Les globalistes n’ont besoin que d’un événement majeur de plus pour finir le sabotage de l’économie


Par Brandon Smith − Le 29 mai 2019 − Source Alt-Market.com


Comme je l’avais prédit dans mon article « La guerre commerciale de Trump : un écran de fumée parfait pour un krach boursier« , publié en mars 2018, ainsi que dans mon article « La distraction de la guerre commerciale : Huawei et la théorie de Linchpin« , publié en décembre 2018, le différend commercial entre les États-Unis et la Chine a dégénéré en une guerre totale sans fin en vue. Les affirmations de nombreux analystes et sceptiques, il y a un an, selon lesquelles la guerre commerciale prendrait fin rapidement et que la Chine se plierait aux droits de douane américains se sont révélées fausses. La raison pour laquelle ces analystes se sont trompés à ce point réside principalement dans le fait qu’ils ont mal compris l’objectif véritable des événements.


L’objectif de cette guerre n’est PAS d’équilibrer le déficit commercial américain ni de rechercher des conditions plus équitables pour les exportations et les importations américaines. L’intention de l’administration Trump n’est PAS de lutter contre l’« exploitation » chinoise des marchés américains, ce genre de rhétorique est du pur théâtre. Ce n’est pas non plus l’intention de Trump de saper les structures ou les accords globalistes afin de ramener l’industrie manufacturière américaine (une carotte qui a été exhibée depuis longtemps sous le nez des américains pour les inciter à soutenir des politiques destructives comme la dévaluation du dollar). Au contraire, l’objectif réel de la guerre commerciale de Trump est de fournir une diversion suffisamment massive pour couvrir la démolition contrôlée de l’économie américaine et de certaines parties de l’économie globale par les globalistes et les banques centrales qu’ils contrôlent.

Le feuilleton des barrières douanières et la plupart des autres politiques étrangères et nationales de Trump sont étrangement semblables à celles de Herbert Hoover juste avant l’avènement de la Grande Dépression. Ce n’est pas une coïncidence. Le récit d’un effondrement économique rivalisant avec celui de la Grande Dépression a été établi, et les circonstances profondes sont très semblables.

Depuis l’effondrement de 2008, les États-Unis souffrent d’un lent déclin de ses fondamentaux (l’effondrement d’un empire prend souvent du temps). La réaction des banques centrales a été de ralentir le krach par des mesures de relance et des taux d’intérêt proches de zéro, mais cette stratégie ne visait pas à inverser le déclin économique américain. L’objectif de l’assouplissement quantitatif était de gonfler une bulle encore plus grande qu’auparavant, une bulle qui engloberait tous les aspects de l’économie, y compris le dollar ; une bulle qui, si elle éclatait, dévasterait spécifiquement les États-Unis et créerait la panique dans le monde.

La phase de relance de l’agenda globaliste est maintenant terminée. La croissance de la masse monétaire M2 aux États-Unis a ralenti et se maintient à son plus bas niveau depuis près de dix ans, tandis que les mesures de relance se sont évaporées dans la plupart des pays, sauf en Chine. La liquidité du dollar global a diminué alors que la Réserve fédérale continue de réduire son bilan sans relâche.

Cela expliquerait pourquoi les actions américaines ont du mal à se maintenir à flot malgré le fait que les rachats d’actions par les entreprises ont atteint des sommets historiques en 2019. Les banques centrales, et surtout la Fed, ne soutiennent plus le système ; le système de survie a été débranché et les secteurs de l’économie qui étaient dépendants sont en train de rendre leur dernier souffle.

La situation de guerre commerciale telle qu’elle se présente aujourd’hui n’est toutefois pas une distraction suffisante, à mon avis. Les élites ont besoin d’au moins un autre événement majeur ayant des ramifications globales (ou des ramifications globales perçues) avant de pouvoir faire imploser la  » bulle de tout «  sans en assumer les conséquences.

Choc et effroi de la guerre commerciale

Il existe aujourd’hui plusieurs poudrières qui pourraient servir à occuper l’esprit des masses pendant que les globalistes finalisent le crash. Comme je l’ai mentionné, je continue de prédire que la guerre commerciale s’accélérera sans relâche jusqu’à ce que la chute des fondamentaux et des actions soit terminée. Nous n’avons encore rien vu du chaos de la guerre commerciale.

Le conflit entre les États-Unis et la Chine risque de dégénérer en guerre économique globale, et de nombreux pays commencent à prendre parti. Le Japon et le Royaume-Uni ont choisi de soutenir les intérêts américains, ce qui n’est pas surprenant puisque la Chine et le Japon se détestent depuis des générations et que les États-Unis sont le partenaire économique le plus puissant du Royaume-Uni depuis le Brexit. Déjà, certaines personnes déclarent que cela signifie que les États-Unis obtiendront la majorité du soutien global et écraseront la Chine.

Mais gardez à l’esprit, comme je l’ai souligné et mis en évidence dans mon récent article « L’Amérique perdra la guerre commerciale parce que c’est ce que les globalistes veulent« , que la guerre commerciale elle-même est une farce des deux côtés du Pacifique, la Chine et les États-Unis étant contrôlés par les mêmes centres financiers (comme la Banque des règlements internationaux). Le fait que certaines personnes sautent dans le train des patriotes pour encourager une confrontation élargie avec la Chine comme si une guerre manigancée par les globalistes était une guerre que nous pouvions « gagner » est inquiétant et triste à voir. Je soupçonne qu’une campagne de désinformation concertée est en cours sur Internet pour donner l’impression d’un soutien consensuel à la guerre commerciale alors que les activités des vrais méchants (les banques internationales) sont ignorées.

Au fur et à mesure que ce théâtre kabuki progressera, je pense que de nombreux analystes seront choqués de voir de plus en plus de pays prendre le parti de la Chine dans le conflit.

L’option la plus puissante dont dispose la Chine est la vente des bons du Trésor américain et de l’utilisation du dollar en tant que mécanisme de réserve monétaire, mais elle n’utilisera probablement cette tactique que lorsque l’économie américaine sera la plus instable. La Chine est le premier exportateur/importateur du monde et le premier fournisseur américain et elle est prête à tirer profit de l’effondrement des chiffres du commerce de détail et de l’endettement des ménages qui monte en flèche. Le marché américain ne représente que 18 % des exportations chinoises, une part non négligeable du gâteau, mais ça ne serait guère un coup dévastateur pour l’économie chinoise si ce marché leur était fermé.

En fin de compte, c’est la Chine qui dictera les conditions du commerce global puisqu’elle possède la plus grande base manufacturière, qu’elle décidera de la devise qu’elle acceptera et de la dette qu’elle consolidera. La Chine a également établi des liens économiques très étroits avec des pays clés au cours de la dernière décennie, dont la Russie, l’Allemagne, l’Inde, l’Australie et même l’Arabie saoudite. Ne soyez pas surpris si la plupart, sinon la totalité, de ces pays finissent par soutenir la Chine dans la guerre commerciale, en laissant tomber le dollar comme monnaie de réserve et en suivant l’exemple de la Chine.

Les sceptiques à l’égard de ce résultat sont à peu près les mêmes que ceux qui prétendaient à l’origine que la guerre commerciale serait vite terminée et que Trump serait victorieux. Ils crieront aujourd’hui à l’idée que les globalistes ont truqué le jeu et que les États-Unis sont au bord de la faillite, mais lorsqu’on leur montrera une fois de plus qu’ils ont tort, ils diront fièrement qu’ils l’ont « vu venir depuis le début ».

La Chine n’a pas encore pris toutes les mesures de rétorsion contre la dernière augmentation des droits de douane américains. Quand ce sera le cas, l’attaque sera beaucoup plus importante que l’interruption des achats de produits agricoles américains. La prochaine escalade pourrait être le déclencheur qui renforce le crash.

La guerre avec l’Iran approche

La guerre avec l’Iran à l’heure actuelle n’a aucun sens si on ne l’envisage pas d’un point de vue globaliste. Les globalistes sont le seul groupe qui a tout à gagner d’une telle catastrophe, car la guerre avec l’Iran scellerait le sort de l’économie américaine. La menace la plus immédiate serait la fermeture potentielle du détroit d’Ormuz par l’Iran, qui aurait simplement à couler quelques gros navires de commerce le long des portions étroites et peu profondes du détroit, plaçant des champs de mines ou mettant en scène des missiles anti-navires à portée de tir. L’explosion des prix du pétrole qui s’ensuivrait serait dévastatrice pour l’économie globale et l’économie américaine serait aux prises avec des prix élevés de l’énergie, même avec l’expansion du forage pétrolier national.

À plus long terme, une déstabilisation complète du Moyen-Orient en résulterait, bien au-delà de ce que nous avons déjà vu, et les coûts pour les contribuables ainsi que le coût en vies humaines aux États-Unis seraient élevés. Au-delà, la distraction serait épique et très efficace. Cet événement, associé à la guerre commerciale, répondrait au discours globaliste selon lequel l’administration Trump et les conservateurs qui le soutiennent représentent une « menace » pour la stabilité globale. Pour tout krach financier à ce moment-là, c’est Trump qui serait sans doute blâmé ainsi que ses partisans.

Actuellement, les médias grand public sont très discrets sur la situation en Iran malgré le transfert soudain des ressources militaires américaines dans la région, ce qui me porte à croire qu’un conflit est prévu dans un avenir proche.

Brexit finalisé

Cet événement ne se terminera peut-être pas avant la fin de cette année, mais je maintiens toujours, comme je l’ai toujours fait, que le Brexit et la croissance du populisme en Europe sont une distraction qui a en fait été encouragée par les globalistes par le recours à des mesures d’immigration massive forcée pour terroriser les citoyens. J’ai prédit avec succès le résultat du vote en faveur du Brexit en 2016 sur la base de cette théorie, et c’est toujours vrai aujourd’hui.

La « montée des populistes » en Europe et aux États-Unis, au moment même où les banques centrales retirent des liquidités et où les fondamentaux s’effondrent, est une autre coïncidence peu probable.

Le seul événement nécessaire à la réalisation de la narration de la prise de pouvoir populiste a été une victoire majeure d’un parti nationaliste sur le continent européen. Grâce au fait que le président français Macron a été le pire dirigeant de l’histoire française récente, cet événement s’est produit. Le Parti du Rassemblement National de Marine Le Pen a battu le parti LREM de Macron aux élections législatives de l’UE. Les populistes ont également gagné du terrain en Italie et en Allemagne ; pas assez pour conserver une réelle influence, mais assez pour être blâmés pour le désastre financier qui s’annonce.

Le dernier rebondissement dont les élites ont besoin au sein de l’UE est, je crois, un Brexit sans accord. Je prédis que le Brexit se conclura et que le Royaume-Uni rompra effectivement avec l’UE. La dernière annonce de la démission de Theresa May semble indiquer que ce sera le cas, et qu’un scénario sans accord est le scénario le plus probable. L’UE a déclaré publiquement qu’il n’y aura AUCUNE renégociation de l’accord du Brexit après le départ de Theresa May. Les militants pour la souveraineté applaudiront aux résultats du Brexit, et les choses commenceront alors à mal tourner. Les marchés européens vont s’effondrer et certaines grandes banques (Deutsche Bank et de grandes banques italiennes ?) vont annoncer leur insolvabilité. La panique ressentie en 2008 reviendra et frappera durement l’UE et le Royaume-Uni, et le mouvement pour le Brexit sera blâmé tandis que les banques centrales échapperont à toute responsabilité.

Un seul de ces événements est nécessaire pour amorcer la prochaine étape de l’effondrement économique, mais il est possible que nous verrons ces trois événements se produire en temps voulu. Bien que le krach actuel ait commencé à la fin de 2018, l’année 2019 sera probablement celle dont on se souviendra le plus dans les livres d’histoire comme le début de la Grande Dépression 2.0.

Brandon Smith

Traduit par Hervé, relu par San pour le Saker Francophone

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