Par Jean Lamertume − Juillet 2020
La crise sanitaire a mis en évidence la vulnérabilité de notre pays. La France qui faisait partie des toutes premières puissances mondiales il y a quelques années, est désormais dans un état de dépendance consternant vis-à-vis de l’étranger. De manière concomitante, « la gestion » elle-même de la crise a révélé une « force publique » désorientée. Devant le virus, notre pays s’en est moins bien tiré que d’autres pays dits en voie de développement.
En élargissant le panorama au-delà de la crise sanitaire, voici quelques chiffres, que le lecteur voudra bien considérer comme des ordres de grandeur.
Le nombre de lits d’hôpitaux en France
En se basant sur la population de la France, selon l’Insee, qui était en l’an 2000 de 60 508 000 personnes, en 2008 de 64 000 000 personnes et en 2018 de 67 000 000 personnes, on peut calculer de manière approchée le nombre de lits d’hôpitaux pour mille habitants (source OCDE) :
- Année 2000 : 8,2 lits pour 1000 habitants soit 496 000 lits
- Année 2013 : 6,5 lits pour 1000 habitants soit 423 000 lits
- Année 2017 : 6 lits pour 1000 habitants soit 402 000 lits
Le nombre de lits a encore diminué depuis 2017 car les recherches d’économies ont continué en 2018 et 2019.
On arrive donc probablement à un total de l’ordre de 100 000 lits supprimés en 20 ans – chiffre également cité des médecins urgentistes. Pour se faire soigner, il devient difficile de trouver une place.
Les demandeurs d’emploi toutes catégories confondues (source pôle emploi)
- 2002 : 3 564 000 demandeurs
- 2019 : 5 530 000 demandeurs
Nous savons maintenant que la France n’est même plus capable de fabriquer des masques en quantité suffisante pour la protection de sa population, ni des cotons-tiges pour faire des prélèvements en vue d’analyses médicales, sans parler des médicaments. Et même l’État ne peut organiser une production de secours. Les usines de production sont parties ou partent à l’étranger. Ce qui faisait la force du pays, une armée d’ouvriers très qualifiés, se retrouve peu à peu au chômage. Les nombreuses petites entreprises agricoles disparaissent les unes après les autres. La fragilité du système de soins a aussi entraîné l’arrêt d’une grande partie de l’activité du pays, ce qui va se traduire par des difficultés économiques supplémentaires.
Sur le plan de la défense nationale, les industries de défense sont captées, elles aussi, par des puissances étrangères. La France a été entraînée dans des guerres en Yougoslavie en 1999, en Afghanistan en 2001, puis en Libye, en Syrie, et ailleurs. Les résultats sont désastreux.
Sur le plan de l’éducation, s’il fallait trouver des chiffres significatifs, il est peu probable que le tableau soit plus reluisant. L’éducation est l’ombre de la culture, cette dernière étant aspirée par le vide culturel anglo-saxon.
Dans le même temps, la dette publique est passée de moins de 900 milliards (en euros) en l’an 2000 à 2 147 milliards d’euros en l’an 2016 (source Insee) soit probablement plus de 2 400 milliards à ce jour, et plus encore avec les conséquences de la crise sanitaire. D’après les indicateurs cités précédemment, on peut se demander quel a bien pu être l’emploi productif de cette masse financière astronomique. Plus les Français s’endettent et moins le pays en tire profit.
Rappelons que l’emprise de l’Union Européenne est allée croissante depuis les années 2000. Le passage à l’euro s’est fait en 2002. Depuis plus de deux décennies, la France est gouvernée par l’administration de Bruxelles au travers des grandes orientations politiques et économiques (GOPE), des directives européennes et des normes, et par la Banque Centrale Européenne de Francfort. Cette gestion peut utilement être mise en rapport avec les chiffres rappelés ci-dessus.
Il n’existe aucun signe visible que des enseignements, en vue de la sauvegarde du pays, ont été tirés de la crise sanitaire. Les arguments qui nous sont servis rappellent ceux des médecins de Molière qui expliquaient : « Le malade a déjà été saigné cent fois, mais s’il ne va pas mieux, c’est parce qu’on ne l’a pas assez saigné».
Le résultat de cette activité sur presque un demi-siècle, avec une accélération sur deux décennies, fait que notre pays est dépassé par d’anciens pays en voie de développement qui ont profité d’une stratégie industrielle démente. Pour reconstruire le pays et retrouver le niveau antérieur, si nous y parvenons, il faudra débourser des sommes faramineuses que nous aurons bien de la peine à réunir.
La population paye déjà cette situation au prix de son existence même. Rappelons que lors de la crise sanitaire, plusieurs décrets ont été publiés dont l’effet a été d’interdire aux médecins de proposer un traitement de dernière chance, avant que le patient ne soit en danger de mort. L’État apparaît dissocié des intérêts de la nation. Mais les institutions sont paralysées. Les citoyens ne disposent plus que de la grève des urnes pour protester. Tel le canard auquel on vient de couper la tête, notre pays continue de courir dans tous les sens avant de s’effondrer.
Jean Lamertume
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