sujets (théorie critique de la race, intersectionnalité, études de genre, rectitude politique et discours de haine) sont devenus “quelque chose” dans les livres publiés, à partir de la chute de l’Union soviétique en 1991, et la réponse globale de l’Occident dirigé par les États-Unis à ladite chute.
Les débuts de préoccupation sociétale ou d’émergence culturelle de l’après-Union soviétique que l’on trouve dans les livres publiés sont également détectés dans les données sur la fréquence des phrases des scénarios (ou des légendes générées) de tous les films et émissions de télévision. Pour cela, nous appliquons à nouveau Bookworm (voir ci-dessus).
Par exemple, le terme “féminisme” connaît une première hausse après la fin du système de Bretton Woods en 1971 et une deuxième hausse après la chute de l’Union soviétique en 1991, alors que les termes “population carcérale”, “discours de haine” et “politiquement correct” apparaissent immédiatement en 1991 ou après :
Ici, un lissage de 2 ans a été appliqué, pour plus de clarté dans la visualisation. L’axe des ordonnées représente le pourcentage de textes ou de scripts dans l’ensemble des données, sur une base annuelle.
De toute évidence, au cinéma et à la télévision, le “politiquement correct” (comme le “discours de haine”) est devenu “quelque chose” immédiatement après la chute de l’Union soviétique et l’organisation de la DPAV, accompagné d’une nouvelle montée du terme “féminisme”. Il est intéressant de noter que l’expression “santé mentale” a connu une hausse spectaculaire vers 1991, atteignant un plateau de près de 1 % de tous les textes ou scénarios (non montrés).
Des résultats analogues se retrouvent dans la littérature académique, comme suit.
Tout d’abord, nous examinons la fréquence des occurrences des expressions dans la base de données Google Scholar, par décennie, pour les expressions courantes “études sur les femmes” et “taux de criminalité”. Nous indiquons le nombre d’articles comportant la phrase cible n’importe où dans le texte, en pourcentage du nombre d’articles dans la même décennie avec le mot “sexe” dans le titre de l’article.
L’utilisation d’articles avec le mot “sexe” dans le titre est simplement une normalisation pratique, qui suppose que la fraction d’articles avec “sexe” dans le titre est une fraction constante du nombre total d’articles universitaires dans la décennie, pendant toute la période de temps du graphique. Nous avons multiplié les pourcentages de “taux de criminalité” par 1,5, afin de faciliter la visualisation. 50 % sur l’axe des y correspond à environ 20 000 articles par décennie :
Nous notons deux caractéristiques dans l’histoire de ces expressions cibles. Premièrement, l’émergence de l’expression “études sur les femmes” commence dans les années 1970, à la suite de l’annulation par les États-Unis du système de Bretton Woods, lorsque les programmes d’études sur les femmes ont été installés dans les universités, et connaissent leur plus forte augmentation fractionnelle suivante (le double) dans les années 1980.
Deuxièmement, la fréquence de l’expression “taux de criminalité” dans les revues universitaires – comme la fréquence du “féminisme” dans les scripts de films et d’émissions de télévision (ci-dessus), et les fréquences des termes “population carcérale” et “viol” dans les livres publiés (ci-dessus) – est une signature de la globalisation agressive. Le “taux de criminalité” a augmenté par étapes après l’annulation unilatérale du système de Bretton Woods par les États-Unis en 1971, et une augmentation supplémentaire par étapes après la chute de l’Union soviétique en 1991.
Nous interprétons ces “signatures d’une globalisation agressive” comme suit. La globalisation entraîne des niveaux accrus de pression économique intérieure et de tension sociale, ce qui accroît l’attention et l’intérêt des auteurs pour la criminalité, et la criminalité sexuelle en particulier, et l’attention et l’intérêt (au cinéma et à la télévision) pour la réponse “féministe”.
Deuxièmement, nous examinons les fréquences d’occurrences des expressions dans la base de données Google Scholar, par décennie, pour les expressions courantes “racisme” et “féminisme”. La normalisation, les définitions et la méthode utilisées sont les mêmes que ci-dessus. 500 % sur l’axe des ordonnées correspond à environ 200 000 articles universitaires par décennie :
Comme pour la fréquence du terme “féminisme” dans les scénarios de films et de télévision, la fréquence du terme “féminisme” dans les articles universitaires (Google Scholar) apparaît comme la signature d’une globalisation agressive, s’allumant progressivement d’abord à 1971-1980 (annulation de Bretton Woods), puis à 1991-2000 (dissolution de l’Union soviétique). Ces deux étapes correspondent à une multiplication par cinq environ.
Le “racisme” est fréquent dans la base de données Google Scholar, mais plus que dans les livres ou les films et les bases de données télévisées, le “racisme” dans les articles universitaires montre une augmentation soudaine et soutenue dans l’ère post-soviétique et post-DPAV. Nous y voyons la preuve que les universitaires, en tant que classe de service, se sont inspirés des propositions de la DPAV et se sont unis autour de celles-ci. Le racisme réel concernant les violations flagrantes des droits de l’homme n’est pas, en Occident, devenu soudainement un problème plus urgent en 1991-2000.
Par comparaison, les sanctions économiques massives après le 11 septembre 2001 (attentats du World Trade Center après 2001) et les campagnes de bombardement des infrastructures civiles (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Yémen) n’ont pas entraîné une augmentation comparable des préoccupations “racistes” chez les universitaires, pas plus que la création et l’utilisation à grande échelle de bases de drones sous Obama. Les campagnes d’après-guerre du 11 septembre n’ont pas non plus donné lieu à une vague de conférences globales de l’ONU, comme l’a fait la chute de l’Union soviétique en 1991. Pas même une seule conférence globale de l’ONU n’a été convoquée pour traiter des campagnes de guerre de l’époque actuelle. Au lieu de cela, l’ONU travaille d’arrache-pied pour globaliser et “partager le fardeau” de la migration des réfugiés.
Il n’est pas nécessaire d’être cynique pour voir l’ONU comme l’oncle Tom des États-Unis, sur les questions de politique idéologique propagandiste. La réalité est cachée à la vue de tous, dans pratiquement tout ce que fait l’ONU, notamment au Sommet de la Terre, au DPAV et à tous leurs rejetons.
Troisièmement, nous examinons les fréquences d’occurrences d’expressions dans la base de données Google Scholar, par décennie, pour les expressions « théorie critique de la race », “études de genre”, “rectitude politique” et “discours haineux”, que nous associons aux propositions de la DPAV. La normalisation, les définitions et la méthode utilisées sont les mêmes que ci-dessus. Le pourcentage pour les “études de genre” est multiplié par 0,5 pour une meilleure visualisation comparative. 50 % sur l’axe des ordonnées correspond à environ 20 000 articles universitaires par décennie :
De toute évidence, les quatre sujets font partie du corpus des revues académiques en 1991-2000. Trois des thèmes augmentent régulièrement avec un taux de croissance élevé (15 % de la référence “sexe en titre” par décennie), tandis que l’expression “politiquement correct” s’allume brusquement et reste à un niveau élevé (environ 40 % de la référence “sexe dans le titre”).
Les quatre expressions cibles ne sont pas elles-mêmes présentes dans le texte de la DPAV, mais elles sont l’incarnation académique de la nouvelle orientation exprimée dans la DPAV. Nous considérons que ces quatre thèmes sont liés au principe de la liberté d’expression, qui est lui-même un droit de l’homme internationalement reconnu.
Le contexte sociétal des études de genre en développement109 est un contexte dans lequel l’État refuse qu’un individu “se méfie” d’un autre individu, et où il peut devenir une “violence familiale” légale pour un parent de faire “toute tentative de persuader” son propre enfant de ne pas subir de traitement médical pour changer de sexe116.
Par exemple, le Code des droits de la personne de l’Ontario, au Canada, prévoit ce qui suit117.
La loi reconnaît que chacun a le droit de s’identifier en tant que femme et que l'”erreur de genre” est une forme de discrimination. Refuser de désigner une personne “trans” par le nom qu’elle a choisi et un pronom personnel correspondant à son identité sexuelle, ou commettre une erreur délibérée, constituera probablement de la discrimination lorsqu’elle se produit dans un domaine social visé par le Code, notamment l’emploi, le logement et les services comme l’éducation. La loi n’est pas claire sur la question de savoir si quelqu’un peut insister sur un pronom non sexiste en particulier.
Nous considérons la dégradation mesurable du droit à la liberté d’expression, en général, au-delà des limites de ces quatre thèmes, aux États-Unis, comme un indicateur fort de la dégradation de la démocratie et de l’équité sociale aux États-Unis, résultant des effets de la globalisation118.
Les femmes au Congrès et au Parlement
Mais la propagande et le maintien d’un environnement mental et d’une doctrine ne concernent pas seulement les médias et les universitaires. Il est également nécessaire de soutenir institutionnellement l’illusion de la démocratie. Si la nouvelle doctrine de l’égalité peut s’accompagner d’une amélioration de l’apparence de la démocratie, alors les deux fabrications se soutiennent mutuellement.
“L’année de la femme était un label populaire attaché à 1992 après l’élection d’un certain nombre de sénatrices aux États-Unis”119.
Au 103e Congrès des États-Unis, entre le 3 janvier 1993 et le 3 janvier 1995, le nombre maximum de femmes membres du Congrès est passé de 32 à 54, un chiffre sans précédent à l’époque120. L’importance de cette augmentation est évidente :
La soudaineté de l’augmentation de 1993 se manifeste surtout dans la division entre démocrates et républicains à la Chambre des représentants :
Alors que les pourcentages républicain et démocrate se suivaient et étaient tous deux des chiffres conservateurs jusqu’en 1993, les chiffres du parti Démocrate ont brusquement augmenté à partir de 1993, l’année de la promotion de l’égalité des sexes dans tous les domaines comme un idéal global par la DPAV des Nations Unies.
Nous interprétons la différence dans les pourcentages de représentantes à la Chambre des représentants entre les deux partis comme étant due en partie au fait que les Démocrates sont liés aux intérêts financiers globaux, qui utilisent l’ONU pour faire accepter leurs pratiques, alors que les républicains sont liés aux grandes industries basées aux États-Unis (énergie, armée). La production d’énergie domestique est redevenue énorme aux États-Unis121. Cette division a été illustrée de façon spectaculaire, sur la scène intérieure étasunienne, lors de l’élection de Trump en 2016. Pour reprendre les mots de Michael Hudson :122
Un nouveau terme a été introduit dans la langue anglaise : Politiques identitaires. Son objectif est que les électeurs se considèrent comme des minorités séparatistes – femmes, LGBTQ, Noirs et Hispaniques. Les démocrates pensaient pouvoir battre Trump en organisant Women for Wall Street (et une nouvelle guerre froide), LGBTQ pour Wall Street (et une nouvelle guerre froide) et Blacks and Hispanics pour Wall Street (et une nouvelle guerre froide). Chaque cohorte d’identité était dirigée par un milliardaire ou un donateur de fonds spéculatifs.
De nos jours, l’absurdité d’avoir mené la politique identitaire et les manœuvres d’égalité qui divisent (“égalité” pour un sexe ou une race en particulier) touche à sa fin logique : “Le Congrès vient de lyncher une autre femme noire au nom de l’antiracisme”.
Bref, avant la réaction actuelle et récente à Trump et al., la DPAV a organisé et annoncé la naissance d’une politique identitaire, nouvellement adaptée à la globalisation de l’ère post-soviétique de l’Union soviétique. Un phénomène émergent aussi important que la “politique identitaire” doit être soutenu par les universitaires. Voici le graphique de fréquence des expressions de Google Scholar, pour les expressions “politique identitaire” et “Wall Street”, en utilisant la même méthode que celle décrite ci-dessus :
“Wall Street” a suscité un intérêt croissant chez les universitaires dans la nouvelle ère de globalisation post-soviétique de l’Union soviétique, qui a commencé dans les années 1990, comme jamais auparavant. Wall Street (intérêts d’investissement privés étasuniens) a été plus impliquée dans la nouvelle expansion globaliste, comparée à l’ère post-BrettonWood qui était plus purement axée sur la prédation monétaire et l’extorsion classique via la dette nationale. “Wall Street” se confond avec “politique identitaire”. Il s’agit des nouveaux escrocs. La “politique identitaire” est la nouvelle couverture.
L’augmentation du nombre de femmes en tant que figures de proue Démocrates, plutôt que d’hommes uniquement en tant que figures de proue Démocrates, ne s’est pas limitée aux États-Unis. Voici un graphique montrant la forte augmentation du pourcentage de femmes parlementaires au Royaume-Uni, qui s’est produite en 1993.
Il semblerait que les électeurs des États-Unis et du Royaume-Uni, séparés par un océan, aient soudainement et spontanément décidé d’élire des représentantes féminines, en synchronisme, en 1993 ?
Les Afro-Américains au Congrès
Le nombre d’Afro-Américains à la Chambre des représentants des États-Unis semble être une signature ou un indicateur d’une globalisation agressive. Il a une première hausse immédiatement après l’annulation de Bretton Woods (1971) à une valeur plateau d’environ 20, suivie d’une seconde hausse immédiatement après la chute de l’Union soviétique (1991) à une nouvelle valeur plateau d’environ 45123.
Nous interprétons cela comme signifiant qu’à des moments où l’empire étasunien s’est enhardi à donner une nouvelle impulsion à la globalisation prédatrice et s’est convaincu qu’il n’est pas menacé sur la scène géopolitique en le faisant, il a renforcé le nombre de représentants afro-américains pour renforcer l’apparence de la démocratie et de la justice sociale. En outre, la deuxième hausse est alignée sur les propositions de la DPAV.
Ces tendances géopolitiques nous invitent à nous demander si la nouvelle composition la plus récente du Congrès, “reflétant la diversité de l’Amérique”, et incluant des membres musulmans et un membre palestinien124, est liée à la dépossession accrue des Palestiniens au Moyen-Orient, couvrant les guerres vicieuses en cours contre la Syrie et le Yémen, et l’attaque continue contre l’Iran par blocus économique, en menaçant explicitement de guerres majeures, l’Iran et le Venezuela. Il faudra alors aussi augmenter le nombre de membres asiatico-américains au Congrès si les États-Unis augmentent leurs actions militaires contre la Chine.
Exemples récents d’excès des idéologies de l’État
Avec les idéologies d’État, les idéologues fanatiques sont récompensés par des promotions, des éloges et une attention médiatique positive, ce qui peut conduire à des excès palpables. Voici quelques exemples récents, qui parlent d’eux-mêmes.
Mondoweiss, un groupe respecté de défense des droits de l’homme des palestiniens et de médias juifs, a récemment publié deux articles dans lesquels les auteurs positionnent l’occupation militarisée d’Israël – un point chaud régional déjà ancien concernant les droits de l’homme qui se caractérise par un écart important en terme de perspectives économiques, une violence extrême d’État, un écart de 10 ans en ce qui concerne l’espérance de vie, une consommation d’eau à 70 % du minimum de l’OMS en Cisjordanie alors que les colons juifs en ont cinq fois plus125 – dans un contexte de “crise climatique”126 127.
Le 4 février 2019, David Klein écrit pour présenter son article : 126
L’urgence de la crise climatique globale rend impératif que tout mouvement en faveur de la justice sociale s’y attaque et y fasse face d’une manière ou d’une autre. Il ne peut y avoir de justice sociale, après tout, sur une planète morte.
Le 12 mars 2019, Zena Agha intitule son article “Les Palestiniens souffriront des impacts du changement climatique plus sévèrement que les Israéliens à cause de l’occupation”, et l’introduit ainsi : 127
Le changement climatique est l’une des plus grandes menaces qui pèsent actuellement sur la vie humaine. Ses effets sont globaux, étendus et inégalement répartis. Malgré le fait que Palestiniens et Israéliens vivent sur le même sol, les Palestiniens sous occupation subiront les effets du changement climatique plus sévèrement.
On peut se demander quelles pourraient être les autres “plus grandes menaces qui pèsent actuellement sur la vie humaine”, si nous les placions sur une échelle de quantum de personnes perdues par années pour 1000 décès, par exemple ?
Certains universitaires professionnels ont également eu leur mot à dire sur les changements climatiques et l’occupation israélienne128.
En ce qui concerne l’idéologie antiraciste, dans un article paru le 11 mars 2019 dans le prestigieux Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), les auteurs expliquent la “significance” de leurs travaux sur l’“inégalité face à la pollution” comme suit : 129
Certains peuvent trouver intuitif qu’en moyenne, les minorités noires et hispaniques supportent un fardeau disproportionné de la pollution atmosphérique causée principalement par des Blancs non hispaniques, mais cet effet n’a pas encore été directement établi, encore moins quantifié. Notre mesure de l'”inégalité face à la pollution” est généralisable à d’autres types de pollution et fournit un moyen simple et intuitif d’exprimer une disparité entre la pollution que les gens causent et la pollution à laquelle ils sont exposés. Nos résultats sont opportuns, compte tenu du débat public sur les questions relatives à la race, à l’équité et à la réglementation de la pollution.
C’est ce que le Washington Post, un journal influent, a consciencieusement qualifié de très digne d’intérêt, avec un titre à la une : “Les Blancs sont les principaux responsables de la pollution atmosphérique, mais ce sont les Noirs et les Hispaniques qui en portent le fardeau, selon une nouvelle étude”. 130
En ce qui concerne le rôle continu de l’ONU dans la promotion du réchauffement climatique et la légalisation de la censure, les trois discours d’ouverture de la 40e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui s’est tenue à Genève le 25 février 2019 et qui a duré un mois, méritent une étude. Comme l’a rapporté l’ONU elle-même et comme l’ont fait écho les médias internationaux, les principales caractéristiques des trois discours d’ouverture étaient les suivantes131.
La Présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, María Fernanda Espinosa, a soulevé les préoccupations qui ne seront pas prises en compte, y compris les “guerres”, et : 131
Mme Espinosa s’est dite préoccupée par le fossé qui se creuse entre les nantis et les démunis de la planète.
« L’un des défis les plus délicats de l’agenda des droits de l’homme est sans doute l’inégalité », a-t-elle dit. « La concentration des richesses s’est tellement accrue qu’en 2018, 26 individus avaient plus d’argent que les 3 800 millions[3,8 milliards] de personnes les plus pauvres de la planète ».
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a souligné les dangers d’ignorer le changement climatique : 131
Comment les intérêts d’un État peuvent-ils être défendus par des politiques qui nuisent au bien-être de tous les êtres humains ? C’est vrai pour le changement climatique ; vous connaissez peut-être le dicton : « Si vous pensez que les intérêts économiques sont plus importants que l’environnement, essayez de compter votre argent en retenant votre souffle ».
Mme Bachelet a également salué les jeunes militants du climat inspirés par la jeune Suédoise Greta Thunberg.
Cette jeune femme de 16 ans, qui avait attiré l’attention des médias du monde entier, s’est récemment rendue au Forum économique global (WEF) de Davos, en Suisse, où elle a appelé les décideurs du monde entier à prendre des mesures plus rapides pour limiter les émissions de dioxyde de carbone et réduire la hausse des températures globales à 2°C au-dessus des niveaux préindustriels.
« Ces dernières semaines, j’ai vu des enfants défiler pour réclamer des politiques saines en matière de changements climatiques et d’autres mesures », a déclaré le Haut Commissaire. « En tant que parent, grand-parent et tout simplement en tant qu’être humain, ils m’inspirent une détermination farouche à poursuivre notre lutte pour faire respecter leurs droits ».
Le segment du Secrétaire général de l’ONU annonce un plan d’action global contre le “discours de haine”, et se lit comme suit : 131
Le discours de haine se répand comme une traînée de poudre.
Outre l’amélioration des droits des femmes, le Secrétaire général de l’ONU s’est inquiété de la “diminution de l’espace civil dans toutes les régions du monde” et de l’augmentation du harcèlement, des attaques et de la rhétorique incendiaire.
« Le discours de haine est une menace pour les valeurs démocratiques, la stabilité sociale et la paix », a déclaré M. Guterres. « Elle se propage comme une traînée de poudre à travers les médias sociaux, Internet et les théories du complot. Elle est encouragée par les discours publics qui stigmatisent les femmes, les minorités, les migrants et les réfugiés et tout ce que l’on appelle “autre”. En effet, la haine s’installe dans les médias dominants, dans les démocraties libérales comme dans les États autoritaires ».
Pour s’attaquer à ce problème, le chef de l’ONU a annoncé la création d’une stratégie accélérée visant à intensifier la réponse de l’organisation aux discours de haine et à présenter un plan d’action global, dirigé par son conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng.
Ce type d’initiative est nécessaire compte tenu du capital politique gagné aux dépens des migrants et des réfugiés, alors que certains dirigeants leur ont imputé la hausse de la criminalité et du terrorisme, a insisté le Secrétaire général.
« Nous devons rétablir l’intégrité du régime international de protection des réfugiés et continuer à œuvrer en faveur de valeurs communes et de la coopération internationale pour réaffirmer les droits et aider à protéger les personnes contre les trafiquants, les passeurs et autres prédateurs impitoyables », a-t-il dit.
Ainsi, les désirs de censure des “démocraties libérales” seront bientôt explicitement soutenus dans la nouvelle politique de l’ONU. La “cyberintimidation” ne doit pas rendre les résultats des élections “imprévisibles”. Il semble que “la bonté doit l’emporter”.
Conclusion
Les points clés sont les suivants :
- La période de Bretton Woods (1945 à 1971) a été marquée par des balances commerciales réglementées, des taux de change réglementés et un dollar étasunien limité par son lien avec l’or. Ce système a été conçu pour développer les nations du bloc capitaliste dirigées par les États-Unis, contre le bloc communiste. Il a produit un développement social partagé et des progrès sociaux, culturels, techniques et scientifiques exaltants. Ça a trop bien marché. Le Japon, l’Europe occidentale et les pays participants se sont trop développés. Les États-Unis ont mis fin aux accords de Bretton Woods en 1971 et ont entamé la première ère moderne de globalisation prédatrice, avec une deuxième vague après la dissolution de l’Union soviétique en 1991.
- La “globalisation” est un euphémisme pour la prédation économique menée par les occidentaux menés par les États-Unis contre les pays du monde dit en développement, contre les sous-classes globales en tant que ressources elles-mêmes et contre les nations occidentales alliées aux États-Unis dans la mesure du possible. Les États-Unis considèrent le monde comme leur plantation.
- Le principal instrument administratif pour le pillage économique global soutenu des États-Unis est l’instrument monétaire du dollar étasunien, monnaie globale non liée à des actifs tangibles et contrôlée par les États-Unis. Cet instrument monétaire est essentiellement une courroie de transmission pour le transfert continu de la richesse et des ressources réelles du monde vers le système étasunien.
- On peut soutenir que la principale préoccupation globale des États-Unis, en plus des considérations géopolitiques classiques liées à la masse continentale et aux routes commerciales, est de renforcer et de garantir, en tandem, le dollar étasunien comme monnaie globale.
- “Renforcer” le statut du dollar étasunien en tant que monnaie globale comprend des coups d’État et des guerres, cachés ou non, contre des administrations menaçante pour affirmer la souveraineté monétaire (souveraineté) et des blocus économiques et commerciaux, tandis que “garantir” le statut du dollar étasunien implique le contrôle des principales “marchandises” à acheter en dollars étasuniens, garantissant ainsi la demande pour le dollar étasunien.
- Les “marchandises” à contrôler pour garantir le dollar étasunien comprennent : l’énergie, les médicaments opioïdes, les dettes nationales des pays débiteurs (à l’exclusion des États-Unis), les économies monétaires de l’élite globale (acquises légalement ou illégalement), le matériel militaire et les bases militaires étasuniennes (“protection”) imposées aux pays alliés à des prix exorbitants ; et s’étendent aux marchés toujours plus globalisés des produits pharmaceutiques (vaccins, etc.), des cultures génétiquement modifiés et des hautes technologies propriétaires (5G, etc.).
- Fondamentalement, le modus operandi de l’Empire étasunien a été le suivant : toute ressource minérale globale localisée ou ressource essentielle d’importance globale sera contrôlée, par quelque moyen que ce soit (occupation militaire, destruction des capacités, blocus, régime fantoche…).
- La globalisation a été progressive et s’est produite en rafales qui définissent les époques de la globalisation. La première période a été l’ère post-Bretton-Woods (1971-1991), qui a commencé lorsque le dollar étasunien a été découplé de l’or.
- Les résultats finaux de l’ère post-Bretton-Woods ont été : la perte relative et systématique du statut économique de la classe moyenne et la misère sociale palpable en Occident, comme l’émergence du phénomène des sans-abris urbain dans les années 1980, associée à une récession occidentale majeure prévisible (krach de 1982, due à des défauts de remboursement de dettes du tiers monde qui étaient amortis par des obligations brady 29).
- La deuxième ère de globalisation a commencé immédiatement après la chute de l’Union soviétique en 1991. C’était une période de globalisation prolongée et accélérée. Les cibles proches étaient les marchés traditionnels alliés des États-Unis : Canada et Mexique (ALENA) et Europe (mégafusions). L’Europe a quelque peu résisté en formant l’Union économique européenne. Le rendement des investissements a atteint des niveaux stratosphériques, tout comme les salaires des PDG. La classe ouvrière industrielle étasunienne a été décimée. La Chine a été mise sur l’orbite capitaliste. Le clivage “déplorables contre les bobos et les élites” a été créé, comme une conséquence socio-géographique majeure en Occident.
- Les conséquences humaines mesurées, synchrones avec l’accélération de la globalisation après 1991, qui touche principalement les classes à faible revenu, en Occident, incluent : perte du filet de sécurité sociale, augmentation du nombre de familles monoparentales, multiplication par trois du taux de litiges conflictuels devant les tribunaux, entre parents, entre particuliers et avec l’État (“crise de l’accès à la justice”), augmentation de l’incidence des besoins fondamentaux des ménages à faible revenu (logement, santé, sécurité, travail, finances), augmentation des taux de suicide et des tentatives de suicide, augmentation du taux de surdose d’opiacés (avant l’épidémie d’opiacés des années 2010) et une augmentation des taux d’urgences asthmatiques chroniques et de prévalence de l’asthme, tant chez les enfants que les adultes.
- L’assouplissement accru de la réglementation des aliments et des médicaments et l’augmentation spectaculaire de l’utilisation globale de l’herbicide glyphosate à partir de 1993 aux États-Unis se sont accompagnés, après 1991, d’une recrudescence des maladies et des affections chroniques : décès par infections intestinales, incidence du cancer thyroïdien, décès par maladie de Parkinson, prévalence du diabète, autisme chez les enfants de différents âges et phobie, troubles anxieux et troubles paniques.
- Au milieu des années 2000, Wall Street et les grandes banques étasuniennes ont joué un rôle de premier plan dans la globalisation, un rôle qui éclipse les instruments économiques globaux traditionnels que sont la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international. La crise des subprimes aux États-Unis, le krach de 2008, les méga-bailouts… en sont les symptômes. Les singes sont exigeants et sont autorisés à gérer davantage le zoo, dans lequel le jeu se joue exclusivement en dollars étasuniens.
- L’accélération et l’expansion considérables de la globalisation qui se sont produites immédiatement après la chute de l’Union soviétique en 1991 ne sont généralement pas reconnues comme une réponse des États-Unis à ladite chute, mais elles devraient être reconnues comme telles. La globalisation s’est fortement accélérée, tant sur le plan structurel que sur le plan de l’extension et du volume, et il ne fait guère de doute qu’il s’agissait d’une réponse à la fracture géopolitique et idéologique nouvellement apparue.
- En même temps, en réponse expresse à la fin de la guerre froide, l’ONU a entrepris une vague sans précédent de conférences globales hautement médiatisées. Plus particulièrement, l’ONU a proposé de nouveaux paradigmes d’intérêt global que l’on peut qualifier de “changements climatiques”, d’“égalité entre les sexes” et d’“antiracisme”, et a mis en place des déclarations et des plans pour institutionnaliser et légaliser ces nouveaux paradigmes d’intérêt global.
- Ces nouveaux paradigmes d’intérêt global sont des préoccupations cloisonnées et aseptisées, dépourvues de toute dimension pratique de classe sociale, de disparités de développement, de structure d’exploitation et de souveraineté des nations. Ils sont devenus des “religions” globales et étatiques pour pacifier, hypnotiser et aligner les populations en vue d’une globalisation continue, y compris les premiers pas vers une économie globale du carbone (le carbone étant échangé en dollars étasuniens).
- Les secteurs gouvernementaux, scientifiques, universitaires, de l’éducation, des ONG et des médias ont adopté et promu les nouveaux paradigmes d’intérêt global. Toutes les sociétés contrôlées à l’échelle globale ont pris le virage vert et se sont uniformisées. Il n’y aura jamais assez de prévention des changements climatiques, d’égalité entre les sexes ou de justice sociale raciale ; et tous les problèmes et les risques sont dûs à des lacunes dans la prévention des changements climatiques, d’égalité entre les sexes et de justice sociale raciale.
- Une industrie de l’éducation à la justice sociale s’est développée, basée sur une nouvelle “théorie critique de la race”, qui a transformé l’analyse politique démodée des relations de pouvoir fondées sur l’exploitation en une prise de conscience de “l’intersectionnalité”, et une analyse politique démodée de la formation de coalitions sociales en reconnaissance des privilèges blancs et du fardeau injuste d’être brun.
- L’ONU avait explicitement appelé à la criminalisation (“mesures pénales”) de “toutes les formes et manifestations de racisme, de xénophobie ou d’intolérance associées”, et ce désir instillé par des élites s’est concrétisé par des codes de conduite, une vaste censure sur Internet, des poursuites pour incitation à la haine, des menaces de poursuites en diffamation, et des séries de sanctions contre des opinions politiques non approuvées.
- La seule résistance efficace contre la globalisation en Occident est venue des récentes révoltes électorales et démonstratives liées au vote Brexit, à la victoire électorale de Trump et au mouvement Gilets jaunes, nouvellement compris comme le conflit de classes entre les déplorables/sans-dents et les bobos/élites, entre les habitants ruraux sédentaires (les “de quelque part”) et les urbains globalistes (les “de nulle part”).
- Ce n’est donc pas un hasard si les déplorables/sans-dents expriment leurs nombreux griefs, qu’il s’agisse de la revitalisation économique nécessaire de la nation rurale, du rejet de la taxation du carbone, de la répudiation des programmes d’égalité des sexes et de lutte contre le racisme, y compris la censure et le politiquement correct.
Denis Rancourt est chercheur à l’Association des libertés civiles de l’Ontario (603-170 Laurier Avenue West Ottawa, Ontario Canada K1P 5V5 http://ocla.ca) depuis 2015. Il a été professeur titulaire de physique à l’Université d’Ottawa, au Canada.
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Notes
- Citer ce rapport comme suit : Geo-Economics and Geo-Politics Drive Successive Eras of Predatory Globalization and Social Engineering: Historical emergence of climate change, gender equity, and anti-racism as State doctrines”, by Denis G. Rancourt, Ontario Civil Liberties Association, OCLA Report 2019-1, April 2019, http://ocla.ca/OCLA_Report_2019-1 ↩
- Les soi-disant sanctions (et blocus commerciaux) et la dévaluation de la monnaie sont des armes de destruction massive, souvent appliquées avant la restructuration économique ou l’anéantissement militaire, tout comme “gagner les cœurs et les esprits” est une arme d’occupation économique. Et regardez aussi : “Wikileaks Doc révèle l’utilisation militaire étasunienne du FMI et de la Banque globale comme armes “non conventionnelles” – Ce “manuel du coup d’État étasunien”, récemment souligné par WikiLeaks, sert à rappeler que la prétendue “indépendance” d’institutions financières comme la Banque mondiale et le FMI est une illusion et qu’elles sont parmi les nombreuses “armes financières” régulièrement utilisées par le gouvernement étasunien pour plier les pays à sa volonté.” Par Whitney Webb, MintPress News, 7 février 2019. ↩
- “A Brief History of the International Monetary System since Bretton Woods”, DOI:10.1093/oso/9780198718116.003.0001, Chapitre 1 dans : “Resetting the International Monetary (Non)System”, par José Antonio Ocampo, Oxford Scholarship Online, Novembre 2017 ↩
- “When the Bretton Woods system collapsed”, par Nick Beams, World Socialist Web Site wsws.org, 16 Aout 2001 ↩
- “Black Gold: The End of Bretton Woods and the Oil-Price Shocks of the 1970s”, par David Hammes and Douglas Wills, The Independent Review, v. IX, n. 4, Spring 2005, ISSN 10861653, pp. 501– 511 ↩
- Les combustibles fossiles représentent aujourd’hui 87 % de toute l’énergie utilisée dans le monde. La faible technologie (p. ex., le chauffage au bois) et la haute technologie (p. ex., l’éolien, le nucléaire) se sont révélées soit peu pratiques dans la plupart des contextes, soit excessivement coûteuses à fabriquer, à exploiter et à déclasser (toutes activités nécessitant l’utilisation de combustibles fossiles). ↩
- Wikipedia, referencant “World Drug Report” du Bureau de l’ONU sur les Drogues et les Crimes, dans son rapport de 2016 ↩
- “How the heroin trade explains the US-UK failure in Afghanistan”, par Alfred McCoy, The Guardian, 9 Janvier 2018 ↩
- En colère par le plan saoudien d’achat de S-400 russe, l’administration Trump a exploité la disparition de Khashoggi pour forcer les saoudiens à “acheter américain” : La réponse de l’administration Trump et de nombreux politiciens étasuniens à la disparition de Khashoggi est largement guidée par le complexe militaro-industriel – en l’occurrence Lockheed Martin – mais se fait passer pour une réponse motivée par les “droits humains”, par Whitney Webb, Mint Press News, 15 octobre 2018 ↩
- “La crise de la démocratie : sur la gouvernance des démocraties”, par Michel Crozier, Samuel P. Huntington, et Joji Watanuki pour la Commission Trilatérale, New York University Press (ISBN 978-0814713655), 1975 ↩
- “World Prison Brief, Institute for Criminal Policy Research”, University of London, consulté le 31 janvier 2019 ↩
- “L’itinérance au Canada : Passé, Présent, Futur”, par J. David Hulchanski, discours-programme de la conférence, Growing Home : Housing and Homelessness in Canada, Université de Calgary, 18 février 2009 ↩
- “Nombre et répartition de la population totale des USA, 1850-2017”, dans U.S. Immigration Trends, Migration Policy Institute (MPI), Programs, Data Hub, consulté le 15 février 2019 ↩
- “La guerre d’Afghanistan et la chute de l’Union soviétique”, par Rafael Reuveny et Aseem Prakash, Review of International Studies, 1999, vol. 25, pp. 693-708. Pour une analyse des autres explications, voir : “Pourquoi l’Union soviétique a disparu“ par Stephen Cohen, News, The Gorbachev Foundation, 15 novembre 2011 ↩
- “World Bank national accounts data, and OECD National Accounts data files”, Banque mondiale, consulté le 1er février 2019 ↩
- Gygli, Savina, Florian Haelg, Niklas Potrafke et Jan-Egbert Sturm (2019) : The KOF Globalisation Index – Revisited, Review of International Organizations; et voir l’outil en ligne, consulté le 1er février 2019 ↩
- “87e Rapport annuel, 2016/17”, Banque des règlements internationaux (BRI), p. 100 ↩
- “U.S. Net International Investment Position (IIPUSNETIA)”, International Investment Position, U.S. Trade & International Transactions, National Accounts, FRED Economic Data, Federal Reserve Bank of St. Louis, consulté le 17 février 2019 ↩
- “Net international investment position”, Wikipedia, consulté le 17 février 2019 ↩
- “Croissance économique de la Chine et l’environment Fa 08”, Dickinson College Wiki, consulté le 2 février 2019. (La Banque mondiale dispose des mêmes données.) ↩
- “Exploration un nouveau modèle de Private Equity”, CalPERS, consulté le 1er février 2019 ↩
- “Que donne le Dow Jones à 20 000 points en termes ajustés de l’inflation”, par Alex J. Pollock, R Street, 26 janvier 2017 ↩
- “La poudrière Taïwan – Role des USA”, BBC News (page web non datée), consulté le 2 février 2019 ↩
- “Leçons de l’ALENA: Le coût élevé du ‘libre’ échange”, par Hemispheric Social Alliance, juin 2003 ↩
- “Distribution globale des revenus: De la chute du mur de Berlin à la grande récession”, par Christoph Lakner et Branko Milanovic, The World Bank Economic Review, Volume 30, Issue 2, 1 January 2016, Pages 203-232; Accès Banque mondiale ↩
- “Le top 1 % mondial a gagné deux fois plus que les 50 % les plus bas ces dernières années”, par Dylan Matthews, Vox, 2 février 2018 ↩
- “No Society : La fin de la classe moyenne occidentale”, par Christophe Guilluy, Éditions Flammarion, 2018. ISBN : 978-2-0814-2271-1. Et ses nombreuses œuvres depuis 1986. ↩
- “Carte de la semaine : Comment deux décades de globalisation ont changé le monde”, par Drew Desilver, Fact-Tank, Pew Research Center, 24 janvier 2014 ↩
- “Présentation du Rapport mondial sur l’inégalité 2018”, World Inequality Lab, 14 décembre 2017 ↩
- “L’humanité contre les hommes : Nature du conflit géographique et mondial des classes occidentales de Trump et Macron, qui se développe à l’échelle mondiale”, par Denis Rancourt, Dissident Voice, 16 décembre 2018 ↩
- “La rémunération des PDG a bondi en 2017”, par Lawrence Mishel et Jessica Schieder, Economic Policy Institute, 16 août 2018 ↩
- “L’évolution des revenus élevés en Amérique du Nord : Leçons de la preuve canadienne”, par Emmanuel Saez et Michael Veall, The American Economic Review, vol. 95, juin 2005, pp. 831-849 ↩
- “Tuer l’hôte : Comment les parasites financiers et la dette est en train de détruire l’économie globale”, par Michael Hudson, Lightning Source Inc. août 2015. Et voir l’entrevue vidéo en deux parties avec Michael Hudson : “Jours de révolte : Comment nous en sommes venu à une économie pourrie”; “Jours de révolte : Économie pourrie et le futur” ↩
- “Aux origines dans les années 1970s des Too Big to Fail”, par George Nurisso et Edward Prescott, Economic Commentary, Federal Reserve Bank of Cleveland, n° 2017-17, 18 octobre 2017, ISSN 04281276 ↩
- “Dossiers de faillites fédérales, 1899-2016”, Centre judiciaire fédéral, consulté le 5 février 2019 ↩
- “Causes et conséquences des vagues de fusions”, par Jörn Kleinert et Henning Klodt, Kiel Working Paper No. 1092, Kiel Institute of World Economics, janvier 2002 ↩
- “Vagues de la fusion aux 19e, 20e et 21e siècles”, par Martin Lipton, The Davies Lecture, Osgoode Hall Law School, York University (Canada), 14 septembre 2006. ↩
- “2011 M&A Forecast”, par Scott Moeller, Intelligent Mergers (blog), 3 janvier 2011 ↩
- “Estimations de la population d’immigrants sans papiers aux États-Unis, 1969-2016”, par ProCon.org, dernière mise à jour le : 24 janvier 2019 ↩
- “La protection de l’enfance au Canada : Status Quo autour de la protection de l’enfance”, par Karen Swift, chapitre 3 dans : “Systèmes de protection de l’enfance : Orientations et tendances internationales”, Neil Gilbert, Nigel Parton et Marit Skivenes, Oxford Scholarship Online, mai 2011, DOI : 10.1093/acprof:oso/9780199793358.001.0001 ↩
- “Familles monoparentales”, Tendances de l’emploi des familles avec enfants, Statistique Canada, Gouvernement du Canada, date de modification 27 novembre 2015 ↩
- Par exemple, voir les rapports financiers de la Cour provinciale de la Colombie-Britannique et du ministère du Procureur général de la Colombie-Britannique, Direction des services judiciaires. En Colombie-Britannique, le nombre de nouvelles affaires et de demandes en droit de la famille reçues par le tribunal est passé d’environ 17 000 à 18 000 par année (années 1980) à environ 35 000 à 45 000 par année (années 2000) ↩
- “Documenter les lacunes de la justice en Amérique : Les besoins juridiques civils actuels non satisfaits des Étasuniens à faible revenu”, A Report of the Legal Services Corporation, Helaine M. Barnett, présidente, Legal Services Corporation, Washington, DC, première édition, septembre 2005, deuxième édition, juin 2007 ↩
- “Justice équitable: équilibrer la balance. atteindre l’égalité devant la justice : une invitation à envisager et à agir”, Rapport du Comité d’accès à la justice de l’ABC, Association du Barreau canadien, novembre 2013. ISBN : 978-1-927014-11-0 ↩
- “Quelques faits et chiffres du système de justice civile et du public”, par Mary Stratton, Forum canadien sur la justice civile, Toronto, Canada, novembre 2010 ↩
- “La profession juridique au XXIe siècle”, Allocution de la très honorable Beverley McLachlin, C.P., juge en chef du Canada, 2015 Assemblée plénière de l’Association du Barreau canadien, Calgary (Alberta), 14 août 2015, discours, juges, Cour suprême du Canada ↩
- “Les inégalités socio-économiques dans les tentatives de suicide et la mortalité suicidaire au Québec, Canada, 1990-2005”, par S. Burrowsa, N. Augera, M. Royd, et C. Alix, Santé publique, 2010, vol. 124, pages 78-85, et les références qui y figurent. DOI : 10.1016/j.puhe.2010.01.008 ↩
- “Tendances des visites aux services d’urgence des États-Unis pour tentatives de suicide et blessures auto-infligées, 1993-2008” et “ici”, par Sarah Ting, Ashley Sullivan, Edwin Boudreaux, Ivan Miller et Carlos Camargo, Jr., General Hospital Psychiatry, vol. 34, non. 5, septembre-octobre 2012, pages 557-565, et références. DOI : 10.1016/j.genhosppsych.2012.03.03.020 ↩
- “Tendances des visites aux services d’urgence des États-Unis pour les tentatives de suicide, 1992-2001”, par Gregory Luke Larkin, Rebecca Smith et Annette Beautrais, Crisis, 2008, vol. 29, no 2, pages 73-80. DOI : 10.1027/0227-5910.29.2.73 ↩
- “Tendances des visites aux services d’urgence des États-Unis en cas de surdose d’opiacés, 1993-2010”, par Kohei Hasegawa, Janice Espinola, David Brown et Carlos Camargo, Jr, Pain Medicine, vol. 15, no 10, 1er octobre 2014, pages 1765-1770 ↩
- “Asthme : épidémiologie, étiologie et facteurs de risque”, par P. Subbarao, P. J. Mandhane et M. R. Sears, Journal de l’Association médicale canadienne, vol. 181, no 9, pages E181-90, septembre 2009. DOI : 10.1503/cmaj.080612 ↩
- “Epidémie d’asthme”, par W. Eder, M. Ege et E. von Mutius, The New England Journal of Medicine, vol. 355, no 21, pages 2226-2235, 2006 ↩
- “L’état de l’asthme chez les enfants, États-Unis, 1980-2005”, par L. Akinbami, Centers for Disease Control and Prevention (CDC), Advance Data, numéro 381, 12 décembre 2006, révisé au 29 décembre 2006 ↩
- “Surveillance de l’asthme – États-Unis, 1980-1999”, par D. Mannino, D. Homa, L. Akinbami, J. Moorman, C. Gwynn et S. Redd, Centers for Disease Control and Prevention (CDC), MMRW Surveillance Summaries, 29 mars 2002, vol. 51, non. SS01, pages 1-13 ↩
- “Surveillance nationale de l’asthme — États-Unis, 1980-2004”, par J. Moorman, R. A. Rudd, C. Johnson, M. King, P. Minor, C. Bailey, M. Scalia, et L. Akinbami, Centers for Disease Control and Prevention (CDC), MMRW Surveillance Summaries, 19 octobre 2007, vol. 56, n SS08, pages 1-14 et 18-54 ↩
- “Réduction du financement des universités : Les élèves de l’Ontario en manque à gagner”, par Hugh Mackenzie et Mark Rosenfeld, Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), avril 2002, ISBN : 0-88627-292-0 ↩
- “Les universités commencent à évaluer les dommages causés par les attaques des conservateurs”, par Ontario Confederation of University Faculty Associations (OCUFA), OCUFA Forum, vol. 11, no 2, décembre 1995, p. 1. ↩
- “Aperçu démographique de la fonction publique fédérale du Canada, 2016”, Secrétariat du Conseil du Trésor, gouvernement du Canada, 2016 ↩
- “Sous-ministres adjoints dans la fonction publique canadienne : Assurer au Canada le leadership dont il a besoin dans le secteur public”, par James Lahey et Mark Goldenberg, Centre on Public Management and Policy, Université d’Ottawa, novembre 2014 ↩
- “Bref historique de l’excédent budgétaire fédéral”, par Stephen Gordon, Worthwhile Canadian Initiative (blog économique), 15 mars 2007 ↩
- “Reportage : Les déficits et excédents du Canada, 1963 à 2015”, CBC News, 21 avril 2015 ↩
- “La restructuration de juin 1993 du gouvernement du Canada : Recherche, leçons et réflexions vingt ans plus tard”, par Evert Lindquist, Preface to Volume, 19 mai 2014 Draft, publié par l’Association canadienne des programmes en administration publique (CAPPA) ↩
- “Les antécédents du Canada en vertu du chapitre 11 de l’ALENA : Différends entre investisseurs nord-américains et États jusqu’en janvier 2018”, par Scott Sinclair, Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), ISBN 978-1-77125-381-9 ↩
- “Gènes modifiés, vérité tordue”, par Steven Druker, Clear River Press, Salt Lake City, UT, 2015, pp 511. ISBN 978-0-9856169-0-8 ↩
- Ibid, à la p. 168, po : Chapitre six : Mondialisation de l’irrégularité réglementaire. ↩
- Ibid, p. ex. aux pages 195-196, po : Chapitre Sept : Érosion de la protection de l’environnement ↩
- “Rapport statistique mensuel”, mis à jour le 1er mars 2019, National Vaccine Injury Compensation Program, Health Resources & Services Administration (HRSA) ↩
- “Effets du glyphosate herbicide et des formulations à base de glyphosate sur les écosystèmes aquatiques”, par G. Pérez, M. Vera, et L. Miranda, chapitre in : Herbicides et environnement, InTech, éd. Andreas Kortekamp, 8 janvier 2011, pp.343-368. DOI : 10.5772/12877 ↩
- “Tendances de l’utilisation des herbicides à base de glyphosate aux États-Unis et dans le monde”, par C. Benbrook, Environmental Sciences Europe, vol. 28, no. 3, 2016, pages 1-15. DOI : 10.1186/s12302-0160070-0 ↩
- “Référence historique des doses de vaccin contre la grippe saisonnière distribuées dans le passé”, Centers for Disease Control and Prevention (CDC), Seasonal Influenza (Flu), Prevent Flu, Vaccine Supply & Distribution (consulté le 15 mars 2019) ↩
- “Les tendances de la prévalence de l’asthme et du nombre recommandé d’enfants vaccinés ne sont pas parallèles”, par R. Enriquez, V. Persky, and T. Hartert, Pediatrics, vol. 119, no 1, 2007, pages 222-223 ↩
- “Suppression par le glyphosate des enzymes du cytochrome P450 et de la biosynthèse des acides aminés par le microbiome intestinal : voies d’accès aux maladies modernes”, par A. Samsel et S. Seneff, Entropy, vol. 1, no. 4, avril 2013, pages 1416-1463. DOI : 10.3390/e15041416 ↩
- “Glyphosate, voies d’accès aux maladies modernes II : Intolérance à la sprue coeliaque et au gluten”, par A. Samsel et S. Seneff, Interdisciplinary Toxicology, vol. 6, n°. 4, 2013, pages 159-184. DOI : 10.2478/intox-2013-0026 ↩
- “Glyphosate, voies d’accès aux maladies modernes III : manganèse, maladies neurologiques et pathologies associées”, par A. Samsel et S. Seneff, Surgical Neurology International, vol. 6, n°. 4, 2015, pages 1-52. DOI : 10.4103/2152-7806.153876 ↩
- “Trump cherche à obtenir une énorme prime auprès des Alliés qui accueillent des troupes étasuniennes”, par Nick Wadhams et Jennifer Jacobs, Bloomberg, 8 mars 2019. Consulté le 20 mars 2019 ↩
- Par exemple : “Les grands dieux sont venus après la montée des civilisations, pas avant, trouve l’étude en utilisant l’énorme base de données historique“, par H. Whitehouse, P. Savage, P. Turchin, and P. Francois, The Conversation, 20 March 2019 ↩
- “Une puissance remarquable.. : L’Indispensable Chomsky”, par Noam Chomsky, édité par Peter Mitchell et John Schoeffet, The New Press, NY, 2002 ; à la page 388, au chapitre 10 “Point de non retour – Basé sur des discussions en Illinois, New Jersey, Massachusetts, New York, et Maryland de 1994 à 1996 et 1999”. ISBN 1-56584-703-2. ↩
- “Valeurs traditionnelles pour les 99% ? La nouvelle idéologie du genre en Russie”, par Daria Ukhova, Engenderings, 15 janvier 2018, The London School of Economics and Political Science (LSE) (blogs) ↩
- “Le réchauffement climatique est-il un péché ? Le réchauffement climatique est-il un désastre sans précédent, ou la terre se remet-elle de l’ère glaciaire ?”, par Alexander Cockburn, The Nation, 26 avril 2007 ↩
- “Remarques au Commonwealth Club : L’environmentalisme est une religion”, par Michael Crichton, 1er septembre 2003 (Hawaï Free Press, 2016-04-22) ↩
- “Alors que les vieux mondes s’effondrent, les Verts, les guerriers de la justice sociale et les techno-futuristes visent à combler le vide”, par Joel Kotkin et Alicia Kurimska, The Daily Beast, 23 décembre 2018 ↩
- “Changement climatique, le concept”, par Mike Hulme, The International Encyclopedia of Geography, édité par Douglas Richardson et al, John Wiley & Sons, Ltd, 2017. DOI : 10.1002/978111878686352.wbieg0343 ↩
- “Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques”, Wikipedia, consulté le 9 février 2019 ↩
- “Conférences mondiales (1990-1996) – Introduction”, Nations Unies, 23 mai 1997 ↩
- Et ces modèles de calcul présentaient les mêmes défauts qu’aujourd’hui : réponse inconnue des nuages, réponse inconnue de la vapeur d’eau atmosphérique, réponse inconnue de l’albédo “neige sale”, réponse inconnue de l’émissivité de l’humidité de surface, etc. Voir Rancourt pour les définitions des concepts de base, dans le contexte du bilan radiatif : “Contraintes de la physique des rayonnements sur le réchauffement climatique : L’augmentation du CO2 a très peu d’effets“, par Denis Rancourt, archive.org, 4 juin 2011 ↩
- “Équilibre thermique de l’atmosphère avec une distribution donnée de l’humidité relative”, par S. Manabe et R.T. Wetherald, Journal of the Atmospheric Sciences, vol. 24, no. 3, mai 1967, pp. 241-29 ↩
- “Modélisation du climat à l’aide de modèles de convection radiative”, par V. Ramanathan et J.A. Coakley, Reviews of Geophysics and Space Physics, vol. 16, no. 4, novembre 1978, p. 465-489 ↩
- “Climat et circulation océanique : I. Circulation atmosphérique et hydrologie de la surface de la terre”, par S. Manabe, Monthly Weather Review, vol. 97, no 11, novembre 1969, pp. 739-774 ↩
- “Sensibilité d’un modèle climatique global à une augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère” et “ici”, par S. Manabe et R.J. Stouffer, Journal of Geophysical Research (JGR), vol. 85, no. C10, 20 octobre 1980, pp. 5529-5554 ↩
- “Impact climatique de l’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique” et “ici”, par J. Hansen, D. Johnson, A. Lacis, S. Lebedeff, P. Lee, D. Rind, et G. Russell, Science, vol. 213, n°. 4511, 28 août 1981 ↩
- “L’hiver nucléaire : Conséquences mondiales des explosions nucléaires multiples”, par R.P. Turco, O.B. Toon, T.P. Ackerman, J.B. Pollack, et Carl Sagan, Science, vol. 222, no. 4630, 23 décembre 1983, pp. 1283-1292. DOI : 10.1126/science.222.4630.1283 ↩
- “L’hiver nucléaire : science et politique”, par Brian Martin, Science et politique publique, vol. 15, no. 5, octobre 1988, pp. 321-334 ↩
- “Climat et fumée : Une évaluation de l’hiver nucléaire”, par R.P. Turco, O.B. Toon, T.P. Ackerman, J.B. Pollack et Carl Sagan, Science, vol. 247, 12 janvier 1990, pp. 166-176 ↩
- “Les théoriciens de l’hiver nucléaire font marche arrière”, par Malcolm Browne, New York Times, 23 janvier 1990 ↩
- “L’attention des médias sur le changement climatique dans le monde : Analyse comparative de la couverture journalistique dans 27 pays” et “ici”, par Andreas Schmidt, Ana Ivanova et Mike Schäfer, Global Environmental Change, vol. 23, no. 5, octobre 2013, pp. 1233-1248 ↩
- “Generation Investment Management”, Wikipedia, consulté le 14 février 2019 ↩
- “Le Coup d’État des multinationales autour du climat”, par David F. Noble, Activist Teacher, 1er mai 2007 ↩
- “La ruée vers le carbone” (La vérité derrière le rideau de fumée du marché du carbone – Une exploration du marché de l’échange de droits d’émission et de ceux qui subissent les conséquences de ce plan de commercialisation), long métrage documentaire par Amy Miller, 2012, 84 minutes ↩
- “Pourquoi Trump gagne” (vidéo), par Stephen Harper, PragerU.com, 28 janvier 2019 ↩
- “Conférence mondiale sur les droits de l’homme, 14-25 juin 1993, Vienne, Autriche”, Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Conférence mondiale sur les droits de l’homme, About Us, consulté le 21 février 2019 ↩
- “Le Conseil des droits de l’homme tient un débat général sur la Déclaration de Vienne et le dialogue avec le Rapporteur spécial sur le racisme”, Office des Nations Unies à Genève, Where global solutions are shaped for you, News & Media, 19 juin 2017, consulté le 22 février 2019 ↩
- “Déclaration et Programme d’action de Vienne”, Conférence mondiale sur les droits de l’homme, Vienne, 14-25 juin 1993, Distr. GÉNÉRAL, A/CONF. 157/23, 12 juillet 1993, Nations Unies ↩
- “Lettre de l’OCLA à l’honorable Caroline Mulroney, procureure générale de l’Ontario – Re : Poursuites pour censure en vertu du Code criminel en Ontario”, par Joseph Hickey, directeur exécutif, Ontario Civil Liberties Association, 24 juillet 2018, et références à ce sujet ↩
- “Comment l’Occident a créé État islamique”, par Nafeez Ahmed, Counter Punch, 12 septembre 2014 ↩
- “Aujourd’hui, la vérité émerge : comment les Etats-Unis ont alimenté la montée d’Isis en Syrie et en Irak”, par Seumas Milne, The Guardian, 3 juin 201 ↩
- “Le programme secret d’Israël pour soutenir les rebelles syriens”, par Elizabeth Tsurkov, Foreign Policy, 6 septembre 2018 ↩
- “A propos d’ONU Femmes”, About us, Home, UN Women, consulté le 23 février 2019 ↩
- “Partenaires commerciaux et philanthropiques”, Businesses and philanthropies, Partnerships, Partnerships, Home, UN Women, consulté le 23 février 2019 ↩
- “Words that Wound: Critical Race Theory, Assaultive Speech, and the First Amendment”, par Mari Matsuda, Charles Lawrence et Richard Delgado, Westview Press, Boulder, Colo. 1993. ↩
- “Théorie raciale critique et liberté d’expression”, par Henry Louis Gates Jr, Chapitre 5 dans “L’avenir de la liberté académique”, Louis Menard, Ed. University of Chicago Press, 1996. ↩
- “L’échec de Trump à lutter contre le changement climatique est un crime contre l’humanité”, par Jeffrey Sachs, CNN, 23 novembre 2018 ↩
- “Les politiciens emprisonnés qui ignorent la science du climat : Suzuki”, par Craig Offman, National Post, 7 – février 2008 ↩
- “Vers une philosophie juridique rationnelle des droits individuels”, par Denis Rancourt, Dissident Voice, 15 novembre 2016 ↩
- “Études de genre : Fondements et concepts clés : Les études sur le genre se sont développées parallèlement aux études sur les femmes et en sont issues. Cette liste non exhaustive présente aux lecteurs les bourses d’études dans ce domaine”, par Mary Zaborskis, JSTOR Daily, 29 novembre 2018 ↩
- “Une position anti-oppressive est nécessaire pour un leadership fondé sur l’équité”, par Jeewan Chanicka, Huffington Post, 4 janvier 2018 ↩
- “Un adolescent transgenre peut suivre un traitement hormonal malgré les objections de son père, selon un tribunal de la C.-B.”, par Douglas Quan, Fairview Post, 28 février 2019 ↩
- “Questions et réponses sur l’identité sexuelle et les pronoms”, Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), consulté le 12 mars 2019 ↩
- “Cause de l’effondrement des États-Unis et de l’effondrement des droits civils”, par Denis Rancourt, Dissident Voice, 7 septembre 2017 ↩
- “Année de la femme”, Wikipédia, consulté le 24 février 2019 ↩
- “Histoire des femmes au Congrès étasunien”, Center for American Women and Politics (CAWP), Eagleton Institute of Politics at Rutgers, State University of New Jersey, consulté le 24 février 2019 ↩
- “Ce sont les plus grands producteurs de pétrole des États-Unis : L’Amérique est devenue le premier pays producteur de pétrole au monde, en partie grâce à la production de ces compagnies pétrolières géantes” par Matthew DiLallo, The Motley Fool, 24 novembre 2018 ↩
- “Trump est l’héritage d’Obama. Est-ce que cela va briser le Parti démocrate ?”, par Michael Hudson, dans la section de l’article intitulée “Identity politics as anti-labor politics”, Real-World Economics Review, no 78, 2017, p. 36-43 ↩
- “Membres afro-américains du Congrès des États-Unis : 1870-2018”, Rapports numéro RL30378, Every CRS Report, consulté le 24 février 2019 ↩
- “Aucun autre Congrès n’a jamais ressemblé à celui-ci”, par Clare Foran et Phil Mattingly ; Video par Jeremy Moorhead et Cassie Spodak, CNN, 4 janvier 2019 ↩
- “Diviser pour mieux régner | Rapport 2015 de l’IRPS”, Médecins pour les droits humains – Israël, Tel Aviv, janvier 2015, p. 54 ↩
- “Palestine et la crise climatique”, par David Klein, Mondoweiss, 4 février 2019 ↩
- “Les Palestiniens subiront les effets du changement climatique plus durement que les Israéliens du fait de l’occupation”, par Zena Agha, Mondoweiss, 12 mars 2019 ↩
- “Changement climatique et sécurité dans le contexte israélo-palestinien”, par E. Feitelson, A. Tamimi, et G. Rosenthal, Journal of Peace Research, vol. 49, no 1, 2012, pages 241-257. DOI : 10.1177/00223433343311427575 ↩
- “L’inégalité dans la consommation de biens et de services s’ajoute aux disparités raciales et ethniques dans l’exposition à la pollution atmosphérique”, par C. Tessum, J. Apte, A. Goodkind, N. Muller, K. Mullins, D. Paolella, S. Polasky, N. Springer, S. Thakrar, J. Marshall, and J. Hill, PNAS, published ahead of print 11 March 2019 ↩
- “Les Blancs sont les principaux responsables de la pollution atmosphérique, mais ce sont les Noirs et les Hispaniques qui en portent le fardeau, selon une nouvelle étude”, par Isaac Stanley-Becker, Washington Post, 12 mars 2019 ↩
- “Les jeunes, les peuples autochtones, les migrants et les réfugiés renforcent l’espoir dans le domaine des droits de l’homme : António Guterres”, UN News, Nations Unies, 25 février 2019 ↩
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