Par Moon of Alabama – Le 28 août 2025
À quoi servent les démocraties lorsque le résultat des élections apporte le contraire de ce que souhaitent les électeurs ?
En juin 2016, le Royaume-Uni votait pour le Brexit :
Le référendum sur l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne de 2016, communément appelé référendum sur l’UE ou référendum sur le Brexit, est un référendum qui a eu lieu le 23 juin 2016 au Royaume-Uni (Royaume-Uni) et à Gibraltar en vertu des dispositions de la Loi de 2015 sur le référendum concernant l’Union européenne pour demander à l’électorat si le pays devait continuer à rester membre de l’Union européenne (UE) ou quitter celle-ci. Le résultat a été un vote en faveur de la sortie de l’UE, déclenchant des appels à entamer le processus de retrait du pays de l’UE communément appelé « Brexit« .
Un des principaux problèmes publics à l’approche du vote était l’immigration :
Le vote sur le Brexit sera débattu pendant des années. Mais l’histoire est simple. Propagé par une paire improbable de messagers efficaces, le message du parti « Leave » promettant de « Reprendre le contrôle » exploitait le problème de l’immigration, une question chargée d’émotion qui était intégrée dans la psychologie britannique bien avant le déclenchement du vote. Ces craintes en matière d’immigration, et non des préoccupations abstraites concernant un « déficit démocratique » qui nécessitait de sauver la souveraineté du Royaume-Uni des bureaucrates de Bruxelles, expliquent en grande partie pourquoi la Grande-Bretagne a voté pour le Brexit.
Des démagogues comme Nigel Farage ont joué un rôle clé à cet égard :
La montée en puissance de Nigel Farage et du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a également joué un rôle important dans ce phénomène, parmi les électeurs économiquement laissés pour compte. Entre 2013 et 2015, l’UKIP a commencé à mobiliser ces électeurs en politique, les convainquant que les questions de l’immigration et de l’UE étaient profondément liées. Lors du référendum de 2016, le vote pour le Brexit était le plus fort dans les régions qui avaient fortement soutenu l’UKIP deux ans auparavant. Si ces électeurs n’avaient pas été galvanisés par l’UKIP, il est peu probable qu’ils se seraient révélés dans les chiffres que nous avons vus le 23 juin 2016. En effet, nous constatons également que si quelqu’un se sentait anxieux à propos de la question de l’immigration et économiquement laissé pour compte, il était nettement plus susceptible de voter au référendum.
Il a fallu trois ans et demi pour finalement exécuter le mouvement du Brexit. Les résultats qui ont suivi ne furent cependant pas ce à quoi les gens s’attendaient :
Comme l’écrit le Wall Street Journal (archivé) :
Les Conservateurs, bien qu’ils aient promis à plusieurs reprises des niveaux d’immigration globaux plus bas, ont rapidement perdu le contrôle du système qu’ils avaient conçu, déclenchant le plus grand afflux de migration légale que le pays ait jamais connu. Dans un seul domaine d’emploi, les aides-soignants qui s’occupent des infirmes ou des personnes âgées, une prévision gouvernementale supposait que quelque 6 000 migrants par an viendraient travailler. En l’espace de quatre ans, 679 900 soignants et leurs familles sont arrivés, selon les chiffres du gouvernement.
Au total, 4,5 millions de personnes sont arrivées en Grande-Bretagne entre 2021 et 2024, principalement d’Inde, du Nigéria et de Chine. Une personne sur 25 vivant au Royaume-Uni aujourd’hui est venue au cours de cette période de quatre ans.
En comparaison, les États-Unis comptent en moyenne environ un million de nouveaux résidents permanents légaux, ou détenteurs d’une carte verte, par an, dans un pays dont la population totale est cinq fois supérieure à celle de la Grande-Bretagne.
Après que Boris Johnson, qui avait fait campagne pour le Brexit, soit devenu Premier ministre, il a mis en œuvre une politique d’immigration extrêmement libérale et favorable à l’industrie. Les travailleurs venant d’Europe étaient évités mais tout le reste était bienvenu :
Les employeurs n’avaient plus à essayer d’embaucher des travailleurs britanniques avant de recruter à l’étranger. Pour obtenir un visa de travailleur qualifié, les travailleurs étrangers n’étaient pas tenus d’avoir un diplôme universitaire, il leur suffisait de se voir offrir un emploi avec un salaire minimum de 25 600£, ce qui était à l’époque 23% inférieur au salaire médian à temps plein au Royaume-Uni.
Il y avait aussi des découpages. Les entreprises pouvaient parrainer des visas dans certains secteurs, tels que la construction, où il y avait une grave pénurie de travailleurs, en les payant aussi bas que 20 400 £ par an. Et les étudiants pouvaient venir avec leur famille pour un master d’un an et y rester deux ans après la fin de leurs études. Le solde migratoire en provenance de l’UE s’est inversé et les arrivées venant d’ailleurs ont augmenté. En 2021, 93 000 personnes sont arrivées d’Inde. En 2024, ce nombre est passé à 240 000. Le nombre de migrants nigérians a quintuplé au cours de la même période.
Beaucoup sont arrivés avec des familles en remorque. Au cours des 12 mois se terminant en mars 2024, près de la moitié de tous les visas ont été délivrés à des personnes à charge et non à des travailleurs.
Il n’est donc pas étonnant de constater que Farage est de retour :
Ce changement démographique soudain, survenu à un moment de stagnation économique et de pression accrue sur les services publics britanniques surchargés, perturbe la politique du pays. L’immigration est désormais la principale préoccupation des électeurs. Reform UK, qui dit qu’il gèlera la plupart des migrations et expulsera ceux qui arrivent illégalement, a obtenu le plus grand nombre de votes de tous les partis lors des récentes élections municipales. Les Conservateurs, qui ont perdu le pouvoir l’année dernière au profit du Parti travailliste, sont maintenant loin en troisième position dans les sondages.
Farage, âgé de 61 ans, longtemps rejeté à Westminster comme influent mais non éligible, est maintenant pris au sérieux en tant que possible Premier ministre, bien que des élections nationales soient peu probables avant 2029.
Je doute pourtant que voter pour Farage change quoi que ce soit.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
