C’est vrai aussi pour le changement climatique
Par Ugo Bardi – Le 6 juin 2017 – Source CassandraLegacy
« Ce que nous faisons dans la vie résonne dans l’éternité » est tiré du film Gladiator (en fait de Marcus Aurelius). Ce que nos politiciens font maintenant, et feront dans un proche avenir pour le climat, résonnera pendant longtemps dans l’avenir de notre planète.
La décision du président Trump de quitter l’accord de Paris a été dénoncée, à juste titre, presque partout ailleurs hors des États-Unis, mais certains commentateurs ont noté que Trump aurait peut-être bien fait, quoique pour de mauvaises raisons. Il semble que pour beaucoup de politiciens et d’industriels, le traité de Paris ait été considéré comme l’outil parfait pour sembler faire quelque chose tout en noyant le poisson. Personnellement, je suis d’accord avec cette interprétation, surtout par ce que je connais des politiciens italiens.
Donc, voici un lien vers un texte où la décision de Trump est analysée dans ces termes. Je suis impressionné par la déclaration de Graham Readfearn, selon laquelle le traité de Paris a été considéré par l’industrie du charbon comme un moyen d’obtenir un financement pour le « charbon propre » et d’autres technologies inutiles. Encore une fois, connaissant les personnes impliquées dans ce genre de tours de passe-passe, cela ne m’étonne pas du tout.
En fin de compte, la tentative de Trump de revitaliser les industries mourantes, comme celle du charbon, est destinée à échouer et cela peut donner une mauvaise réputation à de mauvaises idées qui méritent vraiment leur mauvaise réputation. Et cela peut créer un élan pour faire les bonnes choses, comme le soutient par exemple Jean-Marc Jancovici.
Ce que nous faisons maintenant résonnera sur l’avenir de notre planète et pendant longtemps.
Voici un extrait de Graham Readfearn
« Au moins deux compagnies de charbon, Peabody Energy et Cloud Peak, ont essayé de convaincre Trump de rester dans l’accord de Paris. Les géants du pétrole et du gaz Exxon et Conoco ont également exprimé leur soutien à l’accord de Paris.
Ce combat interne représente deux approches différentes d’une industrie des combustibles fossiles qui tente de survivre. Une approche consiste à y aller au bulldozer contre la science du changement climatique et à attaquer le processus de l’ONU, tout en minant les principaux arguments de vos adversaires.
Une autre approche est d’accepter la science, mais de travailler sur le système pour convaincre les gouvernements que le ‘charbon propre’ et les gains d’efficacité sont la voie à suivre.
Ce dernier argument est exactement le raisonnement déployé par des entreprises charbonnières comme Peabody Energy et Cloud Peak.
Selon les responsables de la Maison-Blanche cités par Reuters, ces entreprises voulaient que Trump reste dans l’accord de Paris, car cela leur donnait une meilleure chance d’obtenir un soutien pour leurs usines de charbon ‘à faibles émissions’. Ils pouvaient également obtenir une aide financière pour soutenir le développement de la technologie de capture et de stockage du carbone (CCS). »
Ugo Bardi
Note du Saker Francophone Ce petit texte d'Ugo Bardi, sur sa marotte du changement climatique, est intéressant à plus d'un titre. Il explique que finalement un accord, c'est du droit et que le droit, si on est riche, on peut s'en arranger. On peut même le retourner et que tout est négociable. Je continue à m'interroger sur l'axe de travail des « écolos du climat ». Pourquoi ne pas faire la chasse aux sources de pollutions mesurables et visibles ? Ils continuent à s'appuyer sur des structures étatiques, économiques et juridiques qui organisent ces inégalités à l'échelle mondiale, qui organisent toutes ces guerres le matin en déclamant leur angoisse sur le climat l'après-midi. En laissant la promotion de leur idéal à une clique de politiciens décrédibilisés, les écolos voudraient tuer l'idée de l'écologie qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. Je vous renvoie par exemple vers un site climato-sceptique qui a publié une série argumentée et pose quelques questions gênantes.
jacqueshenry.com : crise climatique
Le pire c'est qu'il y urgence pour beaucoup de raisons à arrêter notre délire de croissance qui ne nous mène nulle part et à profiter du niveau d'infrastructure actuel pour nous réorganiser sur une base plus résiliente. Moins de confort peut-être mais plus de bonheur brut sûrement. Il s'agit d'aplatir la falaise de Sénèque pour pouvoir descendre en pente douce.
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone