Guerre contre Gaza. L’Iran démontre ses moyens d’auto-défense


Par Moon of Alabama − Le 24 janvier 2023

Durant les cent jours de guerre menée par Israël contre toute la population de Gaza, les membres de « l’axe de la résistance » ont répondu à l’assaut.

Le Hamas à Gaza a combattu avec succès les forces d’invasion israéliennes. Hier encore, ils ont lancé des missiles depuis le nord de Gaza vers Israël. Le Hezbollah au Liban a attaqué Israël à sa frontière. Des groupes de résistance irakiens ont attaqué des bases américaines en Syrie et en Irak. Les Houthis au Yémen ont attaqué des navires liés à Israël.

À partir de là, l’axe États-Unis/Israël a commencé l’escalade des tensions. Israël a tué des responsables du Hamas qui vivaient ouvertement à Beyrouth. Il a également tué un responsable du CGRI en Syrie et un responsable du Hezbollah au Liban. Les États-Unis ont bombardé les Houthis ainsi que des groupes de résistance en Irak et en Syrie. Une attaque du groupe État islamique, probablement ordonnée par les États-Unis, a tué une centaine de personnes à Kerman, en Iran.

Après que les États-Unis aient attaqué des groupes de résistance irakiens en Syrie et en Irak, ceux-ci ont intensifié leurs attaques contre les bases américaines. Le Hezbollah a lentement accru la portée de ses réponses aux attaques israéliennes contre le Liban. Après les bombardements américains au Yémen, les Houthis ont répondu en ajoutant les navires américains et britanniques à leur liste de cibles. Hier, un navire américain a été touché par un missile Houthi.

L’axe de la résistance est un ensemble de groupes vaguement liés à l’Iran. Le Corps des Gardiens de la révolution iraniens a formé ces groupes. Mais cela a été plus loin qu’une formation militaire américaine classique. Le CGRI a encouragé les groupes à se contacter et à échanger leurs connaissances. Ils coopèrent désormais à tous les niveaux. L’Iran a introduit de nouvelles technologies et armes et a appris à chaque groupe comment fabriquer ses propres copies. Aujourd’hui, les services de renseignement du Hezbollah enseignent aux Houthis comment interpréter systématiquement les actions américaines. Les Houthis et les Irakiens échangent des plans de construction de missiles et de drones.

L’axe de résistance est devenu un ensemble d’entités assez autonomes qui ne dépendent plus des livraisons ou des commandes de l’Iran. Mais ils suivent tous la même idéologie anticoloniale.

Les États-Unis ont tenté d’interrompre le développement de la résistance en tuant, en 2020, Qasem Soleimani, commandant du CGRI et fondateur de l’axe de la résistance. Pour rien. La résistance était déjà trop développée. Elle a continué à croître d’elle-même malgré les tentatives de blocage des États-Unis. Après la mort de Soleimani, le soutien iranien à ses partenaires de la résistance s’est même accru :

Lorsque le président Donald J. Trump a ordonné l’assassinat du général de division Qassim Suleimani, chef de la Force Qods, en 2020, « la réponse de l’Iran à l’assassinat de son héros national a été très mesurée », a noté Adnan Tabatabai, un expert du Moyen-Orient qui se spécialise sur les relations irano-saoudiennes.

Ce qui a suivi, a déclaré M. Tabatabai, était « ce que j’appellerais une grave crise de dissuasion pour l’Iran, car au cours des deux années suivantes en particulier, Israël a mené les opérations les plus humiliantes sur le sol iranien ». En particulier le sabotage autour du site d’enrichissement nucléaire de Natanz et l’assassinat télécommandé du scientifique au cœur du programme nucléaire.

Mais au cours des quatre années qui ont suivi, l’Iran a renforcé et considérablement amélioré ses forces proxy, en leur fournissant de nouvelles générations d’armes, la capacité d’assembler leurs propres armes et davantage d’entraînement.

Jusqu’à hier, tous les membres de l’axe de la résistance, sauf un, avaient répondu à l’attaque israélienne.

Hier soir, l’Iran lui-même s’est finalement joint à eux. Il a tiré des missiles balistiques depuis l’Iran sur deux cibles lointaines. Le siège du Parti islamique du Turkestan, lié à État islamique, à Idleb, en Syrie, a été détruit. Un quartier général de Hayad Tahrir al-Sham, aligné sur al-Qaïda, a également été touché.

Un autre barrage de missiles s’est abattu (vidéo) sur la ville d’Erbil, au nord kurde de l’Irak. La maison de Peshraw Dizayee, un riche homme d’affaires kurde, a été touchée et détruite. Dizayee faisait beaucoup d’affaires avec les États-Unis et était impliqué dans la vente de pétrole de la région kurde d’Irak à Israël via la Turquie. L’Iran affirme que sa maison servait de base au Mossad israélien. C’est tout à fait plausible.

Le trajet à vol d’oiseau entre l’Iran et Idleb en Syrie est d’au moins 1 200 kilomètres. L’Iran a ainsi démontré qu’il pouvait atteindre de manière fiable des cibles à cette distance. Les missiles utilisés, nommés Khaybar Shekan, ont une portée maximale de 1 450 kilomètres.

Ces attaques sont un avertissement pour Israël et les États-Unis. L’Iran a montré qu’il pouvait frapper Israël avec des attaques bien ciblées sans avoir à déployer de soldats à l’étranger.

Si l’Iran était attaqué, il aurait la volonté et les moyens de répondre de la même manière.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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