Par James Howard Kunstler – Le 29 mars 2021 – Source kunstler.com
Les personnes qui prétendent gérer les affaires financières du monde y croient. Plus elles ajoutent de couches de jeu abstrait aux armatures d’irréalité qu’elles ont déjà construites, plus il devient certain qu’elles feront exploser tous les systèmes de soutien d’une économie hyper-technologique en déclin qui n’a plus de chemin sûr pour continuer à fonctionner.
Virtuellement toutes les grandes nations font cela maintenant en désespoir de cause, car elles ne comprennent pas que l’économie hyper-technologique est l’otage de la détérioration de l’économie de l’énergie, essentiellement des combustibles fossiles, et du pétrole en particulier. Le macro-méga-système ne peut plus se développer. Nous sommes maintenant dans la phase de décroissance d’une dynamique qui pulse à travers l’histoire, comme tout ce qui existe dans l’univers. Nous avons tenté de compenser la décroissance par de la dette, en empruntant à l’avenir.
Mais la dette ne fonctionne que dans les jeunes phases de croissance de la pulsation économique, lorsque la perspective d’être remboursé est statistiquement favorable. Aujourd’hui, dans la phase de décroissance avancée, la perspective de rembourser les dettes, ou même d’assurer le service des intérêts, est statistiquement improbable. Le montant de la dette accumulée dans le monde entier est entré dans le domaine du risible. Ainsi, l’expérience d’environ vingt ans de magie du crédit des banques centrales, en remplacement d’une véritable formation de capital, a atteint sa fin tragique.
Par conséquent, l’Amérique, sous la direction de Joe Biden, s’aventure dans le dernier acte de ce mélodrame, qui se terminera mal et probablement assez rapidement. Ils sont sur le point d’appeler les quatre cavaliers financiers de l’apocalypse : 1) la théorie monétaire moderne (MMT), 2) l’économie planifiée, 3) le revenu de base universel (RBU, l’argent « par hélicoptère » pour le peuple), et 4) le plan d’infrastructure « Build Back Better / reconstruire en mieux ».
Le MMT est l’idée qu’une nation qui prétend avoir le monopole de l’émission de monnaie peut « créer » de la nouvelle monnaie à l’infini sans conséquences négatives. Autrement dit, nous pouvons nous « prêter » de l’argent (l’emprunter pour le faire exister) sans avoir à nous soucier de le rembourser. Cette théorie n’a été retenue que parce que c’est ce que nous avons fait pendant deux décennies et que, jusqu’à présent, elle n’a pas détruit le système bancaire – bien que la dette ne soit devenue exponentielle, c’est-à-dire ruineuse, que depuis peu – de sorte que nous n’aurons pas à attendre longtemps pour voir comment cette expérience se déroule. Notez aussi ceci : La MMT achève le divorce entre l’activité productive et la formation de capital, c’est-à-dire la prospérité sans la richesse.
Une économie dirigée signifie que le gouvernement tente de plus en plus de prendre le contrôle de l’entreprise économique, de remplacer x millions de choix économiques individuels de personnes agissant librement dans une société par une planification centrale bureaucratique. (Vous vous êtes déjà pissé dessus de rire, sachant comment cela a fonctionné à travers l’histoire ?)
Le RBU est la principale caractéristique car, dans une économie planifiée, la production est essentiellement fictive, il suffit donc de donner de l’argent aux gens (sans contre-partie). Rappelez-vous l’ancien système d’exploitation de base de l’Union soviétique, énoncé succinctement comme suit : Nous faisons semblant de travailler et ils font semblant de nous payer. Vous avez compris ?
L’idée derrière « Build Back Better » est de rénover l’infrastructure d’une économie hyper-technologique qui, en réalité, n’existe plus, car nous sommes dans la phase de contraction d’une pulsation ou d’un cycle historique, ce qui nous laisse avec beaucoup de technologie et moins de production, tendant vers zéro. Personne, parmi ceux qui prônent ce slogan, ne sait ce qu’il devrait signifier dans ces circonstances, c’est-à-dire suivre le flux de la réalité de cette contraction : réduire, diminuer l’échelle et relocaliser toutes nos activités pour les remettre en phase avec la productivité réelle, c’est-à-dire produire de la nourriture, fabriquer de vrais produits et les échanger. Encore une fois, c’est la dynamique énergétique, idiot.
Pour en arriver là, nous allons nous débarrasser de l’énorme surcharge des jeux financiers qui ont prétendu représenter notre économie. Cela signifie que les valorisations des actions et les prix des obligations vont s’évaporer en même temps que les activités dérivées concoctées pour négocier avec profit ces représentations désormais fantômes du capital. Si cela se produit plus tôt que prévu, nous ne pourrons même pas prétendre reconstruire en mieux les autoroutes inter-États, le réseau électrique, les aéroports et tous les autres éléments du dossier « infrastructure ».
En effet, une grande partie de tout cela serait une folie de mauvais investissement maintenant, car nous approchons de la fin de l’automobile de masse et de l’aviation commerciale telles que nous les avons connues. Si nous avons encore de l’électricité dans vingt-cinq ans, elle proviendra de réseaux beaucoup plus réduits et sur une base beaucoup plus régionale. En fin de compte, chaque coin du pays sera bientôt livré à lui-même, au milieu d’un désordre social et d’un gâchis financier. Donc, toute l’énergie que vous pouvez rassembler pour mieux reconstruire, gardez-la pour votre ville ou votre communauté locale. Et rappelez-vous, toutes les tentatives d’un gouvernement national de contrôler ces événements, et de contraindre ses citoyens au service de cela, ne mèneront qu’à un gouvernement national plus inefficace et impuissant dans lequel personne n’a confiance, confirmant le fait que vous êtes seuls.
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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