Par Brandon Smith − Le 10 janvier 2020 − Source Alt-Market.com
Le prix de l’or a connu une hausse impressionnante au cours des 18 derniers mois, et si vous vous demandez quelle en est la cause, vous constaterez que presque tout le monde a une théorie différente. Cela dit, certains facteurs des fortes poussées historiques de l’or ont tendance à être ignorés. Par exemple, les grands médias financiers font souvent une hypertrophie des mesures de relance de la Réserve fédérale comme étant la cause, mais je rappelle que la plus récente tendance à la hausse de l’or a débuté alors que la Fed resserrait les liquidités et augmentait les taux d’intérêt, sans pour autant stimuler. De plus, de nombreux analystes suggèrent que les métaux précieux absorbent les flux de trésorerie des investissements lorsque les actions sont en baisse. Pourtant, pour l’instant, les actions se redressent depuis un an, alors que le prix de l’or est également à la hausse. Alors, qu’est-ce qui échappe aux médias du courant dominant ici ?
D’abord et avant tout, il est important de comprendre que l’or n’est pas nécessairement une simple couverture contre l’inflation ; c’est aussi une couverture contre la crise. À mesure que l’incertitude économique et géopolitique s’accroît, le prix de l’or monte en flèche. La dernière décennie a été marquée par une incertitude et une instabilité que le monde n’a pas connues depuis près d’un siècle. Le problème est que l’Américain moyen est inconscient de cet état de choses. Il n’a aucune idée de la gravité de la situation, car il suppose qu’il existe des freins et des contrepoids pour contrer toute catastrophe éventuelle dans la structure financière. Il suppose que le gouvernement ou les banques interviendront.
Cependant, certains signaux nous disent que ce ne sera pas le cas. En fait, il semble que les banques centrales du monde entier se préparent à un événement qu’elles ne peuvent pas encore quantifier ou qu’elles refusent tout simplement d’avertir le public. Cela est évident dans l’accélération de l’accumulation d’or par les institutions bancaires.
En 2018, les banques centrales étrangères ont acheté de l’or en des quantités jamais vues depuis 2010. La dernière année 2019, selon les chiffres du 3e trimestre, montre que les banques ont acheté encore plus, soit 12 % de plus qu’en 2018. L’année dernière, les banques centrales ont acheté au moins 550 tonnes de cette “relique barbare”, et il semble qu’elles ne prévoient pas de s’arrêter de sitôt.
Les principaux acheteurs sont la Russie, la Chine et la Turquie, les deux premiers étant les principaux acheteurs depuis plusieurs années. Mais les banques centrales ne se contentent pas d’acheter de l’or, elles exigent également que leur stockage d’or soit transféré hors des holdings offshore et retourné dans leurs propres coffres.
L’Allemagne a rapatrié pour 31 milliards de dollars (583 tonnes) d’or des coffres-forts de Paris et de New York. La Turquie a rapatrié 220 tonnes de la Réserve fédérale. Les Pays-Bas ont rapatrié 122 tonnes. La Pologne a rapatrié 100 tonnes d’or de coffres-forts en Angleterre. La Hongrie et la Roumanie ont annoncé des plans pour récupérer leurs avoirs en or, et les nationalistes en Italie ont exigé que les réserves d’or de l’Italie soient libérées par les banques et rendues au contrôle public.
En fin de compte, les banques centrales et les gouvernements se lancent dans une ruée vers l’or, et le public n’en connaît pas la raison.
Je pense que ce qui se passe est clair : Ils savent qu’une crise mondiale est sur le point de se produire, et ils se préparent donc, comme tout investisseur intelligent le ferait, en achetant le seul produit de base qui augmente toujours lorsque le fumier frappe le ventilateur et que la plupart des autres actifs diminuent. Mais quelle est la nature de la crise à laquelle ils se préparent ? Très probablement, une conflagration géopolitique suivie d’une crise monétaire avec le dollar américain à l’épicentre.
Les catastrophes économiques ne se produisent généralement pas en vase clos. Il y a toujours des menaces géopolitiques qui déclenchent l’effondrement des bulles financières, ou bien les menaces sont conçues pour coïncider avec l’effondrement de la bulle afin de cacher les véritables coupables qui sont derrière. D’une façon ou d’une autre, il semblerait que les banques centrales soient au courant d’une calamité imminente qui menacera l’ordre monétaire actuel. Je soupçonne que cet événement sera précédé d’un conflit géopolitique ; un écran de fumée ou un bouc émissaire qui prendra le blâme pour le désastre tandis que les banques centrales qui ont créé le désordre en première instance échapperont à tout examen.
Le fossé grandissant entre les États-Unis et d’autres grands partenaires commerciaux, ainsi que le danger accru de guerre régionale avec des pays comme l’Iran, préparent le terrain pour ce qui, je le prédis, se soldera par la perte du statut de réserve mondiale du dollar. Certaines personnes pourraient y voir une bonne chose, mais une telle réinitialisation laisserait l’économie américaine en ruine pour les décennies à venir, alors que notre économie s’habitue à perdre le fil unique qui maintenait notre système en place. Il serait bien de reconstruire le système sans dépendre du statut de réserve ou de la centralisation, mais cela ne peut se faire que si les banquiers centraux sont retirés de l’équation et si on laisse s’épanouir les véritables marchés libres et la découverte des prix.
Tant que les élites bancaires resteront aux commandes, notre économie ne sera jamais en bonne santé et ne se remettra jamais d’un krach ou d’une crise monétaire majeure.
Franchement, ils ne veulent pas qu’on s’en remette de toute façon. Si les banques centrales avaient l’intention de sauver le système actuel, elles diraient alors au public pourquoi elles ont accumulé de l’or et quelle est la menace précise à laquelle elles se préparent. Elles encourageraient le public à acheter de l’or et de l’argent également et à trouver une certaine indépendance et sécurité financières.
On me demande souvent pourquoi les globalistes et les banques internationales chercheraient délibérément à cacher ou à provoquer un krach économique mondial. Cela ne menacerait-il pas leur base de pouvoir, la poule aux œufs d’or qu’ils utilisent pour exploiter de vastes quantités de capitaux et des systèmes politiques entiers ?
Ma réponse est simple mais historiquement correcte : les élites bancaires ont besoin d’une crise pour consolider leur pouvoir. Elles ne perdent pas leur pouvoir ou leur influence financière pendant une panique financière, elles gagnent du pouvoir et de l’influence. Avec chaque démolition financière qui passe, le public perd de plus en plus de biens matériels. Ces actifs sont engloutis et dévorés par les institutions financières, non pas parce qu’elles ont beaucoup d’usage de toute cette propriété privée, mais parce qu’elles ne veulent pas que VOUS ayez une propriété privée.
C’est-à-dire que les banques sont des machines conçues pour siphonner lentement (ou parfois rapidement) la propriété privée du public jusqu’à ce que la propriété privée ne soit plus qu’un souvenir. Une fois que la propriété privée a disparu, la survie du public dépend de la “charité” de l’État et de ses partenaires corporatifs. Sans propriété, la dépendance se métastase comme un cancer.
La propriété est protégée par la couverture du capital en marchandises défensives, ainsi que par la résistance organisée aux tentatives de vol. Lors de toute crise majeure, il y a toujours une période de temps pendant laquelle les métaux précieux peuvent être utilisés pour assurer les biens de première nécessité tout en contrant la perte de pouvoir d’achat courante pendant les périodes d’inflation ou de stagflation. Plus longtemps vous pouvez rester solvable pendant la crise, plus vous aurez d’influence sur le cours des événements. Plus vous êtes dépendant ou désespéré pendant une crise, moins vous serez utile à qui que ce soit.
Les niveaux d’achat d’or par les banques centrales ont augmenté si rapidement au cours des deux dernières années que cela me donne à penser que ce à quoi elles se préparent est sur le point de se produire très bientôt. Compte tenu des dettes des consommateurs et des entreprises qui n’ont jamais été aussi élevées, de la récente crise de liquidité et de la réaction de la Fed aux prêts du marché Repo , ainsi que des tensions très volatiles entre les États-Unis et l’Iran, je doute sérieusement que nous puissions traverser l’année 2020 sans que le système ne subisse un choc.
Certaines banques centrales se sont positionnées pour en tirer profit. D’autres, comme la Fed, sont décidément mal préparées, car il n’y a pas beaucoup de preuves concrètes que nos propres réserves d’or existent. Si l’on regarde la situation dans son ensemble, le déplacement des réserves d’or dans le monde nous montre où les élites mondiales prévoient de planquer leurs liquidités pendant que les États-Unis s’enfoncent. Ces régions seront les plus à l’abri d’un feu de forêt monétaire.
Bien que les fluctuations de prix soient toujours effrénées dans des périodes comme celle-ci, comme je l’ai souligné en juillet dernier, la tendance générale des métaux précieux sera à la hausse à partir de maintenant. Et, à moins que vous ne voyiez soudainement les banques centrales commencer à déverser leurs réserves d’or au lieu d’acheter de gré à gré, je suggère aux lecteurs de copier leur stratégie et de se procurer également une pile d’or physique.
Brandon Smith
Note du Saker Francophone On vous propose pour compléter de lire cette analyse de Bruno Bertez :
Editorial: le risque est partout et il va remonter jusqu’à l’assureur ultime …
Traduit par Hervé, relu par Marcel pour le Saker Francophone