Comment Hitler est devenu Hitler et pourquoi c’est important aujourd’hui…


Des accords de Munich au soutien du terrorisme par l’Occident


How Hitler Became Hitler and Why It’s Important Today

Hitler et Chamberlain, premier ministre britannique, se serrant la main lors des accords de Munich le 30 septembre 1938


Par Igor Shumeyko – Le 3 novembre 2016 – Source Strategic Culture

En octobre 2016, le magazine américain The National Interest a pris connaissance de l’expérience historique du XXe siècle, publiant un article de David Ax intitulé The Shocking Way Hitler Became Hitler.

De nombreux auteurs se réfèrent à l’état actuel des relations internationales sous le nom de Guerre froide 2.0, notant que le conflit idéologique entre l’Occident et l’URSS au cours de la dernière Guerre froide reposait sur différentes interprétations des événements du XXe siècle, parmi lesquels il n’y a aucun sujet plus important que la Seconde Guerre mondiale. Et en cela, la question de «qui est à blâmer» est la plus importante.

Qui est responsable de l’échec du Traité de Versailles, de l’arrivée au pouvoir de Hitler et du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale ? Cela semble être ce que l’auteur écrit dans l’article de The National Interest.

Pourtant, son accent sur la personnalité du Führer et la mise à l’écart de l’influence de forces politiques puissantes qui ont assuré la montée de Hitler au pouvoir deviennent un écran de fumée qui masque le problème [thème rabâché d’un Hitler bouc émissaire fou, NdT]. D’où les mensonges du Pacte germano-soviétique de non-agression (Pacte Molotov-Ribbentrop) de 1939 et de la résolution de l’APCE en 2009, qui a placé un signe égal entre l’Union soviétique et l’Allemagne hitlérienne comme étant «deux régimes totalitaires».

Alors, quand exactement Hitler est-il devenu Hitler ?

Un détail révélateur noté par l’historien Jacques Bergier est qu’à l’été 1938, les habitants de Berlin avaient cessé de crier Heil ! et étaient retournés à l’ancienne forme de salutation. Au cours de l’été 1938, le pouvoir d’Hitler était considéré comme complet, mais le commandant du 3e district militaire de Berlin, le maréchal Erwin von Witzleben, exécuté par Hitler en 1944, attaquait ouvertement la chancellerie du Reich. Beaucoup de généraux allemands croyaient que l’Allemagne allait faire face à une défaite inévitable dans sa tentative de saisir la Tchécoslovaquie en 1938.

Lors des procès de Nuremberg, le maréchal allemand Keitel, chef de l’Oberkommando de la Wehrmacht (commandement suprême des forces armées) a dit : «Nous étions extraordinairement satisfaits qu’il n’ait pas procédé à une opération militaire, […] parce que nous avions toujours été d’avis que nos moyens d’attaque contre les frontière fortifiées de la Tchécoslovaquie étaient insuffisants. Du point de vue purement militaire, nous n’avions pas les moyens d’une attaque qui impliquait le percement des fortifications de la frontière.»

De plus, les apaisants occidentaux ont, à Munich, fait connaître à Hitler l’industrie d’armement de premier plan tchécoslovaque. L’Allemagne a mis la main sur les productions de Škoda, le deuxième arsenal le plus important d’Europe. En plus des célèbres Škoda, l’Allemagne a également mis la main sur le géant de l’ingénierie ČKD, la compagnie aérienne Aero Vodochody, qui a produit l’avion Focke-Wulf Fw 189 pendant toute la durée de la guerre, et bien d’autres. À cette époque, les chars et les pistolets tchécoslovaques étaient vendus dans le monde entier, faisant de Prague l’un des principaux exportateurs d’armes au monde.

Avant les accords de Munich, les forces armées des deux pays ressemblaient à ceci : l’armée tchécoslovaque avait 1 582 avions, 469 chars et 2 millions d’hommes, alors que l’armée allemande avait 2 500 avions, 720 chars et 2,2 millions d’hommes. La taille des deux armées était comparable. De plus, la frontière entre la Tchécoslovaquie et l’Allemagne était la montagne des Sudètes. Depuis la formation de la Tchécoslovaquie en 1919, celle-ci avait construit des fortifications dans les Sudètes. La combinaison des fortifications modernes et du terrain montagneux rendait la Tchécoslovaquie inexpugnable face à l’agression allemande. Et tout cela a été remis sans combat.

Outre les fortifications uniques des Sudètes, il y avait aussi l’accord soviéto-tchécoslovaque, mais la promesse d’assistance militaire qu’il contenait était bloquée par la Pologne. Et l’expérience de Moscou était qu’il y avait déjà une véritable guerre en cours entre l’Union soviétique et l’Allemagne hitlérienne en 1938, mais loin, en Espagne, et la question de savoir qui gagnerait était encore indécise.

À Munich, les Anglais ont donné des assurances aux représentants tchécoslovaques. Chamberlain a déclaré aux Tchèques: «Les droits des minorités nationales sont sacrés ! Rendez les Sudètes et vous recevrez de nouvelles garanties sur les nouvelles frontières.»

Tout le discours des garanties occidentales n’était que des promesses, tandis que la région montagneuse et lourdement fortifiée des Sudètes garantissait la sécurité de la Tchécoslovaquie à cent pour cent. Mais, le 30 septembre 1938, l’armée tchécoslovaque commence son retrait des Sudètes, laissant derrière elle les forteresses et les grandes installations industrielles. Hitler a aussitôt présenté à la Tchécoslovaquie une nouvelle série de revendications et, le 15 mars 1939, l’Allemagne a occupé tout le pays.

Hitler a été sauvé par les accords de Munich. L’accord avec les démocraties occidentales donna à Hitler assez de pouvoir pour exister jusqu’en avril 1945. La question posée par The National Interest : «Quand Hitler est-il devenu Hitler ?», a une réponse simple : «À Munich en 1938». L’accord de Munich était un accord amiable entre les démocraties et l’Allemagne nazie, et c’est quelque chose qui ne peut pas être effacé de l’histoire. C’était un accord entre un agresseur et ses apaisants. La raison pour laquelle nous devrions tous nous en souvenir aujourd’hui est claire : l’Occident essaie de nouveau de se positionner comme apaisant pour empêcher la défaite des forces terroristes qui ont englouti la Syrie et menacent déjà l’Europe.

Igor Shumeyko est journaliste et historien, membre de l’Union russe des écrivains

Note du Saker Francophone

Autant la description de certains tenants et aboutissants des accords de Munich peut présenter un intérêt historique pour établir les responsabilités des démocraties occidentales dans l'affirmation du nazisme, après avoir déjà porté en quelque sorte Hitler sur les fonts baptismaux au début des années 1930 (effacement des réparations de guerre à la conférence de Lausanne en 1932, accord pour la reconstruction de la marine allemande au traité germano-britannique de 1935) et avoir par la suite participé à son réarmement, autant la tentative de rapprochement avec les forces terroristes agissant au Moyen-Orient peut paraître farfelue. 

Sauf à considérer que, mutatis mutandis, ces forces sont volontairement soutenues par l'Occident pour un objectif que l'auteur ne démasque pas.

Le fait que l'objectif final de la collusion entre l'Ouest et l’Allemagne nazie ait été, dans les années 1930, la destruction de l'URSS ne rend pas saugrenue la supposition que ce soit encore aujourd'hui le même but par les voies du terrorisme militarisé.

Mais l'auteur ne le dit pas...
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