Par Moon of Alabama − Le 23 mars 2020
Alors que le président américain continue d’accuser la Chine, d’autres signes indiquent que l’épidémie a commencé ailleurs :
Certains se demandent pourquoi l'Italie a été prise au dépourvu lorsque l'épidémie a été révélée le 21 février. Remuzzi dit qu'il entend maintenant des informations à ce sujet de la part de médecins généralistes. "Ils se souviennent avoir vu des pneumonies très étranges, très graves, en particulier chez les personnes âgées en décembre et même en novembre", dit-il. "Cela signifie que le virus circulait, au moins dans [la région nord de] la Lombardie, avant que nous ayons eu connaissance de cette épidémie en Chine".
L’apparition soudaine d’un nouveau type de coronavirus contre lequel personne n’était immunisé a entraîné une augmentation soudaine des cas de difficultés respiratoires graves. Ceux-ci nécessitent jusqu’à trois semaines d’assistance respiratoire et de soins intensifs.
Nos systèmes de santé ne sont pas capables de fonctionner sous un tel assaut. S’ils sont débordés, d’autres cas nécessitant des soins intensifs seront laissés pour compte. Le nombre de décès non nécessaires commencera alors à exploser.
La seule façon d’éviter un tel résultat est de minimiser les contacts entre les humains pour arrêter la vague d’infection massive.
Lorsque la première vague de l’épidémie a explosé dans la ville de Wuhan, les autorités ont ordonné un verrouillage complet de la ville et de la province de Hubei. Cela s’est produit le 23 janvier. Douze jours plus tard, le 4 février, le nombre de nouveaux cas à Wuhan commençait à diminuer. La Lombardie, en Italie, a ordonné le bouclage de la ville le 9 mars. Douze jours plus tard, l’Italie faisait annonçait sa première baisse des nouveaux cas.
Alors que les hôpitaux de Wuhan et de Lombardie ont été submergés pendant un certain temps, l’épidémie a pu être ralentie, voire stoppée.
(Wuhan est connue pour sa pollution atmosphérique, mais pas la Lombardie. La théorie selon laquelle la pollution de l’air a contribué au nombre élevé de cas graves dans les deux régions n’est donc pas confirmée.
Des mesures de confinement ont été ordonnées dans plusieurs pays européens et dans plusieurs États américains. Boeing et d’autres entreprises ont fermé leurs usines dans l’État de Washington [côte Ouest, NdSF]. De nombreuses personnes sont maintenant au chômage. La situation dans ces États semble désastreuse.
Mais la politique de confinement marche et permettra de limiter la montée de la vague actuelle.
La question est maintenant de savoir quand arrêter ce confinement. Si douze jours sont suffisants pour arrêter une hausse explosive des nouveaux cas, ce n’est probablement pas suffisant pour bloquer la vague. Deux autres semaines de confinement seront probablement nécessaires. Après cela, les restrictions devront être levées en plusieurs étapes pour que le nombre de nouveaux cas reste gérable.
Il pourrait bien être nécessaire d’empêcher les regroupements de foule pendant plusieurs mois encore. Il est également probable que certaines restrictions de voyage seront maintenues. Les personnes pourront reprendre leur travail, mais il conviendra d’éviter les grandes réunions. L’utilisation de masques devrait devenir une exigence sociale (voir ci-dessous).
Au lieu d’enfermer des populations entières, il faudra repérer et enfermer les groupes contaminés.
Le système de soins de santé aura besoin d’une nouvelle branche qui puisse prendre en charge les cas de Covid-19 sans risquer d’infecter d’autres patients. La Chine a créé des cliniques locales pour la fièvre où les personnes présentant des symptômes de grippe ou de Covid peuvent se faire tester. Les personnes atteintes du Covid doivent ensuite être isolées pendant deux semaines pour éviter d’autres infections. Leurs précédents contacts doivent être activement tracés. Les personnes qui ont été en contact étroit avec une personne infectée de façon aiguë font partie du groupe et doivent également être testées et isolées. Les personnes mises en isolement doivent être rémunérées. Sinon, certains l’éviteront et continueront à propager le virus et la maladie.
Ces mesures peuvent être intensifiées ou assouplies selon les besoins. Leur but est de maintenir le nombre de cas graves à un niveau gérable. Si le système fonctionne bien, nous pourrions même être en mesure d’éradiquer le virus.
Nous disposons maintenant de tests pour détecter les anticorps que les gens développent pendant qu’ils sont atteints de la maladie. La production de masse a commencé. Ces tests nous permettront d’identifier les personnes qui ne sont plus en danger lorsqu’elles manipulent un patient atteint du coronavirus.
Il y a des signes qui montrent que les enfants ont souvent été porteurs de la maladie mais qu’ils ont été peu touchés par celle-ci. Les tests d’anticorps montreront combien d’entre eux sont déjà immunisés. Plus leur nombre sera élevé, mieux ce sera pour le reste d’entre nous. Les tests de masse semblent également montrer qu’il existe un nombre assez important de cas asymptomatiques chez les adultes qui infectent néanmoins d’autres personnes. Nous devrions trouver des mesures pour éviter cela.
Un article vient d’être publié dans The Lancet soutenant que tout le monde devrait porter un masque :
Les preuves que les masques faciaux peuvent offrir une protection efficace contre les infections respiratoires dans la communauté sont rares, comme le reconnaissent des recommandations venant du Royaume-Uni et d'Allemagne. Cependant, les masques sont largement utilisés par le personnel médical dans le cadre des précautions contre les gouttelettes lors des soins aux patients souffrant d'infections respiratoires. Il serait raisonnable de suggérer aux personnes vulnérables d'éviter les zones encombrées et d'utiliser rationnellement les masques chirurgicaux lorsqu'elles sont exposées à des zones à haut risque. Comme les preuves suggèrent que le COVID-19 pourrait être transmis avant l'apparition des premiers symptômes, la transmission communautaire pourrait être réduite si tout le monde, y compris les personnes qui ont été infectées mais qui sont asymptomatiques et contagieuses, portent des masques faciaux.
Le port d’un masque aide à se protéger mais surtout à protéger les autres. On peut être porteur et propager la maladie sans le savoir. Nous émettons tous de fines gouttelettes lorsque nous parlons, éternuons ou toussons. Les masques empêchent les gouttelettes de se propager.
Les virus sont assez petits et peuvent se glisser à travers les pores d’un masque. Mais les gouttelettes qui les transportent sont plus grosses et ont moins de chances de passer à travers. Il semblerait également qu’un seul virus soit moins susceptible de faire du mal et qu’une charge importante de virus soit nécessaire pour déclencher la maladie.
Il y a certaines considérations culturelles pour soutenir l’appel à ce que tout le monde porte un masque :
Le contraste entre l'utilisation du masque facial comme pratique hygiénique (dans de nombreux pays asiatiques) ou comme quelque chose que seules les personnes malades font (dans les pays européens et nord-américains) a provoqué une stigmatisation et des aggravations raciales, pour lesquelles une éducation publique plus poussée est nécessaire. L'un des avantages de l'utilisation universelle des masques faciaux est qu'elle empêche la discrimination des personnes qui portent des masques lorsqu'elles ne sont pas en bonne santé parce que tout le monde porte un masque.
Il y a actuellement une pénurie de masques professionnels et ceux qui sont encore disponibles sont nécessaires pour nos hôpitaux.
Mais on peut aussi utiliser un foulard, coudre soi-même un masque ou fabriquer ses propres masques à partir d’articles ménagers. Ni l’un ni l’autre ne seront aussi bon qu’un masque professionnel, mais tous contribueront à réduire le nombre de cas.
Les virus n’aiment pas la chaleur. Le savon les décompose. On peut nettoyer un masque en le chauffant dans un four à 70°C (160°F) ou en le lavant avec du savon [Une eau chaude et savonneuse devrait alors être le mieux pour nettoyer son masque, NdT].
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone