Dans sa partie contre la démocratie, le Nouvel Ordre Mondial sort le joker de l’ochlocratie
Par Erwan Castel – Le 29 juin 2016 – Source Le recours aux forêts
Les deux derniers siècles, ont vu l’Histoire humaine s’accélérer tant dans ses découvertes que ses mutations, partageant toutes un sens de plus en plus illimité de la démesure. Depuis les soulèvements populaires du XIXème siècle jusqu’aux révolutions colorées du XXIème siècle naissant, en passant par les manifestations syndicales du XXème siècle, la foule est bel et bien devenue un élément incontournable de la vie politique et sociale du Monde moderne.
Et l’histoire récente nous confirme qu’une masse d’individus réunis, sans qu’elle soit forcément représentative du peuple dont elle est issue, est capable, par ses caractéristiques spécifiques et son identité collective, de créer une dynamique même éphémère qui peut influencer la gouvernance d’un pays jusqu’à la bousculer.
En 1895, Gustave le Bon (1841-1931) publiait « Psychologie des foules« , un essai qui allait tenir une place majeure dans son analyse anthropologique de la société moderne naissante. Médecin, anthropologue, ce visionnaire a, entre autres sujets d’étude, analysé cette foule qu’il considérait comme une entité psychologique particulière « peu apte au raisonnement, mais au contraire très apte à l’action« .
Gustave le Bon, dont les travaux font toujours référence, avait démontré à travers les caractéristiques de cet « être éphémère » les possibilités offertes à des meneurs, qu’ils soient révolutionnaires ou légalistes, de transformer une masse d’individus, dont les sens critiques individuels sont annihilés par une passion collective incontrôlée, en arme redoutable.
La conséquence principale de la dynamique de foule est de provoquer une mutation psychologique des individus la composant (à l’exception des meneurs). Gustave Le Bon avait défini les 3 principales caractéristiques d’un individu en foule :
- L’irresponsabilité
- La « contagion »
- La suggestibilité
Ainsi le phénomène de foule provoque chez l’individu « évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens, tendance à transformer immédiatement en actes les idées suggérées, tels sont les principaux caractères de l’individu en foule. Il n’est plus lui-même, il est devenu un automate que sa volonté ne guide plus« .
Et Gustave le Bon prolongera son analyse par une étude de la personnalité du « meneur » ou les moyens de manipuler l’opinion. Sur ce dernier point, et bien qu’ayant disparu bien avant que la « société du spectacle » n’atteigne son apogée avec la télévision, ce visionnaire en 1924 observait déjà qu’ «avec les moyens actuels de publicité, une opinion ou une doctrine peut être lancée comme un produit pharmaceutique quelconque. »
Voilà pourquoi « Psychologie des foules » est bien plus qu’un simple essai anthropologique, c’est un manuel d’emploi, à disposition du révolutionnaire, mais aussi du tyran, et l’histoire récente confirmant pleinement la justesse des analyses de Gustave le Bon sur cet individu social collectif…
Dans le passé, si les révolutions, s’appuyant sur la dynamique des foules ont su renverser des pouvoirs politiques, force est de constater que la bourgeoisie quant à elle a non seulement toujours survécu à ces bouleversements politiques, mais souvent a su, peu ou prou, en tirer avantage et même se hisser plus haut vers les sommets de la gouvernance.
Que ce soient les révolutions, américaine, française ou russe, les révoltes comme mai 68 par exemple ou plus récemment les insurrections comme celle du Maïdan, force est de constater qu’apparaissent toujours des décombres provoqués des oligarchies renforcées, dont les intérêts sont à l’opposé des images portées par les foules…
La ploutocratie libérale qui, depuis trois siècles, cherche à prendre la direction d’une gouvernance mondiale à travers ses réseaux commerciaux et politiques, est aujourd’hui menacée par le réveil des peuples qui prennent de plus en plus conscience de la réalité d’une dictature cachée sous le déguisement de fausses démocraties…
La fin de l’usurpation de l’Union Européenne
L’actualité de l’Union Européenne, cet appareil technocratique organisé pour servir les intérêts de la finance et asservir les peuples, est l’illustration même de cette dictature cachée et de la rébellion grandissante qu’elle fait naître en Europe…
Le 23 juin dernier, le Royaume Uni, par voix référendaire en décidant de quitter l’Union Européenne, déclenchait un véritable séisme politique, économique et social au sein du vieux Continent. Ce Brexit, qui est considéré par tous comme un événement majeur de l’histoire politique européenne, n’est pourtant pas le premier exercice démocratique où les peuples refusent la camisole de cette Union Européenne liberticide :
Un petit rappel des refus des peuples européens de se soumettre à l’organisation supra nationale de l’UE :
- En 1992, le Danemark refuse à 51.7% le traité de Maastricht : obligé de revoter !
- En 2000, le Danemark refuse à 53.2% de rejoindre la zone euro : accepté !
- En 2001, l’Irlande refuse à 53.90% le traité de Nice : obligée de revoter !
- En 2003, la Suède refuse à 56.10% de rejoindre la zone euro : accepté !
- En 2005, la France refuse à 54.90% la constitution européenne : ignorée !
- En 2005, les Pays Bas refusent à 61.5% la constitution européenne : ignorés !
- En 2008, l’Irlande refuse à à 53.20% le traité de Lisbonne : obligée de revoter !
- En 2015, la Grèce refuse à 61.3% le plan de redressement : ignorée !
- En 2016, les Pays Bas refusent à 61,1 % l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine…
Qu’en sera t-il pour le Royaume uni, qui à 51.9 % veut quitter l’Union Européenne ?
Dans cette résistance des peuples à la tyrannie technocratique d’une dictature politique servant les intérêts militaro-industriels étasuniens, le Brexit est certainement la victoire la plus importante menée jusqu’à ce jour pour la libération des peuples asservis.
Encore faut-il maintenant, comme au rugby, valider et transformer l’essai !
Sauver les colonies européennes à n’importe quel prix !
Même si hors de l’Union Européenne, le Royaume Uni restera lié au système par des accords commerciaux, des partenariats politiques et des alliances militaires, le Brexit reste une menace majeure pour la ploutocratie internationale, simplement par la menace d’un effet domino des autres pays européens dont on vient de voir qu’ils ont déjà poussé sur la porte de sortie.
Voilà pourquoi il faut rester sur ses gardes car l’imperium mondialiste, à la fois paniqué et furieux, a mobilisé toutes ses forces pour rejeter cette décision du peuple, en mobilisant contre lui tout l’arsenal de sa propagande de guerre. Mais comme les vecteurs médiatiques classiques n’ont pas fonctionné lors de la campagne référendaire, le Nouvel Ordre Mondial, fort de l’expérience de ses révolutions colorées en Europe de l’Est, au Maghreb, ou au Proche Orient, a décidé de lancer la foule contre le peuple…
Et le cynisme de ce pouvoir financier qui veut sauver ses colonies européennes, c’est de tout mettre en œuvre pour maintenir le Royaume Uni dans le troupeau des consommateurs asservis, tout en profitant de choc politique pour alimenter une stratégie du chaos basée sur la peur et le choc des communautés.
Il est impossible que le Nouvel Ordre Mondial n’ait pas envisagé ce résultat aux enjeux immenses et donc prévu en réaction son détournement, voire son exploitation géopolitique et financière !
C’est ainsi que, pendant que certains marchés financiers internationaux installés à Londres imaginent comment migrer de la City vers Francfort (tiens, tiens !), le système organise la peur en annonçant au peuple britannique l’arrivée d’un chaos punisseur, à côté duquel les sept plaies d’Égypte apparaissent comme des divertissements enfantins..
« Les foules ne connaissant que les sentiments simples et extrêmes ; les opinions, idées et croyances qui leur sont suggérées sont acceptées ou rejetées par elles en bloc, et considérées comme des vérités absolues ou des erreurs non moins absolues. Il en est toujours ainsi des croyances déterminées par voie de suggestion, au lieu d’avoir été engendrées par voie de raisonnement… N’ayant aucun doute sur ce qui est vérité ou erreur et ayant d’autre part la notion claire de sa force, la foule est aussi autoritaire qu’intolérante. L’individu peut supporter la contradiction et la discussion, la foule ne les supporte jamais » – Gustave le Bon, « Psychologie des foules »
L’ère des foules passionnelles et de l’ochlocratie raisonnée
Aujourd’hui, le plus important pour le système pris à la gorge, est qu’il lui faut maintenant manipuler et mobiliser les foules pour passer des idées aux actes.
C’est ainsi par exemple que, sur fond de catastrophisme économique et social, le dossier des migrants s’invite sur l’avant-scène du débat, que les analystes insistent sur les clivages générationnels des votants, etc… Les meneurs anti-Brexit, jouant avec les leviers émotionnels, ont alors juste à mobiliser dans la rue les immigrés et la jeunesse, qui sont présentées par les médias acquises au système comme les victimes d’un vote réactionnaire.
Les foules des révolutions colorées, on l’a bien observé ces dernières années, n’attaquent pas seulement des régimes politiques diabolisés par un enfumage médiatique, mais elles s’opposent surtout violemment à la volonté des peuples qui les ont portés au pouvoir, comme récemment en Ukraine et en Syrie.
C’est la stratégie d’un chaos organisé, où des intérêts, souvent exogènes, dressent la foule contre le peuple. Cette Ochlocratie, « gouvernement par la foule, la multitude, la populace » n’est pas seulement un faux-ami de la Démocratie « gouvernement par le peuple », elle en est même une dégénérescence qui peut devenir son pire ennemi !
Ainsi outre-Manche, quand l’enjeu politique et social a provoqué hier un raisonnement favorable aux partisans du Brexit, les européistes lui opposent aujourd’hui un argumentaire sociétal et démagogue, pour exciter les passions et manipuler ainsi quelques milliers de manifestants dans la rue contre les millions d’électeurs des bureaux de vote, à l’image d’un bélier dirigé contre un château.
Les prochaines semaines et surtout la rentrée des vacances vont être cruciales, non seulement pour le Royaume Uni, mais également pour tous les peuples européens auxquels cette monarchie constitutionnelle vient de donner un exemple de vraie démocratie, et qui a besoin de leur ralliement pour défendre la volonté de son peuple…
Car il est probable, dans le même esprit que ce qui se passe en France autour de la Loi El Khomri, que le pouvoir mondialiste cherche à imposer sa volonté par la ruse ou la force et maintenir le peuple britannique dans la servitude socio-économique.
Qu’ils soient djihadistes en Syrie, paramilitaires en Ukraine, manifestants anti Brexit en Angleterre, et même forces de l’ordre en France, ces groupuscules ne sont que des foules diverses, suggestionnées et au service d’un même meneur et qui méprisent les peuples qu’elles prétendent représenter et servir.
Nous devrions donc relire Gustave le Bon pour mieux comprendre et combattre l’ennemi des peuples, car ses travaux, s’ils ont inspiré nombre de théoriciens politiques et militaires, ont également guidé les praticiens du totalitarisme comme Mussolini, Hitler, Staline et Mao, sans parler des néo-conservateurs actuels qui le critiquent tout en abusant de ses recettes jusqu’à l’indigestion…
Erwan Castel, volontaire français en Novorossiya
Liens
Le livre de Gustave Le Bon en format PDF, le lien ici : « Psychologie des foules »
Note du Saker Francophone Comme à chaque reprise de textes en Français, ce sont autant d'incitations à vous abonner aux sites de leurs auteurs, pour découvrir des alternatives à la pensée non conformiste en Français, puisque le Saker Francophone s'attache presque exclusivement à traduire et relayer des auteurs non francophones. Depuis 2 ans, Erwan Castel nous a fait partager son expérience de vie dans le Donbass, comme soldat volontaire au côté de la résistance au régime de Porochenko. Il joint donc la plume à ses compétences militaires pour partager ses réflexions et ses lectures. Merci donc à Erwan Castel pour avoir mis ses actes à la hauteur de ses idées et pour avoir représenté la France et la Francophonie dans cette Guerre qui ne dit pas son nom. Même si l'intensité des combats à baissé, on n'oublie pas le Donbass, en espérant que la situation puisse se stabiliser définitivement en raison de la déliquescence du régime à Kiev.
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