Censure politique sur YouTube : comment ça marche ?


Cinq années d’archives de résistance au sionisme et à l’impérialisme détruites par Google


Par Sayed – Le 11 janvier 2018 – Source sayed7asan

« On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. »

Ainsi commence Le Procès, œuvre de Franz Kafka de 1925, dans laquelle Joseph K., employé de banque sans histoires, est arrêté à son domicile par de mystérieux agents et notifié d’une procédure judiciaire engagée à son encontre. Il n’est pas informé du délit ou crime dont il se serait rendu coupable – on lui laisse seulement entendre qu’il aurait enfreint une loi inconnue – et se voit remettre une convocation au tribunal un certain jour, sans que l’heure ou le lieu exacts soient indiqués. Le protagoniste est entraîné dans un engrenage complètement absurde, ballotté entre inspecteurs, huissiers, avocats et juges, et ne sachant à aucun moment de quoi ou contre qui il doit se défendre. Il est finalement exécuté par trois bourreaux distingués qui, avec d’« horribles politesses » lui plantent un couteau de boucher dans le cœur.

La procédure par laquelle YouTube supprime des vidéos et même tout le contenu d’une chaîne est comparable à ce roman noir à plus d’un titre.

Comme je l’ai indiqué dans un article précédent, ma chaîne Sayed Hasan, qui, depuis plus de cinq ans, sous-titre en français et en anglais des discours de Sayed Hassan Nasrallah, Secrétaire général du Hezbollah, ainsi que de Vladimir Poutine, Bachar al-Assad et Sayed Ali Khamenei (en plus d’interviews de Norman Finkelstein, de contenus concernant l’Amérique latine révolutionnaire, etc.), s’est vue infliger deux avertissements par YouTube en moins d’un mois pour deux discours de Hassan Nasrallah, au prétexte d’un « non-respect des règles concernant le contenu violent ou choquant de YouTube ».

La suppression totale de la chaîne n’a guère tardé, puisqu’elle est survenue le 20 décembre 2017 à la faveur du troisième et dernier avertissement annonçant la guillotine, toujours à cause d’un discours de Hassan Nasrallah publié en… 2014 – il n’y a guère de prescription chez YouTube, ni de demi-mesure.

Ainsi, 400 vidéos, plus de 6 millions de vues et bientôt 10 000 abonnés se sont volatilisés, au moment de la plus forte croissance de leur histoire. YouTube s’efforce de dissimuler sa censure derrière une procédure pseudo-légaliste, mais de fait, comme nous allons le voir, tous les créateurs doivent évoluer sous la menace permanente de son couperet politique qui restreint drastiquement les contenus tolérés.

Chronologie des faits

La chaine Sayed Hasan à la mi-décembre 2017 (capture d’écran)

Youtube 15 12 2017

Le premier avertissement infligé à ma chaîne date du 24 octobre 2017, et concerne un discours de février 2015 (sic) intitulé « Hassan Nasrallah : l’État Islamique est l’allié d’Israël et vise La Mecque et Médine ». Sa transcription complète est disponible ici.

Comme on peut le voir, ce discours ne fait que dénoncer le groupe terroriste Daech, le caractérisant comme un danger pour l’Islam, les musulmans et toute l’humanité, en rappelant sa collusion avec Israël. Il ne comporte absolument rien de légalement répréhensible (appel à la haine, au meurtre, etc.). YouTube ne daigne aucunement préciser en quel endroit ou de quelle façon telle vidéo aurait enfreint les « règles concernant le contenu violent ou choquant » comptant probablement sur la perspicacité de l’accusé – qui se retrouve condamné de facto. Je n’y ai absolument rien trouvé de répréhensible, même selon les critères les plus stricts – à moins, bien entendu, que toute mention négative d’Israël ne soit insoutenable pour les bonnes âmes de Tsahal, qui se livrent assidûment et sans relâche à ce travail de cyber-délation (leurs soldats et mercenaires sont plus entreprenants sur Internet que face à de véritables combattants), et qui trouvent en Google, Facebook et autres géants du Web une oreille particulièrement complaisante. Nous reviendrons plus en détail sur ce point.

En toute bonne foi, j’ai immédiatement fait appel de cette décision – YouTube n’accorde scandaleusement que 200 caractères pour cette « procédure » (espaces compris), mais il est vrai qu’il est difficile d’être loquace face à un crime inconnu – et à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse.

Il s’agit en quelque sorte d’un procès en sorcellerie, où, en violation des principes les plus élémentaires du droit, c’est à l’accusé de prouver son innocence face à une violation non spécifiée, et où de fait, le seul fait d’être suspecté par (ou dénoncé à) la toute-puissante Inquisition « Google » entraîne une condamnation automatique, sans qu’à aucun moment les griefs ne soient clairement énoncés, que la défense, même muselée, ne soit entendue, qu’un semblant de jugement argumenté soit rendu ou que la pseudo-procédure d’appel soit prise en compte, même formellement. « Nous ne répondons pas à ce genre de questions » oppose un policier aux demandes de Joseph K. concernant le motif de son inculpation, « Mais en règle générale, on n’intente pas chez nous de procès qui ne puisse mener à rien. »

Le deuxième avertissement date du 14 décembre, et concerne un discours du 11 décembre 2017 intitulé « Hassan Nasrallah : nous allons libérer Al-Quds (Jérusalem) et toute la Palestine » qui n’est resté en ligne qu’une demi-heure avant sa suppression. Sa transcription est disponible ici.

Encore une fois, au-delà de l’intitulé de l’infraction concernant « le contenu violent ou choquant » YouTube n’a fourni aucune précision pour justifier sa décision. Il est vrai que dans cet extrait, Hassan Nasrallah soutient le démantèlement de l’État raciste, terroriste et colonialiste d’Israël, champion du monde des violations des droits de l’homme et du droit international, et invite les Palestiniens et l’ensemble de l’Axe de la Résistance à prendre les armes en défense de la Palestine et des lieux saints de l’Islam et du christianisme (il est rejoint en cela par les Neturei Karta, groupe juif orthodoxe qui brûle publiquement des drapeaux israéliens en plein Jérusalem, comme on peut le voir sur sa chaîne YouTube). Et il se trouve que le slogan de ralliement « Mort à Israël » y est prononcé par Hassan Nasrallah et repris par des milliers de manifestants qui participaient à un rassemblement d’opposition à Donald Trump et à sa décision de reconnaitre Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d’Israël.

Mais au-delà du fait que la résistance armée face à un occupant est parfaitement légale selon le droit international (Résolution 37/43 des Nations Unies du 3 décembre 1982 réaffirmant « la légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la libération de la domination coloniale et étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée »), le droit à l’information doit primer, car sans cela, aucun discours politique dans un contexte de confrontation diplomatique et / ou militaire ne saurait être publié sur YouTube.

Cependant, Google ne considère aucunement problématiques les déclarations bien plus « violentes ou choquantes » de Donald Trump menaçant de « détruire complètement » la Corée du Nord, les rodomontades israéliennes parlant de bombarder l’Iran et de renverser son régime, d’assassiner Hassan Nasrallah ou même les appels de juin 1940 du Général de Gaulle, ou les discours d’Aimé Césaire, qui n’auraient pas leur place sur YouTube d’après une application purement littéraliste du règlement concernant les contenus violents ou appelant à la violence (en l’occurrence, à résister contre le nazisme ou le colonialisme).

Mais manifestement, avec Kafka, YouTube semble avoir également bien intégré Orwell : « Tous les [contenus] sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres .» Seules les vidéos hostiles à l’impérialisme et au sionisme sont victimes de censure et de bannissement.

Avec deux avertissements en moins d’un mois, la vie de ma chaîne YouTube ne tenait plus qu’à un fil : il est vrai qu’au bout de trois mois, un avertissement est supprimé, mais trois avertissements successifs sur un compte entraînent la suppression pure et simple de la chaîne et de tout son contenu, et non pas des seules vidéos concernées.

Et il était clair pour moi que ces deux avertissements injustifiés et inédits seraient rapidement suivis d’un troisième et d’une suppression complète de ma chaîne. Pour faire une analogie judiciaire, c’est comme si une condamnation en diffamation (qui, en droit français, doit nécessairement respecter un délai de prescription de trois mois ; Google semble avoir opté pour l’imprescriptibilité) entraînait la suppression non pas seulement du passage incriminé – par exemple, dans « J’Accuse » de Zola, les deux mots incriminés « par ordre » Zola n’ayant évidemment pas les moyens de prouver matériellement que le deuxième conseil de guerre avait été forcé d’acquitter Esterhazy par la hiérarchie militaire – mais de l’ensemble de l’œuvre du journaliste, auteur ou producteur de contenus YouTube.

Sans conviction, j’ai effectué la procédure d’appel orwello-kafkaïenne aux 200 caractères, protesté auprès de Google par courriel et publié un article dénonçant cette censure et la suppression annoncée de ma chaîne. Cette fois-ci, j’ai reçu une réponse de YouTube en 12 heures, qui m’a démontré, si le doute subsistait encore, que ces procédures ne constituent qu’une mascarade visant à dissimuler le caractère totalement arbitraire, ou plutôt politiquement orienté de la censure de Google : en effet, la réponse tenait en trois lignes dans lesquelles YouTube me remerciait d’avoir effectué cette procédure d’appel, m’informait qu’après un examen plus attentif du contenu de ma vidéo, elle déterminait qu’elle ne respectait pas le règlement de la communauté, et m’adressait ses salutations cordiales. Conçoit-on un jugement, a fortiori en procédure d’appel, qui se dispense de toute argumentation ? Google a complètement automatisé le processus pseudo-légaliste de suppression des contenus, qui se fait pour la malheureuse victime sans le moindre interlocuteur humain et donc sans aucune possibilité de défense. Voir la capture d’écran de l’avertissement ci-dessous :

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Comme prévu, le troisième avertissement, qui n’était plus qu’une simple formalité, n’a guère tardé : il est survenu le 20 décembre 2017 et concerne un discours de 2009 publié en 2014 (re-sic) intitulé « Hassan Nasrallah : la prochaine guerre va changer la face de la région ». Dans cet extrait disponible sur Dailymotion, Hassan Nasrallah considère l’hypothèse d’une agression israélienne contre le Liban, et affirme que cette menace peut être transformée en opportunité si l’armée ennemie est anéantie sur le sol libanais, après quoi la Palestine et Al-Quds (Jérusalem) même pourraient être libérées, tout comme le Sud-Liban en 2000. Cette vidéo ne comporte pas même le slogan « Mort à Israël ».

La formulation de l’hypothèse même de la libération de la Palestine après une agression israélienne (nombre d’empires se sont effondrés à cause de leurs expéditions militaires extérieures, comme le rappelait Hassan Nasrallah) constituerait donc un tabou. Encore une fois, on serait en droit de se demander pourquoi Netanyahou peut pour sa part librement menacer Gaza, le Liban, la Syrie ou l’Iran d’invasion et /ou de destruction, sans que YouTube n’estime devoir supprimer ces vidéos. On comprend que lorsque YouTube veut supprimer une chaîne, elle sait faire flèche de tout bois et plante fatalement son « couteau de boucher » dans le cœur de sa victime. Voir la capture d’écran de l’avertissement ci-dessous :

mailserviceIl faut préciser, au crédit de YouTube, qu’une procédure d’appel existe également contre la suppression d’une chaîne, et cette fois-ci, ce ne sont pas 200 mais bien 1000 caractères qui sont autorisés, soit environ 180 mots. Cela peut paraître léger pour un travail de plusieurs années (voire le travail d’une vie), complètement détruit en quelques clics par Google, mais légaliste jusqu’au bout, j’ai effectué cette pseudo-procédure le jour même. La réponse n’a pas tardé – au crédit de YouTube, citons encore ce temps judiciaire particulièrement expéditif et récurrent : 12 heures, contre plusieurs années pour la justice traditionnelle. Il semble évident que les procédures d’appels sont systématiquement rejetées par un mail-type envoyé automatiquement au bout de 12 heures. Cette réponse mérite d’être citée intégralement, sa brièveté s’y prêtant volontiers :

mailserviceTel est l’épilogue – et la seule épitaphe – d’une chaîne YouTube s’avisant de publier des contenus antisionistes et anti-impérialistes. Dénoncer le muselage d’Internet est aujourd’hui un poncif, mais il est toujours bon de l’illustrer par des exemples concrets, ce processus n’étant connu que de ceux qui en sont victimes.

Il ne fait aucun doute que toutes les vidéos diffusant le point de vue de l’Axe de la Résistance (Iran, Syrie, Liban, Palestine, Yémen, Irak voire Russie) font l’objet d’une traque incessante de la part des cyber-soldats de Tsahal. Le fait que cette vidéo ait été signalée et supprimée dès sa publication suggèrerait même qu’un soldat ou agent stipendié – et non pas seulement zélé – de « l’armée la plus morale du monde » était aux aguets, particulièrement en ce contexte brûlant suite à la reconnaissance par Donald Trump d’Al-Qods (Jérusalem) comme capitale d’Israël.

Les réseaux sociaux, à la suite des médias dominants, ayant tendance à intégrer et anticiper les directives des gouvernements par un processus d’autocensure bien décrit par Noam Chomsky, il est tout à fait possible que ce soient des employés de YouTube qui se chargent d’eux-mêmes de cette besogne, surtout à l’heure de la traque officielle contre les prétendues « fake news » – qui n’est qu’une tentative de préserver le monopole des affabulateurs mainstream patentés au service du pouvoir et des grands intérêts économiques, mis en danger mortel par la liberté du Net. La voix de Hassan Nasrallah en particulier est visée par cette censure, car il s’agit du seul dirigeant arabe qui ait infligé deux défaites – humiliantes de surcroît – à Israël (2000 et 2006), et dont les combattants ont joué un rôle de premier plan dans la défaite de Daech : si d’irréductibles agents de l’étranger disputent encore de la qualité de terroristes des « djihadistes juifs » d’Israël, personne n’ose plus le faire pour les « djihadistes wahhabites » de Daech.

Plus que jamais, la voix du Secrétaire général du Hezbollah est à même de porter dans le monde arabo-musulman et bien au-delà, et ne saurait être tolérée. Après la multi-suppression de chaînes telles que Parti Anti-Sioniste ou Pure Stream Media, la principale chaîne traduisant les discours de Hassan Nasrallah en français et en anglais avait peu de chances d’échapper longtemps à la censure.

Google prétend à la fois à la neutralité politique, au respect de la liberté d’expression et du droit à l’information et à la transparence. Mais son Transparency Report publié chaque année manque singulièrement de transparence : il n’évoque (très succinctement), en ce qui concerne les suppressions de contenus, que celles qui concernent

1/ Les droits d’auteur ;
2/ La loi européenne de droit à l’oubli et
3/ Les demandes de suppression officielles effectuées par les États – les États-Unis et Israël y figurent en bonne position.

Mais qu’en est-il des autres suppressions, notamment dues à des signalements « particuliers » ou à des initiatives de Google, qui représentent sans aucun doute la majorité de ces suppressions ? Signalements « particuliers » en apparence seulement, et qui émanent pour beaucoup d’agences gouvernementales ou au service de la propagande d’États. Les cyber-soldats de Tsahal ou « trolls de la Hasbara » ont déjà été signalés pour leur propagande active organisée et rémunérée aux plus hauts niveaux sur Wikipédia, Facebook, et autres réseaux sociaux.

Le gouvernement de Netanyahou vient d’octroyer 37 millions de dollars à une telle agence nommée Kella Shlomo. Le New York Times lui-même a révélé que « Les agences de sécurité israéliennes surveillent Facebook et envoient à la compagnie les publications qu’ils considèrent comme de l’incitation [à la haine/violence]. Facebook a répondu en supprimant la plupart d’entre elles. »

Glenn Greenwald, à l’origine de la publication de l’affaire Snowden, vient pour sa part de révéler que Facebook coordonne avec les gouvernements israélien et américain les suppressions de contenus antisionistes et anti-impérialistes, comme le montre récemment la suppression du compte Facebook de Ramzan Kadyrov.

Il va de soi que les propagandistes d’Israël sont aussi particulièrement actifs sur YouTube, la principale plateforme de partage de vidéos en ligne à l’échelle mondiale (et principale source de contenus dont la suppression est demandée par des États selon le Transparency Report), conférant une sorte de quasi-monopole à Google qui, dans son hybris, se permet de bafouer ainsi le droit dans ses décisions de suppression de contenus.

De telles décisions n’épargnent du reste personne sur YouTube, et les plus grands noms de cette plateforme ont eu l’occasion de se plaindre du véritable mépris avec lequel elle traitait ses créateurs. C’est notamment le cas de PewDiePie, LE numéro 1 de YouTube, dont la chaîne de Gaming / Vlogs elle-même (près de 60 millions d’abonnés et 17 milliards de vues) a récemment subi les foudres (pro) sionistes qui n’épargnent décidément personne. C’est rien moins que le Wall Street Journal qui s’est chargé de cette odieuse chasse aux sorcières, se livrant à un véritable travail de délation calomnieuse auprès de YouTube et auprès des sponsors de PewDiePie, Disney en particulier, le présentant comme un antisémite et admirateur d’Hitler (sic).

Le WSJ n’est pas parvenu à faire fermer sa chaîne, mais Disney a rompu son contrat avec lui, et YouTube l’a exclu de ses programmes payants, lui faisant perdre des sommes considérables (il ne figure même pas dans YouTube Rewind 2017). PewDiePie avait déjà dénoncé les démonétisations arbitraires de vidéos, notamment de toutes celles qui comportaient un contenu politique. Cette politique de censure a été officialisée en juin 2017, YouTube annonçant que seraient incompatibles avec les publicités (et donc démonétisés) « les contenus vidéo traitant en partie ou intégralement de sujets ou d’événements sensibles, y compris, mais sans s’y limiter, de la guerre, de conflits politiques, du terrorisme ou de l’extrémisme, de la mort et de tragédies, ou d’abus sexuels, même si aucune image choquante n’est diffusée ».

C’est ainsi que YouTube tient en respect tous ses créateurs, les soumettant à une interdiction de fait d’aborder les « sujets controversés et événements sensibles » par cette forme de censure plus discrète qu’est la démonétisation, et les confinant exclusivement au simple « divertissement » sous l’acception la plus restrictive du terme.

YouTube n’ose évidemment pas supprimer toutes les vidéos ou chaînes récalcitrantes de peur du préjudice que cela lui causerait, étant donnée la notoriété de certains créateurs, et se contente d’une sanction d’ordre pécuniaire tout aussi paralysante, mais n’a absolument aucun scrupule pour des chaines au public modeste comme la mienne, qui sont supprimées sans états d’âme. On le voit, la liberté d’expression s’arrête aux frontières (éternellement extensibles) d’Israël et de sa « sensibilité » exacerbée.

C’est évidemment une perte considérable pour le particulier qui a consacré des centaines voire des milliers d’heures à la traduction et au sous-titrage de ces vidéos, et qui voit cinq années d’efforts effacés d’un trait de plume – ou plutôt d’un coup de hache. L’impact que ces vidéos ont pu avoir cinq ans durant n’est pas réduit à néant, mais c’est la possibilité de le voir croître qui est bel et bien anéantie, et le public acquis des prochaines vidéos réduit de la dizaine de milliers à l’unité.

Mais cette censure est-elle un signe de force du côté adverse ? Certes non. Le fait que le travail bénévole d’un simple particulier, effectué sur son temps libre, puisse déranger à ce point n’est que l’indice révélateur de l’échec monumental de la propagande sioniste, soutenue par des milliards de dollars, par la majorité des médias dominants et par l’essentiel des forces politiques en Occident. Mais malgré tous les efforts d’Israël et ceux de sa « Police de la pensée » omniprésente, de ses mercenaires et autres chiens de garde enragés lâchés sans merci contre toute forme de critique d’Israël (le CRIF, la LICRA, l’inénarrable – mais précieux en ce qu’il révèle l’arrogance et le mépris souverain des sionistes pour tout ce qui n’est pas Israël – Meyer Habib, l’ADL, l’AIPAC et consorts), l’entité sioniste reste largement considérée comme un État criminel et paria par la majorité des populations, menace principale pour la paix dans le monde même en Europe, et ne peut pas même supporter que les discours de Hassan Nasrallah parviennent au public occidental, considérant qu’ils mettent en danger sa sécurité et son existence même. Rappelons qu’Israël est le seul État au monde à revendiquer un « droit à exister » conscient que son existence est factice – et temporaire. Dans son dernier discours à l’ONU, Netanyahou, s’évertuant à démontrer qu’Israël a des soutiens dans le monde entier, a fait part de son souhait de visiter l’Antarctique, car on lui aurait rapporté que « les pingouins eux aussi sont des partisans enthousiastes d’Israël ».

Nul besoin pour les défenseurs de la Palestine de signaler les vidéos sionistes pour les censurer, les dirigeants israéliens et leurs thuriféraires faisant un excellent travail pour se discréditer – et c’est certainement pour cela que le Hezbollah ne se livre pas à des opérations ciblées pour venger ses dirigeants assassinés par Israël, comptant sur leur « charisme » et leur « sagesse » pour détruire l’entité sioniste de l’intérieur. La vérité sort de la bouche des (magazines pour) enfants : Israël n’est « pas un vrai pays », comme Youpi l’a bien compris.

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Cette censure incessante et acharnée démontre, comme l’a affirmé le Secrétaire général du Hezbollah, que l’État sioniste est « plus faible qu’une toile d’araignée », et que ses jours sont comptés, tout comme ceux du monopole des réseaux sociaux dominants – YouTube, Facebook, et autres Twitter, qui doivent leur succès à leur politique universaliste d’ouverture, mais creusent leur propre tombe avec leur politique de censure et de soumission aux gouvernements, à l’impérialisme et au sionisme. Jour après jour, les géants du Web se dévoilent davantage comme de simples relais du pouvoir, qu’il soit politique ou économique, et seront progressivement désertés par ceux qui recherchent des informations authentiques et non filtrées.

Des plateformes parallèles plus libres voient et continueront à voir le jour, mettant progressivement fin à leur monopole. Hassan Nasrallah n’y perd pas même au change : alors qu’aux débuts de ma chaîne, seuls les sites d’information alternatifs spécialisés voire marginaux relayaient ses discours (Al-Manar, Al-Ahed News…), aujourd’hui, toute la presse mainstream est contrainte de le faire pour ne pas se retrouver à la marge de l’actualité internationale et de ses principaux acteurs (Le Monde, Le Figaro, Libération, La Croix, BFM, New York Times, Washington Post, Daily Mail…).

YouTube, hier précurseur, fait aujourd’hui figure d’exception.

Il ne reste donc plus rien de ma chaîne, si ce n’est une indication selon laquelle :

« Ce compte a été clôturé en raison du non-respect du Règlement de la communauté YouTube ».

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YouTube renvoie l’usager à des « Chaines similaires » sans aucun rapport comme BuzzFeed Video ou… PewDiePie. Lorsque YouTube vous enterre, c’est pour de bon, et vous n’avez pas même le droit à une pierre tombale. Aucune trace ne doit subsister.

Tout cela est bien sûr éminemment décourageant. Toute chaîne « dissidente » arrivant à un certain degré de notoriété est donc condamnée à la suppression.

À quoi bon reprendre à zéro ? Il le faut pourtant, pour ne pas céder à la censure, ni renoncer face à l’adversité. Lorsque vos ennemis souhaitent vous neutraliser, c’est la preuve que vos efforts ont un impact et que vous êtes sur la bonne voie, et c’est donc une invitation à redoubler d’efforts et non à rendre les armes. Il faut toujours s’efforcer de faire échouer les objectifs de l’adversaire : Israël souhaite que Hassan Nasrallah disparaisse de YouTube ? Il faut donc qu’il y soit plus présent que jamais.

À ce jour, le monopole des principaux réseaux sociaux reste relativement incontesté (après 5 ans, une même vidéo comptait moins de 150 vues sur Dailymotion et plus de 65 000 sur YouTube), et la censure même est un signe de reconnaissance de l’importance de ce travail. Du reste, ce sont là les instructions de Hassan Nasrallah lui-même, qui a enjoint le monde entier à une véritable Intifada électronique contre l’entité sioniste.

C’est pourquoi j’inaugure ma nouvelle chaîne française avec ce discours : « Hassan Nasrallah appelle à une Intifada sur les réseaux sociaux en soutien à Al-Quds (Jérusalem) » en appelant à s’y abonner massivement.

En espérant, sans trop d’espoir, que cette vidéo ne sera pas considérée comme un « encouragement à commettre des actes de violence » par YouTube. Et bien sûr, dorénavant, je publierai toutes mes nouvelles vidéos simultanément sur mon blog principal et mes comptes Dailymotion, Vimeo, Facebook et ShiaTv, auxquels j’invite également à s’abonner. Je ne commettrai plus l’erreur de ne pas incruster les sous-titres dans les vidéos, ce qui a l’avantage d’avoir simultanément plusieurs langues mais rend les vidéos illisibles en dehors de YouTube. Et j’invite tous les lecteurs / spectateurs à télécharger et reposter ces vidéos sur YouTube et ailleurs autant que possible, la redondance étant le seul moyen efficace de contourner la censure, comme le souligne Hassan Nasrallah.

La bataille de l’information – et la lutte sur tous les autres terrains – continue et continuera jusqu’à la victoire finale, à savoir la libération totale de la Palestine, que toute la censure du monde ne saurait empêcher ni retarder.

Sayed Hasan

Pour féliciter Google France de cette décision : mmechin@google.com
Téléphone : 01 42 68 53 00
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2 réflexions sur « Censure politique sur YouTube : comment ça marche ? »

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