Par Batiushka – Le 9 juillet 2022 – Source The Saker Blog
Introduction : En route, en route, (et presque) en route…
Les grandes nations naissent dans la foi et l’enthousiasme. Elles meurent dans l’incrédulité et le cynisme.
Discours aux étudiants en 1939, par Alfred Noyes, écrivain anglais (1880-1958)
Bojo le Clown a démissionné – mais il n’est pas tout à fait parti. Pourtant, trois jours seulement avant sa démission le 7 juillet, ce personnage illusoire avait déclaré qu’il serait encore Premier ministre britannique dans les années 2030. Chaque fois qu’il a été forcé de faire face à la vérité, il a commencé à faire le clown et à se cacher derrière des mensonges. Notoirement, dans les derniers jours de son règne, il n’avait plus de conseiller en éthique, puisqu’il avait démissionné. C’est tout simplement parce que Johnson n’a pas d’éthique, car aucune règle ne s’applique à lui, c’est un simple opportuniste. En démissionnant, il n’a fait preuve d’aucune humilité et ne s’est pas excusé pour sa vie de mensonges flagrants. Jusqu’à présent, cet écolier narcissique, tyrannique et snob, né dans les privilèges de l’élite britannique, qui a toujours placé son ambition personnelle au-dessus de tout, a seulement promis de quitter son poste à un moment vague dans le futur. Par conséquent, le Royaume-Uni est paralysé, son gouvernement est discrédité, sans autorité, et le restera jusqu’à ce que Johnson soit réellement parti.
L’anarchie menace. Par exemple, au nom de quoi la police britannique va-t-elle réprimer les protestations, les grèves et les émeutes de la faim à venir ? Les émeutiers leur répondront : « Pourquoi devrions-nous nous arrêter ? Johnson ne l’a pas fait ». Qui est responsable de cette situation irresponsable ? Pas seulement Johnson. Pas seulement ses ministres et ses députés, qui, il y a quelques jours encore, défendaient tous ardemment ses mensonges et son amoralité au nom de leur propre carrière. Pas seulement tous les naïfs qui ont voté pour Johnson aux élections de 2019, même si, comme on dit, si vous votez pour un cirque, vous devez vous attendre à un clown. Tout cela est bien pire que cela. La question est la suivante : comment Johnson le clown a-t-il été élu ? C’est tout simplement parce que les leaders des autres partis politiques étaient encore plus clownesques. Il n’y avait pas le choix, car les autres étaient encore plus incompétents. Examinons cette incompétence générale de l’Establishment à travers ce que Johnson prétend, de manière pathétique et risible, être son « héritage ».
L’héritage
Les nations des hommes existent par ce qu’il y a de meilleur en l’homme, et sont détruites par ce qu’il y a de diabolique en lui.
Gallipoli, 1916, par John Masefield, écrivain anglais (1878-1967).
Johnson a obtenu autant de votes et a remporté les dernières élections britanniques simplement parce qu’il a promis de « faire le Brexit », après trois ans de résistance de l’Establishment, de tergiversations et de refus d’obéir à la volonté populaire de quitter l’UE, telle qu’elle s’est exprimée lors du référendum tant attendu de 2016. L’UE a toujours été un projet élitiste, vivement recommandé par le parti Tory (censé être de droite), qui y voyait une nouvelle arnaque lucrative pour remplacer l’Empire britannique. Et c’était effectivement une escroquerie lucrative pour l’Establishment, comme elle l’est aussi pour l’élite de chaque pays de l’UE, mais pas pour le peuple. C’est pourquoi le peuple a voté pour le Brexit. Ironiquement, le peuple s’est opposé à l’Establishment élitiste du Parti travailliste (prétendument de gauche), celui-là même qui s’était opposé au projet initial des Tories dans les années 1970. Voici pourquoi Johnson a gagné – parce qu’il a vu l’avancement de sa carrière personnelle en faisant ce que le peuple voulait. Le peuple, y compris un grand nombre d’électeurs travaillistes traditionnels, a voté pour Johnson parce qu’il a promis le Brexit et que les travaillistes ne l’ont pas fait. Mais un vote pour le Brexit n’était pas un mandat pour Johnson à plus long terme. Il est vrai que Johnson a réussi le Brexit, mais il l’a mal fait, la façon dont il l’a fait a laissé une crise politique grave et non résolue en Irlande du Nord et a envenimé les relations avec l’UE. Où est sa réussite ici ?
Johnson, censé être un « libertarien », prétend que la deuxième partie de son héritage est la façon dont il a traité la crise de la Covid-19. En fait, ses enfermements fascistes et ses bâillons (« masques »), appliqués de manière maladroite et choquante par l’État policier par l’intimidation, ont endetté le Royaume-Uni de quelque 400 milliards de livres. Johnson a rejeté sur la Covid cette énorme dette – la dette nationale totale du Royaume-Uni s’élève maintenant à plus de 2 600 milliards de livres sterling, dont la majeure partie a été accumulée au cours des vingt dernières années. Elle est impayable, mais reste inférieure au niveau catastrophique de la dette nationale américaine. C’est un mensonge. Cette dette a surtout été causée non pas par la crise de la Covid-19, mais par ses confinements. Johnson se vante également d’avoir réussi à mettre en place rapidement un programme de vaccination. Or, nous savons aujourd’hui que les vaccins anti-covid, malgré des effets secondaires désagréables, ne sont efficaces (si tant est qu’ils le soient) que pendant environ trois mois. Après cela, ils perdent leur efficacité. C’est pourquoi des millions de citoyens britanniques, dont la plupart ont déjà été vaccinés trois fois, ont attrapé la Covid-19 au cours du mois dernier. Tout ce que nous pouvons dire pour nous justifier, c’est que les attitudes des autres partis politiques étaient encore plus fascistes que celle de Johnson. Où est sa réussite ici ?
Johnson revendique comme troisième partie de son héritage son soutien aveugle et ignorant à l’« Ukraine ». En réalité, son soutien politique et militaire au gang nazi de Kiev est non seulement immoral, entraînant encore plus de morts ukrainiens, mais il a également provoqué une crise économique au Royaume-Uni. L’inflation britannique atteint aujourd’hui son plus haut niveau depuis quarante ans, à savoir 10 %, et ne cesse d’augmenter. Selon les experts britanniques, les trois quarts de cette inflation sont dus aux sanctions anti-russes de Johnson et, dans une moindre mesure, aux milliards de livres sterling que les contribuables britanniques ont donné à la junte nazie et à ses forces armées qui travaillent comme Légion britannique de l’OTAN dirigée par les États-Unis. De plus, cette crise économique, aggravée par les intérêts qui doivent être payés sur la dette accumulée par les blocages de Johnson, ne fait que commencer. La spirale des prix du carburant, du pétrole, de l’électricité, du gaz, des engrais, du pain et d’autres aliments de base provoque déjà de très longues files d’attente devant les banques alimentaires à travers le Royaume-Uni. Où est son exploit ici ?
Conclusion : Une chose beaucoup, beaucoup plus mauvaise et une chose bien, bien meilleure
C’est une bien, bien meilleure chose que ce que je fais, que ce que j’ai jamais fait ; c’est un bien, bien meilleur repos que ce que j’ai jamais connu.
Un Conte de deux villes, 1859, par Charles Dickens, écrivain anglais (1812-1870)
Mais tout cela est bien pire que cela. Non seulement Johnson, mais son parti Tory, les élites de tous les partis politiques britanniques et les électeurs zombifiés par les médias sont responsables de la situation par leur irresponsabilité. Le fait est qu’aucun parti politique ou dirigeant de l’UE ne peut prétendre être bien meilleur qu’eux. L’ensemble de l’UE est rempli de Johnson. C’est le pays des Johnson. Car Johnson est loin d’être le seul à vivre selon les mensonges d’un vide moral, tout comme la quasi-totalité de l’Establishment européen, les rares exceptions prouvant la règle. Le plus grand ennemi de l’élite européenne, le président Poutine, un homme qui a une vraie foi, a déjà dit que le problème de pays comme le Royaume-Uni est qu’ils ont été frappés par leur propre boomerang. Faillis, asservis par d’énormes dettes, gagnant de l’argent en grande partie par le biais de services ou simplement en l’imprimant, peu de pays de l’UE avaient le moindre espoir de survivre – et cela avant même le début de la libération de l’Ukraine par la Russie. Et voilà le choc qui doit encore pénétrer la conscience du monde occidental berné, qui vit encore dans le déni des conséquences de la guerre qu’il a déclenchée en Europe.
Hier, le 7 juillet 2022, le jour même où M. Johnson a été contraint de démissionner, le président Poutine a déclaré devant les parlementaires russes que la Russie « n’a pas encore commencé à agir sérieusement en Ukraine ». Il a déclaré que si l’Occident voulait combattre la Russie, qu’il le fasse. Il a déclaré que la Russie n’avait pas rejeté les pourparlers de paix, mais que « plus la guerre se prolonge, plus il sera compliqué de parvenir à un accord avec la Russie ». Il a poursuivi : « Le soi-disant Occident collectif, dirigé par les États-Unis, se comporte depuis des décennies à l’égard de la Russie de manière exclusivement agressive […] il a soutenu le terrorisme, le séparatisme, les forces destructrices internes et la cinquième colonne en Russie ». …. « Ils disent que nous avons commencé une guerre dans le Donbass. Non, c’est ce même Occident collectif qui l’a déclenchée ». Il a mentionné le coup d’État de 2014 et le génocide dans le Donbass.
Il a ajouté que l’opération militaire en Ukraine signifie « une rupture cardinale avec l’ordre mondial américain, le début de la transition du globalisme libéral de l’égocentrisme américain vers la réalité d’un monde multipolaire »… un monde fondé non pas sur des règles égoïstes, inventées par certains pour eux-mêmes, derrière lesquelles il n’y a que le désir d’hégémonie, non pas sur des doubles standards hypocrites, mais sur le droit international, fondé sur la souveraineté authentique des peuples et des civilisations, sur leur volonté de vivre selon leur destin historique, leurs valeurs et leurs traditions, et d’organiser la coopération sur la base de la démocratie, de la justice et de l’égalité des droits. Et il faut comprendre qu’il est déjà impossible d’arrêter ce processus. La marche de l’histoire est inarrêtable et les tentatives de l’Occident d’imposer son Nouvel Ordre Mondial au monde sont vouées à l’échec.
Je tiens à souligner ici que nous avons de nombreux partisans, y compris aux États-Unis et en Europe, mais aussi sur d’autres continents et dans d’autres pays, et leur nombre ne cessera de croître. Je le répète, même dans les pays qui sont encore pour l’instant des satellites des États-Unis, on comprend de plus en plus que l’obéissance aveugle de leurs élites dirigeantes aux Suzerains n’est généralement pas en accord avec leurs intérêts nationaux et, la plupart du temps, les contredit directement… L’Occident… « dégénère aujourd’hui en totalitarisme ». Il a rejeté le « modèle de libéralisme totalitaire » de l’Occident, avec sa censure, ses interdictions et ses annulations de tout ce qui s’y oppose, qu’il tente d’imposer au monde entier. Il est clair que, cette fois, l’incroyance de l’Occident du Johnsonland n’a pas tant créé un ennemi qu’elle ne s’est suicidée face à la croyance réelle.
Batiushka
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone