Par Moon of Alabama − Le 29 février 2020
Le New York Times utilise la pandémie de coronavirus pour renforcer sa propagande anti-chinoise :
The New York Times @nytimes - 10:40 UTC - 28 février 2020 Le gouvernement chinois fait taire les lanceurs d’alerte, dissimule des informations et minimise la menace que représente le nouveau coronavirus. Aujourd'hui, le parti communiste au pouvoir tente de réhabiliter son image en se présentant comme le champion de la lutte contre le virus. La Chine manipule la crise du coronavirus pour se féliciter d’être une puissance mondiale : "Cette poussée de propagande suggère que le gouvernement chinois pourrait s'inquiéter des conséquences durables de l'épidémie".
Lorsqu’une série de cas de pneumonie d’origine inconnue est apparue à Wuhan, la première réaction a bien sûr été la confusion et non une réaction immédiate à grande échelle. Oui, la Chine aurait pu être un peu plus rapide et certains administrateurs locaux ont fait des erreurs, mais qui, sinon le gouvernement chinois, mène depuis lors la lutte mondiale contre ce nouveau virus ?
Le rapport de la mission de l’OMS en Chine reconnait ces efforts pour de bonnes raisons :
L'audacieuse stratégie chinoise pour contenir la propagation rapide de ce nouvel agent pathogène respiratoire a changé le cours d'une épidémie mortelle qui s'aggravait rapidement. Une statistique particulièrement convaincante est qu'au premier jour du travail de l'équipe médicale, 2478 cas de COVID-19 nouvellement confirmés étaient signalés en Chine. Deux semaines plus tard, au dernier jour de cette mission, la Chine signalait 409 cas nouvellement confirmés. Cette baisse des cas de COVID-19 dans toute la Chine est réelle.
Ce sont les États-Unis qui sont à la traîne dans la lutte, car ils ne peuvent toujours pas tester les personnes qui doivent l’être :
L'agence fédérale a négligé les directives de l'Organisation mondiale de la santé en matière de tests mises en œuvre par d'autres pays et a entrepris de créer son propre test, plus complexe, qui pourrait identifier une série de virus similaires. Mais lorsqu'il a été envoyé dans les laboratoires du pays au cours de la première semaine de février, il n'a pas fonctionné comme prévu. Le test du CDC a correctement identifié le COVID-19, la maladie causée par le virus. Mais dans tous les laboratoires d'État, sauf quelques uns, il a faussement signalé la présence d’autres virus dans des échantillons pourtant inoffensifs.
Le CDC continue d’agir de manière irresponsable :
Certaines villes américaines pourraient devoir attendre des semaines pour obtenir un "test de dépistage" du virus Aux États-Unis, moins de 2 000 personnes avaient été testées pour le virus jeudi, soit à peine une fraction des autres grands pays. Les responsables des villes et des États sont frustrés par la lenteur des Centres de contrôle et de prévention des maladies à distribuer des tests précis qui pourraient identifier les propagateurs du coronavirus.
Que le CDC ait bâclé sa réponse n’est probablement pas étonnant lorsque son plus haut responsable qualifie de “canular” ce danger évident :
Vendredi soir, le président Donald Trump a tenté de présenter l'épidémie mondiale de coronavirus comme une conspiration libérale destinée à saper son premier mandat, en la mettant dans le même panier que sa mise en accusation [par la Chambre des députés] et l'enquête Mueller [dite Russiagate]. Il a reproché à la presse d'avoir agi de manière hystérique face à ce virus, qui s'est maintenant propagé en Chine, au Japon, en Corée du Sud, en Iran, en Italie et aux États-Unis, et il a minimisé ses dangers, affirmant, contre l'avis des experts, que ce n’était qu’une sorte de grippe. "Les Démocrates politisent le coronavirus. Ils le politisent", a-t-il déclaré. "Ils n’en savent rien. Ils ne peuvent même pas compter leurs votes dans l'Iowa. Non, ils ne peuvent pas. Ils ne peuvent pas compter leurs votes. Un de mes partisans est venu me voir et m'a dit : 'M. le Président, ils ont essayé de vous battre avec la Russie, la Russie, la Russie. Cela n'a pas très bien fonctionné. Ils n'ont pas pu le faire. Alors ils ont tenté le canular de la mise en accusation." Puis Trump a appelé le coronavirus "leur nouveau canular".
Ce n’est pas un canular pour les fonctionnaires qui se sont occupés des cas de COVID-19 que les États-Unis ont évacués du Japon mais qui n’ont pas été protégés et n’ont reçu aucune formation. Ils devraient tous être en quarantaine mais ont apparemment été autorisés à partir. Ce n’est pas un canular pour le gars de Brooklyn qui vient de rentrer du Japon, qui a développé une forte fièvre et qui ne peut pas faire de test. Ce n’est pas un canular pour l’homme de Miami qui arrive de Chine, a été testé et devra maintenant payer 3 270 $ pour cela. Ce ne sera pas un canular pour plusieurs millions de citoyens américains.
Les États-Unis bâclent leur défense contre l’épidémie tout comme le Japon l’a fait. La Corée du Sud montre comment il faut procéder.
Raphael Rashid @koryodynasty - 14:35 UTC - Feb 28, 2020 La Corée du Sud a fait passer plus de 10 000 tests COVID-19 aujourd'hui. Les personnes qui présentent le moindre symptôme (ou non) peuvent même se faire tester dans des stations de test drive-in. L'ensemble du processus prend 10 minutes.
J'en suis émerveillé. Comme le souligne @jeeabbeylee, ces tests COVID-19 sont GRATUITS. Tout le monde peut se faire tester. Et grâce aux messages d'urgence localisés qui sont envoyés sur (presque) tous les téléphones du pays - vous ne pouvez pas désactiver ces alertes -, les gens savent exactement s'ils ont été en contact avec le virus ou non. C'est vraiment incroyable. Puis-je également souligner que non seulement le test COVID-19 est gratuit en Corée du Sud, mais qu'il est disponible pour tous, y compris les résidents étrangers et même les immigrants sans papiers. Les centres médicaux sont exemptés de l'obligation de notifier au bureau de l'immigration le statut des patients en matière de visa. Et aussi, bien que les tests COVID-19 en Corée du Sud soient gratuits, si l'équipe médicale détermine que le test n'est pas nécessaire mais que quelqu'un insiste pour le faire, il devra débourser 160 000 won (132 $).
La façon dont le système de santé américain est structuré rendra difficile d’éviter qu’une épidémie se répande. Les travailleurs seront particulièrement touchés :
Le CDC a publié des instructions très claires pour aider à prévenir la propagation des maladies respiratoires, notamment en restant chez soi quand on est malade. Mais tout le monde n'a pas cette possibilité. Dans l'ensemble, un peu moins des trois quarts (73 %) des travailleurs du secteur privé aux États-Unis ont la possibilité d’avoir des congés de maladie rémunérés. Et, comme le montre le graphique ci-dessous, l'accès aux congés maladie rémunérés est très inégal. Les travailleurs les mieux rémunérés ont trois fois plus de chances d'avoir accès à des congés maladie payés que les travailleurs les moins bien payés. Alors que 93 % des travailleurs les mieux payés ont accès à des congés maladie payés, seuls 30 % des travailleurs les moins bien payés en ont la possibilité. ... La deuxième recommandation du CDC est de contacter votre prestataire de soins de santé. Nous savons qu'aux États-Unis, des millions de personnes retardent leur traitement médical à cause de son coût. Les derniers chiffres du recensement nous apprennent que plus de 27 millions de personnes dans ce pays ne sont pas assurées, soit une augmentation de près de deux millions par rapport à l'année précédente. Ces tendances vont dans la mauvaise direction, notamment en raison des pertes de Medicaid. ... Les recommandations du CDC semblent toutes bonnes, mais comment une personne qui n'a pas de congés maladie payés ou d'assurance peut-elle s'en sortir ?
Il y a aussi les immigrés sans papiers qui craignent que les personnels de santé n’informent les services de l’immigration.
Le National Nurses United avertit que les hôpitaux et le personnel hospitalier américains ne sont pas préparés à faire face à une épidémie :
L'unique patient COVID-19 admis au [UC Davis Medical Center] le 19 février a provoqué l'auto-quarantaine à domicile d'au moins 36 infirmières et 88 autres travailleurs de la santé. Ces 124 infirmières et travailleurs de la santé, dont on a plus que jamais besoin, ont été mis sur la touche. Le manque de préparation créera une crise nationale insoutenable en matière de personnel de santé. ... National Nurses United mène actuellement une enquête sur la préparation des hôpitaux auprès des infirmières recensées dans tout le pays et publiera les résultats la semaine prochaine. Les résultats préliminaires pour plus de 1 000 infirmières en Californie sont inquiétants : * Seuls 27 % des personnes interrogées déclarent qu'un plan a été mis en place pour isoler un patient atteint d'une éventuelle infection de coronavirus. 47% déclarent ne pas savoir s'il existe un plan. * Seuls 73 % déclarent avoir accès à des masques N95 dans leur unité ; 47 % déclarent avoir accès à des respirateurs à purification d'air motorisés (PAPR) dans leur unité. * Seuls 27 % indiquent que leur employeur dispose d'un stock suffisant d'équipements de protection individuelle (EPI) pour protéger le personnel en cas d'augmentation rapide du nombre de patients susceptibles d'être infectés par des coronavirus ; 44 % ne savent pas.
La plupart des problèmes ci-dessus ne peuvent être résolus que si le gouvernement et le Congrès commencent à prendre le Covid-19 au sérieux. Je n’ai encore vu aucun signe que ce soit le cas.
Les tests doivent être librement accessibles à toute personne présentant des symptômes, même légers. Les personnes dont le test est positif doivent être isolées. Des équipes doivent être mises en place pour retrouver et alerter tous leurs contacts. Tous les coûts des cas de COVID-19, y compris l’argent pour payer les personnes en quarantaine, doivent être pris en charge par le gouvernement. Des services doivent être mis en place pour les livraisons aux personnes qui se mettent elles-mêmes en quarantaine à domicile. Chaque nouveau groupe doit recevoir une réponse immédiate à grande échelle. Le personnel de santé doit recevoir une rémunération supplémentaire.
Tout ceci nécessitera une nouvelle législation. Elle doit être discutée aujourd’hui, et non demain.
La Chine a montré comment une réponse peut être apportée de manière efficace. La Corée du Sud suit cette voie et aura probablement autant de succès.
Il y a aussi les conséquences économiques qui ne commencent à se faire sentir que lentement. L’économiste Nouriel Roubini prédit que la pandémie provoquera une très forte récession mondiale :
Je prévois que les actions mondiales vont chuter de 30 à 40 % cette année.
La récession nécessitera également des programmes massifs de relance et beaucoup de travail de la part des gouvernements, car la plupart des banques centrales ont déjà des taux d’intérêt extrêmement bas et n’ont plus de marge de manœuvre pour agir.
Il n’est pas du tout utile de paniquer face à cela. Mais les gens devraient faire pression sur leurs gouvernements et leurs législateurs pour qu’au moins ils engagent la lutte contre l’épidémie et ses conséquences prévisibles.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone