Iatseniouk, Premier ministre ukrainien, a encore perdu une bonne occasion de se taire !


Par Yuriy Rubtsov – Le 20 avril 2015 – Source Russia Insider

Le Premier ministre d’Ukraine, Arseni Iatseniouk, a accusé la Russie de s’approprier la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Il parle de l’invasion soviétique de l’Allemagne. Encore? Les esprits curieux veulent savoir!

Yats, en beauté !

«L’Ukraine est une nation victorieuse dans la Seconde Guerre mondiale et un des membres à l’origine des Nations unies», a souligné le Premier Ministre ukrainien Arseni Iatseniouk le 16 avril, lors d’une réunion du Comité d’organisation pour la préparation de la célébration du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Il est plus facile de vendre un gros mensonge s’il contient un peu de vérité. La République d’Ukraine a été un des membres à l’origine des Nations unies, en tant que partie de l’Union soviétique. Elle n’était pas une entité au regard du droit international, elle n’a pas combattu l’Allemagne fasciste de manière indépendante et ne peut pas être considérée comme un vainqueur dans la guerre. Par exemple, aucun état des États-Unis d’Amérique ne pourrait prétendre être un vainqueur dans la guerre ou un pays à l’origine de l’ONU. Le fantasme de Iatseniouk remet en cause le fait établi – l’Union soviétique, les États-Unis d’Amérique, la Grande- Bretagne et la France ont signé l’acte de capitulation de l’Allemagne. Ces États sont les vainqueurs.

Cela ne rabaisse pas la contribution de la République socialiste soviétique d’Ukraine à la victoire ni les souffrances qu’elle a endurées. Toutes les républiques socialistes soviétiques ont contribué à l’effort de guerre. Mais Iatseniouk ne se soucie pas des souffrances humaines – son but est de séparer l’Ukraine de la Russie et de donner l’apparence que l’Ukraine a mené sa guerre séparément de la famille des nations qui composaient l’Union soviétique.

Mais laissons ces mensonges et parlons des grands efforts déployés par l’Union soviétique pour faire de l’Ukraine une nation à l’origine de l’ONU. La Conférence de Dumbarton Oaks Conference ou, plus formellement, l’Organisation internationale pour la paix et la sécurité, était un forum international dans lequel le projet des Nations unies a été formulé et négocié par les dirigeants internationaux. La conférence s’est tenue à Dumbarton Oaks du 21 août au 7 octobre 1944. Le 28 août, Andrey Gromyko, l’ambassadeur soviétique aux Nations unies, a soulevé la question de la représentation des républiques d’Union soviétiques (la question X ou la représentation multipartite de l’URSS dans les Nations unies).

Après réception du rapport du secrétaire d’État Edward Stettinius sur la question, le président Franklin D. Roosevelt et le secrétaire d’État Cordell Hull se sont opposés énergiquement à la proposition de reconnaître les quinze républiques socialistes soviétiques comme États membres de l’ONU. Les États-Unis ont demandé qu’en contrepartie alors leurs quarante-huit États soient également reconnus. Roosevelt a par la suite utilisé les voies diplomatiques après que les Nations unies sont créées pour arriver à ses fins. Le 28 août, Stettinius a rencontré Gromyko, lui offrant de retirer la proposition du texte du protocole. Gromyko a refusé lorsqu’il a réalisé que le fait même qu’elle y soit incluse était un pas en avant.

Les partenaires occidentaux l’ont aussi réalisé. Le 31 août 1944, Gromyko était invité par le secrétaire Hull dans une tentative pour le faire changer d’avis. Le 1er septembre, Roosevelt a écrit une lettre à Staline exprimant sa préoccupation. Le dirigeant soviétique a répondu avec une grande dignité. Il a souligné que l’Ukraine et la Biélorussie étaient plus importantes, en termes de population et d’influence politique, que d’autres membres à l’origine de l’Organisation des nations unies. Staline a exprimé l’espoir qu’il aurait l’occasion d’expliquer personnellement l’importance de cette question. Les échanges de points de vue suivants n’ont conduit nulle part. Roosevelt est resté inflexible dans son opposition à la proposition soviétique avant son départ pour la rencontre des Trois Grands en Crimée (février 1945).

Moscou cherchait des moyens pour que ses partenaires deviennent plus souples, donc il a appliqué le principe si vous voulez la lune, demandez les étoiles. A la conférence de Yalta, la délégation a opté pour un compromis – ne pas insister pour que toutes les républiques soient reconnues comme membres à l’origine de l’ONU, mais seulement l’Ukraine, la Biélorussie et la Lituanie. Au pire il aurait eu gain de cause sur les deux premiers. A l’issue de pourparlers difficiles à la conférence de Yalta, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont accepté de soutenir l’adhésion de l’Ukraine et de la Biélorussie. Mais c’était trop tôt pour crier victoire.

Il a été révélé plus tard que les États-Unis et la Grande-Bretagne considéraient que les deux républiques ne pourraient compter que sur leur participation à la conférence de fondation des Nations unies à San Francisco. Après avoir reçu une note de Moscou, Gromyko a envoyé une lettre à Stettinius insistant sur l’interprétation acceptée à la conférence de Yalta. Les préparatifs pour la conférence de fondation des Nations unies ont eu lieu. Le 13 avril 1945, Gromyko a refusé d’approuver la liste des comités et des commissions, puisque les représentants de la Biélorussie et de l’Ukraine ne figuraient pas dans les listes des candidats à la présidence.

Pour éviter de faire une concession, les États-Unis ont tenté de lier l’adhésion de l’Ukraine et de la Biélorussie à la question de la Pologne. Le 25 avril 1945, le secrétaire d’État a insisté sur ce lien lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’Union soviétique, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Chine. L’Union soviétique n’a pas cédé. Le 27 avril, la décision a été prise d’inclure les deux républiques dans la liste des membres originels. Les dirigeants soviétiques ont réalisé que les États-Unis avaient cédé parce qu’ils voulaient que l’Union soviétique prenne part à la guerre contre le Japon, conformément à ses obligations. Cela correspondait aux intérêts vitaux des États-Unis et les a incités à rechercher un compromis. C’était le mérite des dirigeants et des diplomates soviétiques, l’ambassadeur Vyacheslav Molotov, commissaire du peuple aux Affaires étrangères, et de Joseph Staline, le dirigeant du pays. Ils savaient comment s’en tenir à leurs paroles.

La République socialiste soviétique d’Ukraine est devenue une entité internationale. L’Ukraine ne doit pas l’imputer aux États-Unis qui sont derrière son actuel régime fantoche. Elle obtenu ce statut grâce aux efforts de l’Union soviétique. Les États-Unis ont tenté d’entraver ce processus.

Les déclarations de Iatseniouk n’y ajoutent rien. Qui est Iatseniouk? Un politicien intrigant arrivé au pouvoir grâce au coup d’État fomenté par ceux qui sont fiers de leur relation générique avec les sbires de l’Allemagne fasciste. Iatseniouk croit probablement que les gens qui l’entourent sont des idiots. En disant que l’Ukraine faisait partie des membres à l’origine des Nations unies, il n’a pas réussi à penser à quelque chose qui pourrait l’aider à dissimuler le rôle décisif du régime communiste qui a fait de l’Ukraine une entité internationale.

Sinon, Iatseniouk pourrait être accusé de violer la loi récemment adoptée sur la condamnation des régimes totalitaires communiste et national-socialiste (nazi) en Ukraine et l’interdiction de la diffusion de leurs symboles. Ou, peut-être, l’infortuné Premier ministre ukrainien espère-t-il convaincre l’opinion publique que ce n’était pas le drapeau rouge soviétique orné d’une étoile à cinq branches, du marteau et de la faucille, qui a été hissé lors de la cérémonie de fondation de l’ONU, mais le drapeau bleu et jaune avec le trident de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens)?

Article original paru dans Strategic Culture Foundation

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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